Article original de Brandon Smith, publié le 7 Aout 2015 sur le site alt-market
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Dans l’esprit d’une personne schizophrène, les
éléments internes de la fantaisie (positifs et négatifs) sont rendu
manifestes dans la psyché et projetés sur le monde réel. Souvent, les
images fantasmées de l’esprit ne sont pas simplement des images pour
eux. Plutôt, ce qu’ils imaginent devient inconsciemment la réalité.
Leurs facultés d’observation deviennent tellement limitées, soit en
raison d’une réaction à un traumatisme ou simplement d’une incapacité
inhérente à faire face, qu’ils ne peuvent pas déchiffrer la différence
entre réalité et fiction. Une personne pourrait continuer comme ça
pendant un certain temps si tous ses besoins sont assumés par quelqu’un
d’autre. Mais au moment ou le soutien se termine (et ça vient toujours),
les réalités de la nécessité, sans mentionner l’offre et la demande,
referont surface. On ne peut pas vivre dans un monde schizophrénique
indéfiniment.
L’entrelacement actuel des économies mondiales interdépendantes et
socialisées est, au fond, schizophrène. Nos marchés ne sont basés sur
aucune réalité fondamentale. Il y a très peu de fondements tangibles
auxquels se retenir, et cela est le cas depuis plusieurs années.
Pourtant, certaines personnes pourraient faire valoir que depuis le
krach des produits dérivés de l’année 2008, une grande partie du monde a
continué à marcher sur l’eau et il y a eu peu d’entre nous pour s’en
inquiéter.
La puissance de la fantaisie est qu’elle est auto-entretenue. Elle
est alimentée le plus souvent par des espoirs mal placés et des désirs
malsains ou irréalistes, et de telles choses sont obscurément et
grotesquement énergisantes. Les fantaisies peuvent en effet garder les
économies autour du monde fonctionnellement en vie, même quand elles
sont cliniquement mortes. Mais encore une fois, il y a toujours une fin.
Les actions et les marchés des matières premières, en particulier,
ont fait de la lévitation, malgré la réalité économique, rendant leur
chute éventuelle de plus en plus spectaculaire. Cette chute a commencé
mi-2015.
Regardons les dures vérités froides de notre situation actuelle.
Les nouveaux signaux de crise du marché sont générés tous les deux à
quatre semaines alors que nous les passons à la moulinette pour le
troisième trimestre. Ceci est en contraste frappant avec le comportement
relativement prévisible et stable des marchés de ces trois dernières années. Je me rends compte que nous vivons une ébullition lente
et que beaucoup de gens peuvent même ne pas se rendre compte de
l’augmentation exponentielle des signaux économiques négatifs, mais
vraiment, pensez y – au début de 2014, quel était le sentiment général
financier par rapport à aujourd’hui?
L’Europe vient de frôler la correctionnelle avec la crise grecque,
une crise qui n’est pas encore terminée et pourrait finir dans le chaos
alors que l’accord de dernière minute avec la Banque centrale européenne est contesté par l’intervention du Fonds monétaire international.
Gardez à l’esprit que l’Europe est submergée par la dette avec
l’effondrement des pays périphériques à sa frontière et que les nations
centrales comme la France flottent dans un air de récession, qu’elles refusent de reconnaître ouvertement.
L’Asie est le point chaud du moment, avec les marchés chinois littéralement en chute libre, malgré toutes les tentatives par le gouvernement communiste pour réprimer la vente d’action à découvert, au point de menacer d’arrestation et d’emprisonnement certains vendeurs nets à découvert.
La bourse de Shanghai en Chine a connu une baisse de 30% en valeur de
marché dans un délai d’un mois. L’argument courant destiné à
marginaliser ce fait est que moins de 2% des actions de la Chine sont
détenues par des investisseurs étrangers ; par conséquent, un accident
ne nous affecterait pas ici. Ceci est, bien sûr, de l’idiotie pure.
La Chine est le plus grand importateur / exportateur
dans le monde; et elle est en passe de devenir la plus grande économie
du monde au cours des deux prochaines années, dépassant celle des
États-Unis. L’économie de la Chine
est une économie de production, et la nation est le fournisseur
principal pour tous les biens de consommation partout dans le monde.
Ainsi, la Chine est un test décisif pour la santé financière du reste du
monde. Lorsque les entreprises chinoises sont en difficulté, lorsque
les exportateurs voient une baisse globale et régulière et quand la
fabrication commence à se traîner, ce n’est pas seulement un reflet de
l’instabilité économique de la Chine, mais c’est aussi le reflet de
l’effondrement de la demande dans tous les autres pays qui achètent
auprès de la Chine.
L’effondrement de la demande signifie l’effondrement des ventes et
l’effondrement des valeurs de marché. Pour un système économique mondial
tributaire d’une consommation toujours croissante, ceci sonne le glas.
Aux États-Unis, les marchés ont connu une réaction retardée , en
grande partie grâce à des injections constantes de la Réserve fédérale
en carburant sous forme de liquidités depuis que la crise du crédit a
commencé. Ce genre de soutien artificiel des marchés est devenu une
partie attendue et essentielle de la psychologie du marché, générant une
totale dépendance envers l’argent facile siphonné dans les grandes
banques qui l’utilisent ensuite pour renforcer les actions par le biais
de rachats d’actions massives (entre autres méthodes). Maintenant,
cependant, l’assouplissement quantitatif a été arrêté et la politique de
taux d’intérêt à zéro arrive presque à terme. L’escroquerie des rachats
d’actions est presque finie.
Déjà, les marchés d’actions américains commencent à sentir la douleur
de la réalité qui grignote lentement les gains. Il y a une bonne raison
à cela : les salaires sont en baisse constante ; la fabrication est en
baisse constante ; les ventes au détail sont en baisse, mais les dettes
gouvernementales et personnelles continuent d’augmenter.
Nous ne sommes pas à l’abri du chaos financier dans d’autres pays
justement parce que nous avons été mis sur les rails d’un système
économique mondial fortement interdépendant. En fait, beaucoup des
incertitudes financières internationales sont directement liées à la
chute de la consommation américaine qui était comme une pompe à cash
fiable et un moteur économique.
Alors, où tout cela nous mène-t-il ?
Les matières premières racontent une partie de l’histoire, avec le
prix du pétrole en glissement constant, signalisant ce que nous, dans la
communauté économique alternative disons depuis des années : la relance
avec des liquidités a fait caler les marchés (y compris les marchés de
l’énergie) qui aurait dû être autorisé à se dégonfler il y a longtemps,
et maintenant nous allons en subir les conséquences. Les prix du pétrole
brut ont chuté de 19% pour le seul mois de juillet alors que les
sociétés d’énergie dans le monde entier s’activent pour s’adapter. Le
prix de l’or et de l’argent, en fait leur valeur papier, a baissé de
façon considérable tandis que les achats physiques continuent de monter en flèche,
ce qui signifie que le prix des métaux, dans la rue, pourrait bientôt
être découplé du prix des marchés illégitimes et manipulés.
Certaines économies plus petites ou moyennes continueront de
surprendre les marchés avec des problèmes de volatilité de la dette,
comme Porto-Rico (approchant un possible défaut) et le Venezuela
(approchant une mort certaine). Ce sont des canaris supplémentaires dans
une mine de charbon, qu’il faut surveiller attentivement.
Il est également important de garder à l’esprit que les prix sur les
produits de base comme la nourriture et le logement restent élevés
malgré une déflation dans d’autres domaines (comme les salaires). Cela
donne à penser que nous sommes au milieu d’un environnement fiscal stagflationniste.
La centralisation est la clé de tout le développement économique unique que nous avons vu depuis le krach de 2008. Le Venezuela,
en particulier, est un marqueur pour savoir où nous allons tous : le
contrôle total des prix, la confiscation de la nourriture dans les
fermes, le rationnement et les cartes de rationnement informatisées afin
de contrecarrer toute tentative par les citoyens de stocker
l’essentiel. Ne présumez pas que de telles mesures draconiennes sont
limitées aux enfers socialistes du tiers monde. Ou, à tout le moins, ne
présumez pas qu’un pays comme les États-Unis ne soit pas sur le point de
devenir un enfer du tiers-monde.
Quant à l’Europe, le président français François Hollande a appelé ouvertement à un système centralisé de gouvernement de la zone euro,
afin de faire face à la crise économique actuelle (c’est quelque chose
sur lequel je vous ai mis en garde depuis plusieurs années). Le
gouvernement supranational est une fin de partie pour une humanité
souveraine, et l’UE est sur la voie rapide pour le réaliser.
En Chine, la marche continue vers l’inclusion du yuan dans le panier de monnaies des DTS du FMI, le plus grand système de centralisation économique de tous les temps. La récente suggestion par des gens du FMI de retarder
cette inclusion jusqu’en 2016 ne fait que renforcer la probabilité que
le yuan sera ajouté au panier. Si le FMI n’avait pas l’intention de
faire rentrer la Chine dans la bergerie, ils auraient suggéré un délai
de 5 ans comme ils l’ont fait en 2010. Pour ceux qui pensent que la
récente crise des marchés en Chine viendrait en quelque sorte
contrecarrer l’inclusion du yuan dans le DTS, détrompez-vous. Le FMI a
déjà annoncé que l’état des marchés en Chine n’aura aucune incidence sur
la conférence sur les DTS, qui est fixée à la fin de novembre.
Aux États-Unis, les marchés attendent les hausses de taux de la
Réserve fédérale. La question de la hausse des taux est sous-estimée par
certains analystes, qui semblent penser que les hausses initiales
seront mineures et se traduiront par peu ou pas de
répercussions. Les taux d’intérêt n’affectent pas seulement quelques
prêts bancaires ; ils sont le premier pilier soutenant la psychologie du
marché actuel. Il n’y a pas d’autre élément financier donnant une
influence positive à la psychologie des investisseurs. Il n’y a pas de
bonnes nouvelles économiques pour justifier le marché haussier de ces
dernières années. Il n’y a aucune forme discutée ouvertement de QE (et
un futur QE semble peu probable car ces stimuli renouvelés serait un
aveu que les trois premières tentatives de QE ont lamentablement échoué,
empêchant toute nouvelle forme d’assouplissement). Il n’y a aucune
retour à la normale. Et quand toute bonne nouvelle, même
mineure ou fabriquée, est présentée dans les médias dominants, les
marchés ont réagi négativement, de peur que cela hâte l’augmentation des
taux d’intérêt.
Au-delà de la psychologie et des faux espoirs, les augmentations,
même mineures, des taux d’intérêt vont essentiellement tuer le système
de prêts bancaires à grande échelle. Nous savons grâce aux quelques
audits des plans de sauvetage TARP
que des milliers de milliards de monnaie fiduciaire ont été créés
simplement pour nourrir les banques et les sociétés internationales à
travers le ZIRP
et que ce genre de prêt d’argent gratuit a été un pilier de la
financiarisation depuis. ZIRP est le principal moteur de rachats
d’actions et du marché d’actions haussier. Mais cela ne se poursuivra
que tant que les prêts de la Fed resteront gratuits (ou presque
gratuits). Des milliers de milliards de prêts peuvent générer des
milliards en intérêt, même avec une hausse mineure des taux, ce qui
signifie, avec la fin des ZIRP et de l’argent gratuit, que les banques
et les sociétés vont cesser d’emprunter, que les rachats d’actions vont
s’évaporer et que les actions vont perdre le soutien artificiel dont
elles ont joui jusqu’à présent.
Même les traditionnels soutiens de la presse financière commencent à
se demander pourquoi la Fed devrait pousser pour des hausses de taux et
prétendre que le système financier américain est en convalescence, alors
que toutes les autres informations conduiraient une personne
rationnelle à la conclusion contraire. Je tiens à souligner que dans le
but de comprendre les planificateurs centraux et les motivations
mondialistes, vous devez regarder ce qu’ils chassent.
Le travail de la Fed est de détruire l’économie américaine et le
dollar, pas de les sauver. Cela explique pourquoi la Fed continue de
nier la tourmente économique et fonce à corps perdu dans un scénario de
hausse des taux, même si personne dans les médias ne le leur a demandé.
Le travail de la banque centrale chinoise est de prendre toutes les
dispositions pour l’inclusion du yuan dans les DTS, malgré le fait que
la Chine est soi-disant en conflit avec les banques occidentales. La BCE
et l’Europe sont obsédés par un gouvernement centralisé, même si elles doivent casser plusieurs œufs
pour l’obtenir. Et le FMI et la Banque des règlements internationaux
sont programmés pour être les héros économiques de la journée, nous
avertissant tous (mais trop tard, bien sûr) de la chute potentielle des
politiques de relance des banques centrales et des obligations d’état.
Dans le monde trouble des fantaisies du marché, nos premiers repères
sont les fondamentaux eux-mêmes. L’offre et la demande peuvent être
présentées pour un temps par des statistiques manipulées, mais les
effets tangibles du déclin ne peuvent pas l’être. Nos repères
secondaires sont les chemins des internationalistes et des banques
centrales tracés au bulldozer à travers la forêt budgétaire. Pour toute
personne ayant un sens critique, la fin de partie est claire : la
centralisation totale est le but, et la peur économique est l’outil
qu’ils espèrent utiliser pour y arriver. J’ai écrit à de nombreuses
reprises sur cette menace dans les articles précédents ; mais la
première et la plus importante action est pour chacun de nous de
reconnaître, de tout cœur, que le système que nous connaissons se
termine. C’est fini. Ce qui va remplacer ce système dépend soit de nous
soit d’eux. Ce n’est qu’en admettant qu’il y a une fin à la fantaisie,
une fin douloureuse, que nous serons en mesure d’aider à déterminer
notre future réalité.
Brandon Smith
Liens
Un large survol de notre discours sur les marchés par Le Blog A Lupus
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