lundi 7 octobre 2019

Baisse du nombre de consommateurs par rapport à l’augmentation de la consommation d’énergie

Article original de Chris Hamilton, publié le 11 août 2019 sur le site Econimica
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

Connaissance des énergies
Résumé
  • Je compare le rapport Perspectives de la population mondiale 2019 de l’ONU (divisé par les données du revenu national brut de la Banque mondiale) et les Perspectives énergétiques internationales 2017 de l’EIA (qui indiquent la consommation énergétique mondiale totale).
  • Je montre les ensembles de données observées de 1980 à 2018 et les ensembles de données projetées de 2019 à 2050.
  • Le déclin imminent des populations de consommateurs des pays riches entraînera certainement des ralentissements de la consommation d’énergie beaucoup plus importants qu’on ne le prévoit actuellement.
  • La croissance démographique des nations pauvres, qui se poursuit mais ralentit, ne compensera pas la différence.
  • Une décélération importante et probablement non linéaire de la consommation mondiale d’énergie semble probable.
De quoi réfléchir.  L’utilisation d’ensembles de données, plutôt que de données anecdotiques, peut être utile pour tenter de comprendre les réalités présentes et futures que nous devons anticiper.



Aujourd’hui, je compare le rapport 2019 de l’ONU sur l’avenir de la population avec les perspectives énergétiques internationales 2017 de l’EIA (Energy Information Administration des États-Unis).
Je divise la population mondiale des gens âgés de 0 à 65 ans en populations à peu près égales entre les nations ayant un pouvoir d’achat par habitant de 4 000 $ (en milliers) et plus (ligne bleue pleine en dessous) et les nations ayant un pouvoir d’achat par habitant inférieur à 4 000 $ (ligne rouge pleine en dessous).

Je compare la consommation totale d’énergie, divisée par ces mêmes populations des nations les plus riches (ligne bleue en pointillés) et des nations les plus pauvres (ligne rouge en pointillés).
Les pays « au-dessus de 4 000 dollars » ont un pouvoir d’achat moyen de plus de 16 000 dollars par habitant, tandis que les pays « au-dessous de 4 000 dollars » ont un revenu moyen de 1 600 dollars. Il s’agit d’un écart d’environ 10 fois du pouvoir d’achat et de la consommation des citoyens les plus riches par rapport aux citoyens les plus pauvres du monde pour ce qui est essentiellement des produits de base et des exportations dont les prix sont globalement constants.

Les pays riches consomment un peu plus de 88 % de l’énergie mondiale et les pays pauvres les 12 % restants.

Les données de 1980 à 2018 sont des observations réelles tandis que les données de 2019 à 2050 sont des projections.



Afin de mieux comprendre ce qui se passe, le graphique ci-dessous montre l’évolution démographique des deux groupes sur une base annuelle. Comme le montre le graphique, l’évolution démographique des gens âgés de 0 à 65 ans dans les pays riches (colonnes bleues) s’est ralentie, passant de +38 millions par an en 1988 à seulement +5 millions par an en 2019, et devrait cesser de croître à partir de 2023. D’ici 2035, cette population plus riche devrait diminuer d’environ 15 millions de personnes par année (en supposant que les taux d’immigration demeurent élevés sinon, sans cela, les baisses seront plus importantes). Pendant ce temps, la croissance démographique des pays pauvres des gens âgés de 0 à 65 ans s’est légèrement accélérée de 1988 à 2018 (+47 millions à +53 millions par an), mais on prévoit maintenant que la croissance continuera de ralentir pour atteindre +35 millions en 2050. Il est fascinant de constater que ces changements dans la croissance démographique annuelle ne devraient pas avoir d’impact significatif sur la croissance tendancielle de la consommation d’énergie (consommation d’énergie des pays riches = ligne pointillée bleue vs. consommation d’énergie des pays pauvres = ligne pointillée rouge).



Enfin, je détaille l’évolution annuelle de la population et la variation annuelle de la consommation d’énergie. Comme ci-dessus, voici le changement démographique annuel des pays les plus riches (colonnes bleues) par rapport aux pays les plus pauvres (colonnes rouges), mais détaillant le changement annuel de la consommation énergétique des pays les plus riches (ligne bleue) par rapport au changement annuel de la consommation énergétique des pays les plus pauvres (ligne rouge).



Compte tenu de la forte volatilité de l’évolution de la consommation d’énergie par rapport à l’évolution relativement douce de la population dans le graphique ci-dessus, les deux derniers graphiques font la moyenne des variations annuelles de la population des pays riches et des pays pauvres et des variations annuelles de la consommation d’énergie entre 1980 et 2018 et entre 2019 et 2050.

Premièrement, les nations plus riches….

De 1980 à 2018, les pays riches ont connu une augmentation annuelle moyenne de 24 millions des gens âgés de 0 à 65 ans contre une augmentation annuelle de 6,9 quadrillions de BTU de consommation d’énergie.

De 2019 à 2050, les pays les plus riches devraient connaître une baisse annuelle moyenne de -8 millions des gens âgés de 0 à 65 ans contre une augmentation annuelle de 4,8 quadrillions de BTU de la consommation énergétique.


Et les nations les plus pauvres….

De 1980 à 2018, les pays pauvres ont connu une augmentation moyenne de 49 millions de personnes âgées de 0 à 65 ans par an, contre une augmentation annuelle de la consommation énergétique de 1,4 quadrillion de BTU.

De 2019 à 2050, les pays pauvres devraient connaître une augmentation annuelle moyenne de 46 millions de personnes âgées de 0 à 65 ans, contre une augmentation annuelle de la consommation d’énergie de 1,9 quadrillion de BTU.



De 2019 à 2050, le consommateur de 88 % de l’énergie terrestre, les pays les plus riches, devrait augmenter sa consommation totale d’énergie de 154 quadrillions de BTU (+29 %) contre 62 quadrillions de BTU pour les pays pauvres (+87 %).  Cela repose sur l’hypothèse d’une augmentation de 39 % de la consommation d’énergie par habitant dans les pays riches[…] comparativement à une augmentation de 33 % par habitant dans les pays pauvres du monde.

De 2019 à 2050, la consommation d’énergie des pays riches est une projection très étrange selon laquelle les pays riches augmenteront considérablement leur consommation totale d’énergie face à la diminution de la main-d’œuvre, au ralentissement des besoins d’infrastructures, d’usines, de chaînes d’approvisionnement, etc. De plus, cela est étrange étant donné les efforts continus d’innovation et de conservation dans la création et l’utilisation de l’énergie provenant de toutes les sources.

Encore une fois, voici matière à réflexion

Le graphique ci-dessous représente l’évolution annuelle de la population des gens âgés de 0 à 65 ans dans les pays les plus riches (colonnes bleues), l’évolution annuelle de leur consommation d’énergie (ligne pointillée bleue), l’évolution annuelle de la consommation énergétique des pays pauvres (ligne pointillée rouge) et le taux des fonds fédéraux (ligne jaune). En termes simples, à mesure que la croissance démographique ralentissait, le taux des fonds fédéraux était systématiquement abaissé (en même temps que l’injection de grandes quantités de stimulants financiers) et, après chaque abaissement, la consommation d’énergie augmentait (la seule exception étant la baisse de consommation d’énergie associée à l’éclatement de l’Union soviétique) [et la Grand Crise Financière, GFC, en 2008, NdT].



Et tout cela est détaillé de 1980 à 2050. Nous en sommes maintenant à la 38e année d’une baisse séculaire du taux des fonds fédéraux afin d’inciter un plus grand effet de levier (dette) pour compenser le ralentissement de la croissance démographique des gens de 0 à 65 ans les plus riches. L’impact de l’explosion et de la récession sur la consommation d’énergie des pays riches est évident, tout comme l’insignifiance relative des pays pauvres par rapport à la consommation mondiale d’énergie. Peut-être qu’un autre cycle d’expansion et de ralentissement est possible en raison de la mise en œuvre imminente des NIRP en conjonction avec les plus récents programmes de stimulation, de QE, le tout dans le but de booster le moteur encore une fois… mais je ne le crois pas.


 

Mon point de vue…

est que les données de l’ONU sur la variante moyenne de la population surestiment la croissance démographique (et sous-estiment le déclin de la population dans les pays riches) et que les Perspectives énergétiques internationales de l’EIA indiquent une croissance de la consommation énergétique allant d’une légère surestimation à une forte exagération. Avec le rétrécissement prochain de la base de consommateurs en âge de travailler parmi les pays riches qui consomment près de 90 % de la consommation mondiale, l’offre excédentaire de capacité déjà existante ne fera que s’accroître. Ce manque de croissance de la demande empêchera les pays les plus pauvres de développer et de produire davantage d’offre. Ce manque de demande mondiale signifiera peu ou pas de croissance basée sur les exportations parmi les nations les plus pauvres (pas de répétition des « tigres asiatiques » ou des « courbes en S«  prévues pour l’Inde ou l’Afrique). Comme ces deux ensembles de données sont adaptés à la réalité (et l’un à l’autre), les implications pour le présent et l’avenir seront très différentes de ce que l’on prévoit actuellement.

Chris Hamilton

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