samedi 25 février 2017

Cette guerre que vous avez commandée…

Article original de James Howard Kunstler, publié le 17 Février 2017 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

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Le « gaslighting » du public américain continue, avec son Gaslighter-en-Chef, le New York Times, attisant une frénésie de paranoïa anti-Russie.

Cela me rappelle un vieux gambit de pêche à la mouche appelé l’« éclosion artificielle ». La truite aime se gorger de nymphes de mouches alors qu’elles s’élancent hors d’un ruisseau et délaissent leurs coquilles de nymphes pour s’envoler en tant qu’adultes ailés. Les insectes le font en grappes, à un moment donné de la journée, selon les sous-espèces. Cette « éclosion » entraîne la truite dans une frénésie d’alimentation.

La plupart du temps, bien sûr, il ne se passe rien sur la rivière, donc le pêcheur à la mouche, ennuyé, fouette sa ligne ici et là autour d’un endroit particulier, en essayant de créer la simulation d’une éclosion de mouches pour piéger la truite. C’est, pour être franc, une esquive grossière, vraiment un acte de désespoir. Mais au moins cela donne au pêcheur quelque chose à faire pendant un certain temps, au lieu de s’inquiéter de rater un autre paiement hypothécaire.



Le gaslighting est une forme de manipulation qui cherche à semer les graines du doute dans l’esprit d’un individu ciblé ou de membres d’un groupe, en espérant que les cibles vont remettre en question leur propre mémoire, leur perception de la réalité et leur santé mentale.

Attiser la paranoïa contre la Russie est une affaire sérieuse, car elle indique qu’un état de guerre existe entre la bureaucratie permanente du gouvernement et l’administration Trump. Il y a des aspects de la lutte qui devraient être beaucoup plus inquiétants que la douteuse prétendue affaire du piratage de l’élection par la Russie et le buzz autour d’un appel téléphonique intercepté entre Michael Flynn et l’ambassadeur de Russie, premier acte pour ouvrir un canal de communication entre hauts fonctionnaires, affaires strictement routinières dans toute autre administration.

Les plus inquiétants sont les signes que la soi-disant communauté du renseignement (IC) est devenue une entité voyou en collusion avec des forces alignées autour des fonctionnaires du Parti démocrate jusqu’à et y compris l’ancien président Obama et Hillary Clinton, avec CNN, The NY Times, The Wash-Po, NBC News et quelques autres porte-parole de l’establishment défait. Obama et Hillary restent visiblement séquestrés dans ce maelstrom, mais ils doivent travailler avec leurs téléphones comme personne d’autre. (Est-ce que les services secrets les surveillent aussi ? On se le demande.)

Jusqu’à sa conférence hier soir tel un Queeg-sur-steroïde, Trump a été quelque peu bousculé après que le général Flynn a été jeté sous le bus, mais il doit déjà comploter des contre-mouvements, avec Steve Bannon et Steven Miller tirant sur leurs laisses, bavant du sang. Y aurait-il des employés à la CIA et aux seize autres avant-postes des services secrets qui surveillent le gouvernement comme des bivalves sur un ponton pourri, qui seraient convoqués au bureau ovale, et éventuellement mis à pied ? Comment pouvez-vous drainer ce marécage à Langley ? Peut-être avec des citations à comparaître ? Sûrement que Jeff Sessions, au ministère de la Justice, doit préparer une action contre les agents des services secrets organisant des fuites. Ces méthodes de voyou sont contre la loi.

Le prochain élément troublant sur la situation concerne les tambours de guerre frappés par le même groupe de personnages : les services secrets, le Parti démocrate et les grands médias. Pourquoi diable nous opposons-nous à la Russie ? Au cours du dernier mois du mandat d’Obama – et pour la première fois depuis de nombreuses années –, l’OTAN a déplacé un groupe de chars près de la frontière russe au niveau des États baltes. Pensez-vous vraiment que la Russie veut réoccuper ces pays pour le plaisir de les subventionner et de vider le trésor russe ? Lors des derniers jours d’Obama, les fonctionnaires gouvernementaux ont proféré des accusations gratuites et non spécifiques sur « l’agression russe », et des affirmations vagues sur les plans russes pour dominer la scène mondiale. Mais de quoi parlent-ils ? Il y a une situation vraiment moche en Ukraine, bien sûr, mais qui a été conçue par le département d’État d’Obama.

Savez-vous pourquoi la Russie a annexé la Crimée après cela ? Il ne pouvait pas y avoir de raisons rationnelles plus transparentes. Et quel est exactement notre duel avec la Russie en Syrie ? Qu’ils tentent de soutenir le gouvernement Assad parce que la dernière chose dont le Moyen-Orient a besoin, c’est d’un autre État défaillant sans gouvernement ? Quel est notre plan pour la Syrie, de toute façon ? Comme celui pour la Somalie, l’Irak et la Libye ? Ces histoires sur les intentions de la Russie semblent insensées. Il est étonnant que les lecteurs du New York Times les avalent sans rien dire. Cela en dit beaucoup au sujet de la détérioration du patrimoine génétique des élites habitant les côtes Est et Ouest. Les narrateurs ont pourtant un but : promouvoir un état d’hostilité permanent, de style néo-guerre froide, pour justifier les opérations grossièrement grotesques des services secrets.

Notez aussi que la nouvelle guerre froide profite aux milliers des ex-membres de la CIA et des officiers militaires américains à la retraite qui ont signé pour travailler comme entrepreneurs privés de l’État profond ces dernières années. Une nouvelle guerre froide est un fond de commerce. Que diriez-vous d’une enquête du Congrès sur le nombre d’entrepreneurs privés de sécurité vendant leurs services à l’État profond, et pour savoir exactement qui ils emploient ? Maintenant cela pourrait être un scandale bien plus grand que le Watergate, pas comme l’affaire Mike Flynn.

Vous êtes-vous demandé à quoi ressemblerait la guerre avec la Russie si les vœux des cornichons comme le sénateur McCain et Lindsey Graham se réalisaient ? Où est le champ de bataille ? Est-ce que nous envoyons quelques divisions pour envahir la Russie proprement dite ? Napoléon et Hitler ont déjà essayé et… ça n’a pas très bien fonctionné. Et quel est l’objectif stratégique ? Occuper la Russie et les éduquer à la démocratie ? Super idée. Ou retournons-nous à la lutte dans les guerres par procuration contre la Russie dans divers pays du tiers-monde, comme nous l’avons fait si sérieusement dans les années 1960 ? Un autre Vietnam serait bien, non ? Exactement ce dont nous avons besoin. Ou peut-être une guerre de cinquante ans comme celle du Congo. Ou devrions-nous mettre de côté tout ce non-sens et juste lâcher une grosse bombe, pas un millier, juste une ! Oh, mais attendez une minute… ils ont aussi beaucoup de leurs propres grosses bombes.

Maintenant, il se peut que le président Donald Trump soit fou, mais préparer de fausses hostilités avec la deuxième superpuissance nucléaire du monde est une étrange façon d’exécuter un coup d’État contre la Maison Blanche. Je veux dire, si ça va aussi mal que ça, les généraux et les hauts « spectres » devraient partir à l’assaut sans autre prétexte et défaire ce fou – comme j’ai prédit qu’ils le feraient dans les soixante jours suivant l’inauguration. Mais alors même si Trump est fou et incompétent, pourquoi la matrice sécuritaire de l’État profond refuse-t-elle d’être subordonnée à quelqu’un et peut-elle faire ce qu’elle veut à qui elle veut ? Cette chose se transforme en fusillade ordinaire à OK Corral. Si vous connaissez votre histoire, vous vous souviendrez que Wyatt Earp n’était pas vraiment le scout Aigle qu’il est devenu à la télévision. C’était un voyou, avec une rage folle. Peut-être que c’est ce qu’il faut pour résister à l’État profond.

James Howard Kunstler

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