jeudi 18 janvier 2018

L’effondrement a besoin de quelques hommes bons 1/3

Article original de Dmitry Orlov, publié le 11 janvier 2018 sur le site Club Orlov
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr

 

Il est actuellement à la mode de dénigrer l’importance de la biologie. Peut-être qu’il fut un temps où les humains vivaient avec d’autres animaux, soumis aux mêmes caprices de la nature, mais maintenant nous avons la technologie : le contrôle des naissances, la fécondation in vitro, les accouchements par césarienne, les soins intensifs pour les naissances des prématurés et ainsi de suite. Toute tentative de faire valoir que nous ne sommes, en fin de compte, qu’un groupe d’animaux, et que la civilisation est une condition temporaire, a peu de chances d’être bien reçue. Un aspect particulièrement tendu et fortement contesté du déterminisme biologique a à voir avec les différences sexuelles. En tant qu’idéologie officielle, nous devons maintenant croire que les hommes et les femmes ont exactement les mêmes capacités, et quiconque dit quelque chose de différent est jugé coupable de « perpétuation des stéréotypes sexuels » un acte qui, comme un employé blanc de Google l’a récemment découvert, est maintenant considéré comme une cause de résiliation du contrat de travail avec effet immédiat.



Cependant, comme la civilisation technologique approche de sa fin de vie en raison de l’épuisement des ressources naturelles non renouvelables et des perturbations environnementales de plus en plus dévastatrices, les réalités de la cascade typique de l’effondrement financier, commercial, politique, social et culturel risquent fort d’être telles que les différences sexuelles redeviendront évidentes et très importantes tandis que les études sur le genre et la théorie féministe disparaîtront doucement dans l’oubli. En essayant de déterminer quelles adaptations sociales et culturelles sont susceptibles d’être les plus propices pour survivre à l’effondrement, une approche par un retour à l’essentiel semble justifiée. Autrefois, les femmes devaient compter sur les hommes pour un grand nombre de choses, et le sort d’une vieille fille ou d’une veuve était le plus souvent peu enviable. La plupart des femmes modernes trouveraient la perspective d’avoir à revenir à ces moments-là rien de moins qu’effroyable. Mais leurs victoires politiques récentes en matière d’égalité entre les sexes ne sont protégées que par un mince filet politique qui déjà s’effiloche, et leur indépendance économique n’est rendue possible que par un autre filet économique qui se distend également. Sur quoi devront-elles se rabattre ?

Si nous admettons que, dans presque tout scénario d’effondrement imaginable, les femmes devraient de nouveau compter sur les hommes, une question se pose : quels hommes ? La femme moderne économiquement indépendante et libérée a un besoin considérablement réduit d’un conjoint masculin : un don de sperme opportun est tout ce qui est réellement requis ; la camaraderie, la romance et l’aide pour élever des enfants sont souhaitables mais facultatives. Et avec un besoin fortement réduit vient un sens très réduit de la responsabilité. La réponse de l’homme moderne est de se concentrer sur ses propres besoins plutôt que sur ceux des femmes, en choisissant de rester égoïste et enfantin [Où d’aller chercher des femmes là où les femmes le sont encore… des femmes, NdT]. Quelles sortes d’événements transformateurs devraient avoir lieu pour que les hommes acceptent à nouveau le fardeau traditionnel de la responsabilité masculine ? Une telle transformation est-elle même possible ? Et sinon, sommes-nous prêts à admettre que, dans un scénario d’effondrement, les sociétés modernes disparaîtront alors que les sociétés traditionnelles (que les sociétés modernes considèrent comme arriérées) vont s’en sortir d’une façon ou d’une autre ?

Il y a ceux qui peuvent être disposés à faire des compromis sur certains de leurs principes si précieux afin de se donner une chance de s’en sortir aussi bien. Mais, quelle que soit la justification, tenter simplement d’imiter les rôles de genre, traditionnels et stéréotypés, peut à ce stade paraître irrationnel. En dehors de l’accouchement, pourquoi les hommes et les femmes devraient-ils assumer des rôles distincts ? Existe-t-il d’autres facteurs biologiques qui favorisent la spécialisation sexuelle en terme de survie et, dans l’affirmative, quels sont-ils ? La recherche montre que, en dehors des caractéristiques sexuelles primaires et secondaires, il y a un organe en particulier qui porte des signes clairs de différenciation sexuelle, et c’est un organe assez important. Le cerveau des femmes et le cerveau des hommes sont structurellement différents.

L’atmosphère politiquement chargée actuelle rend la vie difficile pour ceux qui étudient les différences sexuelles. Néanmoins, certains chercheurs y travaillent. Des chercheurs de l’Université d’Edimbourg ont découvert que « les femmes avaient tendance à avoir des cortex plus épais que ceux des hommes. Des cortex plus épais ont été associés à des scores plus élevés dans divers tests d’intelligence cognitive et générale. Pendant ce temps, les hommes avaient des volumes cérébraux plus élevés que les femmes dans chaque région sous-corticale, y compris l’hippocampe (qui joue un rôle important dans la mémoire et la conscience spatiale), l’amygdale (émotions, mémoire et prise de décision), le striatum (apprentissage, inhibition et le traitement des récompenses), et le thalamus (traitement et transmission de l’information sensorielle à d’autres parties du cerveau) ». Ce que cela implique n’est pas clair, mais il y a clairement des différences structurelles qui impliquent des différences fonctionnelles. Vous pourriez penser, par exemple, que les « cortex significativement plus épais » servent une fonction inhibitrice, rendant les femmes moins sujettes à la violence, tandis que les « volumes cérébraux supérieurs (…) dans chaque région sous-corticale » donnent aux hommes l’étrange capacité de tirer d’abord et de poser les questions ensuite. Mais comment le prouver ?

Ces différences proviennent de la génétique : les mâles possèdent un chromosome Y, ce n’est pas le cas des femelles. La présence d’un chromosome Y se traduit par une voie de développement différente prise par l’embryon juste après la conception et, dans le cas des garçons, immédiatement après la naissance, lorsqu’une poussée hormonale provoque le développement de leur cerveau spécifiquement masculin. Et cela s’avère crucial, car le chromosome Y est une sorte de terrain de jeu évolutif. Certaines de ses propriétés sont assez curieuses. D’une part, il n’est pas soumis aux mêmes mécanismes de contrôle des erreurs génétiques que le X (il y a une paire X-X – chaque femme en a une – mais il n’y a jamais de paire Y-Y) et cela permet d’exprimer plus facilement les mutations. La grande majorité de ces mutations aboutissent à des spécimens qui sont anormaux ou simplement inférieurs à certains égards, mais de temps à autre, vous vous retrouvez avec un Bouddha, un Moïse ou un Einstein.

Bien que beaucoup de recherches antérieures, qui ont maintenant été déclarées politiquement incorrectes et donc hors de portée, aient tenté de trouver des preuves de différences dans l’intelligence globale entre les hommes et les femmes, cette question semble être une perte de temps. Aucune des preuves n’a été particulièrement concluante, et il est donc logique de supposer que, toutes choses égales par ailleurs, les hommes et les femmes ont une intelligence générale équivalente. La distinction importante est qu’il y a moins d’hommes d’intelligence moyenne que de femmes. Autrement dit, il y a beaucoup plus d’hommes d’intelligence inférieure à la moyenne ou d’intelligence supérieure à la moyenne qu’il n’y a de femmes. Cela a été confirmé par une étude antérieure, qui a trouvé qu’il n’y avait « aucune différence moyenne dans l’intelligence, mais les hommes avaient une plus grande variabilité que les femmes » Pour citer Stuart Ritchie, le chef de projet : « C’est pourquoi notre constatation, que le cerveau des participants masculins était, dans la plupart des cas, plus variable que le cerveau des participantes, est si intéressant. Cela correspond à beaucoup d’autres preuves qui semblent indiquer que les hommes sont plus variables physiquement et mentalement. »

Il y a ceux que ce déterminisme biologique va immédiatement hérisser. La technologie existe maintenant pour transformer les garçons en filles et les filles en garçons, et les cerveaux sont merveilleusement malléables et adaptables. Si un garçon décide d’être une fille, ou vice versa, donnez-lui simplement de la drogue et avec de la chirurgie, vous ne saurez plus faire la différence ! Il existe encore quelques différences : un caractère suicidaire dix fois plus élevé, un taux de dépression beaucoup plus élevé, une probabilité plus faible de former avec succès des familles et une probabilité nulle de succès reproductif. Ces effets secondaires indésirables qui ignorent la présence ou l’absence du chromosome Y, semblent sans rapport avec les problèmes sociaux associés. La nouveauté de cette technologie implique que toutes les conséquences de son utilisation ne sont pas encore connues, et le principe de précaution exige que celle-ci soit sévèrement restreinte.

Mais il y a une considération beaucoup plus importante derrière le fait de laisser les garçons être des garçons et des filles être des filles que de simples précautions. La plus grande variabilité parmi les mâles de l’espèce semble être un facteur clé de l’adaptation humaine. Une étude du chromosome Y, publiée dans Nature, a trouvé des preuves que l’ancêtre génétique commun de tous les mâles modernes vivait il y a seulement 190 000 ans, et seulement 76 000 pour ceux en dehors de l’Afrique. Il y a eu des épisodes récurrents durant lesquels les hommes humains possédant une certaine mutation ont virtuellement pris en charge l’ensemble du pool génétique, catapultant tous leurs concurrents hors du pool génétique en seulement quelques générations. Des événements de ce genre se sont produits entre 55 000 et 50 000 ans dans diverses régions d’Europe et il y a seulement 15 000 ans en Amérique du Nord et du Sud. Ces « poussées d’expansion extrême du nombre d’hommes survenues indépendamment parmi chacune des cinq super-populations continentales examinées, à l’époque des migrations connues et des innovations technologiques » se sont accompagnées de percées technologiques dans des domaines clés comme la métallurgie, l’agriculture, l’architecture monumentale et la guerre.

Il semble probable qu’il y ait eu des événements plus récents de nature similaire, mais le taux de changement s’est accéléré au point où cette sorte d’analyse génétique, qui considère les taux de mutation sur de longues périodes, n’est plus possible. Par exemple, l’horrible massacre de la guerre des tranchées au cours de la Première Guerre mondiale a anéanti toute une couche sociale de paysans, ouvrant la voie aux travailleurs industriels et à l’agriculture mécanisée. Il est logique de se demander quel rôle a joué le chromosome Y dans ce développement. Et ce qui me fascine vraiment, c’est la question du rôle que va jouer le chromosome Y dans la fin de la civilisation industrielle, alors que les combustibles fossiles et autres ressources naturelles non renouvelables vont devenir indisponibles pour de plus en plus de gens et que la machine industrielle va s’arrêter.

En repensant à nos lointains ancêtres, il y eut un temps où quelques mutations dans le chromosome Y permirent à certains hommes de développer la capacité de fondre des métaux et de faire des alliages de cuivre avec de l’étain, et ainsi de suite, tandis que d’autres continuaient à tailler des pierres et se sont éteints. Comment ce processus va-t-il régresser ? Y a-t-il certains traits et capacités spécifiquement masculins qui deviendront particulièrement précieux dans un scénario d’effondrement ? La plus grande variabilité parmi les mâles peut-elle sauver notre espèce de l’extinction ? Et quels sont les processus sociaux qui permettraient cela ? Je vais reprendre ces questions dans les parties 2 et 3.

Les cinq stades de l'effondrementDmitry Orlov
Le livre de Dmitry Orlov est l’un des ouvrages fondateur de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de l’effondrement des sociétés ou des civilisations.

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