Article original de Ugo Bardi, publié le 1er Octobre 2017 sur le site CassandraLegacy
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Voici
Camille Olinet (à gauche) et Fanny Verrax (à droite) avec qui j’étais
engagé dans une discussion sur l’exploitation minière dans le cadre de
la présentation de mon livre « L’Effet Sénèque » à
Paris. Camille étudie l’agronomie, Fanny a un diplôme en philosophie et
étudie l’épuisement des ressources minérales et ses conséquences avec un
intérêt particulier pour les terres rares. Elles sont un bon exemple du
climat intellectuel animé de Paris.
En 1998, Jean Laherrère (Le grand expert du pic pétrolier !) et son collègue, le physicien français Didier Sornette, étudiaient la distribution de divers phénomènes naturels. Ils ont constaté que les villes suivaient une belle distribution suivant la « loi de puissance »,
la relation de taille et de rang avec une seule exception, Paris : une
ville tellement plus grande que les autres en France qu’elle pourrait
aussi bien être sur une autre planète.
Dans cet article, Laherrere et Sornette utilisaient le terme « roi » pour désigner un élément de la distribution complètement en dehors de la tendance. Plus tard, Sornette a utilisé le terme « Dragon King »
pour ce genre de choses, supposant à juste titre que ces dragons sont
de meilleurs exemples de crise soudaine et inattendue que le concept de « Black Swan » créé par Nassim Taleb. (Vous trouverez des détails sur ces entités curieuses dans mon livre, « The Seneca Effect »)
Maintenant, je ne sais pas comment je pourrais mesurer le niveau de « vivacité intellectuelle »
de Paris, mais je suppose que si cela pouvait être fait, les résultats
seraient similaires à ceux que Laherrere et Sornette ont trouvés pour la
taille des villes françaises. Paris se distingue vraiment des autres
villes de nombreuses manières, mais aussi comme un centre palpitant
d’activité intellectuelle.
Donc la tournée de promotion de mon livre à Paris a été un véritable
feu d’artifice de discussions et de débats. Bien sûr, tout n’était pas
d’un niveau stellaire, mais ce fut un plaisir de constater qu’à Paris
(et en général, en France) on peut encore discuter sérieusement de
choses telles que le « Peak Oil » et la « déplétion minérale », qui semblent être devenues politiquement incorrectes – étiquetées comme « catastrophistes »
– dans le monde anglophone. Et il y a encore des livres publiés en
français et écrits par des scientifiques français sur ces sujets qui
sont censés être achetés et lus par des gens, et pas seulement
considérés comme des ornements pour couronner la carrière d’un
scientifique.
Pourquoi Paris est-elle si animée ? Peut-être que les Français ont
fait un choix judicieux en maintenant leur langue vivante comme moyen de
communication scientifique. Ou peut-être que c’est seulement la
tradition française de respecter leurs « savants »
(les choses sont un peu différentes aux États-Unis, comme nous le savons
tous). Ou, tout simplement, parce que la France n’a pas encore pris la
pente descendante de la falaise de Sénèque comme d’autres pays européens
(l’Italie en est un triste exemple).
En tout cas, vive la France !
Ugo Bardi
Note du traducteur
Ugo pointe, parmi d'autres, un élément essentiel, la langue française. Sa maîtrise est un point fondamental de résistance à l'Empire. Elle permet de penser l'universel, ce que ne permet déjà plus le globish (Global English) pour tous.
La langue russe permet aussi de penser l'espace et le temps autrement. Les Français / francophones et les Russes font aussi encore passer l'être avant l'avoir et les deux sont donc une cible prioritaire à abattre pour les tenants du globalisme.
Tout comme la Corée du Nord et Cuba représentent une preuve vivante qu'un autre développement est possible, les cultures française et russe sont aussi des ferments potentiels d'opposition qu'il va falloir liquider totalement pour faire advenir sereinement ce nouvel ordre mondial. C'est un combat à long terme sur plusieurs générations et à bas bruit.
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