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Dépopulation actée contre pandémie potentielle
Le coronavirus actuel et la possibilité d’une pandémie régionale ou mondiale suscitent de grandes inquiétudes (à juste titre). Les pertes de vies humaines et le ralentissement de l’activité économique qui en découle inquiètent beaucoup de gens et les manipulateurs des marchés font des heures supplémentaires pour éviter une « panique » des actifs (c’est-à-dire la découverte des prix sur le marché libre). Toutefois, on ne peut pas savoir à quel point cette situation peut être grave et généralisée et on ne peut que spéculer.
Ce que l’on sait avant toute pandémie, c’est que les quatre régions du monde qui ne représentent que 36 % de la population mondiale mais près de 80 % du PIB mondial (plus 70 % de la consommation de matières premières et d’énergie), à savoir l’Asie de l’Est (Japon, Chine, Taïwan, Corée du Sud et du Nord), l’Europe occidentale, l’Europe de l’Est et l’Amérique du Nord (États-Unis, Canada), ont toutes une population de moins de 60 ans en déclin depuis 2019. Comme le montre le graphique ci-dessous, ces quatre régions sont aujourd’hui en déclin démographique et le déclin des moins de 60 ans devrait s’aggraver jusqu’en 2040 dans toutes les régions sauf en Amérique du Nord. Quant aux États-Unis, les projections d’un retour à des taux d’immigration élevés et d’une augmentation significative de la fécondité et des naissances ne se réaliseront probablement pas. La population nord-américaine de moins de 60 ans est beaucoup plus susceptible d’atteindre la ligne de croissance zéro jusqu’en 2040 que de revenir à la croissance.
Pour bien faire comprendre ce qui se passe (et le caractère ridicule des programmes de truquage des actifs des banques centrales), j’ai inclus la consommation totale d’énergie primaire de chacune des quatre régions dans les quatre graphiques ci-dessous (consommation totale en lignes bleues, variation annuelle de la consommation en colonnes rouges)… et devinez quoi, elles semblent toutes être en déclin séculaire. La consommation totale d’énergie primaire (comprenant toute la consommation de pétrole, de charbon, de gaz naturel, d’énergie nucléaire et d’énergie renouvelable) est la meilleure approximation possible de l’activité économique réelle, indiquée de 1980 à 2017 (dernières données de l’US Energy Information Administration). Regardez bien …
La consommation totale d’énergie en Europe de l’Est a atteint un sommet en 1990 et la consommation d’énergie est en déclin depuis lors. Depuis 1990, elle a diminué de 19 milliards de BTU, soit -29 % sur 30 ans.
La consommation totale d’énergie en Europe occidentale a atteint son maximum en 2006 et a diminué de 6 milliards de BTU, soit -9 % depuis 2006.
La consommation totale d’énergie primaire en Amérique du Nord a atteint son maximum en 2007 et, plus de douze ans plus tard, la consommation des États-Unis et du Canada est toujours inférieure de 2 % à ce maximum.
et l’Asie de l’Est, de 2013 à 2017, n’a connu qu’une augmentation de 2 % de la consommation totale d’énergie. Le ralentissement de la croissance se transformera bientôt en un véritable déclin, en fonction de la démographie de la région. Malgré toutes les villes fantômes, les ponts qui ne mènent nulle part et les montagnes de dettes non remboursables… une population en déclin finit par consommer moins d’énergie et par faire face au déclin économique.
Nombreux sont ceux qui indiquent que la demande croissante dans les pays « en développement » ou dans le tiers monde est une source de compensation des ralentissements et des déclins des pays industrialisés. Cependant, cette opinion est totalement erronée car c’est le tiers monde qui dépend de la croissance du premier monde pour sa croissance, sous forme de produits et de biens exportés. En l’absence de croissance du premier monde, ces nations ayant un solde démographique positif ont peu de revenus intérieurs, d’épargne ou d’accès au crédit pour stimuler leur propre économie.
Pour illustrer cette dépendance du tiers monde à l’égard de la croissance mondiale du premier monde, je citerai l’Amérique latine, l’Afrique et l’Asie du Sud (Inde, Pakistan, Iran, Indonésie).
L’Amérique latine
La consommation d’énergie primaire des 12 premières économies d’Amérique latine, en termes de PIB, est présentée ci-dessous (Brésil, Mexique, Argentine, Colombie, Chili, Pérou, Équateur, Venezuela, République dominicaine, Guatemala, Panama, Costa Rica). Si le mouvement de la ligne bleue de la consommation totale d’énergie primaire n’est pas assez clair, vérifiez l’effondrement de la croissance annuelle de la demande d’énergie. Notez que les récessions mondiales précédentes correspondent généralement à des périodes de faible croissance et de déclin de la demande d’énergie en Amérique latine… et 2016/2017 n’a été comparable à aucune période connue en Amérique latine, y compris 2009.
Asie du Sud
La consommation d’énergie primaire des plus grandes nations d’Asie du Sud est indiquée ci-dessous (Inde, Pakistan, Iran, Indonésie). Là encore, la faiblesse du premier monde [occident, NdT] est visible dans la décélération de la croissance dans les colonnes indiquant la variation annuelle.
Afrique
La consommation d’énergie primaire des 12 premières économies africaines, en termes de PIB, est présentée ci-dessous (Nigeria, Afrique du Sud, Égypte, Algérie, Maroc, Kenya, Angola, Éthiopie, Ghana, Tanzanie, Côte d’Ivoire, Libye). Là encore, la faiblesse du premier monde se manifeste dans la décélération de la croissance annuelle, la demande mondiale de matières premières et d’exportations ayant ralenti.
Revenons à la démographie et à l’évolution de la population des moins de 60 ans, en millions de personnes, sur une base annuelle. Il convient de noter que 2009 a marqué le passage de siècles de croissance séculaire à ce qui est maintenant des décennies, voire des siècles, de déclin séculaire. 2020 est en fait le point de départ, car une période de déclin mineur de la population de moins de 60 ans se termine, et la vitesse du déclin s’accélère dans ces quatre régions (en particulier en Chine, en Asie de l’Est).
En 2020, la population mondiale des consommateurs diminuera de 5 millions. En 2030, le déclin sera « d’au moins » 17 millions par an. Pourquoi « au moins » ? Ces données de l’ONU supposent des taux de natalité et des naissances totales dans ces quatre régions bien supérieurs à ce qui a été observé en 2018 et 2019 et ces hypothèses de l’ONU sur la hausse de la fécondité et des naissances sont projetées jusqu’en 2040. Depuis 2007, les taux de natalité et le nombre total de naissances ont considérablement diminué, en particulier en 2019… et la différence dans ces quatre régions a été de plus de 2 millions de naissances en moins rien qu’en 2019 et le delta ne fait que s’agrandir au fil du temps. La baisse réelle de la population des moins de 60 ans dépassera probablement les 20 millions d’ici 2030. En 2020, nous prévoyons une baisse annuelle de 0,2 à 0,3 % des consommateurs ayant les emplois, les revenus, l’épargne et/ou l’accès au crédit nécessaires pour consommer. D’ici 2030, le déclin annuel atteindra 0,7 à 0,8 %. Il est très difficile de croître quand on rétrécit… et toutes les nations pauvres et du tiers monde sont dépendantes de la croissance de la demande de ces quatre régions de consommation pour leur croissance. Vous pouvez facilement voir le problème (à moins que vous ne soyez payé très grassement pour ne pas le voir).
Mais qu’en est-il du reste du monde ? Le graphique ci-dessous montre l’évolution annuelle de la population de moins de 60 ans dans le reste du monde (à l’exclusion de l’Europe occidentale / orientale, de l’Amérique du Nord et de l’Asie de l’Est). On constate une nette accélération de la croissance annuelle entre 1950 et 1989, un plateau de deux décennies où cette croissance annuelle est restée relativement stable (environ 60 millions de personnes de moins de 60 ans supplémentaires chaque année), et nous sommes maintenant dans une période séculaire de ralentissement de la croissance de la population des moins de 60 ans. Une fois de plus, on assiste à un déclin de la population dans le premier monde et à une décélération de la croissance dans le reste du monde, les pays en développement devenant progressivement les plus pauvres des pays pauvres.
Étrangement, la Réserve fédérale et les banques centrales, en collaboration avec les gouvernements fédéraux, produisent de l’argent de moins en moins cher dans le but de maintenir la capacité de production mondiale… face à des populations en déclin rapide qui font l’essentiel de la consommation. Nous sommes officiellement dans une période grotesque de folie financière et de politique monétaire face à une dépopulation de la base mondiale des consommateurs.
Données démographiques via les Perspectives de la population mondiale 2019 des Nations unies, données énergétiques via l’EIA des États-Unis.
Chris Hamilton
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