Article original de James Howard Kunstler, publié le 8 novembre 2019 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
On dit qu’il a vu les petits toutous dans le jardin et ne les a pas trouvés en forme – non, pire, dangereusement affaiblis, mous, insipides, leurrés dans une sorte d’hébétude pathologique – et maintenant, peut-être que Michael « Mike » Bloomberg va endosser sa vieille armure d’acier et son plastron en Kevlar, prendre sa lance, et s’en aller dans une Lincoln Navigator pour tuer le Golem d’Or de la Grandeur rodant dans la campagne … le dernier grand espoir de la génération des Boomers. En tout cas c’est la rumeur, ou peut-être plutôt un rêve fiévreux des élites rétives qui mijotent dans leurs domaines privés, écoutant des discours ennuyeux sur la confiscation de la richesse, venant de très loin dans les fourrés des États bouseux.
Voici ce qui est généralement mal compris au sujet de la carrière de maire de Michael Bloomberg à New York City. Il n’a pas tant géré ou dirigé personnellement la fabuleuse renaissance de Manhattan et de Brooklyn après le 11 septembre, la rénovation de tous ces quartiers sordides, la construction de tant de nouvelles tours d’appartements étincelantes, le merveilleux polissage du joyau vert d’Olmstead, Central Park, le nettoyage du quartier dégoûtant autour de Times Square, et la défaite de la criminalité de rue – des améliorations palpables à coup sûr – alors qu’il présidait à la financiarisation de l’économie gérée par les élites de Wall Street, au prodigieux avantage du Old Gotham, alors que tous les actifs arrachés à une industrie américaines sclérosée ont été transférés hors du pays et convertis, abracadabra, en une infinité de crédits numériques sur les comptes bancaires des Too Big To Fail, dont la relance de New York City fut un simple effet secondaire. Et ainsi, Mike Bloomberg est maintenant appelé à défendre l’empire de l’argent sous la menace grave de ces nains du jacobinisme socialiste qui viennent infester le Parti démocrate. Ou quelque chose comme ça – tout n’est-il pas affaire de narratif, de nos jours ?
Les gens semblent oublier que Mike était républicain lorsqu’il a présidé à toute cette gloire, mais soyons réalistes, ce dont l’autre parti a peut-être vraiment besoin, c’est d’une approche moins démocratique de la situation actuelle : l’inégalité historique de la richesse et le crépuscule écœurant du long « siècle américain », et de tous ses usufruits.
Bien sûr, à 77 ans, Mike représente aussi le super-bouffon du wokesterisme, la religion des néo-Jacobins, à savoir les vieux hommes Blancs – horreur et effronterie ! L’ultime soufflet à la face à tous les trans-humains délirants du campus, les boiteux, les paralysés, les mal-genrés, les victimes perpétuelles, les opprimés de l’intersectionnalité, les obsédés du téléphone ! Vont-ils tolérer que ce milliardaire imposteur soit envoyé au combat par tous ces vilains du Capitole portant haut de forme et chaussette de soie ? Plus précisément, Bernie va-t-il siffler « faute », comme il ne l’a pas fait en 2016 après que les rats d’égouts du DNC, pro-Hillary, ont inondé la zone et l’ont noyé avec leurs super-délégués ? Elizabeth Warren va-t-elle entamer une danse de la guerre « cherokee » ? Hillary trouvera-t-elle un moyen de délivrer 7,5 grammes de plomb dans le bulbe rachidien de Mike ?
Et comment Mike se mesure-t-il à son ancien camarade, new-yorkais lui aussi, un Boomer et parfois adversaire, M. Trump ? Malgré tous ses attributs dorés, il est indéniable que M. Trump est aimé par ce qu’on appelait autrefois le Sel de la Terre – et plus récemment les « déplorables » – malgré le fait que le président n’a peut-être jamais pris le métro de New York de sa vie bien remplie, alors que Mike était un célèbre usager-debout-dans-le-métro de sa ville à son heure de gloire. Quelle horrible ironie ! En outre, le président DJ Trump n’est presque jamais vu vêtu d’autre chose que la camisole de force d’un costard-cravate, boutons de manchette dorés et tout le toutim, tandis que Mike est souvent apparu, dans les riches propriétés des Hamptons, entre amis, en jean, polo et mocassins Gucci en parfaite décontraction ce qui, de nos jours, équivaudrait à des vêtements de hippie.
L’argument de vente le plus évident de Mike est qu’il semble être ce que l’on appelait autrefois « une personne normale », c’est-à-dire une personne qui parle, agit et se comporte normalement de façon générale. Mais, normal pour qui de nos jours ? Peut-être pas pour les clients de WalMart, qui s’éreintent par dizaines de milliers dans les arènes du pays profond où M. Trump jette ses sorts magiques de manière bourrue, en langage clair et simple, très apprécié dans notre époque de baratins d’avocats, ignobles et affabulateurs, de conneries crypto-métaphysique sur l’identité sexuelle, et d’ambiguïté cupide des membres de l’Ivy League incrustés au New York Times.
En parlant de cela, que pourrait faire Mike Bloomberg au sujet du cirque de la destitution dirigé par l’imbécile Adam Schiff, qui risque de finir en un méli-mélo d’humiliation si intense, que même toute l’armée planétaire d’avocats marrons, convertis en guerriers ninjas, ne pourra pas sauver l’honneur perdu du Parti démocrate ? Ou, comment une campagne de Bloomberg va-t-elle traverser le blizzard d’inculpations contre les anciens agents, les redevables, les corsaires, les petites mains, fantassins et sirènes médiatiques de l’État profond d’un Barack Obama en fuite ?
James Howard Kunstler
Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.
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