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L’ancien président afghan Hamid Karzaï prend la parole à Kaboul, en Afghanistan, le 17 avril 2017
L’ancien président afghan Hamid Karzaï a qualifié mercredi le groupe terroriste État islamique d’« outil » des États-Unis et a rejeté les critiques à l’encontre de la Russie pour ses liens avec les talibans et ses efforts pour engager le groupe militant dans des pourparlers de paix.
« Même si les États-Unis ont largué la bombe sur l’Afghanistan, cela n’a pas éliminé Daesh », a déclaré Karzaï, faisant référence à l’attaque faite avec la « mère de toutes les bombes [MOAB] », la semaine dernière contre État islamique.
« Je considère Daech comme leur outil », a déclaré Karzaï à l’agence de presse afghane VOA dans une interview exclusive à Kaboul, en utilisant l’acronyme arabe pour IS. « Je ne fais aucune différence entre Daech et l’Amérique. »
L’armée américaine, en partenariat avec les forces afghanes, a promis d’éliminer les terroristes d’EI en Afghanistan cette année et de contenir des talibans renaissants, citant les récents succès sur les champs de bataille contre les deux groupes.
Territoire contrôlé par EI
Le porte-parole militaire américain Bill Salvin a déclaré récemment à VOA que les opérations antiterroristes, avec les forces afghanes en tête, ont réduit le territoire contrôlé par l’EI de « deux tiers » et le nombre de ses combattants de « plus de 50% ».En dépit des efforts anti-EI des États-Unis – en particulier ces dernières semaines – Karzaï a déclaré à VOA que la lutte menée par les États-Unis contre EI a été “faible” au cours des deux dernières années. Il a dit qu’il y avait beaucoup de preuves à l’appui de son allégation, même si les États-Unis se sont battus pour éliminer EI et ses alliés en Syrie, en Irak et ailleurs.
Au cours de ses deux mandats, Karzaï a entretenu des liens étroits avec les États-Unis, dont l’invasion de l’Afghanistan pour déraciner les bastions terroristes a ouvert la voie à son accession au pouvoir. Il a été accueilli à la Maison Blanche et mis dans la confidence des stratégies militaires américaines visant son pays.
Mais sa relation avec Washington est devenue de plus en plus acrimonieuse ces dernières années. Il a vivement dénoncé l’utilisation par les États-Unis de la bombe connue sous le nom de MOAB contre le quartier général souterrain d’EI en Afghanistan la semaine dernière, ajoutant que son successeur, Ashraf Ghani, était un traître pour avoir permis l’attaque.
« Ils ont largué une bombe atomique sur l’Afghanistan – il n’y a aucune différence entre ‘la mère de toutes les bombes’ et une bombe atomique », a déclaré Karzaï.
EI a fait des incursions en Afghanistan ces dernières années et a revendiqué la responsabilité d’attentats meurtriers, y compris l’assaut le mois dernier contre un hôpital militaire de Kaboul qui a fait plus de 30 morts et 80 blessés.
Pendant ce temps, les talibans se sont opposés aux forces gouvernementales dans les principales provinces du pays.
Des connections russes
Les relations entre les talibans et la Russie sont de plus en plus mises en lumière alors que Moscou cherche à accroître son influence dans la nation qu’elle occupait autrefois et à contrer l’expansion d’État islamique de l’Afghanistan vers les pays voisins d’Asie centrale.Les allégations croissantes d’implication militaire russe sur le terrain en Afghanistan ont suscité l’inquiétude des autorités américaines et afghanes sur le fait que la Russie travaillerait en coulisse pour aider les talibans à combattre les forces afghanes et les groupes militants dans le pays, comme l’EI.
Dans son interview à VOA, Karzaï a rejeté la critique des liens de Moscou avec les talibans. Karzaï est devenu plus proche de la Russie depuis qu’il a quitté son poste, affirmant, lors d’une visite à Moscou en 2015 pour rencontrer le président Vladimir Poutine, qu’il soutenait l’annexion de la Crimée.
« Ils parlent aux talibans », a déclaré Karzaï à propos de la Russie. « Les États-Unis parlent aussi aux talibans, la Norvège, l’Allemagne et d’autres pays leur parlent aussi, et la Russie a également le droit d’avoir des entretiens avec les talibans. »
Selon des informations publiées en octobre dernier, au moins un fonctionnaire américain a participé à trois séries de « réunions informelles » entre le gouvernement afghan et les talibans.
Le porte-parole du département d’État américain, Mark Toner, n’a pas voulu commenter les rapports à l’époque, mais a déclaré que les États-Unis étaient « déterminés à promouvoir un règlement négocié pour mettre fin au conflit afghan ».
Éviter de renforcer la légitimité des talibans
Mais le conseiller américain à la sécurité nationale, H.R. McMaster, qui s’est entretenu avec les dirigeants afghans à Kaboul le week-end dernier, a déclaré que les pays devraient éviter de renforcer la légitimité des talibans.« Personne ne devrait soutenir les talibans », a déclaré M. McMaster, lorsqu’on lui a demandé de commenter les contacts manifestes de la Russie avec le groupe. « Personne ne devrait soutenir la résistance armée contre le gouvernement afghan et le peuple afghan. »
Pourtant, Karzaï a déclaré à VOA : « Les talibans sont une réalité majeure dans l’Afghanistan d’aujourd’hui. Les Américains eux-mêmes disent qu’ils [les Talibans] contrôlent 50% du territoire afghan. Quand une force contrôle 50% d’un pays, les autres pays n’ont pas d’autre choix que de leur parler. Les États-Unis eux-mêmes leur parlent – ils les rencontrent dans leur bureau au Qatar. »
La comptabilité américaine et afghane sur les gains de territoire des talibans ne sont pas en accord avec les déclarations de Karzaï.
Le gouvernement afghan a déclaré qu’il contrôle actuellement près des deux tiers des 407 districts du pays. Les Talibans contrôlent 33 districts, soit moins de 10% du total national, et une évaluation militaire récente des États-Unis répertorie 116 districts – plus du quart du pays – comme des zones « contestées ».
La Russie a reconnu les liens politiques avec les talibans. Mais les responsables russes ont déclaré que Moscou ne fournissait pas d’armes et de formation aux militants talibans et que leurs contacts visaient uniquement à faciliter le processus de paix en Afghanistan.
« Nous ne fournissons aucune assistance financière ou militaire aux talibans, les allégations [d’assistance russe] ne sont qu’une rumeur et sont sans fondement », a déclaré mercredi à Kaboul l’ambassadeur russe en Afghanistan, Alexander Mantytskiy.
Approche régionale
Moscou a accueilli la semaine dernière une nouvelle série élargie de « consultations » multi-nations qui a récemment été lancée avec l’objectif déclaré de développer une « approche régionale » pour promouvoir la sécurité afghane et une réconciliation nationale dirigée par le gouvernement avec les talibans.Mais l’administration américaine a refusé de participer à la conférence, remettant en cause les intentions et les motivations russes. Washington n’a pas été invité aux précédentes réunions de négociations.
« La principale question à l’ordre du jour était la coordination des efforts régionaux visant à soutenir le processus de réconciliation nationale en Afghanistan dans l’intérêt du rétablissement rapide de la paix dans le pays, a déclaré M. Mantytskiy. Les participants ont exprimé des préoccupations communes concernant la montée des activités terroristes en Afghanistan, ce qui a entraîné une nouvelle escalade du conflit. »
Karzaï a déclaré à VOA que les États-Unis ne sont pas sincères dans l’instauration de la paix dans le pays.
« Une conférence a été organisée récemment à Moscou : pourquoi l’Amérique n’y a-t-elle pas participé ?, a demandé Karzaï. Pourquoi a-t-elle demandé au gouvernement afghan d’envoyer une délégation de bas niveau à la conférence ? »
Karzai a déclaré que depuis 2008, il a relayé à plusieurs reprises son mécontentement envers les Américains à Poutine qui, a-t-il dit, restait sceptique jusqu’en 2012-2013.
« Mais quand je me suis plaint à nouveau lors d’un rassemblement au Kirghizistan, Poutine m’a dit qu’il pourrait y avoir un élément de vérité là dedans », a déclaré Karzaï.
Noor Zahid
Note du traducteur
Karzaïa a aussi sa part d'ombre. On vous laisse chercher. C'est son évolution vers ses positions récentes qui interroge.
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