Article original de James Howard Kunstler, publié le 28 juin 2019 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Mon moment préféré dans l’épisode de l’équipe « B » du mercredi soir des débats primaires du parti démocrate a été la « défense » par Julian Castro des droits à l’avortement des transgenres. Quoi ?… J’ai failli faire tomber mon sac de chips Dinamita Mojo Criollo Doritos. C’est vraiment sorti de la bouche du petit Julian ? Apparemment, oui. Mais comment cela fonctionne-t-il réellement ?
Comme, par exemple, en théorie, quelqu’un qui « fait la transition » d’une femme à un homme se fait mettre en cloque par inadvertance après une rencontre romantique – peut-être une erreur – avec un homme réel et doit, vous savez, se débarrasser du petit problème qui en résulte ? Peut-être… mais est-ce que c’est relativement courant à San Antone [San Antonio en argot dont Castro est le maire, NdT] ? Et comment cela pourrait-il s’appliquer dans les cas de transsexualité d’hommes vers femmes en cas de grossesses largement hystériques ? On dirait quelque chose avec lequel l’auteur Guillermo Del Toro pourrait s’amuser. Telles sont les questions épineuses de la « justice reproductive » qui parsèment le terrain aride de la pensée progressiste – comme le fruit venimeux du buisson sacré datura dans le désert de Sonora.
Plus insidieusement, la principale idée de M. Castro en matière de réforme de l’immigration est d’abroger l’article 1325 de la Loi sur l’immigration et la nationalité, qui est la loi fédérale qui fait de l’entrée occasionnelle aux États-Unis, « sans papiers », un crime. En d’autres termes : créer une frontière ouverte. Venez tous ! C’est logique pour un parti politique qui a des problèmes fondamentaux de frontières avec tous les autres éléments de la vie américaine (voir ci-dessus). Mais quelque chose me dit que cela ne passera pas si bien dans les endroits où les notions nébuleuses de souveraineté nationale persistent encore et où l’anglais est nostalgiquement la langue préférée.
M. Castro était divertissant, c’est sûr, quand il ne coupait pas trop la parole à tous les autres candidats à la tribune, mais le prix du pendejo de la noche [connard de la soirée, NdT] doit aller à cet autre Texan, le grand Beto O’Rourke avec ses bras agitant l’air et sa tête qui oscille, qui a, en fait, chanté la sérénade au public hispanisant pour présenter sa bonne foi en tant que Zorro officiel du parti. Plus tard, Cory Booker a aussi fait un peu d’exercice de léchage de babouche, mais il s’en est sorti plus comme une piñata brisée que comme Don Diego de la Vega.
Outre l’hommage tout en couleur à tout ce qui est mexicain, l’événement marquant de la soirée a été le suicide politique furtif d’Elizabeth Warren lorsque la question populaire de l’assurance-maladie pour tous a été soulevée et que Lester Holt de NBC a demandé aux candidats de lever la main pour savoir qui allait supprimer complètement l’assurance maladie privée. Liz a levé la main. Seul le maire de New York, l’imbécile Bill DeBlasio l’a rejointe. Si le concours était un jeu de « Survivor », tous les deux se seraient ainsi éliminés de l’île – sauf que Big Bill n’a jamais vraiment été sur l’île, tournant autour de celle-ci comme une méduse rebelle baladée ici et là par les vents progressistes.
La seule figure de l’équipe » B « sur scène qui semblait être un candidat sérieux a été Tulsi Gabbard, membre du Congrès élu à Hawaï, Commandant(e) de la Réserve de l’armée américaine avec des missions militaires en Irak et au Koweït. – Elle a été particulièrement impressionnante lorsque Tim Ryan, un crétin, député de l’Ohio, a affirmé à tort que les talibans étaient derrière le 11 septembre. Euh, non, Tulsi l’a informé que c’était Al-Qaïda – parrainé par notre « ami », l’Arabie Saoudite. Je prévois que Tulsi sera la seule à intégrer l’équipe « A », malgré les efforts désespérés des médias pour la chasser du terrain de jeu.
Et, bien sûr, les « A » ont consciencieusement défilé sur scène jeudi soir pour déblatérer en division poids lourds, avec le sémillant Joe Biden au centre pour que tout le monde puisse avoir une bonne photo de lui, et les deux faire-valoir désignés, le représentant Eric « Collusion » Swalwell (CA) et la New Age Marianne Williamson, aux marges gauche et droite pour le protéger contre toute idée sensée entrant réellement dans l’arène.
M. Swalwell a déclenché l’événement principal en lançant une grenade à main sur oncle Joe pour ne pas avoir passé le flambeau, égoïstement, à la génération suivante (des politiciens) – le piège étant que ledit flambeau peut être utilisé pour brûler ce qui reste de la république. L’attaque semble avoir donné des vapeurs à Joe, le favori. Il a insisté sur le fait qu’il avait encore d’autres chansons au flambeau à chanter. La sénatrice Kamala Harris (CA), qui jouait Shiva le Destructeur-Des-Mondes, s’est alors mise agiter le flambeau devant le minou souriant d’oncle Joe, disant que les récentes remarques de l’ex-Veep sur sa gentillesse envers les ardents sénateurs ségrégationnistes d’antan étaient « une blessure » sur le plan personnel. Pendant un moment, j’ai cru qu’elle allait interprêter ce vieux tube larmoyant, « Feelings ». Oncle Joe devra maintenant porter le « R » écarlate [pour raciste, NdT] sur le front jusqu’à ce que sa campagne s’effondre – sans même avoir à répondre à des questions sur la raison pour laquelle son fils, Hunter, a reçu des millions de dollars en Ukraine et en Chine bien avant l’arrivée de M. Trump.
L’autre fossile sur scène, le redoutable Bernie Sanders, a remis le couvert pour ses ardents partisans socialistes, c’est-à-dire des choses gratuites pour tous, sans même s’excuser. C’est une bonne affaire jusqu’à ce qu’on vous rappelle que les États-Unis – et le reste du monde aussi – n’ont jamais été autant en difficulté, ce qui signifie que les admirables trucs gratuits mis en place en Suède et en France il y a des décennies fonctionnent peut-être encore avec difficulté, mais que les États-Unis n’ont malheureusement pas réussi à monter dans le train pour le faire quand les choses se passaient bien. Pourtant, cela n’a pas empêché tous les candidats de s’intéresser à une couverture Medicaid pour les immigrants illégaux – une autre mine qui attend d’exploser sous leurs pas lors des élections générales. Sanders et Harris se sont joints à Liz Warren sur le navire qui coule et qui abolit l’assurance maladie privée.
La question de l’immigration a permis à toutes les parties concernées de fournir des histoires bien larmoyantes, ignorant le fait flagrant que le Parti démocrate a fait tout son possible pour stimuler le passage illégal des frontières et submerger nos installations en envoyant le message très clair qu’il allait bloquer toute tentative d’appliquer les lois actuelles ou de les modifier. Il y avait beaucoup à faire contre la « cruauté » de laisser dormir les enfants sur des planchers froids et durs – la semaine même où la nouvelle capitaine Marvel du parti, AOC, s’est jointe à un mouvement pour bloquer les expéditions de matelas de la compagnie de meubles Wayfair vers les centres de détention au Texas. (Rapport Time Mag ici.) Bien joué, les Démocrates.
Mme Williamson, sur son orbite lointaine et largement ignorée par les arbitres, a lancé une grenade de dernière minute sur les dédommagements pour l’esclavage, provoquant une réaction de grimace visible chez ses rivales, qui ont pourtant toutes prétendu être d’accord, de peur qu’on n’imprime le « R » écarlate du racisme sur le front.
Je finis avec quelques petits commentaires sur le reste du gang. Le maire Pete (Buttigieg) affiche une intelligence triste, comme s’il avait honte de se retrouver au milieu d’une telle meute d’aventuriers et de menteurs patentés. Le sénateur Michael Bennet a peut-être des problèmes dans la gestion de sa colère. Le gouverneur John Hickenlooper est manifestement trop sain d’esprit pour rester dans le parti plus longtemps. La sénatrice Kirsten Gillibrand dira n’importe quoi pour se faire élire (nous la connaissons bien ici dans le nord de l’État de New York). Le sénateur Swalwell est une dangereuse tête-brûlée. Andrew Yang a augmenté son score pour avoir évité la cravate, mais il n’a qu’un tour dans son sac, le revenu de base universel, et c’est tout. Mme Williamson parcourra les principaux États sur un tapis volant, apportant des nouvelles de l’éveil spirituel aux habitants des états du centre, brisés par la vie. Namaste et bonne chance !
James Howard Kunstler
Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.
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