Article original de Brandon Smith, publié le 6 juillet 2018 sur le site alt-market.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Peut-être que l’idée la plus destructrice jamais répandue dans
l’esprit du grand public est celle que rien dans ce monde n’est
permanent, que toutes choses peuvent et doivent être constamment
changées selon nos caprices. Le concept de l’impermanence alimente ce
que j’appelle « la propagande de la table rase ». L’utilité de
cette table rase comme arme de contrôle social doit être expliquée avant
d’examiner la nature du bien et du mal, parce qu’elle infecte tout
aujourd’hui.
La poussée pour une « évolution » sociale sans fin a été nommée
de différentes manières au cours des décennies. Au début des années
1900 en Europe, on l’appelait « futurisme », un mouvement
artistique et philosophique qui a contribué à la montée du communisme et
du fascisme en politique. L’argument selon lequel toutes les vieilles
idées et traditions anciennes doivent être abandonnées pour laisser la
place à de nouvelles idées, de nouvelles technologies, de nouveaux
systèmes d’information, suppose que les soi-disant nouvelles façons de
faire soient supérieures aux vieilles. Les choses sont rarement aussi
simples et dans la plupart des cas, les nouvelles méthodes si fièrement
défendues par les mouvements pour le changement social sont généralement
de vieilles idées, recyclées et reconditionnées, qui ont notoirement
connu l’échec.
La théorie de la table rase est conçue pour faire douter les gens
d’eux-mêmes et les plonger dans la confusion, et pour représenter de
manière erronée les constructions de la nature comme des constructions
de la société. Elle perturbe très efficacement la relation des gens à
leur propre boussole morale en suggérant que cette boussole devrait être
complètement ignorée parce qu’artificielle. L’argument des partisans de
la table rase est que toutes les limites sont créées par la société
plutôt que par la conscience innée, et que ces limites nous empêchent
souvent d’atteindre nos objectifs, de nous améliorer en tant qu’espèce
et d’obtenir généralement ce que nous voulons de la vie.
Mais les choses que nous voulons ne sont pas toujours ce dont nous
avons besoin, et c’est quelque chose que les mouvements pour le
changement social refusent souvent de saisir. Si nous sommes tous des
ardoises blanches et si la morale et l’âme humaine sont des mythes,
pourquoi ne pas faire tout ce que nous voulons, chaque fois que nous
voulons et vivre la vie comme une grande orgie romaine de festins,
d’automédication et d’addiction aux sensations ?
Le problème avec le concept de table rase est que même s’il prétend
que toutes les restrictions dans la psyché humaine nous sont enseignées
plutôt que d’être innées et qu’elles peuvent être abandonnées quand nous
le voulons, nous ne pouvons toujours pas éviter les conséquences de la
rupture avec ces restrictions. Les gens y perdent leur santé mentale,
les sociétés s’effondrent et les nations tombent en ruine avec le temps,
plus vite nous rejetons nos principes au nom de l’évolution sociale ou
de gains à court terme. C’est inévitable.
Les seules personnes à qui semblent bénéficier la diffusion de ce
concept de table rase sont les personnes déjà au pouvoir politique et
économique. Car si elles peuvent convaincre les masses d’ignorer leur
conscience, elles peuvent alors nous convaincre d’accepter presque
toutes les autres conditions.
Agir d’une manière conforme à la conscience intrinsèque ou ignorer la
conscience et agir de manière destructive est un choix. C’est le pilier
central du libre arbitre. Le choix d’agir de manière destructive
n’efface pas la réalité de la conscience intrinsèque ; en fait, les gens
doivent souvent être trompés en croyant qu’une action destructrice et
immorale est une « bonne chose » avant d’être convaincus de la mener à bien. La conscience intrinsèque doit être contournée par la supercherie.
Le problème avec le choix de s’en tenir à ses principes est qu’il est
facile pendant les périodes de stabilité relative, mais de plus en plus
difficile pendant les périodes de lutte. Durant les jours périlleux, la
tentation d’utiliser des tactiques destructrices pour maintenir un
confort attendu ou pour simplement survivre peut être élevée. Ce n’est
pas une coïncidence si les élites du pouvoir, les mêmes personnes qui
ont tendance à faire la propagande de la table rase, tendent
délibérément à créer une crise sociale et le chaos. Mais peut-être que
cela a besoin d’une explication plus profonde. Nous devons définir
quelque chose que la plupart d’entre nous comprennent déjà
intuitivement. Nous devons définir le « mal ».
Comme la conscience inhérente et les limites morales, les théoriciens
de la table rase et les défenseurs du changement social tentent de
troubler les eaux de ce qui constitue le mal. Certains diront qu’il
n’existe pas – que le mal est ce que nous considérons comme tel à une
époque donnée en fonction de nos préjugés. D’autres diront que la
tradition, la permanence et tout ce qui reste statique dans la société
est un mal. Le seul « bien » pour eux est un changement constant.
Mais le mal n’est pas aussi illusoire et changeant que ces gens le
suggèrent. En fait, la plupart des hommes et des femmes reculent
automatiquement devant certains comportements spécifiques,
indépendamment de la façon dont ils ont été élevés, de leur
environnement, de la culture dans laquelle ils sont nés ou de l’époque à
laquelle ils vivaient. Les personnes qui ne reculent pas face à ces
comportements sont les personnes que nous devons surveiller car il leur
manque quelque chose d’essentiel au cœur et à l’esprit qui fait de nous
des êtres humains.
En termes psychologiques, les caractéristiques des narcissiques de
haut niveau et des sociopathes correspondent le plus étroitement à notre
concept historique du mal. Et, à mon avis, la plupart des grands maux
de l’histoire sont en fait commis par des personnes ayant de multiples
traits narcissiques. En ce qui concerne les élites mondiales, elles
représentent une menace plutôt insidieuse, car ce sont des sociopathes
narcissiques qui se sont organisés en gangs de prédateurs, donc tous les
traits compatibles avec le comportement de votre tueur en série moyen
sont maintenant multipliés par leur accès à des ressources illimitées.
Comment identifions-nous ces personnes ? Eh bien, c’est parfois
difficile parce que les sociopathes narcissiques se cachent souvent à la
vue. Certaines personnes vivent avec elles pendant des années avant de
réaliser exactement ce qu’elles sont. Ils aiment aussi s’insérer dans
des organisations à but non lucratif qui prétendent faire du bien à la
communauté pour couvrir leurs motivations plus insidieuses.
Certains traits et comportements communs sont un manque de réponse
émotionnelle normale aux événements traumatisants ou aux événements
joyeux, ou ils imitent les réponses des autres pour se fondre dans leur
groupe mais ils se détachent par le caractère « forcé » ou « faux » de leurs réactions. Ils n’ont aucune idée de l’empathie ; cela n’existe pas pour eux.
Ils cherchent des centres de pouvoir et sont attirés par des
positions d’autorité. Ils semblent toujours exiger les efforts des
autres tout en offrant rarement leur propre aide. Ils font des chefs
terribles, essayant toujours de quitter un endroit en sécurité tout en
laissant leurs conscrits prendre les risques. Diriger par l’exemple est
un concept étranger pour eux.
Ils mentiront à propos de leurs accomplissements et de leurs mérites.
Ils vont déformer leurs réalisations professionnelles afin de gagner la
confiance des gens. Demandez-leur de prouver par des actions qu’ils
peuvent faire tout ce qu’ils prétendent pouvoir faire, et ils essaieront
d’éviter le test ou de répondre avec indignation et colère.
Ils vont manipuler leurs ennemis idéologiques ou les gens qu’ils essaient de contrôler. Ils accuseront les autres d’être des « narcissiques » ou des « sociopathes »
ou des fascistes ou n’importe quel surnom qui tirera les ficelles de
leur cible. Quels que soient les maux dont ils sont coupables, ils
essaieront de les retourner et de les jeter aux pieds de leurs ennemis.
Ils semblent toujours avoir des « laquais » pour faire leur
sale boulot et attaquer ceux qui s’opposent à eux. Les personnes qui ont
traité avec des sociopathes narcissiques dans leurs vies personnelles
se réfèrent parfois à ces laquais comme à des « singes volants », faisant référence aux singes volants asservis par la méchante sorcière dans le Magicien d’Oz.
Les singes volants sont essentiellement des idiots utiles que le
narcissique emploie par la fraude et parfois en les payant. Chaque fois
que les narcissiques sont menacés d’être exposés, ils lâchent leurs
singes volants dans les rues ou sur Internet pour démolir les conteurs
de la vérité.
Ils ne croient pas aux frontières morales ou personnelles, c’est
pourquoi ils essaient toujours de convaincre les gens que de telles
limites sont un mythe. Ils traverseront des lignes morales, testant
toujours les clôtures pour détecter leurs faiblesses ; essayer d’épuiser petit à petit les autres jusqu’à ce qu’ils abandonnent et cessent de se battre.
Ils veulent désespérément sortir de l’ombre et entrer dans la lumière
du jour. Ils veulent être adorés comme les monstres qu’ils sont, plutôt
que pour les faux philanthropes tels qu’ils se présentent. Pour ce
faire, tout sociopathe narcissique se fait un devoir d’effacer l’idée de
conscience, qu’elle fasse partie de la cabale mondialiste ou qu’elle
soit une autre goule dans la rue. Leur inclination naturelle est de
corrompre tout ce qu’ils touchent, et s’ils ne peuvent pas corrompre une
chose, ils tenteront de la détruire.
Surtout, les sociopathes narcissiques veulent que tout le monde
autour d’eux pense que nous sommes comme eux. Cette volonté de nous « affaiblir »
pour nous faire croire que nous sommes tous sans scrupules et
moralement en faillite, ne nécessite qu’une crise ou une calamité, qu’un
peu de chaos pour faire ressortir le diable chez tout un chacun.
Mais si c’était vraiment le cas, alors l’humanité aurait disparu
depuis longtemps dans une auto-destruction sans fin ; quelque chose
continue de nous ramener du bord du précipice dans nos vies personnelles
et dans la société dans son ensemble. La conscience continue à vaincre
le mal en refusant d’accorder aux méchants l’utopie d’un chaos par cette
table rase qu’ils veulent tant. Et c’est ce qui m’inspire la confiance
que peu importe à quel point nos jours peuvent devenir terribles, il y a
quelque chose de notre côté qui dépasse le monde physique.
Chaque crise est un test, un test pour chaque personne et un test
pour notre culture. Pouvons-nous agir avec raison, courage et principes
même dans les pires moments, ou serons-nous tentés par la facilité
d’utiliser dans notre lutte des moyens malveillants ? Faisons-nous ce
qu’il faut faire pour ceux qui nous entourent, ou allons-nous
joyeusement les piétiner au nom de la « survie » ? À la fin, les pires hommes ramènent les meilleurs hommes à la surface. C’est le seul « bien » qu’ils feront.
Brandon Smith
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