Article original de Brandon Smith, publié le 28 février 2018 sur le site alt-market.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Dans la foulée de la fusillade de Parkland, comme à la suite de toute tuerie de masse, divers groupes politiques se sont rués pour établir les responsabilités de cette violence. Tout le monde est à la recherche de la source du mal qui cause ces événements, en vain. Dans la plupart des cas, au moins quand il s’agit de l’extrême-gauche, le blâme est placé directement sur les armes elles-mêmes. C’est évidemment une notion absurde. Accuser l’outil spécifique utilisé dans un crime ne résout pas le problème du criminel et ce qui a conduit à passer à l’acte. Que l’outil ait rendu le crime plus facile ou non n’a aucune incidence sur le dessin général.
Après des années de débat et de législation inefficace, les gauchistes ont découvert que la résistance à la destruction progressive du 2e amendement est insurmontable, et un changement de récit s’est produit. Enfin, nous parlons davantage des problèmes de santé mentale et un peu moins des armes à feu. C’est une victoire pour ceux qui défendent le droit sur les armes à feu, mais il y a un autre danger qui doit être traité.
Premièrement, alors que la santé mentale est de plus en plus présentée dans les médias grand public comme une question centrale dans les fusillades de masse, je trouve intéressant que le problème des produits pharmaceutiques psychotropes ait été commodément ignoré. Dans un grand nombre d’incidents de tuerie de masse non liés au terrorisme, les assaillants ont une longue histoire de consommation de drogues psychotropes. Pourquoi ce facteur n’a-t-il pas été abordé ?
Eh bien, dites vous que Big Pharma a dépensé au moins 2,5 milliards de dollars au cours des dix dernières années à Washington D.C. Comparez cela au budget de lobbying de la NRA, qui a été dérisoire, de l’ordre de 20 millions de dollars sur 10 ans selon OpenSecret.
Cela devrait mettre en perspective la bêtise des défenseurs des législations anti-armes et leur obsession concernant la NRA, si « néfaste ». L’influence de l’industrie pharmaceutique est presque universellement ignorée en ce qui concerne le débat sur la violence armée. Pourtant ses efforts de lobbying éclipsent tous les autres. Tout cela malgré le fait que les médicaments psychotropes ont une influence avérée sur les comportements violents et même les homicides chez les personnes.
Deuxièmement, l’accent mis sur la santé mentale autour de la fusillade de Parkland semble dissimuler les vastes lacunes du FBI et de la police locale dans le suivi et l’enquête sur les douzaines d’avertissements qu’ils ont reçus à propos de Nikolas Cruz. Comme je l’expliquais dans mon récent article: « Les fusillades de masse n’annuleront jamais la nécessité des armes à feu » ceux qui veulent confisquer les armes à feu aiment renforcer la législation sur les restrictions issues des vérifications d’antécédents et le gun show loophole, mais aucune de leurs solutions suggérées n’aurait pu empêcher la tragédie de Parkland d’avoir lieu.
Le succès de l’attaque de Nikolas Cruz est dû à l’échec écœurant du FBI à appliquer la loi, et non à l’échec des vérifications sur ces antécédents. S’ils avaient fait leur travail, Cruz n’aurait jamais pu acheter une arme à feu pour commencer. Je trouve plutôt ironique que ceux qui veulent confisquer les armes à feu affirment constamment que les citoyens moyens n’ont pas besoin d’armes à feu pour se défendre, car c’est précisément la bêtise ou la non-application de la loi qui ont ouvert la porte à Cruz pour (prétendument) tuer.
De toute évidence, les soi-disant « autorités » ne sont pas assez dignes de confiance pour faire le travail de nous protéger tous contre des tireurs en action. Les seules personnes capables d’arrêter un tireur en action d’une manière rapide et pratique sont les citoyens armés sur les lieux au moment où l’attaque commence.
Troisièmement, et la plus importante, il y a la question de la santé mentale et comment cet argument sera utilisé pour restreindre le droit sur les armes à feu. L’ATF a déjà des règles concernant les personnes « jugées comme mentalement déficientes » qui comprennent les personnes qui ne jugent un danger pour elles-mêmes ou pour autrui que par l’action d’un « tribunal, conseil ou commission ou autre autorité légale ». Maintenant, ces directives peuvent être assez lâches, mais les abus d’un gouvernement ont jusqu’à présent été limités (bien que certains cas aient été flagrants). Si l’administration Trump cherche à assouplir encore ces lignes directrices, alors nous pourrions avoir un problème.
Prenons par exemple les abus inacceptables sur les vétérans militaires et leurs droits au 2e amendement par le Bureau des anciens combattants. Au cours des dernières années, le BAC a imposé des restrictions à des milliers d’anciens combattants, niant leurs droits aux armes à feu sans procédure régulière et sans surveillance. Et tout cela a été fondé sur l’affirmation selon laquelle certains vétérans sont « mentalement déficients » sur la base de paramètres douteux, y compris s’ils laissent ou non leur conjoint gérer les finances du ménage.
C’est ce dont je parle quand j’évoque les dangers autour des « maladies mentales » et du droit des armes à feu. QUI va décider qui est malade mentalement et pourquoi ? Est-ce que cela sera fait par un jury de nos pairs ? Ou, par une bureaucratie ne rendant aucun compte et sans visage ? Les lignes directrices sur les maladies mentales seront-elles strictes et spécifiques ou seront-elles vagues et largement ouvertes à l’interprétation ? Une fois qu’une personne aura été étiquetée comme mentalement déficiente, aura-t-elle la capacité de faire appel de la décision, ou cette étiquette la hantera-t-elle pour le reste de sa vie ?
Les militants du droit des armes à feu ne devraient pas croire aveuglément l’administration Trump pour qu’elle s’assure que la nouvelle législation en matière de santé mentale restera équitable vis à vis du 2e amendement. Malheureusement, Trump a déclaré appuyer le projet de loi sur le contrôle des armes à feu dite « Liste d’interdiction de vol ». Ce type de projet de loi est quelque chose à quoi les militants de la liberté s’opposaient avec véhémence sous l’administration Obama parce que cela permet au gouvernement de retirer le droit aux armes à feu à presque n’importe qui, en le plaçant sur une liste de surveillance arbitraire. Une liste qui, je le rappelle aux lecteurs, est une question de sécurité nationale et non assujettie à une surveillance du public.
Une liste de « personnes mentalement déficientes » tomberait-elle sous les mêmes normes orwelliennes ?
Qu’en est-il de la désignation nouvelle et dérangeante par la communauté psychiatrique du trouble de défi oppositionnel ? Cette « maladie » absurde est appliquée aux personnes dès l’âge préscolaire et suggère que les adultes atteints de cette maladie font souvent preuve de résistance à l’égard des figures d’autorité et du gouvernement.
Que se passe-t-il si votre opposition ne porte pas sur « l’autorité » en général, mais sur des autorités corrompues en particulier ? Est-ce une maladie mentale, ou l’incarnation même de la santé mentale ?
En Union soviétique, il était très fréquent que le gouvernement abuse des désignations de « maladie mentale » comme moyen de réduire au silence et d’emprisonner la dissidence politique. L’agitation et la propagande anti-gouvernementales étaient criminalisées par les codes juridiques soviétiques, et ces codes étaient fréquemment appliqués en conjonction avec le système psychiatrique. Cela a parfois été appelé « médecine punitive ».
Le problème avec le gouvernement et les institutions psychiatriques qui joignent leurs forces pour déterminer les droits constitutionnels des individus devrait être évident. Le gouvernement devrait être aussi distinct de l’establishment médical que possible, mais ils sont souvent étroitement liés dans un terrible cocktail. Si l’existence d’une maladie mentale n’est pas jugée par un jury composé de pairs et soumise à une surveillance extrême par les groupes de défense des armes à feu, l’abus de ces lois par le gouvernement est presque garanti. La tentation d’utiliser des portes dérobées bureaucratiques d’une manière totalitaire pour confisquer sournoisement les armes à feu et saboter le deuxième amendement sera accrue.
Il est également important de se rappeler que même si vous avez fait confiance à l’administration Trump, il n’y a aucune garantie que les règles constitutionnelles que nous lui permettons de faire plier aujourd’hui ne seront pas complètement brisées par le prochain président. Le droit aux armes à feu est primordial dans une société libre. Sans lui, les gouvernements se tournent presque toujours vers un socialisme renforcé avec sa « tyrannie rampante » tandis que les crimes violents continuent ou augmentent alors que les citoyens sont laissés sans défense. La maladie mentale et les drogues psychotropes doivent être prises au sérieux en termes de violence armée, mais il est également vital de ne pas permettre que la question de la santé mentale soit exploitée comme un moyen subversif pour saper nos libertés.
Brandon Smith
Note du traducteur
Je vous propose aussi en contrepoint cet article du blog le Minarchiste, sur la réglementation. Ce dernier article est clairement orienté anti-NRA mais ses conclusions sont assez proches d'une vision européenne de ce que pourrait être un élargissement du permis de port d'arme, sans parler de la solution suisse des citoyens soldats. Le parallèle est saisissant car les deux auteurs ignorent certains des biais abordés par l'autre. La principale différence entre les deux vient du regard porté sur le rôle de l’État. Le Minarchiste y voit un régulateur alors que Brandon Smith y voit un outil d'asservissement.
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