jeudi 31 janvier 2019

Éteignez tout !


Article original de Dmitry Orlov, publié le 24 janvier 2019 sur le site Club Orlov
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

Shut it all down : Jeux de mot en anglais avec le « shutdown » en cours aux USA …



À moins que vous ne vous cachiez dans une grotte depuis quelques mois, vous avez probablement entendu dire que depuis environ 1 mois, près d’un million d’employés du gouvernement fédéral américain n’ont pas été payés. Certains se présentent encore au travail tandis que d’autres ont décidé de se joindre à l’économie informelle et prendre des petits boulots en attendant. Le personnel non essentiel a été mis en congés forcés. Il est assez curieux de constater que le gouvernement fédéral emploie près d’un million de personnes qui ne sont pas essentielles. Si le shutdown ou « arrêt des activités gouvernementales » dure assez longtemps pour leur permettre d’obtenir des emplois réels et essentiels dans le secteur privé, tout le monde en bénéficiera certainement.



Le gouvernement travaille au ralenti parce que les démocrates ne veulent pas approuver l’argent pour le mur de Trump à la frontière mexicaine. Les démocrates sont officiellement en faveur d’une clôture, mais appeler cela un mur est un anathème pour eux. On pourrait penser que Trump pourrait accepter de l’appeler temporairement « clôture », juste pour faire approuver le financement, et ensuite revenir en arrière pour l’appeler à nouveau « mur » plus tard, une fois qu’il aura été construit, mais il n’y a peut-être pas de place dans son… vocabulaire parcimonieux pour deux termes aussi semblables. Et maintenant, dans une escalade majeure, on empêche Trump de faire son discours annuel sur l’état de l’union devant le congrès. Mais c’est peut-être exactement ce que cela devrait être : De quelle « union » peut-il encore parler ?

L’un des principaux effets du shutdown est qu’il n’y a pas assez de membres du personnel de l’Administration de la sécurité des transports (TSA) qui se présentent au travail dans les aéroports pour continuer leur théâtre routinier au nom de la sécurité. Comme vous le savez probablement, il s’agit d’obliger tout le monde à enlever ses chaussures à cause d’un seul kamikaze, Richard Reid, dont les chaussures n’ont pas explosé. Il a été condamné à trois peines d’emprisonnement à perpétuité et à 110 ans de prison sans libération conditionnelle. Ça devrait lui apprendre l’art de la chausse ! Les agents de la TSA sont également chargés de filtrer vos bouteilles d’eau et autres liquides, de tester les biberons de lait maternel de votre bébé à la recherche d’explosifs et ainsi de suite à cause d’un certain groupe d’idiots qui ont déjà été piégés dans une tentative assez ridicule : mélanger un explosif liquide dans un lavabo d’avion. Ils n’auraient même pas pu obtenir de passeports sans l’aide des agents spéciaux qui les ont piégés. Enfin, il y a aussi le scanner corporel pour qu’un agent de la TSA puisse voir à quoi vous ressemblez nu grâce à l’ancien directeur de la FEMA Michael Chertoff qui a fait pression pour leur acquisition tout en travaillant comme lobbyiste pour leur fabricant Rapiscan (prononcé rapey-scan) et qui s’est fait un gros paquet de pognon au passage.

Il a été démontré à maintes reprises qu’aucune de ces mesures théâtrales de sécurité ne rend les vols plus sûrs. Les agents de la TSA sont bons pour s’assurer qu’une vieille grand-mère ne porte pas de chaussures qui explosent ou ne prévoit pas de faire des expériences chimiques dans les toilettes, mais c’est seulement le cas parce qu’à cet âge, personne ne tente jamais ce genre de choses. D’autre part, il a été démontré que quiconque tente de passer clandestinement des armes, des bombes ou d’autres matières interdites a très peu de difficulté à le faire. Aucune de ces mesures théâtrales de sécurité n’est jugée nécessaire dans d’autres pays, et pourtant l’effet de cette différence sur l’incidence des attaques terroristes sur les vols aériens n’est pas mesurable. La TSA ne fait rien d’utile et sa fermeture est une évolution positive.

Évidemment, le monde serait meilleur s’il y avait moins de terroristes, mais pour que cela se produise, il faudrait fermer quelques autres directions du gouvernement fédéral, notamment le ministère de la Défense, la CIA et certaines parties du Département d’État, celles qui s’ingèrent dans les affaires des autres pays. Les États-Unis seraient alors forcés d’arrêter de bombarder et de subvertir divers autres pays et tous les djihadistes qui détestent les États-Unis devraient trouver autre chose à détester ou s’adonner à un passe-temps complètement différent qui ne consiste pas à essayer de tuer des gens.

Une fois que les rangs de ceux qui veulent venir et « détruire l’Amérique » seront suffisamment éclaircis, les douanes et la protection des frontières deviendront superflues également. C’est tout aussi bien, puisqu’il y a une forte divergence d’opinions sur la question de savoir si une politique d’immigration et de contrôle des frontières saines, comme celle du Canada, où le gouvernement décide qui peut être admis en fonction de certaines lignes directrices et mesures rationnelles, serait une abomination inhumaine et un crime contre l’humanité. Laisser entrer tout le monde sans contrôle serait une expérience intéressante. Je me souviens qu’à un moment donné, les Romains ont essayé cela avec les barbares : ils les ont tous laissés entrer et en ont même fait des citoyens romains et… oh, attends !… OK, c’est un mauvais exemple. Mais ce serait quand même une chose intéressante à essayer.

Il est malheureux que les parcs nationaux soient fermés alors que le Pentagone et la CIA font toujours leurs sales besognes parce que, contrairement à eux, les parcs sont en fait utiles. D’autre part, il n’y a aucune raison pour que ces parcs soient nationaux. Les Canadiens réussissent parfaitement bien avec leurs parcs provinciaux et les États-Unis peuvent faire de même. Tout ce que les États-Unis ont à faire pour mettre en place un système de parcs provinciaux, c’est de dissoudre les États (en fermant d’abord leurs gouvernements, bien sûr) et de créer plutôt quelques provinces.

Fermer les États semble être une bonne idée de toute façon, puisqu’il ne s’agit pour la plupart que de canaux de financement inefficaces pour les fonds fédéraux. On peut donc s’attendre à ce qu’un shutdown permanent du gouvernement fédéral déclenche un effet domino de shutdown des États. Les États dissous pourraient alors être regroupés en provinces de taille raisonnable. La Californie et le Texas sont tous deux trop grands et devraient être divisés en deux provinces alors que toute les États de l’ancienne Nouvelle-Angleterre pourraient être regroupés en une seule province. Enfin, il y a la question de savoir comment appeler l’ensemble. Ici, je pense qu’il serait éminemment raisonnable de suivre l’exemple du Canada et du Mexique et de s’appeler eux-mêmes en l’honneur de leurs premiers habitants. Pourquoi ne pas appeler tout le pays Indiana ?
Les cinq stades de l'effondrement

Dmitry Orlov

Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateur de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.

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