Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
On dit en géopolitique que les sommets de la paix sont généralement le moment idéal pour se préparer à la guerre. Cette pensée découle de la philosophie militaire de Sun Tzu, qui croyait que quand une nation est faible, il est important pour elle de paraître forte, et quand une nation est à l’apogée de sa puissance, il est important de paraître faible ou « diplomatique ». Sun Tzu louait aussi fréquemment les vertus de la distraction et du tour de passe-passe, non seulement pendant la guerre, mais aussi en politique.
Je ferais remarquer que Sun Tzu et la méthode orientale du « tour de passe-passe » ne sont pas seulement un pilier de la pensée chinoise et nord-coréenne, mais aussi une lecture obligatoire pour les agences de renseignement occidentales [Sun Tzu est enseigné à West Point, NdT]. Il est important de bien comprendre cette méthodologie en examinant le paradigme Est/Ouest, car presque tout ce que vous voyez et entendez quand il s’agit de relations avec des pays comme la Chine et la Corée du Nord est du théâtre. Leurs gouvernements ont des plans cachés, nos gouvernements ont des plans cachés et les globalistes qui manipulent les deux côtés ont des plans qui l’emportent sur tout le reste.
Gardez tout cela à l’esprit quand vous entendez parler des annonces soudaines et presque inexplicables de sommets de la paix avec la Corée du Nord en mai ou juin entre Pyongyang et l’administration Trump.
En regardant le scénario uniquement du point de vue de la motivation politique, il est difficile de discerner pourquoi Trump est si obsédé par la Corée du Nord depuis son entrée en fonction. La Corée du Nord a toujours eu la capacité nucléaire ainsi que la capacité de déployer ces armes nucléaires sous une forme ou une autre contre les États-Unis. La Corée du Nord a toujours été impliquée dans de nouveaux essais nucléaires et des essais de missiles. L’idée qu’un tel test aujourd’hui est en quelque sorte une « violation » des normes internationales arbitraires et de l’étiquette est absurde. Presque tous les pays du monde sont engagés dans l’expansion et le développement militaires.
Alors à nouveau, si l’on se limite à la rhétorique de surface et à la politique, il est difficile de discerner pourquoi la Maison Blanche de Trump est aussi également obsédée par la Syrie et le « régime » d’Assad. L’une des principales forces motrices de la campagne électorale de Donald Trump était l’idée que ce candidat se détacherait des élites de l’establishment et leur tradition de guerre perpétuelle. Les critiques de Trump à l’égard des anciens présidents et de leur gestion de l’Irak et du Moyen-Orient étaient censées représenter un changement radical dans les politiques d’agression américaine. Au lieu de cela, son cabinet est maintenant associé aux fléaux des faucons néo-conservateurs (faussement étiquetés comme conservateurs) et aux partisans de la globalisation bancaire.
Les États-Unis étaient censés – il y a à peine quelques mois – retirer complètement leur présence militaire de la Syrie. Pourtant, une « attaque chimique » bien programmée sur une banlieue de Damas, attribuée à Assad, a donné à Trump une justification parfaite pour maintenir des troupes dans la région et intensifier l’utilisation de la force avec un bombardement à base de missiles. La revendication originale sous le président Obama était que nous étions en Syrie en raison de la menace croissante de État Islamique (un mouvement terroriste soutenu par des services secrets occidentaux via des couvertures). Maintenant, le nouvel ennemi, la cible des globalistes depuis toujours, c’est le gouvernement syrien lui-même.
Quand je vois des nouvelles de la Corée du Nord embrassant brusquement des pourparlers de paix juste après des réunions avec la Chine et peu de temps après des menaces sauvages lancées autour d’un conflit nucléaire imminent, je m’interroge sur la vraie nature derrière ce changement anormal de rhétorique. Quand je vois Trump parler soudainement de Kim Jong-un comme étant « très honorable » après des mois d’attaques à caractère commercial sur les réseaux sociaux, je me demande quand la prochain attaque sous faux drapeau similaire à la farce de Damas aura lieu !
Il y a déjà des signes clairs que tout n’est pas comme il semble quand il s’agit d’un éventuel accord de paix nord-coréen.
L’offre de la Corée du Nord de mettre un terme aux essais nucléaires en échange d’une trêve avec les États-Unis est un peu creuse quand on se rend compte que le site principal d’essais nucléaires de Pyongyang se serait récemment effondré à cause de sa surexploitation. Tout arrêt des essais par la Corée du Nord est probablement temporaire car des sites secondaires sont préparés.
Il n’est pas non plus surprenant que la Corée du Nord soit disposée à entamer des pourparlers diplomatiques quelques mois seulement après la réussite de tests sur ses premiers ICBM capables d’atteindre la côte Est des États-Unis. Encore une fois, comme l’a enseigné Sun Tzu, lorsque vous êtes le plus dangereux, il est important de paraître faible à vos ennemis.
Le nouveau conseiller en sécurité nationale de Trump et fauteur de guerre néo-conservateur, John Bolton, a exprimé, dans des interviews, des « doutes » que la Corée du Nord va « abandonner » ses armements nucléaires. Bolton et d’autres globalistes savent très bien que la Corée du Nord n’a aucune intention de désarmer, et si cela doit être une condition préalable à tout accord de paix, alors je m’attends à ce que les pourparlers se bloquent avant même qu’ils ne commencent.
Lors des premiers entretiens pour fabriquer la « paix » en Syrie sous l’administration Obama, l’argument de l’establishment était qu’Assad devait démissionner de son poste de président de la Syrie pour que la diplomatie progresse. Bien sûr, comme indiqué plus haut, les agences clandestines occidentales ont créé EI à partir de rien, tout comme elles ont créé la guerre civile syrienne à partir de rien. Elles ont causé un génocide civil extrême à travers leur mandataire, EI, pour ensuite blâmer le « régime » d’Assad pour l’instabilité dans la région et enfin, quand leur révolution de couleur n’a pas pu renverser Assad, ils lui ont demandé d’abandonner le pouvoir comme un geste de bonne volonté dans le processus de paix. Voyez comment cela fonctionne.
De toute évidence, les globalistes savaient qu’Assad n’allait jamais démissionner. Pourquoi l’aurait-il fait alors qu’il savait que c’était le but derrière la création de EI depuis le début ? Ainsi, la Syrie reste un point de chaos utile dans l’arsenal des globalistes, car une guerre plus vaste est une possibilité toujours présente. C’est un perpétuel baril de poudre qui pourra être déclenché chaque fois que les globalistes en auront besoin.
L’Iran est aussi un excellent exemple de la nature frauduleuse des accords de paix institutionnels. L’accord initial conclu en 2015, appelé Plan d’action global commun (JCPOA), énumère une réduction drastique des stocks d’uranium et des installations d’enrichissement de l’Iran. Selon les rapports initiaux, l’Iran semble avoir accédé à cette demande et s’est conformé aux demandes d’inspection de l’AIEA. Cependant, les accords de paix globalistes ne sont jamais fixés, ils peuvent être changés à tout moment pour faciliter la rupture de l’accord.
Les États-Unis ont récemment demandé à l’AIEA d’inspecter non seulement les installations nucléaires de l’Iran, mais aussi ses sites militaires, qui n’étaient pas du ressort de l’AIEA. L’Iran, bien sûr, n’est pas très heureux à l’idée de soumettre ses bases militaires à des inspections étrangères. Des responsables américains ont également affirmé que l’Iran ne suivait pas « l’esprit de l’accord » ; pas à cause d’un développement nucléaire supposé, mais à cause du soutien de l’Iran au « régime » d’Assad en Syrie.
En plus de cela, les États-Unis cherchent à changer le JCPOA original tout en refusant de qualifier les changements de « renégociation ». Les responsables ont appelé à un « accord supplémentaire », qui est en fait une renégociation de l’accord initial. Ceci est clairement destiné à provoquer un effondrement du JCPOA, car il est peu probable que l’Iran accepte une renégociation.
Enfin, Israël prétend maintenant que l’Iran a brisé le JCPOA en développant secrètement une technologie nucléaire. Une fois de plus, comme avec les armes de destruction massive en Irak et les attaques d’armes chimiques en Syrie, aucune preuve tangible n’a été produite pour étayer cette affirmation. Mais, cela n’a pas d’importance du tout qu’Israël a déjà lancé des frappes contre des cibles iraniennes en Syrie (la Syrie et l’Iran ont un pacte de défense mutuelle), et les israéliens pourraient très bien attaquer l’Iran directement l’année prochaine.
Les globalistes ne se soucient pas de la paix, ils se soucient seulement de chronométrer leurs guerres correctement. La même réalité s’applique à la Corée du Nord. Voici comment cette situation va probablement se jouer…
L’administration Trump entamera des pourparlers de paix avec des demandes farfelues concernant un désarmement nucléaire complet. La Corée du Nord a jusqu’ici offert un gel des tests, mais encore une fois, c’est probablement dû à l’effondrement de leur principal site d’essais. Un gel des essais, ce n’est pas la même chose qu’un désarmement total.
La Corée du Nord refusera bien sûr le désarmement. L’establishment va pousser plus fort, amenant la Corée du Nord à se retirer des pourparlers, à reporter les négociations à plusieurs reprises ou à abandonner complètement les pourparlers. Ensuite, l’establishment dira que la Corée du Nord n’est pas sérieuse au sujet de la paix, par conséquent, une action par la force peut être justifiée. Ils diront qu’ils ont donné une chance à la Corée du Nord de faire les choses facilement, mais maintenant, la méthode dure est nécessaire.
Les essais de missiles en Corée du Nord se poursuivront et de nouvelles installations de missiles nucléaires seront ouvertes. Trump appellera à la destruction de ces sites par des missiles.
Les gens qui croient réellement que les globalistes vont abandonner l’une de leurs meilleures boîtes de Pandore géopolitiques en Corée du Nord n’ont toujours pas tiré les leçons de la débâcle syrienne ou de l’Iran. Ces régions représentent une mine d’or de chaos international potentiel qui peut être utilisée comme couverture pour toutes sortes de méfaits ainsi que pour cacher notre déclin économique régulier.
Comme je l’ai noté dans des articles précédents, il est plutôt pratique pour les élites bancaires de la Réserve fédérale que chaque fois qu’ils annoncent de nouvelles réductions de leur bilan ainsi que la poursuite des hausses de taux d’intérêt, une nouvelle crise géopolitique éclate simultanément. Est-ce une simple coïncidence, ou devrions-nous considérer cela comme une tendance discernable ?
Si c’est une tendance, alors je m’attendrais à d’autres événements de crise impliquant la Syrie. L’Iran et la Corée du Nord en mai et en juin, alors que la Fed devrait augmenter la taille de ses réductions de bilan, mettant ainsi fin à sa politique de longue date de soutenir artificiellement les marchés. Davantage de frappes en Syrie et des relations déstabilisatrices avec l’Iran sont probables. Il faut s’attendre à un arrêt des pourparlers avec la Corée du Nord, suivi de plus de baisses des marchés actions et d’autres actifs.
Brandon Smith
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