vendredi 3 août 2018

La signification du bien et du mal en des temps périlleux

Article original de Brandon Smith, publié le 6 juillet 2018 sur le site alt-market.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr


 
Peut-être que l’idée la plus destructrice jamais répandue dans l’esprit du grand public est celle que rien dans ce monde n’est permanent, que toutes choses peuvent et doivent être constamment changées selon nos caprices. Le concept de l’impermanence alimente ce que j’appelle « la propagande de la table rase ». L’utilité de cette table rase comme arme de contrôle social doit être expliquée avant d’examiner la nature du bien et du mal, parce qu’elle infecte tout aujourd’hui.


La poussée pour une « évolution » sociale sans fin a été nommée de différentes manières au cours des décennies. Au début des années 1900 en Europe, on l’appelait « futurisme », un mouvement artistique et philosophique qui a contribué à la montée du communisme et du fascisme en politique. L’argument selon lequel toutes les vieilles idées et traditions anciennes doivent être abandonnées pour laisser la place à de nouvelles idées, de nouvelles technologies, de nouveaux systèmes d’information, suppose que les soi-disant nouvelles façons de faire soient supérieures aux vieilles. Les choses sont rarement aussi simples et dans la plupart des cas, les nouvelles méthodes si fièrement défendues par les mouvements pour le changement social sont généralement de vieilles idées, recyclées et reconditionnées, qui ont notoirement connu l’échec.

La théorie de la table rase est conçue pour faire douter les gens d’eux-mêmes et les plonger dans la confusion, et pour représenter de manière erronée les constructions de la nature comme des constructions de la société. Elle perturbe très efficacement la relation des gens à leur propre boussole morale en suggérant que cette boussole devrait être complètement ignorée parce qu’artificielle. L’argument des partisans de la table rase est que toutes les limites sont créées par la société plutôt que par la conscience innée, et que ces limites nous empêchent souvent d’atteindre nos objectifs, de nous améliorer en tant qu’espèce et d’obtenir généralement ce que nous voulons de la vie.

Mais les choses que nous voulons ne sont pas toujours ce dont nous avons besoin, et c’est quelque chose que les mouvements pour le changement social refusent souvent de saisir. Si nous sommes tous des ardoises blanches et si la morale et l’âme humaine sont des mythes, pourquoi ne pas faire tout ce que nous voulons, chaque fois que nous voulons et vivre la vie comme une grande orgie romaine de festins, d’automédication et d’addiction aux sensations ?

Le problème avec le concept de table rase est que même s’il prétend que toutes les restrictions dans la psyché humaine nous sont enseignées plutôt que d’être innées et qu’elles peuvent être abandonnées quand nous le voulons, nous ne pouvons toujours pas éviter les conséquences de la rupture avec ces restrictions. Les gens y perdent leur santé mentale, les sociétés s’effondrent et les nations tombent en ruine avec le temps, plus vite nous rejetons nos principes au nom de l’évolution sociale ou de gains à court terme. C’est inévitable.

Les seules personnes à qui semblent bénéficier la diffusion de ce concept de table rase sont les personnes déjà au pouvoir politique et économique. Car si elles  peuvent convaincre les masses d’ignorer leur conscience, elles peuvent alors nous convaincre d’accepter presque toutes les autres conditions.

Agir d’une manière conforme à la conscience intrinsèque ou ignorer la conscience et agir de manière destructive est un choix. C’est le pilier central du libre arbitre. Le choix d’agir de manière destructive n’efface pas la réalité de la conscience intrinsèque ; en fait, les gens doivent souvent être trompés en croyant qu’une action destructrice et immorale est une « bonne chose » avant d’être convaincus de la mener à bien. La conscience intrinsèque doit être contournée par la supercherie.

Le problème avec le choix de s’en tenir à ses principes est qu’il est facile pendant les périodes de stabilité relative, mais de plus en plus difficile pendant les périodes de lutte. Durant les jours périlleux, la tentation d’utiliser des tactiques destructrices pour maintenir un confort attendu ou pour simplement survivre peut être élevée. Ce n’est pas une coïncidence si les élites du pouvoir, les mêmes personnes qui ont tendance à faire la propagande de la table rase, tendent délibérément à créer une crise sociale et le chaos. Mais peut-être que cela a besoin d’une explication plus profonde. Nous devons définir quelque chose que la plupart d’entre nous comprennent déjà intuitivement. Nous devons définir le « mal ».

Comme la conscience inhérente et les limites morales, les théoriciens de la table rase et les défenseurs du changement social tentent de troubler les eaux de ce qui constitue le mal. Certains diront qu’il n’existe pas – que le mal est ce que nous considérons comme tel à une époque donnée en fonction de nos préjugés. D’autres diront que la tradition, la permanence et tout ce qui reste statique dans la société est un mal. Le seul « bien » pour eux est un changement constant.

Mais le mal n’est pas aussi illusoire et changeant que ces gens le suggèrent. En fait, la plupart des hommes et des femmes reculent automatiquement devant certains comportements spécifiques, indépendamment de la façon dont ils ont été élevés, de leur environnement, de la culture dans laquelle ils sont nés ou de l’époque à laquelle ils vivaient. Les personnes qui ne reculent pas face à ces comportements sont les personnes que nous devons surveiller car il leur manque quelque chose d’essentiel au cœur et à l’esprit qui fait de nous des êtres humains.

En termes psychologiques, les caractéristiques des narcissiques de haut niveau et des sociopathes correspondent le plus étroitement à notre concept historique du mal. Et, à mon avis, la plupart des grands maux de l’histoire sont en fait commis par des personnes ayant de multiples traits narcissiques. En ce qui concerne les élites mondiales, elles représentent une menace plutôt insidieuse, car ce sont des sociopathes narcissiques qui se sont organisés en gangs de prédateurs, donc tous les traits compatibles avec le comportement de votre tueur en série moyen sont maintenant multipliés par leur accès à des ressources illimitées.

Comment identifions-nous ces personnes ? Eh bien, c’est parfois difficile parce que les sociopathes narcissiques se cachent souvent à la vue. Certaines personnes vivent avec elles pendant des années avant de réaliser exactement ce qu’elles sont. Ils aiment aussi s’insérer dans des organisations à but non lucratif qui prétendent faire du bien à la communauté pour couvrir leurs motivations plus insidieuses.

Certains traits et comportements communs sont un manque de réponse émotionnelle normale aux événements traumatisants ou aux événements joyeux, ou ils imitent les réponses des autres pour se fondre dans leur groupe mais ils se détachent par le caractère « forcé » ou « faux » de leurs réactions. Ils n’ont aucune idée de l’empathie ; cela n’existe pas pour eux.

Ils cherchent des centres de pouvoir et sont attirés par des positions d’autorité. Ils semblent toujours exiger les efforts des autres tout en offrant rarement leur propre aide. Ils font des chefs terribles, essayant toujours de quitter un endroit en sécurité tout en laissant leurs conscrits prendre les risques. Diriger par l’exemple est un concept étranger pour eux.

Ils mentiront à propos de leurs accomplissements et de leurs mérites. Ils vont déformer leurs réalisations professionnelles afin de gagner la confiance des gens. Demandez-leur de prouver par des actions qu’ils peuvent faire tout ce qu’ils prétendent pouvoir faire, et ils essaieront d’éviter le test ou de répondre avec indignation et colère.

Ils vont manipuler leurs ennemis idéologiques ou les gens qu’ils essaient de contrôler. Ils accuseront les autres d’être des « narcissiques » ou des « sociopathes » ou des fascistes ou n’importe quel surnom qui tirera les ficelles de leur cible. Quels que soient les maux dont ils sont coupables, ils essaieront de les retourner et de les jeter aux pieds de leurs ennemis.

Ils semblent toujours avoir des « laquais » pour faire leur sale boulot et attaquer ceux qui s’opposent à eux. Les personnes qui ont traité avec des sociopathes narcissiques dans leurs vies personnelles se réfèrent parfois à ces laquais comme à des « singes volants », faisant référence aux singes volants asservis par la méchante sorcière dans le Magicien d’Oz. Les singes volants sont essentiellement des idiots utiles que le narcissique emploie par la fraude et parfois en les payant. Chaque fois que les narcissiques sont menacés d’être exposés, ils lâchent leurs singes volants dans les rues ou sur Internet pour démolir les conteurs de la vérité.

Ils ne croient pas aux frontières morales ou personnelles, c’est pourquoi ils essaient toujours de convaincre les gens que de telles limites sont un mythe. Ils traverseront des lignes morales, testant toujours les clôtures pour détecter leurs faiblesses ; essayer d’épuiser petit à petit les autres jusqu’à ce qu’ils abandonnent et cessent de se battre.

Ils veulent désespérément sortir de l’ombre et entrer dans la lumière du jour. Ils veulent être adorés comme les monstres qu’ils sont, plutôt que pour les faux philanthropes tels qu’ils se présentent. Pour ce faire, tout sociopathe narcissique se fait un devoir d’effacer l’idée de conscience, qu’elle fasse partie de la cabale mondialiste ou qu’elle soit une autre goule dans la rue. Leur inclination naturelle est de corrompre tout ce qu’ils touchent, et s’ils ne peuvent pas corrompre une chose, ils tenteront de la détruire.

Surtout, les sociopathes narcissiques veulent que tout le monde autour d’eux pense que nous sommes comme eux. Cette volonté de nous « affaiblir » pour nous faire croire que nous sommes tous sans scrupules et moralement en faillite, ne nécessite qu’une crise ou une calamité, qu’un peu de chaos pour faire ressortir le diable chez tout un chacun.

Mais si c’était vraiment le cas, alors l’humanité aurait disparu depuis longtemps dans une auto-destruction sans fin ; quelque chose continue de nous ramener du bord du précipice dans nos vies personnelles et dans la société dans son ensemble. La conscience continue à vaincre le mal en refusant d’accorder aux méchants l’utopie d’un chaos par cette table rase qu’ils veulent tant. Et c’est ce qui m’inspire la confiance que peu importe à quel point nos jours peuvent devenir terribles, il y a quelque chose de notre côté qui dépasse le monde physique.

Chaque crise est un test, un test pour chaque personne et un test pour notre culture. Pouvons-nous agir avec raison, courage et principes même dans les pires moments, ou serons-nous tentés par la facilité d’utiliser dans notre lutte des moyens malveillants ? Faisons-nous ce qu’il faut faire pour ceux qui nous entourent, ou allons-nous joyeusement les piétiner au nom de la « survie » ? À la fin, les pires hommes ramènent les meilleurs hommes à la surface. C’est le seul « bien » qu’ils feront.

Brandon Smith

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