lundi 18 décembre 2017

Pourquoi les globalistes ont besoin d’une guerre, et vite

Article original de Brandon Smith, publié le 6 décembre 2017 sur le site alt-market.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr



Il est difficile d’évaluer et de comprendre les événements géopolitiques et économiques sans comprendre d’abord le fait qu’une grande partie de ce qui se passe dans le monde est conçue pour se produire avec un objectif global et précis en tête. Si vous souscrivez à la théorie selon laquelle tout est un « chaos » aléatoire et que les résultats sont circonstanciels ou coïncident, alors vous serez toujours perdu dans le noir face à ces événements. Si vous pensez qu’une « conspiration » de mondialistes nécessiterait « trop de contrôle » ou d’anticipation, je soulignerais que les conspirations organisées par les gens au pouvoir représentent la tradition historique, pas une théorie. Si de telles cabales étaient répandues par le passé, il est plutôt stupide de rejeter la réalité qu’elles prévalent aujourd’hui.



Dans mes articles « Explications sur la fin du jeu économique » et « La fin du jeu économique se poursuit » j’énonce des preuves sérieuses étayant la conclusion suivante : les financiers internationaux et les marionnettes politiques dans les pays occidentaux et orientaux partagent une idéologie profondément enracinée appelée « globalisme » ou « nouvel ordre mondial ». Cette idéologie exige une centralisation totale de l’économie et du gouvernement, aboutissant à une autorité financière globale unique, à un système monétaire mondial unique et à une structure de gouvernance mondiale unique. De toute évidence, une telle entreprise devrait prendre beaucoup de temps et nécessiter une planification. C’est un projet à long terme, avec des périodes de changements accélérés.

Les globalistes se réfèrent à ce processus de changement intentionnel comme la « réinitialisation économique mondiale ». Une remise à zéro des processus économiques du monde n’est pas aussi loin que les sceptiques aiment le dire. Quand un groupe organisé d’idéologues maintient le contrôle sur la production monétaire et les taux d’intérêt de la plupart des pays de la planète, il n’est guère difficile de manipuler les politiciens, de manipuler la législation ou même d’invoquer scientifiquement les bulles financières et les effondrements. Par extension, il devient également simple de déclencher des conflits internationaux si nécessaire.

Mais pourquoi la guerre serait-elle un ingrédient nécessaire de la globalisation ?

La guerre est la distraction ultime, le diviseur ultime et, peut-être ironiquement, le vecteur ultime de consolidation. Au siècle dernier, la guerre a toujours semblé suivre ou coïncider avec des crises économiques qui se révèlent plus tard comme le produit des élites bancaires et de leurs politiques monétaires agressives. Et à la suite de ces guerres, des institutions supranationales sont souvent fondées (comme la Société des Nations, les Nations Unies, la Banque des règlements internationaux et le Fonds monétaire international) comme « solutions » pour empêcher que ces tragédies de masse ne se reproduisent. La guerre est un stéroïde social favorisant les mutations, habituellement d’une manière malsaine.

Ces dernières années, le concept de « guerre mondiale » a cédé la place à une tendance plus insidieuse de guerres régionales sporadiques mais provoquant une tension constante. Dans la plupart des cas, ces guerres régionales ont contribué à la ruine constante des États-Unis en raison de l’accumulation de dettes nationales et de la méfiance ou de la haine internationales. En fait, on pourrait conclure que si nous regardions l’image globale de la vaste gamme de guerres régionales perpétrées par les globalistes, nous verrions que toutes ces guerres combinées constituent une sorte de guerre mondiale sous une forme différente.

Cela dit, les globalistes auront besoin d’un catalyseur nouveau et beaucoup plus grand pour leur reset, et vite. Pourquoi ? Parce qu’une distraction importante est essentielle à la prochaine phase de l’effondrement en cours. Un bouc émissaire omniprésent est nécessaire ; celui qui peut être blâmé pour presque n’importe quel scénario négatif. Cela détourne l’attention du public des globalistes eux-mêmes, en tant que responsables de la crise financière, peut-être au point qu’il faudra des décennies avant que le grand public s’interroge sur ce qui s’est réellement passé, si jamais il finit par le faire.
La peur générée par une guerre incertaine agit également comme une forme d’alchimie psychologique, transmutant l’état d’esprit public collectif pour accepter une centralisation qu’il n’aurait jamais accepté autrement.

Voici la question en jeu : les banques centrales cherchent une réinitialisation monétaire plus que toute autre chose. Un rééquilibrage monétaire exige une dette massive, suivie d’une relance massive, suivie d’un resserrement budgétaire, puis d’une inflation massive, suivie d’une implosion monétaire ouvrant la porte à une structure de remplacement (très probablement sous forme des blockchains et des crypto-monnaies). La crise du crédit de 2008 a commodément fourni au moins deux de ces éléments jusqu’à présent, une vaste dette et des mesures de relance. Aujourd’hui, nous commençons à assister à la phase de resserrement budgétaire de ce processus.

Comme je l’ai déjà dit avant la baisse de l’assouplissement quantitatif de la Fed, la tendance de la banque centrale entraînera la suppression des mesures de relance, ce qui portera un coup mortel aux marchés des obligations et des actions. Maintenant, fait intéressant, la Banque des règlements internationaux a encore lancé un avertissement alors que 2017 arrive à son terme. Il convient de noter que ce n’est pas la première fois que la BRI met en garde contre un accident imminent ; elle avait aussi prédit le pire juste avant que le crédit et ses dérivés ne s’écroulent en 2007. C’était, bien sûr, trop peu et trop tard pour que les masses réagissent de manière positive.

Son dernier avertissement arrive dans le bon tempo avec la réunion de décembre de la Réserve fédérale, au cours de laquelle on s’attend à ce que la banque centrale hausse à nouveau les taux d’intérêt tout en franchissant la prochaine étape vers la réduction de son bilan. Beaucoup d’économistes traditionnels et alternatifs doutaient de la baisse du QE et doutaient de la hausse des taux d’intérêt. Ils avaient tort. Tout comme les doutes sur les réductions du bilan de la Fed sont infondés. Les effets de ces mesures vont invariablement frapper négativement les obligations et les actions. Le temps est compté.

Mais, les élites bancaires ont pris des mesures. Par exemple, elles ont mis en place une distraction parfaite avec l’administration Trump. Avec Trump, fier et heureux d’assumer un rôle moteur dans la course haussière de la bourse cette année, qui pensez-vous que le public va blâmer lorsque ces mêmes marchés vont être mis par terre quand la banque centrale va tirer le tapis ? Probablement pas la Fed ou les banques de l’establishment.

Trump a également créé, de façon étrange, la raison parfaite pour la Fed pour justifier ces augmentations de taux d’intérêt et mettre fin à l’argent bon marché qui nourrit les marchés depuis si longtemps. Avec le passage du plan de réforme fiscale de Trump, la Fed peut maintenant prétendre que les taux d’intérêt DOIVENT être augmentés afin de créer des incitations pour l’investissement vers les bons du Trésor pour payer les programmes de travaux publics prévus par Trump et ses objectifs d’expansion militaire. Ce qui veut dire que la Fed peut prétendre qu’elle n’est pas coupable des effets négatifs en retirant de la table les capitaux bon marché parce que la politique de Trump l’exigeait.

Je voudrais également souligner que dans la plupart des cas, la Fed a abaissé les taux d’intérêt immédiatement après les réductions d’impôt et les réformes. Elle l’a fait après les réformes fiscales de Reagan en 1981 et en 1986, ainsi qu’après les réformes fiscales de George W. Bush en 2001. Pensez à cela en 2018, au moment où la Fed entend continuer à augmenter les taux d’intérêt à la suite des réformes fiscales de Trump. Elle fait l’inverse de ce qu’elle a souvent fait par le passé. Il y a là matière à réflexion…

Le plan fiscal de Trump lui-même est largement une distraction face au vrai problème. Tout d’abord, lorsque l’on compare les tranches d’imposition de l’année passée aux tranches d’imposition prévues pour l’année prochaine dans le cadre des réformes Trump, il n’y a pratiquement aucun changement pour l’Américain moyen. Les seules réductions importantes de taxes sont, sans surprise, des réductions d’impôt pour les entreprises ; il y a une réduction du plafond de l’impôt sur les sociétés de 35% à 20%. Au mieux, il s’agit d’une mesure de ruissellement, et non une solution à un problème auquel le public et le pays sont confrontés en ces temps agités pour l’économie.

Deuxièmement, pourquoi parlons-nous de « réforme » de l’impôt sur le revenu alors que nous devrions parler d’abolir l’impôt sur le revenu et la Réserve fédérale ? Qu’est-il arrivé à ce dialogue ? Il a disparu dans le trou de la mémoire.

Le plan fiscal de Trump ne fera rien pour ralentir ou défaire la crise économique actuelle parce que la crise découle directement des politiques monétaires des banques centrales et des manipulations des taux d’intérêt. La réforme fiscale est de loin trop modeste et intervient beaucoup trop tard. Elle se présente comme rien de plus que de maigres os, lancés aux conservateurs pour les garder tranquilles pendant un moment. C’est ce que la réforme fiscale de Trump fait très bien. Elle rallie les conservateurs autour de Trump, peu importe si cela les aide réellement ou non. Tout comme le projet de loi universelle sur les soins de santé d’Obama, qui s’est avéré être un désastre total dans la pratique, mais qui a plutôt bien réussi [politiquement, NdT] au moment de son adoption en ralliant la base libérale. Trump va certainement avoir besoin d’une base de soutien public s’il veut lancer une grande campagne militaire.

La Corée du Nord continue d’être le baril de poudre le plus probable pour le prochain événement de distraction. Deux mois de calme ont conduit les gens ayant une courte période d’attention à rejeter cette idée, et peut-être que certains d’entre eux continueront dans leurs dénégations, mais il devient de plus en plus difficile de l’ignorer jour après jour. Je dirais que la Corée du Nord est l’option la plus viable simplement parce que presque personne ne s’attend à une guerre avec une nation isolée. Le niveau de complaisance malgré tous les signaux contraires est palpable.

Les États-Unis ont mis en scène trois groupes de porte-avions dans la région pour la première fois en une décennie. Des exercices de combat majeurs sont en cours, sous le nom de « Vigilant Ace 18 » spécialement conçus pour simuler une invasion de la Corée du Nord avec plus de 230 avions et 12 000 soldats américains y participant. La Corée du Nord a averti des conséquences possibles, une « guerre nucléaire ».

La Corée du Nord a peut-être la capacité de suivre, au moins sur une échelle limitée, car elle a récemment fait ce qui semble être un énorme bond dans la technologie des missiles – un ICBM capable de transporter plusieurs ogives et de frapper la côte Est des États-Unis. Comment les Nord-Coréens en sont-ils venus à posséder cette technologie si rapidement ? C’est une question que tout le monde devrait se poser.

En réponse, la rhétorique de guerre a été amplifiée. Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, H.R. McMaster, a déclaré que la Corée du Nord est la plus grande menace immédiate pour les États-Unis, affirmant que son potentiel de guerre « augmente chaque jour ». Lindsay Graham, une belliciste et un ennemi de la Constitution, a déclaré que les familles des militaires américains devraient quitter la Corée du Sud pour leur propre sécurité et que « nous approchions du conflit militaire ».

Alors, à quelle distance en sommes-nous ? Je maintiens que la guerre avec la Corée du Nord est probable d’ici le deuxième trimestre de 2018. Je maintiens aussi que les globalistes continueront la stratégie des multiples conflits régionaux et d’une guerre économique mondiale plutôt qu’un désordre nucléaire global unique qui effacerait des milliers de milliards de dollars et des décennies d’efforts consacrés aux infrastructures et aux réseaux de surveillance.

Ce serait avantageux pour les globalistes s’ils prévoient de poursuivre les hausses de taux d’intérêt et l’élimination des mesures de relance par les banques centrales dans monde entier. Cela aiderait à masquer les effets des réductions de bilan sur les marchés actions et pourrait accélérer la chute du dollar alors que les nations de l’Est et en Europe appliquent des alternatives comme le système du panier des DTS du FMI en réponse à la dette massive provoquée par un bourbier militaire pour les États-Unis. En d’autres termes, les développements budgétaires catastrophiques, qui allaient déjà se produire en raison du sabotage des banques centrales, seront entièrement attribués à la crise géopolitique plutôt qu’aux véritables coupables.

Enfin, l’Est interviendra-t-il militairement pour empêcher un conflit en Corée du Nord ? La Chine a déjà déclaré que si la Corée du Nord attaque en premier, alors elle ne fera pas obstacle au changement de régime par les États-Unis.

Cela va à l’encontre de ceux qui croient au faux paradigme Est / Ouest. La Chine a laissé la porte ouverte à un conflit potentiel. Si les globalistes veulent une guerre en Corée du Nord, ils vont créer une guerre en Corée du Nord, et les Chinois ont publiquement admis qu’ils vont rester l’arme au pied pour que cela se produise. Une attaque sous faux drapeau est probable. Augmenter le niveau des provocations menant à une réponse violente de la part de la Corée du Nord serait également plutôt facile à faire. Jusqu’à présent, la Corée du Nord reste le meilleur événement de type Choc et Effroi pour cacher une situation économique qui se désintègre à l’échelle globale. Les globalistes vont-ils laisser passer une opportunité comme celle-ci ? Il n’y a aucune raison pour eux de le faire.



Note spéciale : Le discours de Moriarty sur « l’inévitabilité de la guerre » est une représentation assez précise de l’état d’esprit globaliste – rationalisant l’ingénierie artificielle des conflits parce que la « nature humaine » dicte que de tels événements « arriveront de toute façon », alors pourquoi n’en profiteraient-t-ils pas ? Bien sûr, si la nature humaine était un allié fiable des courtiers en puissance, alors ils n’auraient pas besoin d’inventer d’abord ces crises. Telle est la logique circulaire insensée de ces psychopathes bien organisés.

Brandon Smith

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