samedi 16 février 2019

Roger Stone refroidit l’ambiance

Article original de James Howard Kunstler, publié le 28 janvier 2019 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr


https://ei.marketwatch.com/Multimedia/2018/04/02/Photos/ZH/MW-GG639_rogers_20180402165919_ZH.jpg?uuid=b60dd0ce-36b8-11e8-bc35-ac162d7bc1f7

Peut-être que vingt-neuf agents du FBI en tenue de combat tactique et une flotte de SUV avec des lumières LED K-Force clignotantes n’ont pas suffi pour débusquer le super-vilain Roger Stone de sa cachette du sud de la Floride. Tu n’as jamais pensé à ça, n’est-ce pas ? Il aurait pu sortir de son trou comme John Wayne à Rio Bravo, brandissant une spatule ou un chausse-pied, puisqu’il n’avait pas de Colt-45 sous la main. Peut-être qu’ils auraient dû envoyer une équipe de SEALs et la ligne offensive des Boston Patriots en renfort. Bref, ils ont choppé le bonhomme ! Et CNN était là pour enregistrer la scène, grâce à l’embauche en 2018 de Josh Campbell, ancien agent spécial du FBI, qui avait été l’adjoint du directeur du FBI James Comey dans une carrière précédente. Comme le monde est petit ! Sans doute Josh a eu vent du raid avant l’aube.

 

http://zippythepinhead.com/Merchant2/graphics/00000001/other/images/ziporig2big.jpg

Roger Stone n’est pas la tasse d’antigel de tout le monde. Je ne veux pas me laisser aller à juger ce gars trop vite, mais soyons francs, physiquement, il ressemble un peu à Zippy-the-Pinhead – si, disons, Zippy avait réussi à l’université communautaire et appris comment gérer une cravate à quatre mains. Stone représente un certain type de caractère typique dans la politique américaine : Le Joker. Dans le sens Batman du rôle : l’arnaqueur sociopathe. Il s’est fait un nom en inventant des gags pour « Dick le tordu » Nixon, et s’est taillé une longue carrière en tant qu’opus noir politique dans les coulisses du côté républicain. La politique américaine, du moins de mon vivant, n’est qu’un long jeu d’insinuations – la proctologie telle qu’elle est pratiquée par les maitres du commerce électoral – et Roger est célèbre pour avoir trouvé de nouvelles façons comiques de la mettre bien profond à l’opposition.

Ainsi, le FBI est venu l’accuser de divers chefs d’accusation de mensonge, de falsification de témoins et d’obstruction à la justice, des accusations qui pourraient le mettre au frais jusqu’à la fin de ses jours – à moins que les agents ne puissent le faire craquer avec une belle confession sur le projet de Trump de vendre l’Arkansas à Vladimir Poutine, ou quelque chose comme ça.

Comme je le souligne souvent ici, l’histoire est aussi ingénue. Les choses s’envolent tout le temps hors du champ prévu. Des éléphants roses ; des cygnes noirs ; des nids d’abeille ; des guerres mondiales ; des crash boursiers et Roger Stone. J’ai une théorie selon laquelle Stone, à sa manière tordue, s’avérera être une sorte de héros improbable dans cette sous-section de l’inquisition Mueller. Comment cela pourrait-il fonctionner ? Malgré la tentative de le coincer pour des accusations qui le mettront en faillite et l’enverront mourir dans une glacière fédérale, Stone fera ce qu’il a dit sur les marches du palais de justice : il ne fera pas de faux témoignage contre M. Trump. Ce que cela signifie vraiment, c’est autre chose : il est prêt à entrer dans une cour de justice et à affronter les procureurs de Mueller.

Mueller ne veut pas que cette affaire soit jugée au tribunal, je vous l’assure. En l’occurrence, beaucoup de preuves sombres émergeront du côté de la défense dans un tribunal au sujet de la malfaisance criminelle au sein de l’équipe Mueller, et de leur dépendance envers le réseau Clinton de fixeurs, d’escrocs et de voleurs qui ont cuisiné ce coup tordu du FBI c’est-à-dire la longue collusion et l’ingérence russe, des années vous dis-je, au moins si on remonte au printemps 2016. La cause de Stone n’est pas sans rappeler celle du général Mike Flynn, qui a été envoyé à la niche pendant trois mois en décembre par le juge fédéral Emmet Sullivan pour reconsidérer son plaidoyer de culpabilité. Le juge Sullivan sait peut-être que les accusations portées contre le général Flynn constituent une faute professionnelle de la part de Mueller, et Sullivan est intéressé à juger l’affaire pour voir ce qui pourrait en ressortir. Il faudra attendre le mois de mars avant que quelqu’un sache si le général Flynn a eu l’esprit clair dans cette affaire.

Stone, d’un autre côté, est prêt au combat. Il a sans honte mis en place un site de soutien aux fonds de défense juridique (Googler le) parce que c’est l’Amérique où vous devez être un gérant de hedge fund pour vous défendre devant une cour de justice contre un bataillon d’inquisiteurs fédéraux qui n’ont jamais à soumettre de factures pour des heures facturables. Pour la plupart des citoyens américains, c’est comme être entraîné dans une fusillade avec un coupe-papier contre une batterie d’obusiers. Tout le monde dans le pays, y compris moi, a sûrement une piètre opinion de Roger Stone et de sa réputation en tant que fossoyeur des basses œuvres politiques. Mais je salue le courage dont il a fait preuve en allant au procès, ne serait-ce que pour voir les preuves présentées par les deux parties.

En attendant, je m’interroge sur autre chose. Bien sûr, Trump va finir en enfer à cause du blocage du gouvernement. Mais en le rouvrant pour trois semaines, est-ce que cela permettra de confirmer William Barr comme procureur général ? Et quand cela se produira, cela pourrait-il changer le cours des événements dans le show RussiaGate ?

Too much magic : L'Amérique désenchantée 

James Howard Kunstler

Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.

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