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Bien que mon principal centre d’intérêt académique ait été la physique théorique, j’ai toujours eu un très fort intérêt pour l’histoire, en particulier celle de l’ère classique. Essayer d’extraire le véritable schéma des événements d’une collection de documents sources souvent fragmentaires, peu fiables et contradictoires a été un exercice intellectuel stimulant qui a mis à l’épreuve ma capacité d’analyse. Je crois que j’ai même contribué de manière significative à ce domaine, y compris un court article paru en 1985 dans le Journal of Hellenic Studies qui a passé au crible les sources anciennes pour conclure qu’Alexandre le Grand avait de jeunes frères qu’il a assassiné quand il est arrivé sur le trône.
Cependant, je ne me suis jamais intéressé à l’histoire américaine du XXe siècle. D’une part, il m’a semblé si évident que tous les faits politiques fondamentaux étaient déjà bien connus et commodément fournis dans les pages de mes manuels d’introduction à l’histoire, laissant ainsi peu de place à une recherche originale, sauf dans les recoins les plus obscurs.
De plus, la politique de l’Antiquité était souvent colorée et excitante, les dirigeants hellénistes et romains étant si souvent renversés par des coups d’État ou victimes d’assassinats, d’empoisonnements ou d’autres morts prématurées d’une nature hautement suspecte. En revanche, l’histoire politique américaine était remarquablement fade et ennuyeuse, dépourvue de tels événements extra-constitutionnels pour lui donner du piquant. Le bouleversement politique le plus dramatique de ma vie avait été la démission forcée du président Richard Nixon, menacé de destitution, et les causes de son départ de ses fonctions – certains petits abus de pouvoir et un camouflage ultérieur – étaient si clairement sans conséquence qu’elles affirmaient pleinement la force de notre démocratie américaine et le soin scrupuleux avec lequel nos médias surveillants ont contrôlé les actes des plus puissants eux-mêmes.
Avec le recul, j’aurais dû me demander si les coups d’État et les empoisonnements de l’époque impériale romaine avaient été relatés avec exactitude en leur temps, ou si la plupart des citoyens en toges de l’époque étaient totalement inconscients des événements abominables qui déterminaient secrètement la gouvernance de leur propre société.
Comme ma connaissance de l’histoire américaine n’était pas plus approfondie que mes manuels scolaires de base et mes journaux et magazines grand public, la dernière décennie a été pour moi un voyage de découverte, et souvent choquant. J’ai atteint l’âge adulte bien des années après que la peur des espions communistes des années 1950 se soit estompée et, d’après ce que j’ai lu, j’ai toujours trouvé toute cette affaire plus amusante qu’autre chose. Il semblait que le seul « Rouge » important jamais capturé, qui pouvait ou non être innocent, était un obscur individu portant le nom improbable d’« Alger Hiss », et aussi loin que dans les années 1980, ses enfants proclamaient encore férocement son innocence complète dans les pages du New York Times. Bien que je pensais qu’il était probablement coupable, il me semblait également clair que les méthodes adoptées par ses persécuteurs, tels que Joseph McCarthy et Richard Nixon, avaient fait beaucoup de tort à notre pays durant l’époque malheureuse qui porte le nom du premier personnage.
Au cours des années 1990, je lisais à l’occasion des critiques de nouveaux livres basés sur les Venona Papers – les câbles soviétiques décryptés qui ont finalement été déclassifiés – et ils semblaient suggérer que le réseau d’espionnage communiste avait été à la fois réel et beaucoup plus étendu que je ne l’avais imaginé. Mais ces événements, un demi-siècle plus tôt, n’étaient pas très importants dans mon esprit, et de toute façon, d’autres historiens ont mené une bataille d’arrière-garde dans les journaux, arguant que beaucoup des textes de Venona étaient frauduleux. J’ai donc peu réfléchi à la question.
Ce n’est qu’au cours des douze dernières années, alors que mon projet d’archivage de contenu m’a fait prendre conscience de la purge des années 1940 de certains des plus éminents intellectuels publics américains – et que j’ai commencé à examiner leurs livres et articles – que j’ai commencé à réaliser l’importation massive des câbles soviétiques. J’ai vite lu trois ou quatre des livres sur les Venona Papers et j’ai été très impressionné par leur analyse scientifique objective et minutieuse, qui m’a convaincu de leurs conclusions. Et les implications étaient tout à fait remarquables, en fait très sous-estimées dans la plupart des articles que j’avais lus.
Prenons, par exemple, le nom Harry Dexter White, sûrement inconnu de presque tous les Américains d’aujourd’hui et dont les Venona Papers ont prouvé qu’il était un agent soviétique. Au cours des années 1940, son poste officiel n’était qu’un des nombreux postes de secrétaire adjoint au Trésor, sous la direction de Henry Morgenthau Jr, un membre influent du cabinet de Franklin Roosevelt. Mais Morgenthau était en fait un gentleman-farmer, presque entièrement ignorant de la finance, qui avait obtenu son poste car il était le voisin de FDR, et selon de nombreuses sources, White dirigeait en fait le département du Trésor sous son autorité titulaire. Ainsi, en 1944, c’est White qui négocia avec John Maynard Keynes, l’économiste le plus éminent de Grande-Bretagne, pour jeter les bases des accords de Bretton Woods, du FMI et des autres institutions économiques occidentales de l’après-guerre.
De plus, à la fin de la guerre, White avait réussi à étendre le pouvoir du Trésor – et donc sa propre zone de contrôle – qui était normalement géré par le Département d’État, surtout en ce qui concerne les politiques relatives à l’ennemi allemand vaincu. Son œuvre comprend notamment le fameux « Plan Morgenthau », qui propose le démantèlement complet de l’immense base industrielle au cœur de l’Europe, et sa reconversion en région agricole, impliquant automatiquement l’élimination de la majeure partie de la population allemande, que ce soit par la faim ou l’exode. Et bien que cette proposition ait été officiellement abandonnée sous la protestation massive des dirigeants alliés, les livres de nombreux observateurs de l’après-guerre tels que Freda Utley ont soutenu qu’elle a été partiellement mise en œuvre dans la réalité, des millions de civils allemands ayant péri de faim, de maladie et autres conséquences de privations extrêmes.
À l’époque, certains observateurs croyaient que la tentative de White d’éradiquer une grande partie de la population allemande survivante prostrée était motivée par sa propre origine juive. Mais William Henry Chamberlin, depuis longtemps l’un des journalistes américains les plus respectés en matière de politique étrangère, soupçonnait fortement qu’il s’agissait d’un plan profondément cynique, destiné à infliger une telle misère aux Allemands vivant sous occupation occidentale que le sentiment populaire se déplacerait automatiquement dans une direction fortement pro-soviétique, permettant à Staline de prendre le dessus en Europe centrale, et plusieurs autres historiens sont arrivés à des conclusions similaires.
Plus remarquable encore, White parvint à faire expédier aux Soviétiques un jeu complet des plaques utilisées pour imprimer la monnaie d’occupation alliée, ce qui leur permit de produire une quantité illimitée de billets de banques reconnus comme valides par les gouvernements occidentaux, permettant ainsi à l’URSS de financer son occupation de la moitié de l’Europe après guerre sur le dos des contribuables américains.
Finalement, la suspicion de la loyauté véritable de M. White l’a amené à démissionner brusquement de son poste de premier directeur américain du FMI en 1947 et, en 1948, il a été appelé à témoigner devant la Commission des activités anti-américaines de la Chambre. Bien qu’il ait nié toutes les accusations, il a du témoigner à nouveau, avec intention de le poursuivre pour parjure et d’utiliser la menace d’une longue peine de prison pour l’obliger à révéler les autres membres de son réseau d’espionnage. Toutefois, presque immédiatement après sa première rencontre avec le Comité, il aurait souffert de crises cardiaques soudaines et serait décédé à l’âge de 55 ans, bien qu’apparemment aucune autopsie directe n’ait été pratiquée sur son corps.
Peu de temps après, d’autres espions soviétiques ont également commencé à quitter ce monde à des âges encore jeunes et en un court laps de temps. Deux mois après la mort de White, l’espion soviétique W. Marvin Smith a été retrouvé mort à l’âge de 53 ans dans la cage d’escalier du Ministère de la Justice, après être tombé de cinq étages, et soixante jours plus tard, Laurence Duggan, un autre agent très important, a perdu la vie à 43 ans après une chute du 16e étage d’un immeuble à New York City. Tant d’autres décès prématurés d’individus au passé similaire se sont produits au cours de cette période générale qu’en 1951, le Chicago Tribune, un journal de droite, a publié un article complet dans lequel il faisait état de ce schéma plutôt suspect. Mais bien que je ne doute pas que les nombreux militants anticommunistes de cette période aient échangé de sombres interprétations de tant de morts fortuites, je ne suis pas au courant que de telles « théories du complot » aient jamais été prises au sérieux par les médias traditionnels plus respectables, et certainement aucun indice de cela n’a atteint les manuels d’histoire standard qui constituaient ma première connaissance de cette période.
Parfois, les nouveaux venus dans un domaine donné remarqueront des tendances moins évidentes pour ceux qui connaissent le sujet depuis longtemps, ce qui leur permettra de discerner plus facilement la forêt au milieu des arbres. Ma propre connaissance très superficielle de l’histoire américaine du XXe siècle m’a accablé d’idées préconçues sur l’évolution de cette époque, et le nombre important d’espions soviétiques accusés à la fin des années 1940 m’a progressivement fait m’interroger sur d’autres décès soudains à cette même époque.
Par exemple, je suis tombé sur Target Patton de Robert K. Wilcox, qui m’a fourni des preuves très solides que l’accident de voiture mortel de 1948 qui a coûté la vie au général George S. Patton n’était pas accidentel, mais plutôt un assassinat commis par l’OSS américain lui-même, précurseur de la CIA, qui était alors aussi très infiltrée par des agents soviétiques. Contrairement aux décès susmentionnés, qui étaient très suspects du point de vue du timing et de la séquence concentrée, dans le cas de Patton, les preuves étaient considérablement plus solides, y compris les aveux publics de l’assassin de l’OSS des décennies plus tard, dont le contenu de son journal personnel étayait les affirmations de l’auteur.
Au moment de sa mort, Patton était l’officier militaire américain le plus haut gradé en poste sur le continent européen et certainement l’un de nos héros de guerre les plus célèbres. Mais il s’était âprement heurté à ses supérieurs civils et militaires au sujet de la politique américaine à l’égard des Soviétiques, qu’il considérait avec une intense hostilité. Il est décédé la veille de son retour aux États-Unis, où il prévoyait de démissionner de son poste et commencer une importante tournée nationale pour dénoncer nos dirigeants politiques et exiger une confrontation militaire avec l’URSS. Avant de tomber sur le livre en question, qui avait été totalement ignoré par l’ensemble des médias américains, je n’avais jamais rencontré la moindre allusion à la mort de Patton et je n’étais pas au courant des plans politiques qu’il avait élaborés avant son soudain accident mortel.
Une fois qu’un modèle possible a été observé, l’accumulation de pièces supplémentaires devient un processus beaucoup plus naturel. Un an environ après avoir été confronté aux affirmations fortement étayées de l’assassinat de Patton, j’ai lu Desperate Deception de Thomas E. Mahl, un historien du courant dominant, dont le livre a été publié par une maison d’édition spécialisée en affaires militaires. Ce récit fascinant documente la longue campagne cachée du début des années 1940 menée par des agents de renseignement britanniques pour éliminer tous les obstacles politiques intérieurs à l’entrée de l’Amérique dans la Seconde guerre mondiale. Un aspect crucial de ce projet concernait la tentative réussie de manipuler la Convention républicaine de 1940 pour qu’elle choisisse comme porte-drapeau présidentiel un obscur personnage nommé Wendell Willkie, qui n’avait jamais occupé de poste politique auparavant et qui était en outre un démocrate engagé depuis toujours. La grande valeur de Willkie était qu’il partageait le soutien de Roosevelt à l’intervention militaire dans le conflit européen en cours, bien que cela soit contraire à la quasi-totalité de la base de son propre parti qu’il avait récemment rejoint. S’assurer que les deux candidats à la présidence partageaient ces positions similaires a empêché la course de devenir un référendum sur cette question, à laquelle jusqu’à 80 % de la population américaine semble avoir été opposée.
La nomination de Willkie a certainement été l’un des événements les plus étranges de l’histoire politique américaine, et le chemin menant à sa nomination improbable a été pavé par un certain nombre d’événements étranges et suspects, notamment l’effondrement soudain et la mort extrêmement fortuite du directeur de la convention républicaine, un opposant clé de Willkie, que Mahl considère comme extrêmement suspects.
Willkie a ensuite subi une défaite écrasante face à Roosevelt en novembre, mais s’est rapidement réconcilié avec son ancien adversaire et a été envoyé à l’étranger pour un certain nombre de missions politiques importantes. Les historiens auraient certainement été fascinés d’apprendre certains détails internes sur la façon dont les agents des services de renseignement britanniques ont réussi à « parachuter » un obscur démocrate de toujours pour qu’il obtienne le ticket républicain en 1940, assurant ainsi l’entrée américaine dans la Seconde guerre mondiale. Mais malheureusement, toute la connaissance personnelle de Willkie de ces événements importants a été perdue à jamais pour la postérité lorsqu’il est soudainement tombé malade et est mort d’une crise cardiaque – ou, selon Wikipédia, de 15 crises cardiaques consécutives – le 8 octobre 1944 à l’âge de 52 ans.
L’une des figures politiques les plus puissantes de la douzaine d’années au pouvoir de Roosevelt fut son proche assistant, Harry Hopkins, qui s’installa à la Maison-Blanche en 1940 et resta résident permanent pendant près de quatre ans. Bien que Hopkins ne portait guère un titre exaltant, étant un administrateur de divers programmes du New Deal et servant plus tard comme secrétaire au Commerce, il a été fréquemment appelé « le vice-président » et a certainement eu plus de poids que n’importe quel vice-président ou membre du Cabinet de FDR, étant généralement considéré comme la deuxième figure politique la plus puissante dans le pays.
Hopkins, ancien travailleur social et activiste politique, était résolument de gauche, ayant ses racines dans une tradition progressiste de la ville de New York qui s’est transformée en socialisme, tout en étant très fortement pro-soviétique en matière de politique étrangère. Il y a certaines indications dans les Venona papers qu’il aurait même pu être un agent soviétique, et Herbert Romerstein et Eric Breindel ont pris cette position dans leur livre The Venona Secrets, mais John Earl Haynes et Harvey Klehr, les principaux érudits de Venona, ont douté de cette probabilité en se basant sur des arguments techniques.
Dans la dernière année de la vie de Roosevelt, ses relations avec Hopkins s’étaient effilochées, et lorsque FDR est mort en avril 1945, élevant ainsi Harry S. Truman à la présidence, l’influence de Hopkins disparu. Après avoir passé tant d’années au centre absolu du pouvoir américain, Hopkins prévoyait de publier ses mémoires personnelles sur les événements mémorables dont il avait été témoin pendant les années de la Grande dépression et de la Seconde guerre mondiale, mais il tomba soudainement malade et mourut au début de 1946, à 55 ans, ne survivant à son partenaire politique de longue date, FDR, que de seulement huit mois. Selon les références dignes de foi fournies dans son article sur Wikipédia, la cause du décès est un cancer de l’estomac. Ou une malnutrition liée à des problèmes digestifs. Ou une insuffisance hépatique due à une hépatite ou une cirrhose. Ou peut-être une hémochromatose. Bien que Hopkins ait été en mauvaise santé pendant de nombreuses années, des questions se posent lorsque la mort de la deuxième personnalité politique américaine la plus puissante est attribuée à une grande variété de causes quelque peu différentes.
La chronologie particulière des événements peut parfois exercer une influence démesurée sur les trajectoires historiques. Considérez la figure d’Henry Wallace, dont on se souvient probablement encore très peu, comme l’un des principaux démocrates de gauche des années 1930 et 1940. Wallace avait été une sorte d’enfant prodige du Midwest en matière d’innovation agricole et a été amené dans le premier cabinet de FDR en 1933 en tant que secrétaire à l’Agriculture. Aux dires de tous, Wallace était un patriote américain absolument 100% pur-jus, sans aucune allusion à une quelconque activité néfaste apparaissant dans les fascicules de Venona. Mais comme c’est parfois le cas avec les experts techniques, il semble avoir été remarquablement naïf en dehors de son champ principal de connaissances, notamment dans son extrême mysticisme religieux et surtout dans sa politique, beaucoup de ses proches étant des agents soviétiques avérés, qui le considéraient sans doute comme l’homme de paille idéal pour leurs propres intrigues politiques.
Après George Washington, aucun président américain ne s’était jamais plus présenté pour un troisième mandat consécutif, et lorsque le FDR décida soudainement de prendre cette mesure en 1940, en partie sous prétexte de la guerre en cours en Europe, de nombreuses personnalités du Parti démocrate déclenchèrent une rébellion politique, dont son propre vice-président John Nance Garner, qui avait été à deux reprises président de la Chambre et James Farley, le puissant dirigeant du parti qui avait initialement aidé Roosevelt à obtenir la présidence. FDR avait choisi Wallace comme vice-président de son troisième mandat, peut-être pour obtenir le soutien de la puissante faction pro-soviétique des démocrates. Mais en conséquence, même si la santé de FDR s’est régulièrement détériorée au cours des quatre années qui ont suivi, une personne dont les conseillers les plus dignes de confiance étaient des agents de Staline est restée à un cheveu de la présidence américaine.
Sous la forte pression des dirigeants du Parti démocrate, Wallace fut remplacé à la Convention démocratique de juillet 1944 et Harry S. Truman succéda à la présidence lorsque FDR mourut en avril de l’année suivante. Mais si Wallace n’avait pas été remplacé ou si Roosevelt était mort un an plus tôt, les conséquences pour le pays auraient certainement été énormes. Selon des déclarations ultérieures, une administration Wallace aurait inclus Laurence Duggan comme secrétaire d’État, Harry Dexter White à la tête du Trésor, et vraisemblablement divers autres agents purement soviétiques occupant tous les nœuds clés au sommet du gouvernement fédéral américain. On pourrait se demander, en plaisantant, si les Rosenberg – plus tard exécutés pour trahison – auraient été chargés de notre programme de mise au point d’armes nucléaires.
Il se trouve que Roosevelt a vécu jusqu’en 1945, et au lieu de diriger le gouvernement américain, Dugan et White sont tous deux morts subitement à quelques mois l’un de l’autre, après avoir été soupçonnés en 1948. Mais les vrilles du contrôle soviétique au début des années 1940 étaient remarquablement profondes.
Comme exemple frappant, les agents soviétiques ont pris connaissance du projet de décryptage de Venona en 1944, et peu après, une directive de la Maison-Blanche a ordonné l’abandon du projet et la destruction des dossiers de l’espionnage soviétique. La seule raison pour laquelle Venona a survécu, ce qui nous a permis de reconstruire plus tard la politique fatidique de l’époque, c’est que l’officier militaire responsable a risqué la cour martiale en ignorant simplement cet ordre présidentiel explicite.
Dans la foulée des fascicules de Venona, publiés il y a un quart de siècle et acceptés aujourd’hui par presque tout le monde, il semble indéniable qu’au début des années 1940, le gouvernement national américain se trouvait à un souffle – ou plutôt un battement de cœur – de passer sous le contrôle d’un réseau restreint d’agents soviétiques. Pourtant, je n’ai que très rarement vu ce simple fait souligné dans un livre ou un article, même si cela contribue sûrement à expliquer les racines idéologiques de la « paranoïa anticommuniste » qui est devenue une force politique si puissante au début des années 1950.
De toute évidence, le communisme avait des racines très superficielles dans la société américaine, et toute l’administration Wallace dominée par les Soviétiques et établie en 1943 ou 1944 aurait probablement été tôt ou tard balayée du pouvoir, peut-être par le premier coup d’État militaire des États-Unis. Mais étant donné la santé fragile de FDR, cette possibilité capitale devrait certainement être régulièrement mentionnée dans les discussions de cette époque.
Si des questions historiques importantes sont exclues des médias, une jeune génération d’érudits pourrait ne jamais s’y confronter, et même avec les meilleures intentions du monde, l’historiographie qu’ils finiraient par produire contiendrait d’énormes lacunes. Prenons, par exemple, les volumes primés de l’histoire politique que Rick Perlstein a produits depuis 2001, retraçant la montée du conservatisme américain depuis avant Goldwater jusqu’à la montée de Reagan dans les années 1970. La série a été saluée à juste titre pour son énorme souci du détail, mais d’après l’index, le total combiné de près de 2 400 pages ne contient que deux mentions de Harry Dexter White au tout début du premier volume, et il n’existe aucune entrée pour Laurence Duggan, ni même « Venona », ce qui est le plus choquant. J’ai parfois plaisanté en disant qu’écrire une histoire du conservatisme américain d’après-guerre sans se concentrer sur ces facteurs cruciaux, c’est comme écrire une histoire de la participation américaine à la Seconde guerre mondiale sans mentionner Pearl Harbor.
Parfois, nos manuels d’histoire standard fournissent deux histoires apparemment sans rapport les unes avec les autres, qui ne deviennent beaucoup plus importantes que lorsque nous découvrons qu’elles font partie d’un même tout relié. La mort étrange de James Forrestal entre certainement dans cette catégorie.
Au cours des années 1930, Forrestal avait atteint le pinacle de Wall Street, en tant que PDG de Dillon, Read & Co, l’une des banques d’investissement les plus prestigieuses. À l’approche de la Seconde guerre mondiale, Roosevelt l’a attiré au service du gouvernement en 1940, en partie parce que ses solides références républicaines ont contribué à souligner la nature bipartisane de l’effort de guerre, et il est rapidement devenu sous-secrétaire de la Marine. Après la mort de son supérieur âgé en 1944, Forrestal a été élevé au Cabinet en tant que Secrétaire de la Marine, et après la bataille controversée sur la réorganisation de nos départements militaires, il est devenu le premier Secrétaire américain de la Défense en 1947, détenant l’autorité sur l’Armée, la Marine, la Force aérienne, et les Marines. Avec le secrétaire d’État George Marshall, Forrestal s’est probablement classé parmi les membres les plus influents du cabinet de Truman. Cependant, quelques mois seulement après la réélection de Truman en 1948, on nous dit que Forrestal est devenu paranoïaque et déprimé, qu’il a démissionné de son poste et qu’il s’est suicidé quelques semaines plus tard en sautant d’une fenêtre du 18e étage de l’hôpital naval de Bethesda. Ne connaissant presque rien de Forrestal ou de son passé, j’ai toujours hoché la tête devant cet étrange événement historique.
Pendant ce temps, une page ou un chapitre entièrement différent de mes manuels d’histoire contenait habituellement l’histoire dramatique du conflit politique amer qui a secoué l’administration Truman au sujet de la reconnaissance de l’État d’Israël, qui avait eu lieu l’année précédente. J’ai lu que George Marshall a soutenu qu’une telle mesure serait totalement désastreuse pour les intérêts américains en aliénant potentiellement des centaines de millions d’Arabes et de musulmans, qui détenaient l’énorme richesse pétrolière du Moyen-Orient, et qu’il était tellement convaincu de la question qu’il a menacé de démissionner. Cependant, Truman, fortement influencé par le lobbying personnel de son ancien partenaire d’affaires juif, Eddie Jacobson, dans le domaine de la mercerie, a finalement décidé de la reconnaissance, et Marshall est resté au gouvernement.
Cependant, il y a près d’une décennie, je suis tombé sur un livre intéressant d’Alan Hart, journaliste et auteur, correspondant de longue date de la BBC au Moyen-Orient, dans lequel j’ai découvert que ces deux histoires différentes faisaient partie d’un tout homogène. D’après lui, bien que Marshall se soit en effet fermement opposé à la reconnaissance d’Israël, c’est en fait Forrestal qui a été le fer de lance de cet effort au sein du Cabinet de Truman et qui s’est le plus identifié à cette position, entraînant de nombreuses attaques brutales dans les médias et son départ ultérieur du Cabinet Truman. Hart a également soulevé des doutes considérables quant à savoir si la mort subséquente de Forrestal avait été un suicide, citant un site Web obscur pour une analyse détaillée de cette affaire.
Il est banal de dire qu’Internet ait démocratisé la diffusion de l’information, permettant à ceux qui créent le savoir de se connecter avec ceux qui le consomment sans avoir besoin d’un intermédiaire pour le conserver. J’ai rencontré peu d’exemples du potentiel libéré de ce nouveau système que « Who Killed Forrestal », une analyse exhaustive d’un certain David Martin, qui se décrit lui-même comme un économiste et un blogueur politique. Sa série d’articles sur le sort du premier secrétaire américain à la Défense, qui compte plusieurs dizaines de milliers de mots, offre une discussion exhaustive de tous les documents de base, y compris la petite poignée de livres publiés décrivant la vie de Forrestal et sa mort étrange, ainsi que des articles de journaux contemporains et de nombreux documents gouvernementaux pertinents obtenus sur demande personnelle à la FOIA. Le verdict de meurtre suivi d’un camouflage gouvernemental massif semble solidement établi.
Comme nous l’avons mentionné, le rôle de Forrestal en tant que principal opposant de l’administration Truman à la création d’Israël a fait de lui le sujet d’une campagne presque sans précédent de diffamation des médias dans la presse écrite et à la radio, menée par les deux plus puissants chroniqueurs de droite et de gauche du pays, Walter Winchell et Drew Pearson, seul le premier étant juif, mais tous deux très liés avec l’ADL et extrêmement pro-sionistes, leurs attaques et accusations se poursuivent même après sa démission et son décès.
Une fois que nous aurons dépassé les exagérations sauvages des prétendus problèmes psychologiques de Forrestal que ces experts des médias très hostiles et leurs nombreux alliés ont encouragées, une grande partie de la paranoïa supposée de Forrestal consistait apparemment à croire qu’il était suivi à Washington, ses téléphones ont peut-être été mis sur écoute, et sa vie pourrait être en danger aux mains des agents sionistes. Et ces préoccupations n’étaient peut-être pas si déraisonnables, compte tenu de certains événements contemporains.
Lord Moyne, le secrétaire britannique pour le Moyen-Orient, avait été assassiné en 1944 et le comte Folke Bernadotte, négociateur de l’ONU pour la paix au Moyen-Orient, avait subi le même sort en 1948. Des documents britanniques déclassifiés ont finalement révélé un complot d’assassinat contre le ministre des Affaires étrangères Ernest Bevin la même année, et les mémoires de Margaret Truman mentionnent une tentative d’assassinat manquée contre son propre père en 1947. Les factions sionistes étaient responsables de tous ces incidents. En effet, le fonctionnaire du département d’État Robert Lovett, un opposant relativement mineur et discret aux intérêts sionistes, a rapporté avoir reçu de nombreux appels téléphoniques menaçants tard dans la nuit à peu près à la même heure, ce qui le préoccupait grandement. Martin cite également les livres ultérieurs de partisans sionistes qui se sont vantés de l’utilisation efficace que leur camp avait faite du chantage, apparemment obtenu par des écoutes téléphoniques, pour assurer un soutien politique suffisant à la création d’Israël.
Pendant ce temps, dans les coulisses, de puissantes forces financières se sont peut-être rassemblées pour faire en sorte que le président Truman ignore les recommandations unifiées de tous ses conseillers diplomatiques et de sécurité nationale. Des années plus tard, Gore Vidal et Alexander Cockburn rapporteront séparément qu’il est finalement devenu notoire dans les cercles politiques de Washington que pendant les jours désespérés de la campagne de réélection de Truman en 1948, il avait secrètement accepté un paiement en espèces de 2 millions de dollars de riches sionistes en échange de la reconnaissance d’Israël, une somme peut-être comparable à 20 millions ou plus en dollars actuels.
Le républicain Thomas Dewey avait été fortement favorisé pour gagner l’élection présidentielle de 1948, et après la surprise Truman, la position politique de Forrestal n’a certainement pas été aidée lorsque Pearson a affirmé dans une chronique que Forrestal avait secrètement rencontré Dewey pendant la campagne, prenant des dispositions pour être maintenu dans l’administration Dewey.
Souffrant d’une défaite politique concernant la politique du Moyen-Orient et faisant face aux attaques incessantes des médias, Forrestal a démissionné de son poste ministériel sous la pression. Presque aussitôt après, il a été admis à l’hôpital naval de Bethesda pour y être observé, prétendument souffrant de fatigue et d’épuisement, et il y est resté pendant sept semaines, son accès aux visiteurs étant fortement limité. Il devait finalement être libéré le 22 mai 1949, mais quelques heures avant que son frère Henry ne vienne le chercher, son corps a été retrouvé sous la fenêtre de sa chambre du 18e étage, avec une corde nouée autour du cou. Sur la base d’un communiqué de presse officiel, les journaux ont tous rapporté son malheureux suicide, suggérant qu’il avait d’abord essayé de se pendre, mais qu’à défaut de cette approche, il avait sauté par la fenêtre. Une demi-page de vers grecs copiés a été trouvée dans sa chambre, et dans les remous de la pensée psychanalytique freudienne, cela a été considéré comme le déclencheur subconscient de son impulsion de mort subite, étant traité comme presque l’équivalent d’une vraie note de suicide. Mes propres manuels d’histoire ont simplifié cette histoire complexe en disant simplement « suicide », ce que j’ai lu et jamais mis en doute.
Martin soulève de nombreux doutes très sérieux sur ce verdict officiel. Entre autres choses, des entrevues publiées avec le frère et les amis survivants de Forrestal révèlent qu’aucun d’entre eux ne croyait que Forrestal s’était suicidé et qu’on les avait tous empêchés de le voir jusqu’à la toute fin de toute sa période de détention. En effet, le frère a raconté que la veille, Forrestal était de bonne humeur, disant qu’à sa libération, il avait l’intention d’utiliser une partie de sa fortune personnelle considérable pour acheter un journal et commencer à révéler au peuple américain bon nombre des faits supprimés concernant l’entrée des États-Unis dans la Deuxième guerre mondiale, dont il avait eu directement connaissance, complété par le journal personnel très complet qu’il avait tenu depuis de nombreuses années. Après la détention de Forrestal, ce journal, qui comptait des milliers de pages, avait été saisi par le gouvernement et , après sa mort, n’avait apparemment été publié que sous une forme fortement éditée et expurgée, bien qu’il soit tout de même devenu historique.
Les documents gouvernementaux mis au jour par Martin soulèvent des doutes supplémentaires sur l’histoire présentée dans tous les livres d’histoire courants. Les dossiers médicaux de Forrestal semblent ne comporter aucun rapport d’autopsie officiel, il y a des preuves visibles de bris de verre dans sa chambre, suggérant une lutte violente, et le plus remarquable, la page de vers grecs copiés – toujours cités comme la principale indication de l’intention suicidaire finale de Forrestal – ne fut en fait pas écrite par Forrestal de sa propre main.
Outre les comptes rendus de journaux et les documents gouvernementaux, une grande partie de l’analyse de Martin, y compris les nombreuses entrevues personnelles des amis et parents de Forrestal, est basée sur un court livre intitulé The Death of James Forrestal, publié en 1966 par un certain Cornell Simpson, presque certainement un pseudonyme. Simpson affirme que ses recherches avaient été menées quelques années seulement après la mort de Forrestal et que, même si son livre devait initialement paraître, son éditeur s’est inquiété de la nature extrêmement controversée des documents qu’il contenait et a annulé ce projet. Selon Simpson, des années plus tard, il décida de retirer son manuscrit inchangé de l’étagère et de le faire publier par la Western Islands Press, ce qui s’avéra être un paravent de la John Birch Society, l’organisation de droite notoirement conspirationiste alors au sommet de son influence nationale. Pour ces raisons, certains aspects du livre sont d’un intérêt considérable, même au-delà du contenu directement lié à Forrestal.
La première partie du livre consiste en une présentation détaillée des preuves réelles de la mort hautement suspecte de Forrestal, y compris les nombreux entretiens avec ses amis et parents, tandis que la deuxième partie se concentre sur les complots malfaisants du mouvement communiste mondial, un élément de base de la Birch Society. L’anticommunisme acharné de Forrestal aurait été ce qui l’avait ciblé en vue de sa destruction par des agents communistes, et il n’y a pratiquement aucune référence à une quelconque controverse concernant son énorme bataille publique sur l’établissement d’Israël, bien que cela ait certainement été le principal facteur derrière sa chute politique. Martin note ces incohérences étranges et se demande même si certains aspects du livre et de sa publication n’ont pas eu pour but de détourner l’attention de cette dimension sioniste vers un complot communiste infâme.
Prenons, par exemple, David Niles, dont le nom est tombé dans un oubli total, mais qui avait été l’un des très rares aides principaux du FDR à être retenu par son successeur, et selon les observateurs, Niles est finalement devenu l’une des figures les plus puissantes en coulisses de l’administration Truman. Divers récits suggèrent qu’il a joué un rôle de premier plan dans la destitution de Forrestal, et le livre de Simpson le confirme, suggérant qu’il était une sorte d’agent communiste. Cependant, bien que les fascicules de Venona révèlent que Niles avait parfois coopéré avec des agents soviétiques dans leurs activités d’espionnage, il l’avait apparemment fait pour de l’argent ou pour d’autres considérations, et ne faisait certainement pas partie de leur propre réseau de renseignement. Au lieu de cela, Martin et Hart fournissent tous deux une énorme quantité de preuves que la loyauté de Niles était écrasante envers le sionisme, et en fait, en 1950, ses activités d’espionnage au nom d’Israël sont devenues si flagrantes que le général Omar Bradley, président des chefs d’état major conjoints, a menacé de démissionner immédiatement si Niles n’était pas viré, forçant la main de Truman.
Le professeur de lettres classiques Revilo Oliver, figure très influente dans les milieux d’extrême droite pendant des décennies, avait été membre fondateur de la John Birth Society et rédacteur en chef de son magazine, mais avait démissionné avec colère en 1966, affirmant que son dirigeant Robert Welch, Jr. avait accepté une offre de soutien financier important en échange de sa promesse de se concentrer uniquement sur les méfaits communistes et d’éviter soigneusement toute discussion des activités juives ou sionistes. Sur la base des preuves, cette accusation semble avoir un mérite considérable, les dirigeants de la JBS considérant bientôt le qualificatif d’« antisémitisme » comme un motif d’expulsion immédiate. L’influence politique communiste majeure avait largement disparu en Amérique à la fin des années 1940, tandis que l’influence juive et pro-israélienne augmentait énormément à partir du début des années 1960, et en se concentrant presque exclusivement sur la première et en évitant totalement la seconde, l’organisation JBS présentait de plus en plus une vision totalement illusoire de la politique américaine, qui a certainement contribué à son déclin final en perte totale de pertinence.
Parmi ceux qui deviennent sceptiques à l’égard des verdicts des médias de l’establishment, il y a une tendance naturelle à devenir trop soupçonneux et à voir des complots et des camouflages là où il n’en existe pas. La mort subite d’une personnalité politique de premier plan peut être imputée à un acte criminel, même si les causes étaient entièrement naturelles ou accidentelles. « Parfois, un cigare n’est qu’un cigare. » Mais lorsqu’un nombre suffisant de ces personnes décèdent dans un laps de temps suffisamment court, et que des preuves accablantes suggèrent qu’au moins certains de ces décès n’ont pas eu lieu pour les raisons longtemps considérées, le fardeau de la preuve commence à se déplacer.
Si l’on exclut le nombre beaucoup plus élevé de décès moins notables, voici une courte liste de six éminents Américains dont le décès prématuré en 1944-1949 a certainement suscité un soulagement considérable au sein de diverses organisations connues pour leurs tactiques impitoyables :
- Wendell Willkie, démocrate de toujours nominé pour la présidentielle par les républicains en 1940, décédé le 8 octobre 1944, 52 ans, crise cardiaque.
- Général George Patton, officier militaire américain le plus haut gradé en Europe, décédé le 21 décembre 1945, 60 ans, accident de voiture.
- Harry Hopkins, « vice-président » du FDR, décédé le 29 janvier 1946, 55 ans, diverses causes possibles.
- Harry Dexter White, agent soviétique qui dirigeait le Trésor sous FDR, décédé le 16 août 1948, 55 ans, crise cardiaque.
- Laurence Duggan, agent soviétique, futur secrétaire d’État sous Henry Wallace, décédé le 20 décembre 1948, 43 ans, tombé du 16e étage.
- James Forrestal, ancien secrétaire à la Défense, décédé le 22 mai 1949, à l’âge de 57 ans, tombe du 18e étage.
Les dirigeants étrangers indignés par les gaffes internationales destructrices de l’Amérique ont parfois décrit notre pays comme possédant une puissance physique énorme, mais ayant une élite politique dirigeante si ignorante, crédule et incompétente qu’elle tombe facilement sous l’influence de puissances étrangères sans scrupules. Nous sommes une nation avec le corps d’un dinosaure mais contrôlé par le cerveau d’une puce.
L’après-guerre des années 1940 a certainement marqué un sommet important de la puissance militaire et économique de l’Amérique. Pourtant, il semble qu’au cours de ces mêmes années, un mélange varié d’assassins soviétiques, britanniques et sionistes ait pu librement marcher sur notre sol, terrassant ceux qu’ils considéraient comme des obstacles à leurs intérêts nationaux. Pendant ce temps, presque tous les Américains sont restés béatement inconscients de ces développements importants, se laissant bercer par « notre Pravda américaine ».
Ron Unz
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