Article original de James Howard Kunstler, publié le 16 juin 2017 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Les historiens du futur, regroupés autour de leurs lampes à
la graisse d’oie dans des manteaux de laine boueux, pourront dire que ce
mois-ci, le Pays de rêve de Kardashian, autrefois connu sous le nom de « USA », a finalement perdu son esprit collectif.
Je soumet à votre approbation le grand et regretté Rod Serling (scénariste de The Twilight Zone)
qui avait l’habitude de dire : cette semaine à Capital Hill, c’était
Russie-Russie-Russie. La dernière nouvelle du cirque, c’est le sénateur
Kamala Harris (D-Cal) qui s’est fait tirer l’oreille par le procureur
général Jeff Sessions au sujet de son « contact avec des fonctionnaires russes » et a été réprimandé par la présidence pour son comportement grossier.
Note : il est maintenant jugé illicite pour les responsables du
gouvernement américain de parler avec des diplomates russes. Je me
demande ce qui se passerait si les représentants du gouvernement
d’autres pays décidaient qu’il était inapproprié de parler avec les
diplomates américains. Le Parti démocrate semble construire un monde qui
serait meilleur sans diplomates encombrant les capitales des autres
pays. Hey hey, ho ho, La di-plo-matie doit disparaître ! Maintenant, c’est une idée très progressiste ! Apparemment, le procureur général
Sessions a irrité le sénateur Harris qui a souligné que l’Union
soviétique s’était effondrée il y a près de trente ans – une remarque
typique de Blanc privilégié, n’est-ce pas ?
Ensuite, le sénateur Mark Warner (D-Va), vice-président du Comité
sénatorial du renseignement, a passé Sessions sur le grill a propos
de la capacité de guerre électronique de la Russie. Tu peux répéter
s’il-te-plait ? Tout d’abord, le sénateur Warner ne trouverait-il pas
plus d’illumination sur le sujet en appelant le secrétaire à la Défense,
ou un haut gradé militaire ou le directeur de la NSA à la table des
témoins ? Sait-il où les devoirs du procureur général des États-Unis
commencent et où ils se terminent ?
Deuxièmement, y a-t-il quelqu’un dans ce pays avec un QI au-dessus de
la température ambiante qui pense que les États-Unis ne sont pas, eux
aussi, disposés à mener une guerre électronique ? Ou que toutes les
nations avancées du monde ne cherchent pas à faire des intrusions via
Internet dans le cyberespace des autres ? Peut-être est-ce une
manifestation de la névrose politique appelée l’Exceptionalisme américain,
l’idée que nous sommes tellement différents des autres pays qu’ils
pourraient aussi bien être des extraterrestres. (Une idée sympa pour un
nouvel épisode de Twilight Zone).
Toutes ces bêtises suggèrent que le mème de la Russie perd de sa
force magique et que les forces dédiées pour détruire Trump pourraient
avoir besoin de chercher quelque chose sur le terrain juridique. Pour le
moment, elles se tournent vers les bois sombres où se tapit
l’obstruction à la justice, un Blair Witch Project
de la politique, où tout ancien assemblage de brindilles brisées est un
signe certain de la bête qui s’y cache – mais peut-être est-ce
exactement là où la chasse aux sorcières commence.
Personnellement, je crois toujours qu’ils vont l’exécuter avec le 25e
amendement, ce qui permettrait de le virer simplement pour incompétence
notoire, sans la bataille difficile qu’est une procédure régulière.
Vous devez obtenir simplement un consensus des plus hauts fonctionnaires
du pays pour accepter que le gars doit partir, et ils le font
disparaître. Dans ce cas, vous allez vous trouver avec Mike Pence, une
dame patronnesse transgenre avec un fort soutien des Frères Koch. Cela va rendre le pays Grand-à-Nouveau plus vite, bien sûr.
Ensuite, bien sûr, il y a eu la fusillade concernant Steve Scalise, le Whip de la House Majority
et d’autres personnes sur un champ de Virginie par un fan mécontent de
Bernie Sanders. Est-ce une hyperbole de dire que cet incident laisse le
sentiment d’être les premiers coups de feu d’une nouvelle guerre
civile ? Même les éléments hystériques de CNN se sont
précipités pour éteindre les feux de brousse qu’ils avaient allumés en
diffusant cette nouvelle jeudi soir en toile de fond de la soirée
annuelle de charité autour du baseball, organisée par le Congrès au
stade de Washington Nationals – comme si les gens maltraités et
assaillis de ce pays dissolu pouvaient être sortis de leur anomie
par le bruit réconfortant d’une balade à cheval dans les bois. L’été
n’est pas encore là officiellement, mais qui a envie de danser dans les
rues ? On a plus envie de vouloir se cacher derrière la poubelle la plus
proche.
James Howard Kunstler
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