Article original de James Howard Kunstler, publié le 24 Octobre 2016 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Il devient difficile de porter une quelconque attention à cette
élection, même si vous vous souciez encore de ce pays. Le dommage a été
infligé aux deux partis politiques historiques et peut-être que c’est
une bonne chose. Ils méritaient d’être traînés dans le caniveau et
maintenant ils peuvent soit en passer par une cure de désintoxication
sévère soit être remplacés par des coalitions encore à venir autour
d’intérêts fondés sur la réalité.
Trump a rendu un très mauvais service à la faction qu’il est censé
représenter. Ses griefs au sujet d’une économie politique ponctionnée
par des parasites étaient authentiques, et Trump a réussi à les faire
ressembler à une blague de clowns sinistres. Cette caricature de gosse
de riche, sans limites internes a été incapable d’articuler leurs
plaintes légitimes. Son comportement au cours des soi-disant débats
frisait le psychotisme. Si Trump perd, je pense deviner que la prochaine
mouture de ses disciples sera de nature violente. Pour le moment,
pathétique comme il est, Trump était leur dernier espoir.
Je suis plus à l’aise à propos de Hillary – bien que je n’envisage
pas de voter pour elle – parce que ce sera salutaire pour
l’establishment au sommet de se détacher du pouvoir au moment où elle
dirigera le pays. De cette façon, les bonnes personnes seront blâmées
pour la mauvaise gestion de nos affaires nationales. Ce gang d’élites
doit être viré sans ménagement des postes à responsabilité, sous le
poids de leur propre perfidie évidente, sans personne d’autre à pointer
du doigt. Son élection va aiguiser la conscience du comportement
criminel dans nos pratiques financières et la négligence des
réglementations qui ont marqué les huit années des hommes nommés par
Obama au ministère de la Justice et de la SEC (Securities and Exchange Commission).
L’histoire de ces derniers jours de la campagne a été la diabolisation de la Russie – un moyen plus stupide encore que l’hystérie McCarthyiste
de la guerre froide au début des années 1950, car il n’y a plus de
conflit idéologique entre nous et que tous les éléments de preuve
indiquent que l’état actuel des mauvaises relations [avec la Russie, NdT]
est la faute de l’Amérique, en particulier notre parrainage de la
faillite de l’État en Ukraine et notre déploiement avide de forces de
l’OTAN dans des jeux de guerre à la frontière de la Russie. Hillary a eu
tout le poids du ministère des Affaires étrangères derrière elle dans
cet effort pour battre les tambours de guerre, mais ils n’ont pas été en
mesure de produire des éléments de preuve, par exemple, au sujet de
leurs déclarations que la Russie serait derrière le partage par
Wikileaks du courriel de Hillary. Ils souscrivent apparemment à la
théorie de Joseph Goebbels au sujet de la propagande : si vous devez proférer un mensonge, assurez-vous qu’il soit énorme, puis répétez-le sans cesse.
Les médias ont été partie prenante dans tout cela. Le New York Times
a notamment agi à titre d’amplificateur engagé des mensonges de
l’establishment – sans grande différence avec le rôle du même journal
dans le boucan sur la guerre du Vietnam à l’époque. Aujourd’hui (lundi)
ils ont publié un éditorial stupéfiant «expliquant» la nécessité tactique de la malhonnêteté d’Hillary: «En politique, l’hypocrisie et le double langage sont des outils», a écrit le comité de rédaction du Times. Oh, eh bien, c’est rassurant. Bienvenue au George Orwell, Parc à thème de la démocratie.
Bien sûr, ni Trump, ni Hillary ne montrent aucun signe de
compréhension des vrais problèmes qui affligent les États-Unis. Ils ne
reconnaissent pas la simple équation d’énergie qui a rendu impossible le
maintien des économies industrielles en croissance, ou les déformations
dans le secteur bancaire et la finance qui résultent des efforts
officiels pour surmonter ces conditions implacables, à savoir,
l’accumulation de plus en plus grande de dettes censées «résoudre» le problème du surendettement.
Le début de sortie de ce dilemme sera la reconnaissance que le
gouvernement fédéral est le plus grand obstacle pour que l’Amérique
fasse les ajustements nécessaires à un monde qui a changé. Si Trump
était élu, je suis convaincu qu’il serait démis de ses fonctions par un
coup d’État militaire venant de l’intérieur au cours de l’année, ce qui
serait une épopée fracassante pour notre appareil politique en soi,
comparable à la période romaine de 44 avant JC, lorsque la république
s’est effondrée. Hillary apporterait un discrédit plus mesuré au système
avec une chance que nos institutions puissent être remises en état –
avec, cerise sur le gâteau, l’éventuelle mise en accusation de Hillary
pour ses mensonges, un destin auquel son mari et le regretté Richard
Nixon échappèrent de peu d’une façon ou d’une autre.
James Howard Kunstler
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