Article original de James Howard Kunstler, publié le 29 Aout 2016 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Est-ce que le destin va permettre que l’élection d’Hillary
Clinton soit l’acte suprême et peut-être terminal de notre société
où-tout-va-mais-où-rien-ne-compte ? Pourtant, même avec la chance
fabuleuse de courir contre un lourdaud politique consommé, elle doit se
démener pour prendre le dessus, et elle va peut être atterrir à la
Maison Blanche avec le plus faible taux de participation de l’histoire
moderne. Mais sa récompense pour le bureau ovale ne serait peut être que
d’esquiver les mises en accusation pendant quatre ans, alors que la
nation se désagrège autour d’elle. C’est la façon dont le monde se
terminerait : pas avec un bang ou un gémissement, mais dans un
ricanement.
Imaginez la scène après l’élection de Hillary. Afin de sauver le
dernier lambeau de sa crédibilité, la Réserve fédérale augmente ses taux
d’un autre quart de point en détruisant les derniers faux-semblants Potemkine d’une économie soit disant convalescente,
que sont les marchés boursiers en lévitation. Des dizaines de millions
d’individus retraités, préalablement enfoncés dans la crise par la
politique de taux d’intérêt zéro, sont anéantis. Encore plus grave, les
fonds de pension et les compagnies d’assurance sont détruits, mais pas
avant que leurs problèmes ne déclenchent des contrats dérivés avec les
grandes banques, qui vont ensuite exploser en exposant l’incapacité des
contreparties de sauvegarder ces paris.
Dans une panique aveugle, la Réserve fédérale renverserait sa
politique en décembre, laissant tomber le taux d’intérêt des Fonds de la
Fed pour revenir à 25 points de base et annoncer la plus grandiose
nouvelle série de « quantitative easing » (impression d’argent)
jamais vue, alors que le Congrès serait contraint de voter le plus
grand plan de sauvetage d’institutions que le monde ait jamais vu, avec
un lâchage d’hélicoptère en une fois de 1000 milliards de dollars tout frais sous la forme de réductions d’impôts combinées et de « projets d’infrastructures prêts à démarrer ».
Les médias s’en réjouiraient. Le dollar américain coulerait. Absolument
personne ne veut des bons du Trésor US, des factures et des notes à
payer. Les restes pathétiques de classe moyenne américaine regarderaient
dans l’abîme. (S’ils regardent avec assez d’attention, ils y verront le
gouvernement des États-Unis tout au fond.)
Nous vivons maintenant dans une configuration pour que cela arrive,
traitant les manigances électorales du jour comme un autre
divertissement télévisé sordide. C’est plus que cela. C’est une
invitation gravée dans le marbre, pour la pire crise depuis la guerre
civile. La crise peut même déboucher sur des événements comme une guerre
civile, qui verrait s’affronter dans des escarmouches des groupes
d’identités diverses autour de nos villes déjà en ruines, tout comme les
factions à Alep et à Falloujah. Merci le progressisme
de Gauche pour cela. Croyez-moi, l’histoire les blâmera pour avoir
forcé l’idée d’une culture commune unificatrice sur une telle barge de déchets.
Et oui, pendant toutes nos tribulations ici en Amérique, le reste du
monde sera aux prises avec ses propres troubles épiques. Il reste à voir
s’ils vont conduire à la guerre comme, par exemple, les Chinois du
parti au pouvoir qui tentent de soustraire à l’accident systémique leur
propre système bancaire branlant et les millions d’investisseurs
ruinés et en colère, en commençant une guerre avec le Japon pour
quelques îles dépourvues de sens dans le Pacifique. Cela pourrait
arriver. Et, oh, est-ce que la Corée du Nord a vraiment un programme de
bombes et de missiles nucléaires ? Qu’est-ce que le reste du plan
mondial pense faire à ce sujet ?
Vous ne voulez même pas regarder le Moyen-Orient. Les conflits
horribles là-bas, ces dernières décennies, sont seulement un prélude à
ce qui se passera quand la Maison des Séouds perdra son emprise sur le
gouvernement. Cela se produira, et la grande question est de savoir si Aramco
va pouvoir continuer à fonctionner, ou si les éléments critiques de la
compagnie nationale pétrolière saoudienne vont finir irrémédiablement
endommagés, avec des tribus concurrentes se battant pour leur contrôle.
Dans tous les cas, le monde va commencer à remarquer le fait saillant de
la vie dans cette partie du monde, à savoir que le désert d’Arabie, et
une grande partie de la grande bande de territoire aride de chaque côté
de celui-ci, ne peut pas soutenir les populations qui ont proliféré dans
le bain des éléments nutritifs de cette économie du pétrole au XXe siècle. Et ils ne seront pas tous en mesure de s’auto-exporter vers l’Europe.
En parlant de cette région intéressante, pendant qu’Hillary met en
place un service de soins intensifs au troisième étage de la Maison
Blanche, l’ancien ordre sera balayé à travers l’Europe. Adieu Merkel et
M. Hollandaise. Adieu la gauche spongieuse partout. Entrez, les
durs à cuire. On pourrait penser que si quelque chose pourrait unir ce
continent, cela pourrait être le désir de défendre la liberté séculière
sous la primauté du droit, mais même cela reste à voir.
Oui, le monde suivant le troisième trimestre 2016 ressemble à un
bordel brûlant. Si vous devez ne vous rappeler que d’une chose, que ce
soit celle-ci : la mission principale de votre cohorte de la race
humaine est la gestion de la contraction. Le monde devient plus grand et
plus pauvre encore et le résultat, partout, sera déterminé par le
succès des gens à gérer leur vie localement. Les grandes choses de ce
monde – les gouvernements, les entreprises, les institutions – perdent
de leur attraction et tout ce que nous parviendrons à reconstruire va se
faire localement. En cas de victoire, Hillary peut absolument cesser de
compter.
James Howard Kunstler
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