Article original de James Howard Kunstler, publié le 10 Octobre 2016 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Le débat de hier soir [dimanche 9 octobre, NdT]
soulève des questions intéressantes, telles que celles-ci: est-ce les
Romains auraient choisi Caligula si on leur avait donné la chance de
voter? Est-ce que le parti républicain peut se remettre de Donald Trump?
Si les caciques du parti «débranchent» Trump, comme certains
menacent de le faire (c’est à dire de couper des fonds pour sa
campagne), vont-ils partir avec l’eau du bain de toute façon? Est-ce que
les États-Unis sont une nation ou tout simplement le plus grand club de
comédie du monde? Où est l’État profond lorsque vous avez vraiment
besoin de lui?
Cette odeur qui flotte dans l’air est celle des Républicains avec leurs
cheveux en feu. Pourtant, la jubilation d’étonnement sur le visage
d’Hillary, témoin des sorties de route de son rival, finira par
disparaître quand elle discernera l’épave qui l’attend dans le bureau
ovale. Pleurez pour votre pays!
La seule bonne chose qui va sortir de cette élection sordide, c’est
la certitude que beaucoup de débris politiques seront balayés après le
passage de ce cap décisif. Après les miasmes de l’idiotie et des
postures de cette campagne électorale, les dures réalités de notre temps
vont émerger et les téléspectateurs vont apprendre dans la douleur
qu’il ne s’agit pas seulement d’un autre simple divertissement.
Les autres grandes nations du monde ne se ligueront pas tellement
derrière l’Amérique, si Hillary est élue, mais elles tenteront
raisonnablement de se protéger de ce taureau fou que sont devenus les
États-Unis – alors que les deux candidats en lice veulent commencer la
troisième Guerre mondiale avec la Chine [pour Trump ?, NdT] et la Russie, respectivement. Le dernier recours des scélérats dans la version actuelle de la «presse jaune» est de blâmer la Russie pour avoir tenté de se mêler de notre élection. La guerre, les enfants, ce n’est pas pour rire.
Il commence à être trop tard pour démêler toute la confusion semée
par cette horrible campagne. A partir de maintenant, il n’est vraiment
plus question de laisser retomber la poussière. En arrière-plan de tout
cela, il se profile l’épave fumante de la finance mondiale, qui sera le
vrai déterminant de ce que le peuple américain aura à faire dans les
années à venir. Pendant les semaines de cette distraction électorale,
les banques européennes ont eu du mal à cacher leur insolvabilité,
tandis que les politiciens de la zone Euro essayent désespérément de
colmater les fissures dans ces institutions en cours de désintégration.
Peu de gens peuvent dire ce qui se passe réellement dans le système
bancaire de la Chine, mais il fait entendre des craquements sinistres
difficiles à ignorer. Mais soyez sûrs qu’il en est de même à Wall Street
et pour les banques américaines. Le potentiel de démolition des marchés
et des devises à travers le monde est extrême en ce moment. Il est peut
être seulement question de savoir si cela se produira avant ou après
l’élection.
Ensuite, nous verrons ce qui se passera lorsque les institutions
financières ne pourront plus se faire confiance. Le commerce va
s’arrêter. Les économies vont péricliter. Les prétentions s’évaporeront.
Si la situation dérape suffisamment, les étagères des supermarchés vont
se vider en trois jours et vous allez vivre une catastrophe comme un
ouragan permanent, sans le vent et la pluie. Croyez-moi, ça ne sera pas
joli à voir. Hillary, si elle est élue, n’aura pas la chance de nous la
rejouer Franklin Delano Roosevelt. Au contraire, elle sera coincée dans le rôle de Herbert Hoover,
le retour, qui a présidé une économie réduite à un monte-charge dont le
câble est cassé. Attendez-vous à des problèmes avec le dollar
américain. Attendez-vous à des décisions «d’urgence». Attendez-vous aux conséquences imprévues de ces décisions.
S’il y a un résultat exceptionnel à ces «débats», il doit
être dans leur échec stupéfiant à rassurer le public américain qu’il
peut s’attendre à un leadership efficace devant les difficultés à venir.
Il doit y en avoir beaucoup qui, comme moi, se demandent qui émergera
des décombres. Je soupçonne que ce sera quelqu’un dont nous n’avons pas
entendu parler avant, tout comme Bonaparte était impensable en France en
1792. Nous ne sommes pas tout à fait une nation de clowns, même si ça y
ressemble beaucoup ces derniers temps.
James Howard Kunstler
Note du traducteur
Pour l'effondrement bancaire, rien n'est moins sûr, car les banques centrales peuvent monétiser les mauvaises dettes et les refinancer à l'infini, tant que les sommes colossales injectées dans le système financier ne partent pas à la recherche de contreparties physiques.
Paradoxalement, l'accumulation de richesses dans les mêmes mains, déjà propriétaires de tous les bien physiques imaginables, permet en quelque sorte de geler ces actifs monétaires. En schématisant à la truelle, cela crée des bulles permettant la concentration des droits de vote dans les multinationales entre ces grosses mains.
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