Article original de James Howard Kunstler, publié le 23 Octobre 2017 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Baluchitherium
Il est intéressant de voir comment, dans une culture aussi
tournée vers la pornographie, où tout enfant de neuf ans peut regarder
des actes sexuels à l’écran toute la journée, nous découvrons que le
décorum est absent de la vie américaine. Ceci, alors que dans un même
temps, les gauchistes politiques les plus gnostiques veulent transformer
la nature humaine en effaçant les catégories sexuelles dans leur quête
pour créer une utopie d’hermaphrodites.
Le sexe est gênant, vous savez. Il s’immisce entre les gens,
littéralement et plutôt maladroitement, et il est chargé de tensions si
primitives que cela peut nous effrayer et nous faire honte. Est-il
étonnant que ces tensions se manifestent sur les lieux de travail où les
hommes et les femmes passent une bonne partie de leur vie éveillée ?
Êtes-vous vraiment surpris que l’attraction sexuelle soit une monnaie
pour l’avancement ? Que cela tende vers un échange à nu de faveurs ?
Je dirais que l’épave de Harvey Weinstein est une représentation
dramatique de l’effondrement de l’industrie cinématographique, comme
nous la connaissons depuis un siècle. Le cinéma autour de films de deux
heures diffusés dans une grande salle avec beaucoup de sièges est en
train de mourir. Il rejoint la longue histoire de la musique enregistrée
et de l’exercice littéraire des livres appelés « romans » dans le cimetière des éléphants de différentes formes d’art. La chute de HW n’est juste que l’annonce de cette fin.
Le mois dernier a été un bain de sang pour les sorties en salle des
films. Les superproductions présumées ont fait face à des salles vides
dans les complexes, comme peuvent l’être les amphithéâtres de
conférenciers. La classe moyenne en difficulté n’a plus besoin de salles
de cinéma, et les écrans plats à la maison leur permettent de se perdre
dans des mondes fictionnels entiers qui se succèdent avec des épisodes
hebdomadaires, année après année, comme autant d’après-midis barbecues.
Qui sait combien de temps cette phase du show-biz va durer. En
évolution, rappelez-vous, la forme d’un organisme est souvent
surdimensionnée. Pensez au Baluchitherium, le titan des
mammifères terrestres de l’oligocène. (Et imaginez le sexe entre deux
créatures de la taille d’un semi-remorque !) Le sort du « contenu » télévisuel comme Game of Thrones
dépend probablement de l’adéquation d’un réseau électrique qui semble
plutôt sclérosé. Personnellement, je pense que le show-biz du futur
tendra vers les spectacles de marionnettes.
Heureusement (ou peut-être pas, selon votre idéologie politique), le
sexe sera toujours avec nous, et ses éternelles tensions avec lui. Ce
qui est le plus sujet à changement, c’est la division du travail. La
plupart des adultes que je connais l’acceptent comme axiomatique et
aussi que les changements sociaux qu’ils ont vus au cours de leur vie
sont devenus des installations permanentes de la condition humaine.
C’était le « récit » de Tom Friedman
sur le globalisme, qui est maintenant fracturé et flétri. Il en va de
même pour les gauchistes gnostiques, qui croient être sur la trajectoire
d’extermination de cet hétéro-patriarchisme genré détesté. Comment
pensez-vous que les choses vont fonctionner dans une nation d’eunuques
et de transsexuels ?
Vous serez peut-être surpris de constater à quel point ces tendances
ne sont pas permanentes. Les États-Unis décadents, dépourvus de
discipline et de décorum, perdus dans les ravissements d’un grandiose
techno-narcissisme, diffusant leurs fantasmes gangsta-sexy alors qu’ils
aspirent les produits finis d’autres contrées en échange de bons pourris
sur leur dette, devenant le paria international. Il y a fort à parier
que les tensions résultant de cette dynamique provoqueront, d’une
manière ou d’une autre, l’éclatement des systèmes commerciaux et
financiers qui ont nourri la phase de l’histoire qui se termine – avec
de nombreux dommages collatéraux dans tous les autres domaines de la vie
quotidienne.
En attendant, l’Amérique sombre dans un marais d’excès sexuel, de
préoccupation sexuelle, de confusion sexuelle, de récrimination sexuelle
et de remords sexuel. La seule chose sur laquelle aucun des combattants
ne peut s’entendre est ce qui pourrait passer pour une normalité
sexuelle. Cette idée même pourrait être prise pour un cri de guerre.
James Howard Kunstler
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