mardi 12 septembre 2017

Levez vous, les prisonniers de la sémantique ! 2/2

Article original de Dmitry Orlov, publié le 5 septembre 2017 sur le site Club Orlov
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

 

« Un mauvais travailleur accuse ses outils » est une expression assez commune, que les gens comprennent souvent de travers en pensant que les outils n’ont pas d’importance et que seules les compétences en ont. C’est évidemment faux : les outils sont importants et un bon ouvrier commence par se procurer de bons outils et les garde affutés et en bon état. Les bons ouvriers suivent les normes professionnelles, tant par les outils qu’ils utilisent que par les objets qu’ils produisent. En ce qui concerne la réflexion, notre principal outil est le langage. Il est très difficile d’exprimer des pensées compliquées en utilisant des langues simples ou de bien réfléchir en utilisant une langue imparfaite.


Par exemple, les pidgins et les créoles, qui évoluent spontanément dans des communautés isolées dépourvues de langage commun, manquent de concepts de temps (passé, présent, futur). Par conséquent, les utilisateurs de ces langues trouvent très gênant de se pencher sur des idées telles que la question de savoir si quelqu’un a dit ou fait quelque chose que personne n’aurait dit ou fait auparavant. La recherche sur un groupe isolé de sourds au Nicaragua qui a spontanément développé une langue de signes simple a montré qu’une fois que les concepts temporels ont été ajoutés à leurs langues, leur capacité à se rappeler le passé et à élaborer des plans pour l’avenir s’est également améliorée : la langue limite l’esprit.

Très probablement, ce n’est pas une limite indépassable, et même des moyens expressifs limités peuvent être améliorés par des efforts. Mais comme la plupart des gens ont tendance à être un peu paresseux, on peut s’attendre à ce qu’ils ne repoussent pas les limites de ce que leur langue peut facilement exprimer. Tout aussi important, la plupart des langues ont intégré certaines protections qui restreignent ce qu’elles peuvent exprimer, bloquant de vastes zones d’impossibilité physiques, fantaisistes et illogiques. Celles-ci fonctionnent comme des garde-fous qui empêchent vos pensées d’aller sauter d’une falaise. Les langues qui ne possèdent pas ces garde-fous ne font rien pour limiter quelqu’un voulant répandre des non-sens fallacieux.

Les pidgins et les créoles mis à part, la plupart des langues majeures ont progressivement évolué avec le temps, devenant de plus en plus élaborées et raffinées, et à l’heure actuelle, toutes fournissent une trousse à outils très vaste pour exprimer des pensées constructives et créatives. Bien que les détails varient un peu, la plupart des langues indo-européennes (qui représentent plus de la moitié des locuteurs du monde et la majorité écrasante des textes publiés) ont un ensemble de caractéristiques grammaticales obligatoires : pour dire quelque chose, vous devez faire un choix de temps, d’humeur, de nombre, faire la distinction animée / inanimée et, de manière significative pour cette discussion, le plus chargé des termes contemporains, faire le choix du genre.

La plupart de ces caractéristiques ont été héritées de la langue proto-indo-européenne ancestrale, qui n’existe plus, mais qui a été reconstruite en recherchant les différences et les points communs entre les différentes langues connues, vivantes et mortes. Elle était dotée d’une très grande machine grammaticale. Le processus d’évolution linguistique loin de cette langue racine commune a entraîné une perte progressive de certaines distinctions grammaticales dans presque toutes les langues. Par exemple, le nombre dual a largement disparu, laissant tout simplement place au singulier et au pluriel. Mais la plupart des langues indo-européennes conservent le genre grammatical original, masculin, féminin ou neutre, ce qui est obligatoire pour tous les noms et les pronoms. Pour les noms qui sont animés et ont un sexe, genre = sexe ; pour le reste, le genre est arbitraire ; dans les deux cas, il est largement immuable, bien que certains suffixes (par exemple, -esse comme dans « la maîtresse ») peuvent induire un changement de genre.

L’une parmi la poignée de langues indo-européennes qui manque de genre grammatical est l’anglais, qui ne les retient que pour les pronoms personnels, et seulement au singulier. (L’arménien et le farsi en sont d’autres exemples.) L’anglais a évolué à partir d’une poignée d’autres langues, toutes ayant un genre grammatical, grâce à un processus de créolisation incomplet. Les systèmes de genre des différentes langues se sont affrontés, et ce qui a émergé comme résultat est une langue avec ses noms stérilisés. Cela peut sembler sans importance. Après tout, quelle différence cela fait-il que la lune soit féminine en français mais masculine en allemand ?

Là où le genre grammatical devient important, c’est qu’il fonctionne comme un garde-fou, pour empêcher les jeunes esprits d’aller dans le ravin de la confusion de genre. Prenez l’espagnol : si vous, en fonction de votre héritage, de votre culture adoptée ou de votre langue maternelle, vous décidez que vous êtes hispanique, le terme anglais commun – « latin » – en espagnol vous oblige à choisir entre « latino » et « latin ». En espagnol, le choix binaire de genre est obligatoire. Sauf si vous choisissez un des deux genres, vous ne pouvez pas vous décrire en utilisant un adjectif en espagnol ou vous référer au passé en russe.

En anglais, le genre grammatical est limité aux pronoms personnels, et ceux-ci peuvent être utilisés de manière à rendre le genre arbitrairement vague. Ceci, en combinaison avec un programme LGBTQ politiquement agressif, rend plus que probable que les jeunes ne parviennent pas à mûrir correctement, ce qui exacerbe l’actuelle épidémie de développement émotionnel bloqué. En réponse à la pression politique, la confusion entre les sexes est même inscrite dans la loi : la Californie a récemment criminalisé l’utilisation des pronoms personnels par le personnel des maisons de soins infirmiers qui ne sont pas d’accord avec la préférence des résidents, que ce soit « lui », « elle », « ils » (un symptôme de trouble de la personnalité multiple ?) ou « ze » (un extraterrestre créatif ?)… ou autre chose.

Notez qu’en dehors de ces contorsions et circonvolutions, il y a une remarquable petite confusion quant au sexe : à notre époque où l’analyse d’ADN est facilement accessible, il est facile d’établir, à partir d’une d’une gouttelette de son sang, si vous possédez une paire de chromosome XY (mâle) ou une paire XX (femelle). Les écarts par rapport à cette norme sont rares et invariablement infertiles.
Le principe selon lequel sexe = genre pour les sujets sexués et animés s’avère très utile, biologiquement parlant. Les opinions peuvent différer sur le but pour lequel vous êtes né, mais en ce qui concerne la nature, vous êtes ici pour répondre exactement à un seul but : procréer avant de mourir. Si vous ne le faites pas, votre lignée disparaîtra. Les opinions peuvent également différer sur la raison pour laquelle les hommes et les femmes existent, mais la seule vraie réponse est technique : les organismes qui héritent de la moitié de leurs gènes d’un parent et la moitié de l’autre se révèlent plus adaptables et survivent mieux aux changements environnementaux. Cela vaut pour les humains, les éléphants et les souris. Tout cela devrait être évident et banal.

Ainsi, la nature nous classe en trois tas : mâles, femelles et neutres (la pile de rejet). Loin d’être un atavisme linguistique, le genre grammatical reflète fidèlement ce fait. Dans les langues qui ont réussi à préserver cette fonctionnalité, sa fonction est de garder notre façon de penser et nos personnalités, sur le chemin bien balisé et hors du fossé.

Cela enrichit également les œuvres de littérature et de poésie en anthropomorphisant tout l’univers naturel et artificiel en le dotant de qualités masculines et féminines. En parlant poétiquement, le genre grammatical est un prisme à travers lequel on regarde la réalité, entrainant l’imagination. Appliqué aux objets inanimés, non sexués, le genre est arbitraire, mais il enrichit notre réalité. Il existe d’autres régimes de ce type ; prenez, par exemple, le Zodiaque : une collection arbitraire de symboles liés à des constellations qui ont retenu l’attention de beaucoup de gens pendant les derniers millénaires.
Une réponse que nous pourrions entendre, c’est que nous avons vaincu la nature et que, par conséquent, rien de tout cela n’a plus d’importance. Aujourd’hui, grâce au miracle de la science, nous pouvons faire toutes sortes de fantaisies avec la reproduction. Théoriquement, il est même possible de combiner les gènes de deux femmes pour faire une autre femme – aucun homme ne serait plus nécessaire pour une espèce ! Certains chercheurs travaillent même sur un utérus artificiel : aucune femme ne serait nécessaire pour une espèce. Comme je l’ai souligné précédemment, « les humains sont-ils encore nécessaires ».

Par ailleurs, un chemin linguistique vers un tel monde est déjà pavé : l’anglais contemporain perd la distinction animée / inanimée. Lors de l’édition de documents, je dois constamment remplacer « ça » par « qui » lorsque l’objet est animé, mais cela commence à ressembler à une bataille perdue. Si une personne est de même nature qu’une chose, traiter les entreprises comme si elles étaient des gens devient une seconde nature et la prochaine étape consiste à faire endosser aux robots des droits humains. Dans un monde dirigé par des robots, les humains pourront être élevés comme du bétail, en utilisant des techniques qui rendent la reproduction normale superflue, aussi longtemps que les robots ont besoin de nous. Mais qu’est-ce que c’est sinon un autre nom pour extinction ?
Je suis toujours assez optimiste pour dire qu’un tel régime technocratique totalitaire s’effondrerait sous son propre poids. Grâce à la loi des conséquences involontaires, il n’est possible de traiter la nature comme une machine que pendant une courte période avant que cette machine ne se décompose ou ne se retourne contre ses maîtres. La nature gagne toujours à la fin. Comme Horace l’a déjà dit, Naturam expelles furca, tamen usque recurrit. « Vous pouvez chassez la Nature par la porte, mais elle (natura est une fille) reviendra peu à peu. »

Une autre réponse que nous pourrions entendre est qu’il n’est pas nécessaire d’essayer de nous optimiser pour la reproduction, car la Terre est actuellement surpeuplée d’humains. Mais la surpopulation prendra soin d’elle-même : lorsque les matières premières agrochimiques qui ont alimenté la croissance rapide de la population vont diminuer, les taux de mortalité vont dépasser les taux de natalité et les populations vont diminuer de façon exponentielle.

Pendant les périodes perturbées, les taux de natalité et les taux de mortalité augmentent, mais le taux de mortalité augmente plus rapidement. (C’est exactement la tendance que montre le modèle World3 du Club de Rome, et cela a été mis en évidence il y a plus de trois décennies). Une diminution exponentielle est aussi rapide qu’une augmentation exponentielle. Il peut aussi y avoir des décès massifs, généralement à la suite d’événements calamiteux tels que les tsunamis, les attaques d’astéroïdes et les éruptions volcaniques. Ici, une population surdimensionnée est en fait un avantage parce qu’une population plus grande peut supporter un pourcentage plus élevé de pertes tout en conservant la capacité de s’en remettre.

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À l’exception de ces calamités, les taux de croissance négatifs ne sont même pas particulièrement perceptibles car l’effet est progressif. Il y a une liste entière de pays d’Europe de l’Est qui ont perdu plus qu’un quart de leur population depuis l’effondrement de l’URSS, mais ce n’est pas encore signalé comme une calamité (pour l’instant). Certaines personnes se lamentent et essaient de calculer la date à laquelle il n’y aura plus de Lituaniens, mais ces calculs se sont généralement avérés faux. Aussi longtemps que le groupe ethnique reste viable, sa population se stabilise habituellement à un niveau bas, puis recommence à croître. Essentiellement, peu importe la sévérité d’un problème de surpopulation, il est inutile de tenter de déjouer le système à votre avantage et celui de votre descendance, à moins que l’extinction ne soit ce que vous désiriez.

Pour des raisons évidentes et entièrement égoïstes, je veux que mes lecteurs, en particulier, soient féconds et se multiplient, donnent naissance à un grand nombre de nouveaux petits lecteurs. J’ai des raisons de croire que le type de personne qui peut absorber et tirer un bénéfice de ce que j’écris et publie est une personne intellectuellement supérieure, et que le monde profiterait davantage que vous soyez plus nombreux.

En outre, ceux qui me suivent depuis quelque temps savent que je porte un regard assez sombre sur les personnes qui délèguent les tâches d’éducation de leurs enfants aux bureaucraties publiques et aux étrangers mal payés. Je crois qu’il faut élever ses enfants en liberté et je suis totalement contre les humains cultivés en usine. Mais l’éducation des enfants est exigeante : il faut que trois générations soient disponibles, généralement passant la plupart de leur temps sous le même toit, parce que les parents n’ont ni le temps ni l’expérience de l’éducation des enfants. C’est pour cela que les grands-parents sont là. Les parents sont essentiellement des grands-parents en formation. Si tout va bien, ils vont gagner en expérience jusqu’au moment où ils vont devenir des grands-parents eux-mêmes. Tout cela est plutôt pénible et exigeant, et nous oblige tous à rester concentrés sur l’avenir, celui des générations futures, cela va sans dire.

Retour au genre : le genre fait partie de la grammaire, et la grammaire a des règles. Sauf dans des circonstances spéciales, telles que la grammaire à l’école, ces règles ne sont pas enseignées comme des règles mais sont absorbées inconsciemment en tant que modèles par les enfants qui écoutent et copient fidèlement leurs parents et leurs grands-parents. Pour nous, Indo-européens, depuis quelques milliers d’années, les règles de détermination du genre grammatical ont été les suivantes :

• Le sexe par défaut est généralement masculin (c’est « Celui qui hésite est perdu », pas « il » ou « elle » comme dans le discours politiquement correct).
• Pour les choses animées, sexuées, genre = sexe.
• Pour les choses inanimées, c’est arbitraire mais fixe.
• Pour les corps pluriels, en se référant à des groupes masculins ou féminins mâles ou mixtes, le genre de forme plurielle est masculin.
• Pour les pluriels, en se référant à tous les groupes féminins, le genre du pluriel est féminin.

Si vous trouvez que ces règles sont politiquement incorrectes et souhaitez les contester, n’oubliez pas qu’elles ont été en place depuis au moins 4500 avant JC, peut-être depuis plus longtemps, et se sont répandues dans plus de 400 langues différentes et resteront en vigueur dans la quasi-totalité de ces langues pendant au moins les prochains millénaires. Il n’y a pas de moyen concevable pour quiconque de souhaiter changer cela ou de légiférer pour cela. Dans la mesure où de telles règles grammaticales façonnent la pensée et la culture, il n’y a aucune attitude militante à prendre envers elles ; le plus que nous pouvons faire est de témoigner de leurs effets. Toute tentative de les contester est peu susceptible de donner lieu à beaucoup plus qu’une mode de passage.

Mais nous savons que cela n’empêchera pas certaines personnes d’essayer, en particulier celles qui sont bloquées dans une adolescence permanente. Leur vision pétulante est qu’elles peuvent se débarrasser d’une partie de l’histoire qu’elles n’aimeraient pas. Par exemple, il existe actuellement un effort en cours aux États-Unis pour détruire l’héritage physique de la Confédération car elle est associée à l’esclavage. Le fait que la grande majorité des soldats confédérés ne possédaient pas d’esclaves et défendaient courageusement leurs États autochtones contre l’oppression et l’invasion par d’autres, des États étrangers, est délibérément ignoré. Des figures historiques telles que George Washington et Thomas Jefferson sont vilipendées pour avoir été propriétaires d’esclaves.

Ce n’est pas seulement un exemple de violence contre l’Histoire. C’est aussi un choix idiot parce qu’il viole le Principe de la Légalité, selon lequel les lois doivent être non rétroactives pour être valides. L’esclavage était-il illégal au moment où Washington ou Jefferson possédaient des esclaves ? Non, ce n’était pas le cas. Est-il raisonnable de leur reprocher de faire des choses parfaitement légales à l’époque ? Non, à moins que vous ne vouliez supprimer la notion de « gouvernement par des lois et non par des hommes » que John Adams a consacrée dans la Constitution du Massachusetts en 1780. Un gouvernement par des hommes est plutôt une mauvaise idée ; un gouvernement d’êtres humains non déterminés sexuellement bloqués dans une adolescence permanente serait une catastrophe !

Mais l’esclavage a disparu maintenant, n’est-ce pas ? Eh bien, non, l’esclavage est vivant et bien vivant. Il est simplement criminalisé. En criminalisant quelque chose, on le rend généralement plus lucratif et plus répandu. Ainsi, il y a plus d’esclaves aux États-Unis maintenant qu’il n’y en avait lorsque l’esclavage était légal. Maintenant, ils sont appelés des « travailleurs migrants », qui triment à jamais pour payer leur dette alors que leurs familles chez eux sont prises en otage par des trafiquants d’êtres humains, ou des « prisonniers », qui travaillent pour une misère dans des prisons privées. Passer une loi contre quelque chose ne change rien ; tout est une question d’application. Et bien que les lois soient toujours adoptées avec l’espoir qu’elles seront appliquées et resteront en vigueur « désormais et pour toujours », ce n’est que rarement le cas.

Penser qu’un projet de loi adopté aujourd’hui sera toujours en vigueur dans l’avenir reflète une vision linéaire et irréaliste de l’histoire. Comme je l’ai expliqué dans la partie I, il y a une alternative, une vision plus ancienne et plus réaliste de l’histoire – elle est cyclique : il y a des cycles dans les cycles, ponctués de brefs cataclysmes, après quoi les cycles finissent par reprendre. Les nations, les empires et les civilisations grandissent et s’effondrent ; les gouvernements vont du despotisme à la démocratie et reviennent au despotisme. La morale publique se désintègre, puis s’améliore, puis se désintègre de nouveau.

Au sens strict, les lois ne s’appliquent pas au futur. Les lois s’appliquent uniquement aux événements dont on peut prouver qu’ils ont déjà eu lieu ; les appliquer à des événements futurs équivaut à poursuivre des crimes de la pensée. Par exemple, une loi contre la menace d’attentats terroristes ne peut être utilisée pour poursuivre ceux qui ont simplement planifié une attaque terroriste mais qui ne l’ont pas exécutée. Cela nécessiterait une loi contre la planification des attaques terroristes.

Si vous acceptez que nous ne pouvons imposer la moralité que par le biais des lois, pas par le goût, la mode ou le caprice, vous devez également accepter comme étant tout simplement invalide d’appliquer la morale d’aujourd’hui à des évènements passés. Et si nous acceptons que l’histoire soit cyclique plutôt que linéaire, il est tout aussi invalide de s’attendre à ce que la morale d’aujourd’hui s’applique aux époques futures.

Cette compréhension devrait nous orienter vers la bonne perspective en ce qui concerne les lubies passionnantes de certains aux États-Unis et dans l’UE, qui divorcent le genre à la fois de la grammaire et du sexe biologique et tentent de le fissionner dans un arc-en-ciel de préférences sexuelles, dont certaines sont directement liées à la reproduction. Les tentatives d’imposer de telles opinions par le biais d’une législation, telles que la récente loi en Californie qui criminalise l’utilisation de pronoms personnels incorrects pour le personnel des maisons de soins infirmiers, seront certainement considérées comme une curiosité dans les temps futurs.

Incidemment, je doute que la nouvelle institution du mariage homosexuel, quels que soient ses mérites, persistera très longtemps après l’apparition du prochain âge sombre. Avant que l’un d’entre vous ne décide de me sauter à gorge avec des cris d’homophobie, veuillez comprendre que je souhaite simplement souligner que, puisque le mariage homosexuel n’a pas existé au cours des derniers millénaires et qu’il s’agit d’un développement récent, avec la vision de l’histoire cyclique et « une route vers nulle part » plutôt que linéaire et progressive, je ne vois aucune raison de croire que cette nouvelle institution persistera pendant une longue période – une poignée de générations au plus.

Je doute aussi que ce soit optimal en tant que stratégie de reproduction, et la nature pèse généralement contre des choix reproductifs sous-optimaux, tôt ou tard. Nous savons déjà, avec la recherche sociologique, ce que la mode LGBTQ se traduit en termes de résultats négatifs : une incidence beaucoup plus élevée de dépression, de toxicomanie et de suicide, des taux de natalité plus bas, des taux de mortalité plus élevés et un déclin rapide de la population. Ces différences ne sont pas déterminées par la présence ou l’absence de discrimination. Il est raisonnable de penser que les personnes LGBTQ sont plus susceptibles de disparaître. Mais il semblerait que beaucoup d’entre elles se moquent de disparaître, car elles considèrent leur absence d’enfant comme un effort vertueux pour lutter contre la surpopulation. Et elles se moquent de voir leur place prise par des gens hostiles et ouvertement homophobes venant de pays lointains, car ce serait raciste.

À chacun son idée, mais essentiellement, il n’y a rien à craindre parce que tout va bien. Tout va selon le plan. Naturam expelles furca, tamen usque recurrit. Et puis les cycles reprendront. En attendant, je suggère que nous ignorions le bruit. En ce qui concerne le sujet du genre, limitons-nous simplement à ce que nous, les Indo-européens, pratiquons depuis au moins quelques millénaires (et probablement pendant beaucoup plus longtemps) et continuerons pendant encore plusieurs milliers d’années.

Dmitry Orlov

Les cinq stades de l'effondrement 
Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateur de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie », c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.

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