Article original de Andrew Korybko, publié le 21 Juin 2017 sur le site Oriental Review
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Il y a longtemps que l’Arabie saoudite et Israël
coopèrent l’un avec l’autre contre leur rival iranien commun, et que
leurs liens stratégiques avec les États-Unis sont ce qui les rapproche. Cependant,
en raison des sensibilités politiques des deux côtés, aucun des deux
n’a formellement reconnu l’existence de cette coordination en coulisses,
et encore moins leur pays respectif. Néanmoins,
des rapports ont circulé au cours des derniers mois indiquant que Trump
et son équipe travaillent fort dans les coulisses pour rassembler
publiquement les deux afin de cristalliser plus solidement ce qui s’est
avéré être une coalition anti-iranienne très fragile et désunie.
La première étape consiste, selon les sources médiatiques internationales et israéliennes, à encourager doucement l’Arabie saoudite et Israël à négocier des relations économiques entre les deux parties. Cela
constituerait une reconnaissance de fait de plusieurs façons et
pourrait, comme on s’y attend, faire beaucoup pour une transition plus
lisse, l’un de ces jours, vers une reconnaissance formelle. L’Arabie
saoudite ne serait pas seule dans cette situation, car elle aurait sans
doute le soutien des Émirats arabes unis et de certains de ses autres
alliés régionaux, le Qatar étant visiblement absent de cet arrangement à
la lumière de la récente guerre froide qui a éclaté entre les deux pays du Golfe.
En
outre, un autre élément joue. L’Arabie saoudite pourrait permettre aux
pèlerins palestiniens de voler directement à partir de leurs territoires
occupés vers le Royaume avec une escale simple et symbolique dans la
capitale jordanienne d’Amman. Si
cela se produit réellement, cela aurait un symbolisme puissant dans
toute la communauté musulmane mondiale en montrant que le gardien des
Deux Saintes Mosquées est fondamentalement d’accord avec Israël et son occupation de la Palestine.
Alors que Trump pourrait s’associer à cela et que les liens économiques formels supposément proposés entre le Golfe et Israël
enverraient un message positif à d’autres pays musulmans pour suivre
leurs traces. Il est aussi possible que cela puisse se retourner contre
Riyad en générant un énorme mécontentement parmi le public international ciblé, au point qu’aucun autre État ne suivrait ce plan.
Donc, dans l’ensemble, il y a beaucoup de risques liés à ce que Trump essaie de faire. Il
parie que le poids lourd sunnite, l’Arabie saoudite, est assez influent
pour que d’autres pays musulmans suivent son chemin, mais il se
pourrait qu’il n’y ait pas assez d’argent dans les coffres du Royaume
pour financer les pots de vin que cela pourrait nécessiter. En
outre, même ce mouvement pourrait encore compromettre la crédibilité du
pays aux yeux de tous les croyants qui sont conscients de ses crimes
régionaux, en avançant essentiellement l’argument répandu dans certains
cercles que les Saoudiens sont des « vendus » dans chaque cas, et
que leur garde des Deux Saintes Mosquées ne fait pas automatiquement
d’eux des modèles moraux dont les politiques doivent être suivies
aveuglément.
Andrew Korybko
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