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«Soyons fair-play comme tout businessman devrait l’être : si nous n’apprenons pas d’une leçon, il n’y aura rien de bon pour nous à la fin», a écrit Rudyard Kipling en 1902, après que les Boers eurent humilié l’armée britannique lors de la première Guerre des Boers. L’Amérique devrait exprimer la même gratitude envers la Chine, qui a humilié l’Amérique dans la mer de Chine méridionale. En exposant la faiblesse américaine sans tirer un coup de feu, Pékin a enseigné à Washington une leçon que la prochaine administration devrait prendre à cœur.
L’an dernier, je demandai à un planificateur de premier rang du Pentagone ce que l’Amérique ferait au sujet des missiles tueurs de navire de la Chine, qui peuvent censément couler un porte-avions à quelques centaines de milles de la côte. Si la Chine veut refuser l’accès de la marine américaine à la mer de Chine méridionale, le fonctionnaire a répondu, nous pouvons faire la même chose : persuader le Japon de fabriquer des missiles de surface et de les positionner aux Philippines.
Il n’est pas venu à l’esprit de Washington que les Philippines pourraient ne pas vouloir défier la Chine [Et que les chinois n’ont qu’un porte-avion et surtout une stratégie défensive, NdT]. Le président élu du pays, Rodrigo Duterte, a expliqué l’an dernier (comme David Feith l’a rapporté dans le Wall Street Journal) : «Les Américains ne mourront jamais pour notre défense. Si l’Amérique s’y intéressait vraiment, elle aurait envoyé ses porte-avions et ses frégates dès le moment où la Chine a commencé à réclamer des portions de territoires contestés, mais cela ne fut pas le cas… L’Amérique a peur de partir en guerre. Nous ferions beaucoup mieux de devenir des amis de la Chine.»
Ce ne sont pas seulement les Philippines qui voient l’évidence. La Chine revendique le soutien de 40 pays, pour sa position selon laquelle les revendications territoriales de la mer de Chine méridionale devraient être résolues par des négociations directes entre les différents pays, plutôt que devant un tribunal de l’ONU constitué en vertu de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer, selon les souhaits de Washington. Une déclaration conjointe des ministres des Affaires étrangères de la Chine, de la Russie et de l’Inde après une réunion à Moscou le mois dernier, a appuyé la position de la Chine.
La 7e Flotte était le gorille de 400 Kg en mer de Chine méridionale après la Seconde Guerre mondiale, en se fondant sur un système d’armes vieux de maintenant plus de neuf décennies, à savoir le porte-avions. C’était avant que la Chine ne réponde avec son missile DF-21 anti-navire tueur de porte-avions. La dernière itération du missile, désigné DF-26, aurait une portée de 4 000 km. Les nouvelles technologies, y compris les lasers et les canons électriques, pourraient vaincre les nouveaux missiles chinois, mais beaucoup d’investissements seraient nécessaires pour les rendre opérationnelles, comme un rapport de janvier du Centre d’études stratégiques et internationales l’a convenu.
La nouvelle génération de sous-marins diesel-électrique lancée en premier par l’Allemagne au début des années 1980, par ailleurs, est assez furtive pour échapper aux sonars. Les sous-marins diesels électriques ont coulé les porte-avions américains dans des exercices de l’OTAN. Même sans ses missiles anti-navire, qui peuvent submerger les défenses existantes des navires américains, des sous-marins furtifs de la Chine peuvent couler les portes-avions américains, et tout ce qui flotte.
Peut-être qu’une plus grande préoccupation encore concerne la prochaine génération de défense anti-aérienne russe. Les nouveaux systèmes anti-missiles et anti-aérien S-500 pourraient rendre l’avion de combat furtif américain F-35 obsolète, avant même qu’il ne devienne opérationnel. Écrivant dans The National Interest, Dave Majumdar avertit que les nouveaux systèmes russes sont «si capables, que de nombreux responsables de la Défense des États-Unis craignent que les avions de guerre, même furtifs comme le F-22, F-35 et le B-2 pourraient avoir des problèmes à les éviter». Les responsables du Pentagone pensent que la génération actuelle de missiles anti-aériens russes incarnée dans le S-400 peut surmonter les capacités de brouillage existantes des F-16. Une fois que la Russie eut déployé des systèmes S-400 en Syrie, elle a régné sur les cieux au-dessus du Levant. Le Pentagone ne veut pas voir cette réalité.
Le commentateur russe Andrei Akulov détaille la prétendue supériorité des S-500, dont le déploiement est prévu l’année prochaine:
Le S-500 devrait être beaucoup plus performant que l’actuel S-400 Triumph.Akulov conclut: «Il est rare qu’une arme de défense aérienne relativement peu coûteuse soit en mesure de rendre obsolète un programme d’avions de chasse se chiffrant en milliards de dollars. Voilà exactement ce que le système de missiles S-500 va faire au nouveau chasseur furtif F-35 US.»
Par exemple, son temps de réponse est seulement de trois à quatre secondes (à titre de comparaison, le temps de réponse du S-400 est de neuf à dix secondes).
Le S-500 est capable de détecter et d’attaquer simultanément jusqu’à dix têtes de missiles balistiques sur 600 km de vol à une vitesse de 7000 mètres par seconde.
Le Prometeus peut engager des cibles à une altitude d’environ 200 km, y compris les missiles balistiques entrant dans l’espace à des distances aussi grandes que 650 km.
La Chine et la Russie ont réduit l’écart technologique avec les États-Unis, et dans certains cas, devancent probablement l’armée américaine. Dans le passé, les États-Unis ont répondu à de telles circonstances (par exemple le lancement du Spoutnik russe de 1957) en investissant des ressources dans la R&D dans les laboratoires nationaux, les universités et les industries privées. Au lieu de cela, Washington aujourd’hui consacre la part du lion d’un budget de la défense en baisse, à des systèmes qui peuvent ne pas fonctionner du tout.
Avec un coût total dans sa durée de vie estimé à 1,5 milliards $, le F-35 est le système d’armes la plus coûteux de l’histoire américaine. Même avant de s’occuper de la myriade de problèmes techniques qui ont retardé son déploiement, les planificateurs du Pentagone ont averti que l’avion défectueux allait dégrader les défenses US en consommant la majeure partie du budget de la recherche et développement du Pentagone. Un rapport encore classé, signé par plusieurs généraux quatre étoiles, a été remis au président George W. Bush à mi-parcours de son second mandat, l’avertissant de ce résultat funeste à long terme. Bush l’a ignoré. L’ancien fonctionnaire de la Force aérienne, Jed Babbin a détaillé les défauts de l’avion dans le Washington Times l’an dernier, en concluant : «Le programme F-35 est un exemple de la façon dont les armes ne devraient pas être achetées. Il doit être arrêté dans son élan.»
Ce sont les faits sur le terrain (ainsi que dans les airs et sur mer). Pas étonnant que les alliés de l’Amérique en Asie veuillent se rapprocher de la Chine. Rien de moins qu’un effort Reaganesque pour rétablir l’avance technologique de l’Amérique peut changer cela.
David Goldman
Liens
dedefensa.org : De l’effet de la dissolution de l’outil militaire US
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