samedi 27 juin 2020

Requiem pour George Floyd

Article original de James Howard Kunstler, publié le 8 juin 2020 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

L’occasion des funérailles nationales de feu George Floyd – qui rivalisent avec la progression solennelle du cercueil d’Abraham Lincoln à travers ce pays au temps des Lilas il y a si longtemps – pourrait être un bon moment pour les Américains de faire le point sur l’état dans lequel se trouve notre condition. Après quinze jours de protestations, d’émeutes et de pillages, que cherche exactement l’Amérique noire dans son appel à la fin du racisme systémique ? Pardonnez-moi de dire que la requête est vague. Pour m’expliquer, je vais devoir entrer dans des arcanes du discours qui sont tabous de nos jours, alors attachez votre ceinture si vous voulez suivre.


Y a-t-il une campagne de génocide policier contre les Noirs ? Les faits et les chiffres disent catégoriquement non – ils sont discutés en détail dans de nombreux articles de Heather MacDonald dans le City Journal. Est-il vrai que « les Noirs ne sont pas entendus » ? Si vous suivez le New York Times, le « journal de référence » de l’Amérique, vous n’entendrez que cela. La justice a-t-elle été déniée dans le meurtre de M. Floyd ? Quatre flics ont été rapidement mis en accusation pour des faits graves. Les Noirs se voient-ils refuser le privilège de gouverner leurs propres affaires ? De nombreuses villes sont dirigées par des maires, des chefs de police et des procureurs noirs où, d’année en année, les dysfonctionnements sociaux n’ont fait qu’empirer.

Une partie importante de la population noire n’est-elle pas prospère par rapport aux blancs et aux autres groupes raciaux ou ethniques ? Apparemment, oui. La seule dynamique véritablement systémique dans leur situation est la campagne menée par le gouvernement, depuis plus de cinquante ans, pour les aider à s’élever grâce à des programmes sociaux, des aides financières et des actions de discrimination positive, ainsi que des monuments, des prix et des vacances, et les encouragements publics très bruyants de leurs « alliés » dans les médias, le divertissement et le sport. Toute cette « aide » ne semble qu’aggraver les problèmes.

Il est plus qu’évident qu’après un demi-siècle et des milliers de milliards de dollars dépensés, l’aide gouvernementale bien intentionnée a détruit les cellules familiales noires. 75% des enfants noirs sont aujourd’hui élevés dans des foyers sans père, car l’aide financière est interdite lorsqu’il y a « un homme à la maison ». Tout le monde sait que le problème est générationnel et grave. Payer des femmes non mariées – souvent juste des jeunes filles – pour avoir des bébés peut facilement être considéré comme entraînant de nombreux désavantages sociaux. Qui milite pour changer cela – par exemple, pour permettre une aide financière aux couples mariés ? Personne, et plus particulièrement l’Amérique noire. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’un racket établi, d’un effet d’aubaine, d’un mode de vie, avec des coutumes et des rituels, comme le fait de jeter de jeunes hommes noirs en prison pour les initier à la virilité. Pourquoi les envoyer en prison ? Parce qu’ils commettent des crimes.

La semaine dernière, le contraste entre le caractère sacré des manifestations diurnes et les pillages, le vandalisme et les incendies criminels de nuit, dont on trouve des centaines de vidéos sur le web montrant de jeunes Noirs américains agissant comme des sauvages, a été particulièrement frappant. La police partout en Amérique n’a pas même osé essayer d’arrêter cela de peur de produire un nouveau martyr pour aggraver l’insurrection. Aucun appel n’a été lancé par les dirigeants des communautés noires de tout le pays pour mettre fin à ce comportement honteux. Ce n’était même pas reconnu comme honteux, mais plutôt considéré comme une cérémonie nécessaire pour purger les mauvais sentiments suscités par la mort cruelle de George Floyd sous le genou de l’officier Derek Chauvin.

Pourquoi ne pas essayer de réussir à l’école plutôt qu’en prison ? L’école a des exigences différentes. Je vais avancer une idée qui n’est pas seulement taboue, mais taboue à l’extrême : de nombreux enfants noirs ne peuvent pas réussir à l’école parce qu’ils ne parlent pas correctement l’anglais à la maison et les écoles n’ont, suite à une politique définie, rien fait pour corriger cela parce que ce serait qualifié de « raciste ». Si votre langue se dispense de la forme grammaticale – comme la différence entre l’expression du passé, du présent et du futur – vous risquez de souffrir de handicaps cognitifs qui se traduiront par de mauvais résultats à l’école. Vous pouvez même être incapable de vous présenter à l’heure pour quoi que ce soit.

Le travail numéro un à l’école primaire devrait être d’apprendre aux enfants à parler anglais en tout premier lieu, car sans cela, ils auront du mal à apprendre quoi que ce soit d’autre. Mais cela ne nous intéresse pas. Cela peut blesser quelqu’un d’apprendre que son discours est déficient. Cela pourrait mettre en colère un parent d’entendre cela. Alors, nous choisissons de laisser les enfants échouer. C’est un choix que nous faisons par consensus. Voici quelques nouvelles pour vous : le multiculturalisme est lui-même une forme de racisme qui ghettoïse le langage. Voulez-vous que cela continue ? Êtes-vous vraiment intéressé par le changement ? Changez cela. Commencez par là.

Cela renvoie à une question plus profonde et plus fondamentale : l’Amérique noire veut-elle vraiment participer pleinement à notre vie nationale, ou veut-elle rester une faction d’opposition en son sein, dépendante, rancunière et violente ? Le fiasco autour de George Floyd a détourné le pays de la crise économique la plus grave du siècle, jusqu’à présent. Comprenez-vous combien de réflexion et d’efforts il faudra pour réorganiser la vie économique de l’Amérique ? Nous ne reviendrons pas à la situation d’avant l’année 2020. Beaucoup d’arrangements habituels ne seront pas maintenus. Les conforts et les commodités disparaissent progressivement. Nous n’avons plus de temps pour les opéras-bouffes. Pouvons-nous, s’il vous plaît, enterrer respectueusement cet homme tourmenté et nous atteler aux tâches qui nous attendent ?

Too much magic : L'Amérique désenchantée

James Howard Kunstler

Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.



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