dimanche 3 février 2019

Un parallèle sans parallèle


Article original de Dmitry Orlov, publié le 24 février 2013 sur le site Peter Turchin
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr



Le conflit entre la Chambre contrôlée par les Démocrates et le président Trump est entré dans une nouvelle phase, lorsque la présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, a empêché Donald Trump de prononcer le discours sur l’état de l’Union devant la Chambre des Représentants. Trump a reculé et reporté son discours, mais ce n’est sûrement qu’une escarmouche dans le déroulement de cette guerre. Et il n’y a pas de fin en vue pour le shutdown du gouvernement.




Au fur et à mesure que les passions s’exacerbent de part et d’autre, je ne peux m’empêcher de penser à un autre conflit entre un chef d’État et une législature, qui a eu lieu il y a des siècles.

En 1642, le roi d’Angleterre Charles Ier entra au Parlement, accompagné de gardes armés, pour tenter d’arrêter cinq membres du commun pour haute trahison.

Cette escalade dans un conflit, qui bouillonnait depuis des années à ce moment-là, a été un déclencheur qui a mené directement à la guerre civile anglaise.



Charles a perdu la guerre, a été jugé et exécuté.



Ce que l’on sait moins, c’est qu’après la restauration de la monarchie en 1660, le Parlement a condamné à mort plusieurs dizaines de personnes responsables de l’exécution de Charles Ier (dont les 59 juges qui ont signé l’arrêt de mort). Un certain nombre d’entre eux a été pendu et coupé en quatre (ce qui est une façon particulièrement horrible de les exécuter). Certains de ceux qui ont fui en Europe ou en Nouvelle-Angleterre, ont été traqués et exécutés.

Y a-t-il une leçon à tirer de cette histoire ? Bien sûr, la situation est différente aujourd’hui. Trump n’a pas poursuivi l’escalade, mais a reculé. En tout cas, Trump n’est pas Charles Ier (après tout, Charles Ier était le chef des élites établies, tandis que Trump est une contre-élite, en utilisant le jargon de la théorie démographique structuraliste). Et on espère qu’aujourd’hui nous sommes plus civilisés (bien que je ne parierai pas là-dessus). S’il y a une leçon à tirer, c’est une leçon générale : l’escalade dans un conflit peut entraîner une conflagration dans laquelle il n’y a pas de gagnant.

Peter Turchin

1 commentaire:

  1. Bonjour,
    Rappelons très succinctement les évènements ayant conduit Charles Ier à l'échafaud.
    Les Anabaptistes transformés reparurent sous le nom de Puritains. On les trouve en Irlande ; mais les Catholiques s'arment ouvertement contre eux et les massacrent ; ils en assassinent 40.000. Ce forfait souleva l'Angleterre. On accusa le roi Charles Ier d'avoir provoqué ces meurtres, le peuple aveugle et furieux se souleva contre lui. Le Parlement força le roi à sortir de Londres. Cromwell alors se montre, s'empare de l'opinion et de l'armée et les dirige. Les troupes du roi sont battues ou paralysées. Il fait au roi un procès inique, et ce malheureux monte sur l'échafaud. C'est une première tentative d'oppression démocratique : la royauté immolée à la souveraineté du peuple. Ce n'est plus un roi qui gouverne, c'est une multitude inconsciente et irresponsable, comme toutes les multitudes.
    Moralité : laisson au lecteur perspicace le soin de faire le rapprochement entre cette conclusion et l'immense désordre qui règne actuellement dans le monde.
    Lien : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/fin-du-4eme-siecle-et-debut-du-moyen-age.html

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