Les moyens d’une véritable démocratie
Valérie Bugault a publié sur le site le saker francophone une longue série sur la géopolitique financière et économique. Avec Jean Rémy, ils ont aussi publié ensemble un article sur la disparition des espèces. Ce livre reprend l’idée générale de ces articles mais avec une structure très différente. Le livre propose un corpus complet de concepts pour redéfinir l’État à travers ses souverainetés articulées entre autre autour de l’organisation juridique de la vie en société, notamment ses lois et sa monnaie.
C’est un manifeste pour définir un projet de ce que pourrait être une réforme de l’État pour le rendre à ses citoyens loin des fourches caudines des prédateurs actuels. Le livre ambitionne de redéfinir ce qu’est l’État dans son expression au quotidien pour revenir à un droit « naturel ».
Malgré ce défi, le livre se lit avec beaucoup de facilités. Il y a de nombreux rappels historiques ou sémantiques. Les auteurs prennent le temps de poser les mots, de les définir avec précisions, de déconstruire le sens orwellien où le système actuel les a parfois plongé.
Chaque chapitre déconstruit un pan du système actuel, redéfinissant le sens commun et proposant des solutions « naturelles ». Les « lois naturelles » sont d’ailleurs le socle fondamental, le fil rouge de ce livre. Pour appuyer leurs démonstrations, les 2 auteurs font preuve d’une grande érudition, jonglant avec souplesse avec l’histoire, la philosophie mais aussi la compréhension fine de notre modernité, n’hésitant pas à en pointer du doigt les dérives latentes comme le transhumanisme.
En moins de 200 pages, ils nous font revisiter l’architecture actuelle de nos sociétés, les glissements insidieux qui la transforment jour après jour en toute opacité comme le fait économique qui prend le dessus progressivement sur le fait politique, la disparition programmée des États au profit d’un totalitarisme marchand assumé.
On aurait parfois aimé plus de détails sur certains sujets brûlants, une description plus précise des forces occultes qui pilotent le projet mondialiste mais le livre contient de nombreuses notes renvoyant notamment vers les travaux de Valérie Bugault ainsi que vers de nombreuses conférences disponibles en vidéo sur la toile.
On ressort de ce livre avec de nouveaux outils conceptuels, une nouvelle vision de ce que l’État pourrait être, une vision séduisante. Il reste à convaincre la population et une classe politique bien conformiste si c’est encore possible.
Interview de Valérie Bugault et Jean Rémy du 19 juin 2017
Valérie Bugault est docteure en droit de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne. à l’occasion de sa thèse portant sur le droit de l’entreprise, elle a élaboré une théorie juridique unifiée, qualifiée « d’iconoclaste », de l’entreprise. Elle a travaillé comme avocate fiscaliste dans le domaine des prix de transfert ainsi que en droit fiscal interne avant de cesser sa carrière d’avocate pour se consacrer à l’analyse des problématiques de géopolitique économique. Elle a notamment publié, en 2016, sur le site du Saker francophone une série d’études intitulée « décryptage du système économique global ».Jean Rémy, ancien banquier international dont la carrière bancaire s’est toujours déroulée constamment dans des banques internationales, spécialiste des systèmes d’information bancaire, il a créé il y a une trentaine d’années la théorie structurale de la monnaie qui a de nombreuses applications. Aujourd’hui en retraite, il est conférencier, et milite pour une moralisation de la finance et de la banque.
Quelle est l’histoire de ce livre ? Comment est venu l’idée de cette collaboration ?
VB – Jean-Michel Vernochet m’a transmis dans le milieu de l’année 2016 la théorie structurale de la monnaie de Jean Remy pour avis et relecture. Au-delà du langage technique utilisé, cette théorie m’a semblé receler une incroyable promesse de changement. Je m’étais déjà moi-même intéressée à la monnaie et à son rôle en tant que facteur de domination mais je ne connaissais pas ou très mal les contraintes techniques de cette dernière dans ses manipulations quotidiennes par les banquiers et les spécialistes des systèmes d’information. J’ai immédiatement compris que cette théorie, alliée avec mes propres théories et constats était une promesse de véritable changement politique et démocratique. J’ai mis quelque temps à trouver comment articuler nos travaux respectifs afin de les mettre réciproquement en valeur. Une fois l’articulation intellectuelle trouvée, je me suis mise à écrire l’ossature du livre que j’ai soumise pour avis et relecture à Jean Remy. Il s’est montré très réceptif et heureux de cette initiative à laquelle il a participé activement en complétant certains de mes paragraphes par d’heureuses considérations et connaissances historiques, techniques et linguistiques ; nous étions en réalité parfaitement sur la même longueur d’ondes. Le résultat de ce travail à quatre mains nous a semblé tout à fait à la hauteur et digne d’être publié.
JR – J’avais envoyé à une douzaine d’éditeurs le tapuscrit d’un livre intitulé « La théorie structurale de la monnaie et ses applications » Ce livre est écrit depuis longtemps, (mes premiers articles publiés sur ce sujet datent d’il y a trente ans) mais je l’avais repris à la faveur de ma prise de retraite et j’avais développé la partie « applications ». Je n’ai eu que des réponses négatives mais je reçus un jour un petit message de Monsieur Vernochet me disant qu’il l’avait transmis à un spécialiste pour avis. Ce spécialiste, qui s’est révélé être Valérie, a par la suite pris contact avec moi en me disant que mon livre était trop spécialisé mais qu’elle souhaitait en écrire un autre à quatre mains. J’ai accepté cette offre généreuse, et je suis tout à fait ravi du résultat, qui a une force bien supérieure à ce que l’un comme l’autre aurions fait séparément.
Le titre parle d’un nouvel esprit des lois et de la monnaie. Cela veut-il dire que cet esprit n’a jamais soufflé nulle part ? Qu’est ce qui ferait que les conditions soient réunies ici et maintenant ?
VB – Tout au long de mes études (que je n’ai jamais réellement terminées) et lors de mes diverses expériences professionnelles j’ai été tout à fait frappée par les changements radicaux de perspectives historiques, philosophiques et politiques imposés par ce qui nous était présenté comme une « modernisation du droit ». Ce vaste mouvement touchait à la vérité toutes les branches du droit et, au-delà, modifiait sensiblement les fondamentaux historiques et philosophiques sur lesquels reposait jusqu’à présent le droit français. Ce mouvement s’apparentait en réalité à des modifications de nature tectoniques (c’est-à-dire peu discernables sur le moment mais aux conséquences incalculables) du droit et de ses composantes : pas du tout médiatisé, et donc naturellement pas pris en considération par la population, il imposait pourtant des modifications drastiques dans la façon de considérer la vie en commun qui avait et allait avoir de plus en plus de répercussions dans la vie quotidienne de chacun. Ces modifications, lentement préparées ont été mises en musique par le biais (c’est-à-dire au moyen), présenté comme moderne et anodin, de l’avènement des institutions européennes. Plus précisément, ce mouvement a connu une très singulière accélération à partir de l’intégration politique desdites institutions imposées à compter du Traité de Maastricht, lequel a été relativement rapidement suivi par l’avènement de l’euro, par le Traité de Lisbonne et beaucoup d’autres de ses avatars ; certaines de ces modifications, et non des moindres, sont d’ailleurs intervenues par effraction dans l’ordre juridique (Lisbonne, MES).
Dans ce contexte de changement radical récemment imposé à « l’esprit des lois » tel qu’il existait précédemment, l’idée d’intituler notre livre « Du nouvel esprit des lois » m’est dès lors apparu nécessaire : il s’agissait de se dresser contre ce « nouvel ordre » imposé par des forces anonymes et extérieures à des peuples inconscients. J’ai voulu, par-là, dénoncer l’imposture de ce nouvel ordre qui sévissait dorénavant en montrant que ce qui avait subrepticement, autant que radicalement, changé récemment pouvait à nouveau être à son tour modifié dans un sens beaucoup plus positif et constructif pour les peuples et pour l’avenir de l’humanité.
JR – Ce livre présente un point de vue très novateur et révolutionnaire sur le sujet, en réaction à de multiples constats que Valérie et moi avons faits pendant nos vies professionnelles pourtant très différentes. Nous avons été l’un comme l’autre sidérés par les pratiques que nous avons découvertes, et pour ma part, j’ai été sidéré par la déréglementation continue des questions monétaires et financières depuis les années 70 du siècle dernier.
Je pense que maintenant, les dégâts des nouvelles conceptions réglementaires du monde de la finance, importées directement sans pratiquement aucune retouche des États-Unis, commencent à être ressentis par le commun des citoyens et qu’une prise de conscience de la dangerosité des pratiques qui en découlent, (produits dérivés, trading électronique de masse, paradis fiscaux, titrisation, LBO, bail-in, etc.) commence à se faire jour dans le grand public.
Vous développez dans ce livre une nouvelle idée de la justice et de la monnaie ? Qu’en pense les juristes et les économistes autour de vous ?
VB – Il faut comprendre que tous ces changements se sont faits avec la participation active ou passive des juristes ; aucun, dans aucune branche du droit, ne s’est réellement dressé contre ce « nouvel ordre ».
S’agissant du droit des affaires, le seul juriste, par ailleurs très brillant, qui avait, à ma connaissance, une conception humaniste du droit et du commerce et qui avait d’ailleurs sérieusement commencé à s’élever contre ce qu’il pressentait être un « ordre nouveau » est décédé vraiment très jeune (prématurément ?) d’un cancer, j’ai nommé Bruno Oppetit. Tous les autres ont, activement pour certains et passivement pour la grande majorité des autres, collaboré à l’élaboration de ce « nouvel ordre juridique » dont la nature anglo-saxonne est composée à 100% de prédation économique, politique et sociale. Le droit tel que traditionnellement compris en France n’existe aujourd’hui plus qu’au travers de certaines reliques d’articles aussi incongrus dans l’ordre nouveau qu’ils sont éclatés ; en perdant toute cohérence d’ensemble ces articles-reliques ont également perdu leur force et leur légitimité. Cette vaste supercherie juridique qui a consisté à modifier l’ordre juridique français et à imposer (en France) la conception anglo-saxonne prédatrice du droit a été évidemment préparée par ce qu’il est convenu d’appeler la « théorie pure du droit », initiée par Hans Kelsen et qui a prévalu tout au long du XXème siècle. Cette imposture intellectuelle a eu pour conséquence de séparer de façon radicale la technique (utilisée par le droit) de l’analyse de ses finalités, reléguée aux seuls « philosophes du droit ». Il s’agit d’une imposture car de façon radicale, fondamentale, le droit pour être et rester du « droit », ne peut pas dissocier la technique de ses finalités : en décider autrement revient à utiliser des termes vides de sens pour désigner tout et n’importe quoi. C’est précisément ce à quoi on assiste actuellement : un monde orwellien dans lequel les termes n’ont plus de sens et ne servent donc plus à communiquer, le langage perd lui-même ainsi son utilité sociale.
S’agissant des économistes, on assiste, peu ou prou, à la même désynchronisation entre les techniques et les finalités : cette dissociation a été opérée à la faveur de l’abandon de la politique économique au profit de la prétendue « science économique ». Il est ici question, comme en matière juridique et comme dans tous les domaines de la société, de « dissociation », de parcellisation des connaissances.
Cette méthodologie de la parcellisation des connaissances, trop systématiquement suivit dans tous les pays occidentaux pour pouvoir être considérée comme le résultat d’un « hasard malheureux », induit un manque cruel de vue d’ensemble et finalement une incapacité intellectuelle globale à comprendre son environnement pour tout le monde. Les « savants » sont transformés en « sachant » : ils maîtrisent tous les détails et ignorent l’essentiel qui est le tableau d’ensemble.
En un mot, les experts de tout bord sont malheureusement des individus qui savent tout sur rien. Nous vivons actuellement dans une ère d’imposture intellectuelle généralisée.
JR – Dans le monde bancaire, l’inconscience idéologique est totale. Les esprits bien formatés sont inconscients des changements des paradigmes en cours.
Le mot esclavage revient plusieurs fois. Ça me rappelle la situation d’une Rome en déclin où pour survivre ou pour payer leurs dettes les citoyens romains acceptaient finalement la situation d’esclave pour échapper à la misère. En est-on presque là quand on parle de RSA ou de salaire universel?
VB – Ne connaissant pas suffisamment les tenants et les aboutissants du déclin de Rome (je n’en connais que les lieux communs diffusés un peu partout et il est évident que l’histoire concrète est beaucoup plus subtile), je ne me hasarderai pas à une étude comparée de politique, de droit et de sociologie entre la Rome antique et l’Occident actuel.
Je peux néanmoins donner mon opinion sur l’actualité. La comparaison que vous faites entre l’esclavage et le RSA ou le salaire universel peut être pertinente à condition d’en préciser les contours. La question ne me semble pas être tant celle de l’existence d’un revenu décent pour tous que celle des conditions d’application de ce revenu décent. A la vérité, un État qui impose un revenu minable, à peine suffisant pour vivre dignement, à un groupe ou à une catégorie de personnes considérées comme de seconde zone fait évidemment penser à de la corruption : cette méthode revient à acheter, à vil prix, la dignité humaine.
Je pars du principe qu’il est absolument odieux d’imposer d’un côté la paupérisation active et radicale de catégories entières de population et de l’autre côté de se présenter comme un « sauveur » en jetant en « grand seigneur » quelques miettes d’argent tout juste nécessaire à la survie à cette même population. Il s’agit ici comme dans tous les autres domaines, d’une imposture généralisée.
Imposture qui n’est pas sans rappeler celle consistant, pour les très grands prédateurs financiers, à créer des « fondations » afin de diffuser la « charité » et d’en recevoir les gratifications sociales. Nous sommes ici dans la même logique que celle, organisées par et pour les principaux propriétaires des banques d’affaires internationales, consistant à d’un côté organiser la prédation financière des États par les multiples paradis fiscaux, et d’un autre côté à prétendre lutter contre l’évasion fiscale ou le blanchiment d’argent par, d’une part l’organisation de Traités d’échange de renseignements, lesquels se heurteront de façon mécanique et conceptuelle à l’opacité des propriétaires de capitaux (trusts anonymes) et par, d’autre part la disparition de l’argent sous forme matérielle (disparition des espèces), qui mettra de façon tout aussi mécanique et conceptuelle les peuples dans les mains du seul bon vouloir des banques.
Nous sommes à la vérité plongés collectivement dans une imposture intellectuelle et morale systématique, d’ordre systémique : une imposture en imposant une autre, ad vitam aeternam.
JR – La situation de faiblesse des déclassés, salariés et petits patrons est de plus en plus évidente. Elle va encore s’accroître avec les ordonnances promises par le gouvernement Macron. J’ai pu constater au cours de ma vie professionnelle que la précarité s’est généralisée, alimentée par le règne dans les esprits d’un individualisme délirant. Mais ce qui est tout à fait grave, c’est les outils juridiques d’un esclavage réel individuel et collectif sont en passe d’être mis en œuvre dans nos pays.
Est ce que les populations sont si naïves sur leur situation réelle? Qu’est ce qui donne encore envie aux Hommes d’être libre au XXIème siècle?
VB – Le problème que vous posez, celui de la liberté, est difficile. L’imposture généralisée sous laquelle nous vivons empêche une bonne partie des gens de percevoir clairement la réalité de la domination dont ils sont victimes ; ils en ont en revanche une conscience diffuse, laquelle me semble d’ailleurs devenir plus claire de jour en jour (note d’espoir).
Les médias imposent un faux sentiment de liberté à tous mais cette liberté est savamment encadrée par des principes rigoureux indépassables, on pourrait appeler ce cadre « un cadre de verre », en référence au « plafond de verre » auquel chaque individu n’appartenant pas à la caste dominante se heurte un jour ou l’autre. L’apparence de liberté consiste à dire que chacun est libre d’aimer le football ou la danse classique, la glace à la vanille ou au chocolat, de regarder la télévision ou de lire les journaux, d’aller au spectacle ou de rester regarder, ou non, celui-ci de chez soi…
Mais la véritable liberté, celle consistant pour chacun à décider réellement des conditions de sa propre vie et celles des générations futures, échappe de façon radicale à tous les individus, à l’exception de ceux appartenant à la caste dominante des tenanciers économiques planétaires.
JR – Les gens acceptent le totalitarisme ambiant, car beaucoup pensent qu’il n’y a pas d’autre issue, et cette idée est distillée abondamment dans l’opinion.
Vous mettez aussi en relation la monnaie et le temps, la monnaie et l’énergie. Si la décroissance énergétique perceptible en occident s’accélère, est-ce qu’une grande partie de la monnaie actuelle ne va pas disparaître ?
VB – Je pense que l’énergie, certes essentielle à nos sociétés, n’est pas un cadre indépassable. La notion d’énergie ne se limite pas à de vulgaires combustibles car elle englobe également l’énergie créatrice qui est à la source même de la vie. Combien de créateurs de génie ont été supprimés et leurs créations mises sous le boisseau en raison du fait qu’ils mettaient en danger les tenanciers économiques planétaires qui ont justement assis leur domination sur le contrôle des monnaies et des ressources biologiques ? En ce sens, la question énergétique me semble très mal posée : elle n’existe que parce que le « cadre de verre » évoqué plus haut est aujourd’hui encore indépassable. Par ailleurs, les monnaies actuelles (et je ne crois pas que Jean Remy me contredira), ne sont réellement adossées à aucune richesse tangible, elles sont tout à fait hors sol et vivent de façon autarcique sans contrôle autre que celui imposé par leurs propres conditions d’existence.
En un mot : lier irrémédiablement les questions monétaires aux énergies fossiles disponibles me semble être une imposture de plus, mais on n’en est plus à ça près…
JR – La monnaie c’est de l’énergie, et dans tous les domaines des sciences physiques, ce genre de réalité est représenté et mesuré par des vecteurs. Si la « science économique » en est restée à des conceptions scolastiques, c’est parce que c’est de l’idéologie.
Existe-t-il des forces politiques pour s’emparer et porter votre projet ?
VB – Ces forces politiques, si elles existent, ne sont à l’évidence pas situées dans le monde occidental. D’une façon générale, je pense que ces forces existent mais qu’elles sont, dans chacun des Etats, très sérieusement concurrencées par des forces inverses soutenues par les tenanciers économiques planétaires : ces dernières forces (obscures) sont tout à fait dominantes dans les pays occidentaux mais commencent à montrer des signes d’essoufflement dans tout un tas d’autres pays qui souhaitent recouvrer la véritable liberté, celle de l’autodétermination. Je pense en tout premier lieu à la Russie.
Je ne mets, à court-terme, aucun espoir politique ni dans la France (qui structurellement n’existe plus) ni dans aucun pays occidental. En revanche, pour ce qui concerne la France, j’estime que des mouvements comme « Civitas » portent les ferments d’un renouveau réel. Mais le chemin est encore long du ferment à la réalité politique, ce chemin passe par un effort constant d’instruction et de pédagogie vis-à-vis du public sur la réalité de la domination à laquelle il est soumis. Ce chemin passe également par une refondation de l’organisation sociale, et donc politique : une vie politique efficace ne peut structurellement pas passer par le filtre de « partis politiques », ces derniers devront disparaître.
JR – Je souhaite qu’il y ait encore des esprits suffisamment libres et éclairés pour s’emparer du projet, d’où qu’ils viennent. Cependant, les possibilités de réalisation concrète me semblent être hors « monde occidental ».
Le livre vient de sortir. Quelles y sont vos attentes et vos espoirs ?
Nos espoirs relèvent du moyen et long terme : nous espèrons, par ce livre synthétique détaché de toute idéologie, faire comprendre que la réalité de la domination se joue des (c’est-à-dire instrumentalise les) idéologies et des institutions (notamment le concept d’État) pour aboutir à ses fins de domination ultime. C’est précisément la raison pour laquelle on ne parle jamais (en tout cas on évite soigneusement de parler de) capitalisme et autre mouvement en « isme », sans pour autant nous priver de parler du « capital » ou du « grand capital ». La raison d’être de ce livre n’est pas « de faire de l’argent » mais de tenter de sortir la civilisation de l’impasse et d’ouvrir un véritable avenir, ou au moins espoir d’avenir, aux générations futures et aux différents peuples d monde.
Nous espérons que ce livre aura la plus grande diffusion possible dans tous les pays du monde. L’idée générale est de trouver, un peu partout (c’est-à-dire dans tous les pays du monde), des « alliés » permettant un travail collectif et une diffusion massive des idées saines (c’est-à-dire propices au développement de la civilisation), seuls à même de lutter contre les terribles forces de la domination planétaire actuelle, laquelle n’a plus guère de contre-pouvoirs effectifs.
Sur du court-terme, mon plus grand souhait est que ce livre se diffuse le plus largement possible en Russie. Ce pays est, à notre sens, le seul porteur de renouveau politique et sociétal ; il nous semble être une puissante force capable – en raison tant des caractéristiques propres de son courageux peuple que de son expérience politique historique – de renverser le « cadre de verre » évoqué au dessus. Évidemment, rien n’est gagné car les forces d’opposition au renouveau historique sont puissantes également en Russie…
Retrouvez enfin les 2 auteurs lors d’une émission économique sur TV Libertés.
Eh ben dis donc, en voilà un article fort intéressant qui me fait soupçonner de futurs axes de convergences et de mise en place d'une riposte solide aux malheurs du monde. Valérie Bugault me fait "tressaillir" de joie lorsqu'elle évoque la possibilité de voir dans un mouvement comme Civitas, l'amorce d'une restructuration sociale et politique portée par le bon bout qu'elle ne désigne malheureusement pas, - mais elle y viendra -. Je vais acheter ce livre car, visiblement, il est truffé de développements qui m'intéressent profondément.
RépondreSupprimerPierre
L'économie dévore la planète,... et nous avec.
RépondreSupprimerhttps://lejustenecessaire.wordpress.com/