Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
C’est la saison des élections présidentielles aux États-Unis et je ressens donc le besoin pressant d’écrire un article symbolique à ce sujet. J’essaie généralement de rester en dehors de ce sujet parce que les États-Unis ne sont pas une démocratie et que peu importe qui est président. Gilens et Page l’ont prouvé dans leur étude historique de 2014, ce qui m’a évité d’avoir à surenchérir ici sur ce sujet.
À ce stade, certaines personnes aiment objecter que c’est comme cela devrait être parce que les États-Unis sont une république, pas une démocratie. Mais alors pourquoi s’embêter avec des élections ? Pour ceux qui aiment la démocratie, je suggère qu’ils étudient la Corée du Nord ; c’est est une « république populaire démocratique ». Pour résoudre le problème de la démocratie, il faudrait obtenir la moyenne à l’examen, tandis que pour en faire une république populaire – au lieu d’une république oligarchique comme c’est le cas actuellement – il faudrait un gros effort supplémentaire.
J’ai assisté à un long défilé de laquais présidentiels, en commençant par Ford dit le « ramolli du bulbe », jusqu’à Trump, dont les surnoms vont d’ « homme orange » à « merde de macaque ». Bien que cela soit sans doute une perte de temps, je peux peut-être vous aider à vous rassurer. Beaucoup de gens sont actuellement surmenés par ce qui est un concours qui n’a pas de sens et je veux faire ce que je peux pour faire baisser leur tension artérielle et leur taux de cortisol et leur permettre de vivre plus longtemps, plus heureux et en meilleure santé.
Les mots « Les États-Unis ne sont pas une démocratie et peu importe qui est président » constituent un mantra utile, en quelque sorte. Répété suffisamment de fois avec conviction, il calme l’esprit et apaise l’âme. C’est ma première contribution à votre bien-être mental face à cette compétition présidentielle ; la seconde est l’idée de voter au hasard, en tirant à pile ou face. Étant donné que votre vote n’a aucun sens (voir pourquoi ci-dessus), c’est la façon la plus responsable et la plus patriotique de vous acquitter de votre responsabilité de participer. En prime, cela vous permet de prendre plaisir à regarder les têtes de ces politiciens sans scrupules exploser :
Avez-vous l’intention de voter ?
Bien sûr !
Comment comptez-vous voter ?
En tirant à pile ou face.
Pourquoi ?
Parce que les États-Unis ne sont pas une démocratie et que peu importe qui est président. (Citer l’étude ci-dessus.)
Alors pourquoi voter ?
Parce que c’est ma responsabilité en tant que citoyen.
Pour rendre cette discussion moins aride, laissez-moi vous brosser le tableau. Imaginez que les États-Unis sont une impasse négligée entre deux immeubles, jonchée d’ordures, de graffitis et infestée de rats. Imaginez maintenant que les présidents et les candidats à la présidence soient des matous qui rôdent dans cette ruelle, empestant régulièrement tous les objets verticaux et feulant les uns sur les autres périodiquement. Tous les quatre ans, les griffes sont sorties et la fourrure vole, puis c’est le retour des rôdeurs, des miaulements et de la puanteur. Vous espérez qu’un jour quelqu’un viendra ramasser les ordures, repeindre les graffitis et exterminer les rats, mais à ce stade, vous n’avez pas trop d’espoir dans l’idée que continuer à nourrir les matous fera en sorte que quelqu’un viendra.
Après avoir fixé cette image dans nos esprits, posons une question évidente : Quand avons-nous vu pour la dernière fois notre impasse habitée par des créatures de même camp [que Trump, NdT] ? La réponse est évidente : en 1984. Le titulaire était Ronald Reagan. Sa devise était « It’s morning in America » (après une longue nuit noire de déclin industriel, de chocs pétroliers et de revers géopolitiques). Le slogan était « Plus fier, Plus fort, bref Meilleur ! » L’ancien vice-président Walter Mondale, maladroit et peu impressionnant, a fait une chose sans précédent parmi les candidats à la présidence en choisissant une femme – Geraldine Ferraro – comme vice-présidente pour son ticket. Ils se sont crashés en flammes, ne remportant que le Minnesota, l’État natal de Mondale, et le district de Columbia.
Par la suite, une sorte de « réveil en Amérique » a eu lieu, non pas à cause de ce que Reagan a fait, mais simplement parce que l’URSS s’est effondrée – en grande partie à cause de la trahison de Mikhaïl Gorbatchev, Boris Eltsine et de leurs cohortes de faux-communistes – ouvrant la voie à une période de 30 ans de pillage effronté de l’ensemble du bloc de l’Est par l’Occident. Mais au tournant du siècle, le butin s’est épuisé et l’Empire américain a recommencé à avoir faim. Et maintenant, il est vraiment affamé : la moitié du budget fédéral est désormais financée par l’impression d’argent et chaque année, le gouvernement américain emprunte le double de ce qu’il encaisse. Lorsque cette impression de monnaie engendrera inévitablement l’inflation, les États-Unis ne pourront pas la combattre, comme ils l’ont fait sous Reagan, en augmentant les taux d’intérêt, car cela déclencherait instantanément la faillite nationale à tous les niveaux.
Les États-Unis sont désormais un pur système pyramidal prêt à s’effondrer à tout moment. Théoriquement, ils pourraient gagner quelques années supplémentaires si la Chine s’effondrait politiquement, permettant aux États-Unis de la piller comme ils l’ont fait avec le bloc de l’Est lors de l’effondrement de l’URSS, mais une telle évolution semble extrêmement improbable. Lorsque les États-Unis s’effondreront, peu importe qu’ils aient été une démocratie ou qui ait été leur président. Et maintenant, revenons au spectacle secondaire de la fin de l’univers…
Cette année, nous avons Donald Trump comme titulaire. Sa devise est « Make America Great Again » – après une longue nuit noire de déclin industriel, de chocs pétroliers et de revers géopolitiques. Il n’a pas de slogan, et je voudrais donc suggérer « Plus fort, plus Vite, plus Profond ! » Cela réjouirait en plus ses fidèles partisans parmi les mâles homophobes racistes et sexistes. En face, on a l’ancien vice-président Joe Biden, sénile et hésitant, qui a fait une chose sans précédent parmi les candidats à la présidence en choisissant une femme – Kamala Harris – comme vice-présidente. Pire encore, dans son brouillard mental, Joe Biden ne semble pas savoir lequel d’entre eux est le vice-président. Il serait probablement plus heureux dans son rôle habituel de vice-président – en faisant de longues siestes en milieu de journée et en assistant à des funérailles, y compris, finalement, les siennes.
On peut affirmer que le ticket Biden/Harris va s’envoler en fumée, tout comme le billet Mondale/Ferraro, qui était la deuxième plus mauvaise performance de tous les temps- le pire record de tous les temps à battre est la victoire de Franklin D. Roosevelt sur Alf Landon en 1936. Il y a aussi une raison pour laquelle un tel fiasco serait plus difficile à prévoir : en 1984, le politiquement correct n’avait pas encore fait florès et il était tout à fait concevable qu’un héros de la classe ouvrière se tenant dans un bar à péquenauds s’exclame bruyamment « Je ne voterai pas pour une femme arrogante à la présidence », alors que de nos jours, de tels « déplorables » retiennent leur souffle, craignant la désapprobation, et gardent leur préférence électorale secrète même pour leur propre famille. C’est probablement ce même effet qui a aveuglé la campagne d’Hillary Clinton en 2016.
Depuis lors, l’atmosphère politique aux États-Unis est devenue encore plus toxique, avec la suppression totale de la liberté d’expression par la censure des médias sociaux et des codes de conduite strictement appliqués sur le lieu de travail. Pendant ce temps, la rhétorique de BLM, Antifa, LGBTQ+ et des militants féministes est devenue de plus en plus stridente, le tout dirigé contre un seul ennemi : l’homme blanc hétérosexuel américain. Ce type de victimisation inverse portera tôt ou tard des fruits tout aussi toxiques. Si une personne, du fait qu’elle est un homme blanc hétérosexuel, est automatiquement étiquetée comme un homophobe sexiste raciste et forcée à avouer et à se repentir sous la contrainte, alors la victime de la victimisation inversée finira par s’exclamer quelque chose du genre « Très bien, si c’est ce que vous pensez que je suis, c’est comme ça que je vais la jouer. Retour au ghetto/à la réserve ! Retour à la cuisine/ au placard ! » Et, pour être plus convaincant, il pourra armer son fusil. Ne serait-ce pas déplorable !
Je peux imaginer des foules énormes de ces « déplorables » se dirigeant vers les bureaux de vote, se saluant avec cette réponse comme défi « Plus fort, plus vite ! » – « Plus profond ! » et … réélisant Donald Trump. Il s’ensuivra un chahut, au milieu duquel personne ne remarquera particulièrement l’effondrement de « tout le château de cartes« , comme l’a dit George W. Bush. Mais quoi qu’il arrive, vous devez vous rassurer, car les États-Unis ne sont pas une démocratie et peu importe qui est président, mais si vous voulez voter, alors faites-le en tirant à pile ou face.
Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateurs de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.
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