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Warren Buffett, PDG de la société de portefeuille Berkshire Hathaway, est considéré comme l’un des investisseurs les plus importants de l’histoire et peut confirmer ce bilan avec une fortune personnelle d’environ 90 milliards de dollars. Buffett est connu pour conseiller aux investisseurs d’être « craintifs quand les autres sont avides et avides quand les autres sont craintifs ».
Dans l’industrie pétrolière américaine en ruines, ce mois-ci peut être lu comme une version théorique de l’adage de Buffett sur la peur et la cupidité. L’industrie du schiste argileux a montré beaucoup de signes de crainte tandis que Buffett a fait un pari « avide » massif sur l’avenir du schiste permien au Texas et au Nouveau-Mexique, en supposant qu’il produira du pétrole de façon rentable et en investissant 10 milliards de dollars dans l’achat par Occidental du producteur de pétrole de schiste, Anadarko.
M. Buffett mise sur un avenir pétrolier incertain alors que les climatologues mettent en garde contre la diminution de la fenêtre de prévention des changements climatiques catastrophiques et que les gestionnaires de fonds et les chercheurs en énergie mettent en garde contre les actifs pétroliers et gaziers en panne.
Déjà vu ?
Entre-temps, le 1er mai, Tudor, Pickering et Holt, un groupe d’investissement dans le secteur de l’énergie basé à Houston, ont publié une note d’investissement sur l’industrie américaine du schiste intitulée « Ne pas augmenter votre budget »et suppliant les producteurs de schiste bitumineux d’arrêter de dépenser plus qu’ils ne gagnent pour vendre du pétrole.
Si ça ressemble à du déjà vu, ça devrait. En 2018, le Wall Street Journal a rapporté le même message de la part des investisseurs qui demandaient des restrictions budgétaires et des prévisions selon lesquelles 2018 serait finalement une année rentable pour l’industrie du pétrole de schiste. Comme l’a dit un analyste : « Cette fois-ci est-ce que ce sera différent ? Je pense que oui, juste un peu. »
Mais est-ce que ça sera différent ? En un mot, non.
Maintenant, Tudor Pickering supplie l’industrie d’écouter et de cesser de dépenser trop. Il est dit littéralement : « Pour l’amour de Dieu, ne faites pas ça. »
Cette tendance a conduit un vendeur à découvert bien connu à qualifier récemment les dépenses excessives des sociétés pétrolières de schistes de « machines à détruire le capital ».
A short seller calls U.S. shale companies “capital destruction machines” and bets it all on a spectacular market crash https://t.co/IAZR3JKiFe via @markets #OOTT— Kevin Orland (@kevinorland) May 10, 2019
Machines de destruction de capital
L’an dernier, DeSmog a présenté la société Halcón Resources comme un exemple de la façon dont les dirigeants de sociétés pétrolières de schiste s’enrichissent tout en perdant l’argent des investisseurs. Halcón Resources était sortie de la faillite et promettait de réussir avec la stratégie actuellement populaire de se concentrer uniquement sur la production de pétrole dans la région permienne.Après les résultats financiers du premier trimestre de l’année dernière, le site d’investissement The Motley Fool a écrit ce qui suit sur les plans de Halcón :
Halcón Resources a un plan agressif pour augmenter sa production à un rythme fulgurant, afin de compenser les ventes d’actifs des dernières années. C’est un gros pari sur la hausse des prix du pétrole, car l’entreprise dépense beaucoup plus que ses flux de trésorerie pour atteindre ses objectifs le plus rapidement possible.Nous demandons, « Quelqu’un veut parier comment ça finit ? »
Après une autre année de production dans le Permien, Halcón n’a pas livré [les volumes promis, NdT] et Kallendish Energy rapporte que la compagnie de schiste est en train de développer « de nouveaux plans stratégiques et financiers ». Pourquoi ?
Eh bien, Halcón a encore perdu 336,6 millions de dollars au premier trimestre de 2019. Ses actions ont perdu plus de 50 % de leur valeur la semaine dernière et se situent maintenant dans la fourchette des actions à 1 penny. Mais ses dirigeants sont quand même payés.
Bien que le Permien n’ait pas été la solution pour Halcón, c’est dans cette région que l’industrie pétrolière américaine en perte de vitesse continue de placer ses espoirs pour enfin dégager des profits. Comme nous l’avons récemment noté, Exxon et Chevron ont tous deux fait de la production pétrolière issue de la fracturation hydraulique dans le Permien un élément central de leurs stratégies commerciales.
Exxon semble avoir déjà adopté la mentalité du schiste bitumineux. Selon Bloomberg, « Exxon continuera vraisemblablement de dépenser plus que sa marge brute d’autofinancement organique, alors qu’elle cherche à reconstruire son portefeuille en croissance ».
Le producteur pétrolier permien Pioneer Resources a également fait les manchettes récemment. En février, après que ses résultats financiers aient montré qu’il « ne pouvait pas générer suffisamment de flux de trésorerie pour financer entièrement ses dépenses d’investissement », le PDG de Pioneer a soudainement pris sa retraite et l’ancien PDG Scott Sheffield est revenu pour diriger l’entreprise.
L’une des prétentions de Sheffield pour accéder à la célébrité est qu’en 2016, il a dit que le pétrole permien pourrait être produit de façon rentable avec des prix du pétrole inférieurs à 30 $ le baril. Apparemment, il avait tort.
Sheffield vient de superviser une série de mises à pied et une vente d’actifs étonnante. En février 2018, Pioneer a annoncé son intention de se concentrer uniquement sur le Permien (comme Halcón) et donc de vendre ses actifs dans la zone de schistes de Eagle Ford au Texas. Les estimations initiales étaient que les actifs valaient 2 milliards de dollars. En avril dernier, cependant, Reuters a annoncé que le prix serait maintenant probablement inférieur à 1 milliard de dollars.
La transaction a été finalisée avec un paiement initial à 25 millions de dollars, les paiements futurs étant basés sur le prix du pétrole et du gaz et pouvant amener le prix à 475 millions de dollars. Mais ces actifs dans le shale dans le bassin Eagle Ford ont été vendus pour seulement 25 millions de dollars à l’avance. La destruction du capital en action.
Le producteur de pétrole dans le Bakken Whiting Petroleum a également déclaré des pertes alors que des bénéfices étaient attendus.
Et il n’y a pas que les producteurs de pétrole qui souffrent. Les sociétés de services pétroliers qui effectuent la majeure partie du travail de production du pétrole ne s’en tirent pas non plus très bien.
En février, on a demandé au PDG de la société de services pétroliers Weatherford International Plc s’il envisageait la faillite. Il a répondu : « Je ne perds pas beaucoup de temps à penser ou à planifier comment faire faillite. » L’action de Weatherford a atteint 14 cents la semaine dernière alors que l’entreprise prévoit de se déclarer en faillite.
Les choses ne vont pas bien pour les producteurs dans le schiste argileux malgré la hausse des prix du pétrole, qui étaient en moyenne de 65 $ le baril en 2018 (pour la norme de prix américaine West Textas Intermediate) et qui était le prix moyen le plus élevé depuis 2014.
Jeff Miller, PDG de la société de services pétroliers Halliburton, a récemment fait de sombres prédictions sur la capacité des schistes à poursuivre leur production record de pétrole.
« Une activité plus intense et une technologie plus avancée seront nécessaires pour maintenir des niveaux de production stables », a déclaré M. Miller. L’augmentation de l’activité et de la technologie de pointe se traduit par des dépenses plus élevées. Et cela serait apparemment nécessaire uniquement pour maintenir la production aux niveaux actuels.
Le grand pari de Buffett dans la guerre des enchères dans le bassin Permien
Il est facile de comprendre pourquoi Warren Buffett voit cette période comme le bon moment pour être « avide ». Beaucoup d’autres échouent dans leurs investissements dans le pétrole de schiste aux États-Unis et semblent inquiets à l’idée d’obtenir juste un peu de rendement du capital investi dans la production de pétrole et de gaz de schiste.
Malgré les craintes des autres (ou peut-être à cause d’elles), Buffett a décidé de soutenir Occidental avec 10 milliards de dollars pour son achat de la compagnie pétrolière Anadarko et de ses précieux avoirs dans le bassin permien. Ce n’était pas une affaire.
Au départ, il semblait que le major pétrolier Chevron allait réussir son offre d’achat d’Anadarko, d’une valeur de 33 milliards de dollars. Mais Occidental a alors commencé (et terminé) une guerre d’enchères avec une offre qui aurait totalisé 57 milliards de dollars, rendue possible en partie par les 10 milliards de dollars de Buffett.
Le cours des actions d’Occidental a atteint son plus bas niveau en 10 ans depuis la conclusion de l’opération et l’une des critiques a été les conditions très favorables entourant l’investissement de Buffett. Ce n’est pas la première fois que Buffett conclut un tel marché. Pendant la crise financière, son entreprise a renfloué Goldman Sachs avec un prêt de 5 milliards de dollars, toujours à des conditions favorables pour lui. Buffett a bien tiré profit de cet investissement et a pu en profiter également, grâce aux conditions généreuses qui lui ont été accordées.
Toutefois, M. Buffett n’est pas un expert chevronné de l’industrie pétrolière et a apparemment accepté le prêt de 10 milliards de dollars après seulement 90 minutes de conversation. C’est beaucoup d’argent à parier sur une simple prémisse : que le Permien peut produire du pétrole de façon rentable. Apparemment, cette conversation de 90 minutes a convaincu Buffett que c’était possible. Il a expliqué ses raisons : « C’est aussi un pari sur le fait que le bassin Permien est ce qu’il est censé être. »CHART OF THE DAY: Occidental Petroleum shares plunge to a 10-year low (down more than 6% today) after Chevron walks away from takeover battle for Anadarko, giving Occidental the victory | #OOTT $OXY pic.twitter.com/3YEZPy5NZb— Javier Blas (@JavierBlas) May 9, 2019
Peut-être que les termes de l’accord protègent l’investissement de Buffett contre tout risque réel, mais la question de savoir si Buffett comprend mieux le Permien et les finances de la fracturation que quelqu’un comme Scott Sheffield de Pioneer est à débattre.
Malgré l’histoire de « destruction du capital » de l’industrie américaine, l’un des plus grands investisseurs du monde a parié que Occidental détient le secret des profits dans le bassin Permien. Mais peut-être que cette fois-ci, ce sera vraiment différent, ou peut-être que Occidental suivra les traces d’Halcón et d’autres qui ont tout parié sur le Permien et ont perdu.
Justin Mikulka
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