lundi 4 novembre 2019

Entendez le bruit de l’autre chaussure qui tombe le soir

Article original de James Howard Kunstler, publié le 25 octobre 2019 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr


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Il était intéressant de voir les divas de Cable News devenir incandescentes sous l’éblouissement de leur propre hallucination hier soir quand elles ont reçu la désagréable nouvelle que l’« enquête préliminaire » de Barr & Durham sur le RussiaGate avait été officiellement transformée en une « enquête criminelle ». Le visage boudeur habituel de Rachel Maddow faisait de l’exercice pendant qu’elle s’efforçait d’imaginer « … ce que Durham était en train d’examiner ». Oui, c’est une charade, enveloppée dans un mystère, à l’intérieur d’une énigme, d’accord… mais avec un cordon détonant qui crépite. Bienvenue au Club des émules de Will E. Coyote, Rachel. Tu auras beaucoup de compétition quand les débats du Sunday Morning News vont s’animer.




Quelques minutes plus tard, la réponse lui est venue : « Son enquête suit les théories du complot les plus sauvages de Fox News ! »

On pourrait penser que quelqu’un qui a investi plus de deux ans de sa vie sur le rapport Mueller, qui lui a explosé au visage le printemps dernier, aurait pu ressentir un pincement de curiosité journalistique quant aux tenants et aboutissants de cette affaire. Mais non, elle a juste fait poussé à l’écran l’intrigant David Laufman, un ancien avocat du Ministère de la Justice qui dirigeait le Bureau de contrôle des exportations et du contre-espionnage pendant les années du RussiaGate, et qui a aussi aidé à superviser la mise en place du serveur de courriel privé de Hillary Clinton.

« Ils ont cette théorie », dit Rachel, « que peut-être la Russie n’est pas intervenue dans les élections… »

« C’est grotesque », a déclaré M. Laufman, tout prêt à prendre un ticket pour une place dans la queue des témoins devant le grand jury. (Note : M. Laufman a également été très impliqué dans le fiasco de Brett Kavanaugh en tant qu’avocat de la meilleure amie de Christine Blasey Ford, l’ancienne agent du FBI Monica McLean.)

Dans la salle fermée à double tour de CNN, Andy Cooper et Jeff Toobin ont tenté de digérer les nouvelles de l’enquête criminelle comme si quelqu’un avait commandé une assiette de sandwiches avariés pour le plateau, juste avant la diffusion. Toobin prétendait ne pas savoir exactement qui était le mystérieux Joseph Mifsud, et luttait même pour prononcer son nom : « ….Mifsood ? Misfood…. ?  (Malbouffe, NdT) Vous voulez dire le professeur italien ? » Non Jeff, le gars employé par plusieurs agences de renseignement étrangères « amies », et la CIA, pour enterrer George Papadopoulos, un conseiller de Trump, campagne qui a échoué. Je suppose que lorsque vous êtes au cœur de l’actualité télévisée, vous n’êtes pas obligé de suivre les reportages qui ne font pas partie de votre champ de pensée et de votre expérience.

Andy a ensuite traîné à l’écran l’ancien directeur du Renseignement national James Clapper (aujourd’hui « contributeur » rémunéré de CNN) pour faire la distinction entre « l’enquête globale sur l’ingérence russe » et « l’enquête de contre-espionnage lancée par le FBI ». Considérez que M. Clapper était en plein milieu entre la CIA et le FBI. Puisqu’il est connu pour être un ami de M. Comey et un non-ami de M. Brennan, on peut facilement voir dans quelle direction M. Clapper s’incline. On peut aussi voir le peloton d’exécution circulaire [chacun tue son voisin, en cercle …, NdT] qui se met en place. Et, bien sûr, M. Clapper lui-même fera l’objet d’une procédure pénale dans l’affaire Durham. Je prédis qu’octobre sera le dernier mois où M. Clapper recevra un chèque de paie de CNN – alors qu’il se barricade avec ses avocats en attendant l’assignation à comparaître avec son nom dessus.

L’article du New York Times sur la tournure des événements de vendredi matin est une tentative boiteuse pour sauver l’ancien directeur du FBI Jim Comey en mettant la responsabilité du RussiaGate sur le dos de la CIA en jetant John Brennan  sous le bus. Le rapport du Times dit : « M. Durham a aussi demandé si la CIA n’aurait pas trompé le FBI pour qu’il ouvre l’enquête sur la Russie. » Voilà le prochain récit pour vous. Attendez-vous à l’entendre sans cesse pendant une bonne partie de l’année 2020 : « Fichtre, on a été couillonnés ! »

Je me demande s’il y a moyen de tenir les garçons de courses, et les filles, des médias responsables pour leur rôle de passe-plats dans ce que l’on finira par appeler un coup d’État séditieux visant à renverser un président. Nous jouissons de la liberté de la presse dans ce pays, mais je vois très bien comment ces oiseaux méritent d’être inculpés en tant que co-conspirateurs subalternes dans cette affaire. On se demande si les divers conseils d’administration des journaux et des câblo-opérateurs ne chercheraient pas à sauver leur amour-propre en congédiant les dirigeants qui ont permis que cela se produise. S’il y a quoi que ce soit de salutaire dans le résultat de ce gâchis, ce serait un retour à la respectabilité des médias d’information.

Pour ce qui est de la destitution, le Représentant Adam Schiff, chef d’orchestre de cette opération, s’enflamme sûrement avec son propre moment historique comme celui de Joe McCarthy jusqu’à ce que quelqu’un, dans une position incontestable, le dénonce comme un imposteur et une canaille… et le mystérieux fonctionnement du comportement non linéaire fait pencher la mafia politique vers le  seuil critique, faisant passer le poids du consensus hors de l’ombre et de la démence. Cela s’est déjà produit dans l’histoire. Deux siècles avant Joe McCarthy, l’Assemblée nationale française s’est soudainement retournée contre les Jacobins, Robespierre et St. Juste, après leur orgie de décapitation de 17 000 ennemis. Les deux ont rapidement été envoyés à leur guillotine bien-aimée et la faction jacobine n’a plus jamais été entendue – jusqu’à récemment en Amérique, où elle a d’abord infecté les universités, puis a empoisonné l’ensemble de la politique malade jusqu’à la mort.

Too much magic : L'Amérique désenchantée 

James Howard Kunstler

Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.

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