Article original de Andrew Korybko, publié le 23 février 2018 sur le site Oriental Review
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Selon diverses sources, le Liban a accepté de donner des droits de stationnement et de transit aux forces armées russes et de permettre à Moscou de développer ses réserves énergétiques offshore dans la Méditerranée orientale dans un mouvement qui est annoncé comme un tournant par certains analystes dans la Communauté des médias alternatifs. Le récit populaire qu’ils diffusent est que la Russie approfondit sa participation au Liban afin de dissuader une autre invasion israélienne, bien que cette histoire soit facilement démentie par un examen plus approfondi.
La présence de l’armée russe au Liban n’aura aucun effet sur les calculs d’Israël pour mener une guerre anti-iranienne contre le Hezbollah, puissant mouvement socio-politique de son voisin du nord et aussi puissante milice anti-terroriste. Pas même des milliers de soldats en rotation et des douzaines d’avions au plus fort de l’intervention de la Russie n’ont pu empêcher Tel-Aviv de bombarder la République arabe syrienne sous les mêmes prétextes que ceux qu’elle pourrait employer pour frapper Beyrouth.
Au contraire, au lieu d’être un mouvement anti-israélien, on peut affirmer que les relations militaires et énergétiques entre la Russie et le Liban pourraient être bénéfiques car elles positionnent Moscou pour remplacer l’Arabie saoudite, discréditée, comme force de contre-pouvoir pro-israélienne contre l’Iran suite à l’échec du soi-disant « enlèvement » du Premier ministre Hariri par le prince héritier Mohammed Bin Salman à la fin de l’année dernière et la vague de dégoût que cela a produit de la part de la société libanaise.
Puisque l’influence du soft power de l’Arabie saoudite s’estompe, il est dans l’intérêt de l’amélioration des grands intérêts stratégiques d’Israël d’introduire un autre parti dans les affaires libanaises pour assumer ce rôle important, précédemment occupé par Riyad. Voila donc pourquoi, que cela soit coordonné ou pas, la Russie y étend et diversifie son influence. Comme preuve supplémentaire de cela, il suffit de regarder les commentaires accablants du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors de la conférence du Valdai Discussion Club de cette semaine sur la politique de Moscou au Moyen-Orient.
Signe encore plus important de la force de l’alliance russo-israélienne, il a déclaré : « Nous avons dit à plusieurs reprises que nous n’accepterions pas les déclarations selon lesquelles Israël, en tant qu’État sioniste, devrait être détruit et rayé de la carte. Je crois que c’est une manière absolument fausse de faire avancer ses propres intérêts. » Cela peut être considéré comme un avertissement contre l’Iran, le Hezbollah et même certains en Syrie dont la Russie condamnera toutes les déclarations et actions qu’ils pourront entreprendre contre Israël.
Avec cette déclaration de clarification des politiques russes faisant autorité, il n’y a aucune raison que la présence accrue de la Russie au Liban dans les domaines militaire et de l’énergie soit contre les intérêts d’Israël. Mais c’est tout à l’avantage russe dans la région dans le sens où elle cherche à remplacer le rôle récemment déclinant de l’Arabie Saoudite dans le pays et donc à « contrebalancer » l’influence iranienne là-bas. Cela signifie clairement que cette présence n’aura aucun effet dissuasif sur le fait qu’Israël décide d’y mener une guerre anti-iranienne contre le Hezbollah ou de mener des frappes aériennes contre lui.
Andrew Korybko est le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime (2015). Ce texte sera inclus dans son prochain livre sur la théorie de la guerre hybride. Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.
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