Soner Polat, le contre-amiral retraité de la Marine turque explique les objectifs de l’opération militaire turque en Syrie Comme nous le savons, toute opération militaire a des
objectifs politiques. En ce qui me concerne, je comprends des
déclarations de personnages clés que l’objectif politique de l’opération
« Euphrate Shield » est de garantir l’intégrité territoriale
de la Syrie, ainsi que de créer une zone tampon ou une ceinture de
sécurité le long de la frontière turco-syrienne entre Jarabulus et les
autres provinces qui sont à moins de 100 km de la Turquie. En ce qui
concerne les objectifs neutres de cette opération, je peux distinguer
trois aspects: tactiques, opérationnels et stratégiques.
Ce 15 août, il y a un an, le monde a perdu l’un de ses grands esprits : le Dr Jaakko Hintikka est décédé à Porvoo, en Finlande, âgé de 86 ans. J’ai étudié la logique épistémique et la philosophie du
langage avec le Dr Hintikka − comme étudiant diplômé à l’Université de
Boston au début des années 1990. Il était une figure intellectuelle très
impressionnante, auteur de dizaines de livres savants et de centaines
d’articles. Mais je comprenais que sa passion dans la vie était assez
simple : il voulait enseigner aux gens non pas quoi penser mais comment
penser. Comme un logicien, il pouvait voir l’impuissance de la plupart
des gens face à la mécanique de la pensée, et il voulait les aider.
Il y a une nouvelle fonctionnalité à l’économie
tout-va-et-rien-ne-compte : rien-ne-se-crée. Les magiciens qui
prétendent mesurer la croissance du PIB (produit intérieur brut, soit la
valeur monétaire de tous les biens et services finis) ont sorti un
chiffre ajusté pour le deuxième trimestre de 1,2%. Cela doit être
interprété par quiconque est familier avec les statistiques économiques
de base comme parfaitement lamentable. Et pourtant, le Bureau of Labor Statistics a sorti un brillant rapport de 255 000 embauches non agricole pour juillet, bien au-dessus des prévisions de 180 000.
Est-ce
que quelqu’un d’autre est aussi bouleversé que je le suis par la
nageuse syrienne, Yusra Mardini, qui est reconnue comme réfugiée, et non
pas comme une ressortissante syrienne. Et que, si elle gagne une
médaille, les membres du Comité olympique ont décidé qu’ils lèveront un
drapeau spécial qu’ils ont fait pour les réfugiés, au lieu de son
drapeau syrien?
En 1991, George Bush père, dans au moins deux discours
distincts, a annoncé la fin de la partie géopolitique pour la stabilité
mondiale; ce qu’il a appelé le « nouvel ordre mondial – NWO ». Ce n’était pas la première fois que la notion de NWO était utilisée par un personnage important. Le socialiste fabien H.G. Wells a écrit un livre entier sur cette idéologie des décennies auparavant, en 1940, intitulé « Le nouvel ordre mondial », et a même scénarisé un film de propagande à peine voilée sur la montée du globalisme, intitulé « Ce qui va venir ».
Le noyau de cette idéologie est l’institution d’une gouvernance
mondiale et l’effacement des États-nations souverains, apparemment dans
le but de mettre fin à la menace persistante de la guerre mondiale.
Le 71e anniversaire du bombardement nucléaire
d’Hiroshima est l’occasion d’une réflexion sur ce qui se passe dans le
monde aujourd’hui.
Il doit y avoir une raison pour laquelle Hiroshima et
Nagasaki ont été détruites par des bombes nucléaires en 1945, tout comme
il doit y avoir une raison pour laquelle, aujourd’hui, nous voyons à
nouveau le monde au bord de la guerre. Quelle est cette raison ?
Réveillez vous bordel! Aujourd'hui, nous passons de cette sordide élection 2016 pour les mystères déplorables de la finance et de l'économie derrière notre politique maladive. La plupart des commentaires dans les médias traditionnels sont basés sur la notion erronée que la disposition actuelle des choses va certainement continuer et donc tout ce que nous avons à faire, c'est de gérer la dynamique habituelle du système d'exploitation en place. Par exemple, le Grand Vizir Paul Krugman dans le New York Times d'aujourd'hui se prostituant pour les États-Unis propose d'émettre toujours plus de dette pour réparer l'infrastructure des États-Unis. Cela semble être une bonne idée? Emprunter des tonnes d'argent en plus pour retrouver aux États-Unis un fond de caisse en ordre afin que nous puissions revenir à une économie de croissance. (Il y a même une brillante Trumpinade la dessus.)
Mais voici l'idée: l ' «économie de croissance», dont ils bavardent, est déjà derrière nous. Vous pouvez mettre une pièce la dessus. La fantasia techno-industrielle tire à sa fin. Nous nous dirigeons vers une contraction à long terme de l'activité, de la productivité et de la population et la question importante est de savoir quel niveau de désordre il y aura durant ce long voyage que verra advenir cette nouvelle disposition des choses?
Le souhait de garder tous nos rackets actifs est compréhensible. Ils nous ont fourni beaucoup de confort, de commodité et de luxe. Mais nous ne sommes plus dans le monde d'Alexander Hamilton de l'abondance américaine cornucopienne. Nous devons juste emprunter un peu plus de l'avenir pour obtenir les richesses gargantuesques d'un empire ensauvagé. Nous venons de là et avons fait cela, et notre actuel souhait techno-narcissique de remplacer toute cette abondance matérielle passée par une économie de réalité virtuelle dans le style Pokemon Go est certain de nous conduire à une désillusion épique.
Emprunter sur l'avenir ne fonctionne que lorsque vous avez une perspective réelle de payer le futur en retour. Les institutions qui régissent les emprunts prétendent depuis quelque temps que nos dettes peuvent être remboursées. La fausseté de cette affirmation peut être facilement attribuée à la révocation du FASB (le Financial Accounting Standards Board) Règle 157 en 2009, qui a déclaré que les banques n'avaient plus à déclarer leurs prêts sur leurs livres de compte à la valeur de marché, mais pourrait compenser tous les anciens chiffres en les réévaluant selon leur intérêt. En d'autres termes, le FASB a décidé que les normes étaient facultatives. Mais cela n'est seulement qu'un rouage dans la grande roue de la fraude qui a tourné sans pitié chaque saison depuis l'automne 2008.
Ce à quoi nous faisons face, c'est la discontinuité, la fin de vieilles dynamiques usées et le début d'une nouvelle dynamique. La déflation monétaire est en cours depuis des années parce que ce qui se passe quand les dettes ne peuvent pas être remboursées, c'est que l'argent disparaît. Maintenant, nous allons faire face aux autres dimensions de la déflation: la contraction de l'industrie manufacturière, du commerce, des salaires, et de tous les marqueurs familiers de l'expansion à l'ère du déclin techno-industriel. Les nombreuses esquives et les stratagèmes éprouvés par les banquiers centraux suprêmes pour tenter d'éviter cette contraction ne produisent que toujours plus de distorsions sur les marchés, les devises, et la distribution d'un capital en diminution. Cela conduit à une grande bataille dans les arrières cuisines de l'histoire, à savoir la montée du radicalisme politique dans le monde entier, y compris le djihadisme islamiste, et la réponse occidentale avec Trump, Marine Le Pen et l'aile droite-germanique naissante. Ces manifestations actuelles peuvent n'être que des versions édulcorées de ce qui va venir.
Personne au pouvoir ne peut venir à bout de la réalité de notre situation. Nous devons sauver ce que nous pouvons et devenir plus petit, reprenant une présence plus modeste ici, ou la planète elle-même va taper sur le buzzer pour nous éliminer. Cela frotte au niveau de la religion actuelle du progrès, qui a remplacé les autres anciennes pratiques cultuelles. Le choix est maintenant entre un arrêt du jeu ou la fin de partie mais le débat sur ces choses est absent de l'arène.
Les distorsions sur les marchés, les monnaies, et le capital précitées tournent dans un tourbillon centrifuge toujours plus large, ce qui coïncide, comme le hasard fait bien les choses, avec l'élection la plus particulière de ces temps modernes. L'incohérence et la tromperie des deux côtés est bien au-delà même des normes américaines extravagantes des décourageantes conneries politique. Nous n'avons littéralement aucune idée de ce que nous faisons dans ce pays, ou ce que nous souhaiterions. Les structures financières de la vie quotidienne semblent plus fragiles que jamais. La gravité gagne toujours.
Les ballons à air chaud peuvent s’écraser au Texas, mais à
Philadelphie la semaine dernière, Sainte Hillary, drapée dans sa robe
impeccable de blanche privilégiée, flottait sur un plafond de verre
surfant sur de puissantes rafales de sentimentalisme. La bonne épouse…
la bonne mère… l’infatigable combattante pour les exclus arc-en-ciel et
les martyrs du gender, proies de cette république patriarcale.
Elle a promis la continuité et le changement aux fidèles crédules, comme
l’histoire qu’elle a sortie des pétillantes fosses d’aisances de
l’allégation, de la suspicion et de la méfiance qui, ces derniers mois,
étaient devenues son repaire naturel.
Les caméras n’ont pas montré Bernie, broyant du noir, assis juste
au-dessus de ce parterre délirant, le visage renfrogné, les bras
croisés, le front proéminent sous ses boucles corinthiennes blanches,
subissant peut-être les effets d’un empoisonnement au steak au fromage.
Il a approuvé Sainte Hillary avec toute la passion d’un vendeur de
confiserie à la sauvette de la Septième Avenue en fin de carrière, et le
lendemain, il a quitté le Parti démocrate − comme si cela n’avait pas
été un message envoyé aux vrais croyants.
Pourtant, un autre maelström de courriels a presque gâché le gala,
celui-ci révélant les ficelles et les leviers tirés par la présidente du
comité d’organisation à l’investiture démocrate (DNC), Debbie Wasserman
Schultz, en violation des règles d’équité de la charte du parti. Elle a
été virée séance tenante, et l’ensemble du pays − y compris les médias
d’info affligés d’un syndrome de déficit d’attention − a laissé tomber
l’histoire, pour ne pas ternir l’ascension impressionnante de
celle-dont-c’est-le-tour. Tous, sauf le rustre Trump, qui s’est laissé
dire que peut-être la Russie pourrait trouver ces 20 000 e-mails
manquants sur le serveur légendaire d’Hillary. La nation tout entière, y
compris les médias aux besoins si spéciaux cités plus haut, ont manqué
le meilleur du gag − qui était : dans quel état lamentable sont les
agences de sécurité américaines, si elles n’ont pas pu trouver ces
courriels, au contraire de celles de la Russie ? Et comment se fait-il
que personne n’ait soulevé cette question ?
Julian Assange est alors apparu, comme un Jacob Marley,
pour avertir les sbires d’Hillary qu’il avait encore tout un tas de
matériel intéressant à publier, et qu’il prendrait tout son temps pour
choisir le moment opportun pour le faire. Comme Hillary doit souhaiter
envoyer une équipe de Navy Seal [Forces spéciales de l’US Army, NdT]
à Londres à l’ambassade d’Équateur pour faire sa fête à ce rat de
hacker ! Il serait amusant de voir Julian publier ses infos, et voir ce
que Xanax Hillary exigera à ce moment-là. Le spectacle du couronnement
par le DNC se révélera n’être qu’un soulagement temporaire, par rapport
aux fantômes et aux revenants concernant des méfaits passés.
La distraction du jour est de savoir si Trump est devenu un agent de
la Russie. Notez que cette suggestion vient directement du bureau
central d’agitprop des néocons. Ce parti officieux de la guerre
aux États-Unis, représentant les industries militaires fusionnées,
s’est occupé à diaboliser la Russie tout au long du mandat présidentiel
actuel. Les Américains sont si facilement manipulables. Ceux qui
connaissent l’Histoire pourront comprendre, par exemple, que la Crimée a
été une province de la Russie presque continuellement pendant des
centaines d’années − à l’exception d’un bref intervalle − lorsque le
dirigeant soviétique d’origine ukrainienne, Nikita Khrouchtchev, un soir
d’ivresse, l’a rattachée à l’Ukraine à l’époque soviétique, dans une
crise de sentimentalité, en supposant qu’elle resterait une propriété
virtuelle de la Grande Russie pour toujours. Remarquez aussi que, depuis
que la Russie l’a annexée en 2014 (où se trouvent son seul port en eaux
chaudes et des bases navales majeures), le parti néocon américain
pro-guerre n’a même pas été en mesure d’en faire un cas crédible sur
lequel se battre. Au lieu de cela, ils ont eu recours à des insultes: « Poutine, le pire gangster politique au monde », « Poutine, le voyou ». C’est exactement la marque de la politique étrangère qu’Hillary apportera au bureau ovale.
Non pas que Donald Trump offre une alternative cohérente. Le soupçon
raisonnable persiste qu’il ne différencie pas son cul d’un trou dans le
sol, et quant à savoir s’il sait comment les affaires du monde
fonctionnent réellement… Pour lui, c’est du pareil au même qu’une notice
de montage en chinois. Ensuite, bien sûr, Trump a dû intervenir
immédiatement, comme un chien se renifle le derrière, au sujet du
mauvais sketch de la mère d’un héros de l’armée américaine, qui n’a rien
trouvé de mieux à faire qu’un discours au sujet de la persuasion
mahométane. Trump, pour les aspects pratiques, est un enfant et cela ne
devrait pas être si difficile de monter une affaire pour lui refuser le
pouvoir présidentiel.
Et le grand film catastrophe de 2016 commence: Godzilla contre Rodan le reptile volant.
Lequel va survivre, pour détruire complètement les restes sclérosés de
notre nation ? Les bonnes nouvelles sont que les électeurs se déplacent
en masse vers les nominés des troisième et quatrième partis, Gary
Johnson (libertarien) et Jill Stein (vert) en troupeaux, en hordes
sauvages même. Peut-être que ces deux candidats relativement sains
montreront assez de force pour faire monter le niveau du scrutin lors
des Grands Débats. Ne serait-ce pas amusant ?
James Howard Kunstler
Note du Saker Francophone
Si vous vous souvenez, Kunstler avait espéré la candidature sauvage d'un Bloomberg et, après avoir un peu hésité sur Trump, le renvoie avec Hillary dos à dos, et commence à mettre son espoir dans les seconds couteaux de l'élection. Les quelques premiers articles étaient traduits pour leur analyse de la société américaine, mais l'élection à venir nous permet aussi, à travers cette plume, de suivre la pensée d'une certaine intelligentsia américaine qui navigue à vue, ne sachant plus à quel saint(e) se vouer. À suivre donc, avec le recul nécessaire. Le langage cru de l'auteur étant laissé au mieux pour exprimer sans doute son désarroi.
Article original de Dmitry Orlov, publié le 2 Aout 2016 sur le site Club Orlov Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr De toutes ces années à regarder la politique aux États-Unis,
je n’ai jamais vu une élection présidentielle générer des émotions aussi
négatives. Tout le monde déteste Donald Trump ou Hillary Clinton ou, de
plus en plus, les deux. Cela crée un problème psychologique grave pour
beaucoup de gens : ils veulent dire à leurs amis et au monde que Clinton
est mentalement instable doublée d’un escroc, mais ils sont en conflit
parce qu’ils se rendent compte que, ce faisant, ils soutiendront Trump.
Ou ils veulent dire à tous que Trump est vulgaire, narcissique, un
égoïste et un gros vantard, mais ils sont en conflit parce qu’ils se
rendent compte que, ce faisant, ils soutiendront Clinton. Certains
abandonnent le duopole des deux partis en faveur des petits partis,
prêts à voter pour la verte Jill Stein ou Gary Johnson, le libertarien,
mais ils sont en conflit parce que le vote pour Stein prendrait des
votes à Clinton l’escroc et donc soutiendrait Trump le vantard, alors
qu’en votant pour Johnson, cela prendrait des votes à Trump le vantard
et soutiendrait ainsi Clinton l’escroc. Il n’y a simplement pas d’option
gagnante ! Ou peut-être y en a-t-il une ?
Il y a une longue liste d’arguments pour voter contre l’un des
principaux candidats, certains d’entre eux clairement évidents. Au
sommet de la liste de ceux contre Clinton, il y a qu’elle est corrompue
et belliciste, alors que Trump est inexpérimenté et va provoquer des
divisions sociales. Mais il n’y a pas une seule raison valable pour
trouver quelqu’un qui voudrait voter volontairement pour eux. Certains
ont soutenu que Trump est moins susceptible de provoquer une troisième
guerre mondiale, parce que ses instincts sont ceux d’un homme
d’affaires, et qu’il est principalement intéressé à faire de l’argent,
pas la guerre; mais Clinton aime l’argent tout autant que Trump. Il
suffit de regarder sa gigantesque caisse noire privée, connue sous le
nom de Fondation Clinton! D’un autre côté, peut-être que Trump ne va
aimer l’idée de la paix que jusqu’au moment où il sera élu. Là, il lui
sera expliqué que l’empire américain est un racket et la mafia va le
menacer de lui briser les jambes, pour le convaincre d’être raisonnable.
Et alors il aimera la guerre tout autant que Clinton. Rien de tout cela
ne rend facile pour un amoureux de la liberté et de la paix de voter
pour l’un d’eux en toute conscience.
J’ai entendu Jill Stein dire que les gens devraient être en mesure de
voter selon leur conscience. Oui, nous allons lui concéder que voter
contre sa conscience n’est probablement pas bon pour l’âme, juste
peut-être pour le portefeuille. Mais cela donne au bureau de vote la
forme d’un confessionnal, plutôt que d’un appareil par lequel les gens
peuvent affirmer leur pouvoir politique très limité. Mais avez-vous un
quelconque pouvoir politique, ou est-ce que les élections américaines ne
sont qu’un jeu de manipulation, dans lequel vous perdez, peu importe
comment vous votez ? Une étude de 2014, Tests des théories politiques américaines : Elites, groupes d’intérêt et les citoyens moyens
par Martin Gilens et Benjamin I. Page, a montré de manière concluante
comment les préférences des citoyens moyens ne comptent pour rien, au
contraire de celles des élites aisées et des groupes d’intérêt. Ainsi, à
la question de savoir si vous êtes le gagnant ou le perdant dans le jeu
de la politique électorale des États-Unis, il est facile de répondre :
si vous êtes un multimilliardaire et un capitaine d’industrie, alors
vous pouvez gagner ; si vous êtes un citoyen moyen, vos chances de
gagner sont précisément de zéro.
Étant donné que vous allez perdre, pourquoi devriez-vous jouer ?
Devriez-vous vous comporter comme un Mouton furieux, obéissant à tous
les signaux que vous envoient les candidats, leurs organisations et les
commentateurs politiques dans les médias de masse ? Devriez-vous y
participer, pour donner la plus grande victoire possible à ceux qui
manipulent le processus politique à leur avantage ? Ou devriez-vous
refuser toute coopération dans la plus large mesure possible et essayer
de les démasquer et de neutraliser leurs efforts de manipulation
politique ?
Bien sûr, il y a quelques frissons bon marché à avoir, pour les
Moutons furieux sous endorphines, comme sauter de haut en bas tout en
agitant des signes produits en masse et en criant des slogans
pré-approuvés par des comités de campagne. Mais si vous êtes le genre de
personne qui aime avoir une pensée indépendante de temps à autre, vous
cherchez probablement trois choses :
éviter des dommages psychologiques d’avoir à observer et à participer à ce spectacle absurde et dégradant ;
l’expérience du délicieux frisson de regarder ce système échouer et ceux qui sont derrière lui perdre la face ;
et retrouver une certaine quantité de foi en la possibilité d’un
avenir pour vos enfants et petits-enfants, qui pourrait impliquer
quelque chose qui ressemble effectivement à une sorte de démocratie,
plutôt qu’à un sordide et humiliant jeu truqué.
Avant de nous mettre à jouer, nous devons comprendre quel est le type
de jeu proposé, en termes techniques. Il existe de nombreux types de
jeux : des jeux de force, des jeux d’adresse (escrime) et des jeux de
stratégie (backgammon). Celui-ci est un jeu de force, le combat
utilisant de grands sacs d’argent, mais il peut être transformé en un
jeu de stratégie par le côté le plus faible, sans pouvoir gagner, mais
en niant la victoire du côté adverse.
La plupart d’entre nous sont animés par la belle idée que les jeux
devraient être équitables. Dans un jeu juste, les deux parties ont une
chance de victoire, et il y a normalement un gagnant et un perdant, ou, à
défaut, un match nul. Mais les jeux équitables ne représentent qu’un
sous-ensemble des jeux, tandis que le reste, la grande majorité, est
injuste. Ici, nous parlons d’un type spécifique de jeu déloyal, dans
lequel votre camp perd toujours. Mais cela veut-il dire que l’autre côté
doit toujours gagner ? Pas du tout ! Il y a deux résultats possibles: « Vous perdez − ils gagnent » et «Vous perdez − ils perdent ».
Maintenant, si vous, n’étant ni multimilliardaire, ni un capitaine
d’industrie, vous êtes confronté à la perspective de passer le reste de
votre vie du côté des perdants, quel résultat pourriez-vous souhaiter ?
Bien sûr, vous devriez vouloir que l’autre côté perde aussi ! La raison :
si ceux de l’autre côté commencent à perdre, alors ils vont abandonner
ce jeu et recourir à d’autres moyens d’assurer une victoire injuste.
Dans le cas du jeu de la politique électorale américaine, cela percerait
le voile de la fausse démocratie, générant un niveau d’indignation
publique qui pourrait rendre la restauration de la démocratie réelle au
moins théoriquement possible.
Alors, comment changer le résultat de « Vous perdez − ils gagnent » en « Vous perdez − ils perdent » ?
La première question à laquelle répondre est de savoir si vous
devriez prendre la peine de voter, et la réponse est oui, vous devriez
voter. Si vous ne votez pas, alors vous abandonnez le terrain de jeu aux
Moutons furieux qui, étant les plus faciles à manipuler, remettront une
victoire facile à l’autre camp. La question restante est : comment
devriez-vous voter pour faire perdre l’autre côté ? Cela ne devrait pas
être considéré comme une question de choix personnel ; pas besoin de
vous préoccuper de savoir qui est le « moindre mal », ou quel
candidat fait les moins mauvaises promesses. Vous n’allez pas voter pour
quelqu’un ; vous allez voter contre l’ensemble du processus.
Pensez-vous comme un soldat qui se porte volontaire pour la défense de
la liberté : vous allez tout simplement exécuter les ordres. La charge a
été déposée par quelqu’un d’autre ; votre mission, si vous l’acceptez,
est d’allumer la mèche et de partir. Cela devrait à la fois vous motiver
pour aller voter et rendre le processus de vote facile et sans stress.
Vous allez démasquer, renverser le paradigme dominant puis regarder le
feu d’artifice.
Maintenant,
vous devez comprendre la façon dont le jeu électoral se joue. Il se
joue avec de l’argent, de grosses sommes d’argent, le vote étant tout à
fait secondaire. En termes mathématiques, l’argent est la variable
indépendante et les votes sont la variable dépendante, mais la relation
entre l’argent et les votes est non linéaire et varie dans le temps.
Pour commencer, les intérêts financiers misent d’énormes sommes d’argent
sur les deux grands partis, non pas parce que les élections doivent
être, par leur nature, ridiculement chères, mais cela érige un obstacle
insurmontable à l’entrée des citoyens moyens dans le processus. La
décision finale de victoire est prise avec une marge relativement mince,
afin de rendre au processus électoral un semblant d’authenticité,
plutôt qu’une pure mise en scène, et susciter l’enthousiasme. Après
tout, si les intérêts financiers se contentaient de jeter tout leur
argent sur leur candidat préféré, cela rendrait la victoire de ce
candidat jouée d’avance, mais ce ne serait pas vu comme suffisamment
démocratique. Ils utilisent donc des sommes importantes pour se séparer
de vous les sans-dents, mais de beaucoup plus petites sommes pour faire
pencher la balance.
Lors du calcul pour faire pencher la balance, les experts politiques
employés par les intérêts financiers se reposent sur des informations
sur l’appartenance politique, les données de sondage et les habitudes
historiques de vote. Pour changer le résultat d’un mode « gagnant/perdant » à un mode « perdant/perdant », vous avez besoin d’invalider ces trois choses :
Le bon choix d’appartenance à un parti est aucun, ce qui, pour une raison bizarre, est communément étiqueté comme indépendant (et attention pour l’American Independent Party,
qui est un parti d’extrême-droite mineur en Californie qui a trollé
avec succès les gens pour qu’ils se joignent à eux par erreur). Quoi
qu’il en soit ; laissez les Moutons furieux fiers d’être des dépendants.
Dans tous les cas, les deux principaux partis sont en train de mourir,
et le nombre de membres non affiliés a un parti est maintenant presque
le même que le nombre de démocrates et de républicains réunis.
Lorsque vous répondez à un sondage, la catégorie pour laquelle vous devriez toujours opter, c’est indécis,
jusqu’au moment où vous entrez dans l’isoloir. Interrogé sur vos
habitudes sur diverses questions, vous devez vous rappeler que l’intérêt
concernant votre avis est malhonnête : votre position sur les vraies
questions ne compte pour rien (voir l’étude ci-dessus), sauf dans le
cadre d’un effort pour vous amener, vous, Mouton furieux, dans un
paddock politique. Par conséquent, quand on parle aux sondeurs, soyez
vaguement des deux côtés sur chaque question tout en soulignant que cela
ne joue aucun rôle dans votre prise de décision. Si on vous demande ce
qui importe pour vous, indiquez que vous vous concentrez sur des
questions telles que le langage corporel, le sens de la mode et le
comportement des candidats. Cela aura pour effet de court-circuiter
toute tentative de vous manipuler en utilisant votre capacité purement
fictive pour influencer la politique publique. Vous ne pouvez pas être
pour ou contre un candidat de manière franche et claire ; ni qu’il y a
un test décisif sur le comportement ou sens de la mode. Les politiciens
sont censés être en mesure de mener les Moutons furieux en faisant des
promesses qu’ils n’ont pas l’intention de tenir. Mais que va-t-il se
passer si les électeurs (conscients du fait que leurs opinions ne
comptent plus) commencent soudainement à exiger une meilleure posture,
des gestes de mains plus gracieux, un ton de voix plus mélodieux et un
côté plus énergique ? Calamité ! Ce qui était censé être un champ de
bataille idéologique, faux mais bien rangé avec des lignes de front
fictives mais clairement délimitées, se transforme soudain en un
concours de beauté macabre tenu dans un champ uniforme de boue
liquéfiée.
La dernière étape consiste à invalider les habitudes de vote
historiques. Ici, la solution parfaitement évidente est de voter au
hasard. Le vote aléatoire produira des résultats non aléatoires mais
chaotiques, viciant l’idée que le processus électoral se base sur les
plates-formes des partis politiques, des questions ou des mandats
populaires. Plus important encore, il annulerait le processus par lequel
les votes sont achetés pour obtenir de l’argent des politiques. Il
suffit de se rappeler d’apporter une pièce dans l’isoloir avec vous.
Voici un organigramme qui explique comment vous devez décider pour qui
voter une fois que vous êtes debout dans la cabine de vote tenant votre
pièce :
Pile / Face -> Gauche / Droite -> Pile / Face -> selon Clinton / Stein ou Trump / Jonhson
Si vous voulez être un activiste, apportez une poignée de pennies et
distribuez-les aux gens tout en faisant la queue au bureau de vote. Vous
n’aurez pas besoin de convaincre beaucoup de gens pour produire l’effet
escompté. Rappelez-vous, qu’afin de maintenir l’apparence d’un
processus démocratique, la marge artificielle financièrement induite par
la victoire est maintenue assez mince, et même une petite quantité
d’aléatoire ajoutée est suffisante pour l’anéantir. Soulignez le mot « liberté »
en bonne place et en relief sur chaque penny. Expliquez brièvement ce
qu’est un Mouton furieux, et comment l’exercice de la liberté est
exactement le contraire d’être un Mouton furieux. Ensuite,
expliquez-leur comment les pièces de monnaie doivent être utilisées : le
premier tirage du penny détermine si vous votez pour la gauche ou la
droite ; le deuxième si vous votez pour le candidat majeur ou mineur.
Assurez-vous de mentionner que c’est un moyen infaillible pour pomper
l’argent des politiciens. Essayez la ligne: « Ce penny ne peut pas être acheté. » Ne pas discuter, ne pas débattre ; sortez votre discours bien huilé,
donnez le penny et avancez. Le dernier détail dont tout le monde a
besoin de se rappeler est de savoir comment répondre aux sondages de
sortie de vote, afin de priver l’autre côté de toute compréhension de ce
qui vient d’arriver. Lorsqu’on vous demandera comment vous avez voté,
dites : « J’ai voté à bulletin secret. »
Ensuite, vous pouvez rentrer à la maison, allumer la boîte à con et
regarder un spectacle amusant avec des grincements de dents, des
vêtements arrachés et la dispersion de cendres sur les têtes
jacassantes. Vous ne pourrez pas voir les scènes de rancœur backstage
et les récriminations parmi les élites fortunées, mais vous pouvez
imaginer à quel point elles seront furieuses, ayant vu leurs milliards
de dollars vaincus par quelques poignées de pennies.
Vous pourriez penser que le vote aléatoire, avec chaque candidat
obtenant une part égale de voix, serait parfaitement prévisible, ce qui
permettrait d’assurer une victoire par le piratage de quelques machines
de vote. Mais ce ne sera jamais le cas dans le monde réel, parce que
tout le monde ne va pas voter au hasard. Vous pourriez alors penser
qu’il serait encore possible de manipuler les électeurs au vote non
aléatoire d’une certaine manière. Mais comment on peut prédire qui va
voter au hasard, et qui ne le fera pas ? Et si chaque vote est, en
substance, acheté, comment quelqu’un va-t-il acheter des votes
aléatoires ou déterminer à quel candidat un tel achat serait favorable ?
Dans cette situation, l’achat de votes ne servirait qu’à embrouiller
davantage le résultat. Ainsi, l’effet du hasard ajouté au résultat ne
serait plus aléatoire ; il serait chaotique.
Et voila, mes chers compatriotes, comment vous pouvez changer un résultat « Vous perdez − ils gagnent » en un résultat plus juste et plus équitable de « Vous perdez − ils perdent » dans ce jeu particulier de stratégie. Dmitry Orlov
Dans les années 1950, l’anthropologue italien Fosco Maraini
(1912-2004) a eu la chance d’assister au choc culturel énorme que la
société japonaise a connu, après la défaite lors de la Seconde Guerre
mondiale. Il a décrit son expérience dans le livre Rencontre avec le Japon,
publié en 1960. Nous pouvons nous attendre à passer par quelque chose
de semblable dans le monde entier, quand nous éprouverons le choc
culturel de devoir abandonner les combustibles fossiles.
Sous la surface de presque tous les événements socio-politiques
et économiques dans le monde, une guerre fait rage, mais le plus souvent
de manière invisible. Cette guerre, pour l’instant, est menée a la
fois dans la fiction et dans la réalité, par le combat journalistique et
par le calme des actes individuels. Elle est définie par deux côtés qui
ne pourraient pas être plus philosophiquement ou spirituellement
séparés.
La façon dont les choses sont censées fonctionner sur cette
planète est la suivante: aux États-Unis, les structures de pouvoir
(publiques et privées) décident ce qu’elles veulent que le reste du
monde doit faire. Ces pouvoirs communiquent leurs vœux par les canaux
officiels et officieux, en attendant une coopération automatique. Si la
coopération n’est pas immédiate, ils appliquent une pression politique,
économique et financière. Si cela ne produit toujours pas l’effet
escompté, ils tentent un changement de régime par une révolution de
couleur ou un coup d’État militaire, ou organisent et financent une
insurrection conduisant à des attaques terroristes et à une guerre
civile sur le sol de la nation récalcitrante. Si cela ne fonctionne
toujours pas, ils bombardent le pays pour le renvoyer à l’âge de pierre.
Ceci est la façon dont le monde a fonctionné dans les années
1990 et les années 2000, mais vers la fin, une nouvelle dynamique a
émergé.