Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Si vous prenez vos indices à partir du « Consensus Trance Central » 1, les réseaux d’informations par câble, le New York Times, le Washington Post, et le Huffington Post, Trump est responsable de tout ce qui afflige cet empire qui sombre. Eh bien, on peut associer Trump ET la Russie, puisque le Golem d’Or de la Grandeur s’est ligué avec Vladimir Poutine pour piller le monde, ou quelque chose comme ça.
Le Marché
Puisque je crois que le système financier est au cœur de la méta-question d’aujourd’hui (qu’est-ce qui pourrait mal tourner ?), il serait peut-être plus pertinent de se demander : qu’est-ce qui a maintenu cette matrice de rackets si longtemps ? Après tout, les rackets sont caractérisés par le mensonge et une fraude omniprésente, ce qui signifie que leurs opérations ne s’additionnent pas. Les choses qui ne sont pas conformes à la réalité sont généralement sujettes à l’échec, aussi, tôt ou tard, elles doivent imploser.
Les marchés financiers ont explosé de manière surnaturelle dopés par la « liquidité » depuis 2009 – et par « liquidité » j’entends « argent » (crédit numérique à partir de rien) fourni par la Réserve fédérale, en rotation avec les autres banques centrales souveraines, BOE, BCE, BOJ , PBOC. Cet élan a fait le tour du monde, partout où l’appât du gain scintille. Des milliers de milliards d’unités monétaires s’infiltrent dans les marchés boursiers et obligataires, les faisant léviter dans une sorte de gigantesque mise en scène, organisée à partir du spectacle écœurant de l’économie vacillante du monde réel. En 2017, le Dow Jones Industrial Average a enregistré un incroyable rebond de 5 000 points en glissement annuel, avec 12 mois de gains de rang sans aucun mois perdant, et une série de 71 records à la hausse.
La banque centrale des États-Unis – la Réserve fédérale – a agi comme si la hausse des marchés boursiers était la seule chose qui comptait. Le résultat fut une économie Potemkine, une fausse façade étincelante à Wall Street masquant un paysage de misère et de désolation. La Fed travaille désormais à contre-courant en augmentant le taux des fonds fédéraux d’un quart de point tous les quelques mois pour soi-disant « rétrécir » (ha ! ha !) leur bilan en vendant sur le marché les bonds accumulés et « retirant » les obligations échues, ce qui permet à la Fed de faire disparaître le principal payé par les emprunteurs, à savoir le Trésor américain, ou le loup-garou quasi gouvernemental appelé Freddie Mac (la Société fédérale d’hypothèques de prêt immobilier). Cette entreprise de crédit rassemble toutes sortes de prêts hypothécaires pourris qui ont servi à gonfler artificiellement le marché immobilier. Vos yeux sont-ils écarquillés maintenant ? C’est ça qui est génial à propos de la finance : c’est déconcertant, alors quand la situation part en
Qu’est-ce qui pourrait mal tourner avec ce programme ? Eh bien, si vous jetez des milliards d’obligations sur le marché, vous allez changer l’équation de l’offre et de la demande en direction d’une offre trop importante, et les taux d’intérêt vont augmenter alors qu’il il n’y a pas assez de pression du côté de la demande, surtout si le Trésor américain crée de plus en plus de nouvelles obligations, pour compenser des dépenses déficitaires de plus en plus importantes, pendant que la Fed déverse ces obligations sur le marché. Et si, par exemple, le taux d’intérêt sur les obligations du Trésor américain à 10 ans, une référence, monte au-delà de 3%, alors peut-être cela mettrait fin à la capacité du gouvernement américain à servir sa dette monstrueuse. Et il se peut aussi que le secteur de l’immobilier connaisse un dysfonctionnement parce que les taux hypothécaires vont augmenter et que moins de gens achèteront des maisons. Les dernières actions de la Fed se résument à une tentative timide pour obtenir une marge de manœuvre afin d’abaisser, une fois de plus, les taux d’intérêt et reconstituer son bilan avec une orgie de QE-4 [planche à billet] lorsque l’économie va replonger à un point tel que même les statistiques du chômage ne pourront plus être maquillées.
La BCE et la BOJ ont déjà fait du bruit à propos de la réduction de leur rachat de titres, de sorte que la rotation des liquidités peut s’arrêter complètement. La nouvelle loi sur les réductions d’impôts et l’emploi a pour principal objectif de réduire les impôts sur les sociétés de 35% à 21%. L’ordre du jour caché est, peut-être, d’espérer que cela remplacera les injections de liquidités de la banque centrale. Les réductions d’impôt et d’autres nouveaux trucs augmenteraient la dette fédérale d’au moins 1 000 milliards de dollars sur une période de dix ans (et, selon des estimations officieuses, probablement beaucoup plus), ouvrant la voie à une faillite nationale en toute bonne foi. Mais, bien sûr, quelques hommes sages dans cette culture ont déclaré que les déficits ne comptent pas. Mon point de vue est qu’ils n’ont pas d’importance jusqu’à ce qu’ils en aient, mais ensuite vous serrez foutu.
À l’arrière-plan de tout cela, il y a toute une série d’événements périlleux qui se déroulent dans le monde réel, notamment les conflits potentiels autour de la Corée du Nord et du Moyen-Orient. Le système bancaire de la Chine est un lieu de divertissement, peuplé de filous esquivant des escrocs, qui n’aident pas plus là-bas que chez nous. Toute la soupe diabolique des problèmes du Brexit avec l’UE mijote doucement, de même que le manque flagrant de discipline budgétaire parmi les pays membres de l’UE, fait que les dépenses publiques n’ont plus aucun rapport avec les emprunts souverains. Les positions militaires agressives de l’OTAN aux frontières de la Russie sont inutiles, stupides, malhonnêtes et provocatrices. Personne ne sait quel genre de gambit le prince héritier Mohammed bin Salman d’Arabie saoudite va essayer ensuite. L’Iran exige d’être reconnu comme l’hégémon régional. Et notre chère nation exceptionnelle, avec la boîte noire des « agents actifs » agités du Deep State [Daesh,etc.], est capable de toutes sortes de méfaits ici et ailleurs.
N’importe laquelle de ces « choses » pourrait pousser les marchés américains à leur point critique, comme s’ils n’étaient pas déjà assez fragiles intrinsèquement. La manipulation des marchés par la Fed et ses partenaires Too Big To Fail, ses porteurs d’eau, a privé les marchés de leur fonction principale : la formation des prix, la capacité de discerner ce que valent vraiment les choses. Les marchés sont donc fonctionnellement inutiles et leur inutilité est un immense danger. Aucune société qui dépend de l’argent ne peut travailler longtemps si personne ne connaît la vraie valeur des choses, y compris la valeur de l’argent lui-même. Le prix à payer pour tenter de vivre dans une culture de malhonnêteté généralisée est qu’un reset est inévitable. Quand cela arrivera, ce sera extrêmement déstabilisant.
Je m’attends à ce que le Dow Jones baisse brusquement avant le troisième trimestre, rebondisse un peu et retombe finalement vers les 14 000 points ou moins d’ici la fin de l’année. L’indice S&P va lui s’installer sous les 1 000 points. Le NASDAQ pourrait être le maillon le plus faible, puisque ses membres les fameux FAANG (Facebook, Amazon, Apple, Netflix, Google (alias Alphabet)) sont parmi les actions les plus mal évaluées, et les plus basées sur des produits et services vaporeux. Quand au NASDAQ, il pourrait atterrir vers les 2 700 points avec l’indice du dollar américain (DXY) retombant à 79 d’ici décembre. En ce qui concerne les matières précieuses, l’once d’or pourrait atteindre les 2 500 $ et l’once d’argent les 60 $ dans douze mois, à partir de maintenant. Ça y est, toute la viande est sur la table.
Le Bitcoin et autres crypto-monnaiess ont un attrait superficiel en tant que refuge pour une richesse censée être hors de portée des gouvernements rapaces – si vous oubliez tout ce qui ne va pas avec ces crypto-monnaies : hier, 31 décembre, les plus grandes banques d’Australie ont gelé les comptes des investisseurs en Bitcoin. Je pense que cette idée de refuge se révélera fallacieuse. Les gouvernements trouvent déjà des moyens d’intervenir, en utilisant des systèmes d’imposition et en fermant les marchés d’échange. Les autres affirmations sur la « liquidité » du Bitcoin semblent également suspectes. Il est trop instable pour être un moyen d’échange, et même trop difficile d’accès quand il faut vendre, et vous ne pouvez pas y adosser des actifs tangibles car sa côte varie brutalement tous les jours. Le Bitcoin est monté très haut parce que des gens – ou peut-être juste des algorithmes – l’ont vu monter, alors ils ont fait du stop pour prendre le train en marche. La ruée vers la sortie sera brutale. Sa valeur de dernier repos sera zéro, mais peut-être pas sans un ou deux rallyes sanglants en 2018, d’autant plus que les autres marchés vacillent dans cette première moitié de l’année. Voir le Bitcoin à 50 000 $ ne me surprendrait pas. Mais je ne suis pas parmi les acheteurs. Je profite du spectacle.
2018 est l’année où les fragilités de l’industrie du pétrole de schiste vont remettre en cause le récit de ce « miracle ». Cette industrie n’a pas fait un rond de profit depuis sa montée en puissance il y a dix ans. Elle a fonctionné sur de la dette avec beaucoup de financement très risqué (à haut rendement, à haut risque, à clauses allégées). Les producteurs ont fait de la fracturation et du pompage pendant plusieurs années pour maximiser leurs liquidités afin de rembourser leurs prêts. Mais le rendement de ces puits de pétrole de schiste baisse de 80% en moyenne après les trois premières années et ils doivent être remplacés par de nouveaux puits plus coûteux, qui nécessitent un financement de plus en plus basé sur de la dette. La vérité est que le pétrole de schiste et d’autres types de pétrole « non conventionnel » ne sont pas économiquement rentables. Leur succès au cours des dernières années faisait partie intégrante de la politique de la banque centrale en inondant les marchés par du crédit facile. À mesure que le flux de crédit diminuera en 2018, les compagnies pétrolières feront faillite à un rythme impressionnant. Si le prix du pétrole monte à 80 dollars le baril, il en résultera des dommages considérables pour ce qui reste de l’économie américaine.
Politiques américaines
Donald Trump a survécu à son poste une année entière. Imaginez ça ! Après les élections de 2016, je me suis dit que les hauts gradés militaires lui donneraient le coup de grâce avant trois mois, bref un coup d’État. Leur action a été beaucoup plus subtile : ils l’ont simplement entouré de généraux. Puisqu’il semble les considérer comme les siens (« mes généraux »), il est apparemment d’accord avec cela, comme un garçon à la crèche avec ses petits soldats. Et mis à part le fait que la constitution exige le contrôle civil de l’armée et non l’inverse, je suis d’accord avec ça… pour le moment. Il a des chaperons, au moins. Ce n’est certes pas la disposition idéale du pouvoir politique américain.
Je n’ai pas voté pour le Golem d’Or, et je n’ai pas beaucoup d’estime pour ses capacités, mais les attaques incessantes et plutôt hystériques sur sa légitimité, en particulier par les membres du médiatique Consensus Trance Central, dépassent dans le mensonge les rêves les plus fous de George Orwell. Je n’ai jamais cru à l’histoire ridicule de la collusion russe, et j’ai du mal à croire que les éditeurs du New York Times y croient eux-mêmes. Jusqu’ici, le procureur spécial Robert Mueller a inculpé deux arnaqueurs de haut rang (Manafort et Gates) pour des manigances financières impliquant des transactions commerciales en Russie datant d’avant les élections de 2016, plus un conseiller à la sécurité nationale (Michael Flynn) pour s’être entretenu avec l’ambassadeur russe (ce qui est exactement ce que les ambassadeurs étrangers sont censés faire, parler avec des fonctionnaires du gouvernement, sinon pourquoi sont-ils en poste ?), et un second couteau du Département d’État (George Papadopoulos) qui n’a même jamais rencontré Trump. Je crois que le grave et solennel Mueller est parti pour une expédition de pêche. Les aficionados des tactiques du DOJ (Departement of Justice) savent que les procureurs peuvent toujours inventer des preuves pour inculper un sandwich au jambon, s’il n’y a rien d’autre à portée de main.
Ensuite, il y a le comportement très troublant des employés du FBI (Peter Strzok, Lisa Page et le directeur adjoint du FBI Andrew McCabe), ainsi que certains membres du cercle restreint d’Obama (Susan Rice, Samantha Powers) dans les derniers mois de son mandat. Et rappelez-vous, Robert Mueller a été l’ancien mentor de James Comey et un véritable ami. Cela ressemble juste à un groupe de condamnés à perpétuité du Deep State qui cherchent à se payer le Golem d’or. Les soi-disant « perspectives » sont terribles.
Puisque les marchés boursiers sont susceptibles de transformer Trump en taureau fou, en même temps que Mueller devra lancer des accusations, ou se taire, je prédis qu’avant l’équinoxe de printemps, Mueller rendra publique ses accusations à la Mickey Mouse contre Trump, ou son équipe, et il pourrait être rapidement renvoyé par le président. Le Général Flynn et le gars du Département d’État seront graciés, et peut-être d’autres. Probablement pas Manafort et son copain (bien que les poursuites contre eux pourrait ne rien donner). Les Démocrates passeront d’une phase d’excitation à des pétages de plomb, avec des discussions sur un « impeachment » et une crise constitutionnelle, mais je ne pense pas que tout cela va suffire. Le Congrès peut avoir plus à s’inquiéter de la solidité des marchés et d’autres symptômes autour de l’épave du train économique. L’effort pour éjecter Trump pourrait aggraver la chute des marchés.
Il est également plausible après les révélations de ces derniers mois sur l’enquête autour de l’ingérence russe que celle-ci pourrait provoquer des retours de flammes sur Hillary, la Fondation Clinton, les alliés des Clinton et peut-être même certains membres de l’équipe d’Obama (peut-être même l’ancien président lui-même). La preuve de l’implication du FBI dans le dossier de Christopher Steele est déjà là. Il n’y a pas encore eu d’élucidation satisfaisante de la rencontre entre Loretta Lynch et Bill Clinton sur le tarmac de l’aéroport de Phoenix, ni sur les circonstances entourant les courriels perdus de Hillary Clinton et son serveur privé, ni sur le contenu de l’ordinateur portable d’Anthony Weiner, ni sur l’affaire Uranium One. L’observateur occasionnel voit beaucoup plus de criminalité circonstancielle dans ces dossiers que dans n’importe quelle hypothèse de collusion avec la Russie.
Je m’aventure à prédire que l’ancienne présidente de la DNC, Debbie Wasserman-Schultz, va renoncer à son siège au Sénat alors que le cas de son assistant informatique pakistanais, Imran Awan, se présente devant les tribunaux.
Les tirs de Mueller contre Trump conduiront ses adversaires Démocrates Progressistes vers de nouveaux sommets d’hystérie, mais leur colère pourrait être si inefficace qu’elle devrait retomber comme un soufflé, augmentant la puissance du vent de panique sexuel. Cela remet en question l’état pitoyable de la direction du Parti démocrate. Il est tellement sclérosé de nos jours que les Whigs de 1856 paraissent un modèle de dynamisme à côté. Ils n’ont aucun programme pour les situations d’urgence complexes auxquelles la nation est confrontée. La machinerie du parti est entre les mains de garçons de courses achetés-et-payés, de pleurnichards de l’idéologie du genre, et d’arnaqueurs raciaux. Leurs alliés du New York Times et de CNN ressemblent de plus en plus à des colporteurs de nouvelles quotidiennes paranoïaques et se prétendant eux-mêmes en avocats de la « Résistance ». Leurs cadres aux avant-postes de l‘Ivy League sont devenus la plus honteuse bande de despotes intellectuels, depuis la garde rouge de Mao, qui ait régné sur terre.
Je ne suis pas persuadé que les Démocrates écraseront forcément les Républicains de Trump dans la course au Congrès et au sénat en 2018, comme cela semble être largement supposé pour le moment. Je prédis plutôt qu’en 2018, nous aurons les premières frémissements d’un nouveau parti qui se formera pour combattre les deux vieux clubs fatigués. Trump a maintenant « entre ses mains » le destin du marché boursier et l’économie qui en dépend, s’en étant vanté toute l’année. Lui et les républicains seront blâmés si le système cale. Mais mon intuition est que les électeurs seraient encore plus écœurés de voir arriver aux affaires les Démocrates et leur politique de victimisation. Leurs coffres sont vides, malgré tous les cadeaux que Wall Street leur a faits. Enfin, sur une note personnelle, je les blâme pour avoir planté un pieu dans le cœur de Garrison Keillor avec leur imprudente chasse aux sorcières, et je ne leur pardonne pas pour ça, peu importe combien de nichons il a essayé de peloter dans les coulisses.
Ailleurs sur cette planète
Le savant économiste, et Homme-du-mystère international, James Rickards dit que Trump et ses généraux vont taper sur la grosse tête de la Corée du Nord peu après la fin des Jeux olympiques d’hiver en Corée du Sud le 25 février. Mais comme Trump l’a affirmé lors de sa campagne électorale, il n’est pas enclin à dire exactement ce que nous pourrions faire en cas de conflit militaire. Peut-être la rumeur est-elle vraie que nous avons de nouvelles armes intéressantes capables de transformer Little Rocket Man en flocons d’avoine grillés sans nuire à la masse de Nord-Coréens innocents. Je donnerais 50% de chances que tout ce que nous faisons en Corée s’avère être une illustration épique de la loi de Murphy 2, vu que notre bilan dans les aventures militaires étrangères, depuis le jour de la Victoire en 1945 est assez rarement dans la rubrique « gagné ». La Guerre des Balkans, peut-être… La guerre du Golfe de Bush I, en quelque sorte… La Grenade, pour l’amour de Dieu… Quoi d’autre ?
Kim Jung-un ne peut peut-être pas encore envoyer une bombe atomique sur Rodeo Drive 3, mais il peut en cinq minutes en balancer une sur Tokyo. Regardez la carte. Les Japonais doivent être nerveux à ce sujet. Ils étaient autrefois une puissance militaire de classe mondiale, au cas où vous ne vous souvenez pas de l’ère du banzai. Le Premier ministre Shinzo Abe veut réviser la Constitution pacifiste du Japon – élaborée par les conseillers américains pendant l’occupation d’après-guerre – pour autoriser une armée robuste. Je ne serais pas surpris si quelque chose de létal jaillissait d’un Bentō noir laqué en direction de Pyongyang à peu près au même moment où les États-Unis frappent sur la tête de la Corée du Nord.
Et il y a bien sûr Séoul à moins de 20 milles de la zone démilitarisée (DMZ) et à portée d’un éventail, supposément énorme, d’artillerie lourde nord-coréenne. La théorie est que nous avons une petite fenêtre de tir pour faire face à ce coquin avant qu’il ne se prépare à faire un grand mal dans le monde. Je ne crois pas que ce soit juste un tas de simulacres concoctés par les marchands d’armes et leurs amis. C’est réel, ça existe et c’est très embêtant. Quelque chose va se passer là-bas.
La Chine a un traité de défense mutuelle assez ferme avec la Corée du Nord, et peut-être une raison de vouloir maintenir le régime en place en tant que zone tampon. Mais veut-elle vraiment sauter les pieds en avant dans la Troisième Guerre mondiale en défendant Kim ? Je suppose que nous allons le découvrir. Pendant ce temps, le président chinois Xi Jinping en a ras le bol d’essayer de faire atterrir en toute sécurité l’économie chinoise volant à haute altitude, mais qui tangue, saturée de dettes. Il est probable que l’atterrissage sera brutal. Dans ce cas, peut-être que la guerre est la réponse, comme moyen pour distraire l’attention du public chinois. Mais quelle sorte de guerre ? Cyber-sabotage ? Pannes d’EMP 4 ? Une bonne vieille destruction nucléaire mutuelle à l’ancienne ? Des campagnes terrestres comme au bon vieux temps ? Des batailles navales ? C’est un jeu dangereux et Xi ne ressemble pas à un junkie à risque – il a l’air plus que prudent, l’oncle Xi. Je prédis donc que, quels que soient les chocs subis par la péninsule coréenne, la Chine essaiera de rester en dehors, même si elle fait des grimaces et trépigne.
La Russie ne peut que tirer profit de la guerre, bien que son offre récente d’agir comme intermédiaire entre Kim et Trump ait été un geste intelligent. (Peut-être se souvient-elle de la façon dont Teddy Roosevelt a négocié un règlement de paix lors de la guerre russo-japonaise de 1907). Elle a peu à perdre et beaucoup de prestige à gagner. Malgré ce que vous entendez à propos de la brutalité de Vladimir Poutine, il me semble que ce qu’il veut avant tout pour son pays, c’est atteindre la condition d’une nation politiquement et économiquement normale – après 75 ans de mésaventure avec le communisme. Je soupçonne que Poutine et d’autres en Russie auraient aimé que le pays devienne plus européanisé, dans le ton et le style, que ce qui lui a été autorisé, avec l’OTAN simulant des jeux de guerre à la frontière russe, les singeries américaines en Ukraine et des sanctions contre lui vraiment sans bonnes raisons. Ainsi, la Russie a été replacée dans sa case, comme une nation pas tout à fait d’Europe, avec des influences byzantines sinistres et d’anciennes influences mongoles exotiques.
Ce quasi-isolement a des avantages pour la Russie, l’impératif de développer ses entreprises et ses industries pour remplacer les importations, afin de devenir plus autonome. La Russie a beaucoup de potentiel et de choses à faire, avec la production de pétrole la plus élevée du monde, beaucoup de minerais et de minéraux, une hydroélectricité incalculable et une quantité de bois illimitée. Elle peut fabriquer ce dont elle a besoin, et les citoyens russes sont libres d’essayer de créer des entreprises. Le pays peut même bénéficier du changement climatique avec des terres cultivées étendues. La Russie s’approche déjà de l’autosuffisance alimentaire après la longue catastrophe de la collectivisation agricole soviétique.
Pendant ce temps, l’Europe a désespérément besoin du pétrole et du gaz naturel de la Russie, alors ils doivent savoir que l’utilisation menaçante des troupes et de l’armement de l’OTAN est un geste creux. Remarquez que la Russie accumule des réserves d’or, alors que les États-Unis ne font que vendre le leur. La Chine en stocke aussi, à la folie. Alors que d’autres monnaies implosent, il y a des raisons de croire que le monde se dirige vers un rouble et un yuan adossés à l’or, de la « monnaie » soutenue par la monnaie. La Chine et la Russie pourront acheter les choses dont elles ont besoin. Le pourrons-nous ? Une monnaie adossée à l’or va-t-elle mettre de côté le dollar américain en tant que monnaie de réserve mondiale ? Le précurseur sera la Chine, dans son effort pour échanger le pétrole contre son yuan.
L’Europe a trébuché économiquement depuis plusieurs années sur la promesse de Mario Draghi de « faire tout ce qu’il faut » pour empêcher les nations membres de tomber dans le trou noir de la déflation, à savoir, acheter chaque obligation que les gouvernements souverains et les grandes entreprises émettent. Cela a permis de poursuivre le jeu, mais les déséquilibres structurels dans le secteur bancaire de l’UE sont maintenant si extrêmes qu’il est difficile de trouver une issue à cette situation en dehors d’une crise de l’UE. La politique d’immigration et de réfugiés menée par Merkel a semblé être un mauvais pari dès le départ et risque de s’aggraver quand la liquidité disparaîtra, en même temps que la politique monétaire du « faire tout ce qu’il faut ». Les pays membres de l’UE tomberont en récession (ou dépression) et il n’y aura plus d’argent pour payer tous ces centres pour réfugiés et les services sociaux fournis avec. Il n’y aura pas assez d’emplois rémunérateurs pour les Allemands, les Belges, les Français et les Suédois, et encore moins pour les immigrants et les réfugiés.
Je prédis qu’à partir de 2018, nous verrons des efforts pour accélérer le renvoi de ces nouveaux arrivants. Racisme ? Ce sera le réflexe des cris d’orfraie. Mais l’épithète est en train de perdre de sa virulence alors que les effets de la politique de porte ouverte de Merkel se font sentir sur le terrain au milieu de l’hostilité évidente, de la xénophobie et des agressions, manifestées par les colons islamiques. La défaite d’ISIS sur les champs de bataille du Moyen-Orient en 2017 suggère qu’ils vont intensifier les opérations terroristes en Europe. Les mouvements nationalistes européens vont croître en 2018 et gagneront en respectabilité intellectuelle, car la défense de la culture européenne est prise au sérieux. Les pays d’Europe centrale comme la Hongrie et la Pologne n’ont pas donné suite à la demande de l’UE d’accepter des immigrants et des réfugiés venant de pays islamiques. Leur exemple sera suivi. Les politiciens dans le reste de l’Europe envisageront l’option : « Y a qu’à dire non ! »
Le Royaume-Uni se trouve, en 2018, particulièrement vulnérable aux difficultés économiques. Le coût estimé du Brexit à des dizaines de milliards de livres sterling [40 à 60 milliards], et la perte potentielle d’activité, en particulier bancaire, est un puissant vent de face. L’autre, moins médiatisé, est la diminution des réserves de pétrole et de gaz du Royaume-Uni. L’équation est simple : moins d’apport énergétique équivaut à une activité économique plus faible. La seule façon de contourner cela est la stratégie populaire de la banque centrale de ces dernières années : l’impression d’argent et la fraude comptable. Vous ne pouvez pas fonder une économie là-dessus, et la vérité deviendra douloureusement évidente cette année en Grande-Bretagne.
Soudain, pendant la dernière semaine de 2017, des manifestations anti-régime éclatent dans tout l’Iran. On dit qu’il s’agirait de manifestations contre les mauvaises performances économiques et le gaspillage, par le régime, des ressources pour sponsoriser des méfaits sur d’autres terres (Yémen, Syrie, Liban, etc.). Des gens se font tuer dans les rues. La Garde révolutionnaire – les zélotes qui ont pris en otage notre personnel diplomatique en 1979 – ont promis d’écraser toute protestation. Beaucoup d’Iraniens doivent être vraiment et sacrément malades des mollahs et des ayatollahs qui dirigent les affaires.
Sinon, ça commence à ressembler au prince héritier Mohammed bin Salman (MBS) d’Arabie saoudite (KSA) qui voudrait houspiller l’Iran pour repousser l’influence de celui-ci hors de ses frontières dans la région. L’Iran a eu de nombreuses occasions de s’amuser avec son matériel militaire au cours des dernières décennies : la guerre Iran-Irak, l’armement du Hezbollah pour combattre Israël, le soutien au gouvernement de Bachar al-Assad en Syrie et récemment la guerre civile au Yémen. L’Arabie saoudite, en revanche, achète des avions à réaction et des bombes depuis des décennies aux États-Unis, sans aucune chance de pouvoir les utiliser. MBS semble impatient de tester cet arsenal.
Un véritable règlement de compte entre ces principaux acteurs mettrait en péril une grande partie de l’approvisionnement en pétrole du monde si le transport dans le golfe Persique était interrompu. La Chine et le Japon en porteraient le poids, mais le monde entier le sentirait. Dégager les clercs du gouvernement en Iran pourrait atténuer les hostilités religieuses inutiles entre sunnites et chiites qui ont joué un rôle si important dans la création d’États défaillants à travers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA). L’Iran a beaucoup de problèmes économiques à l’intérieur de ses propres frontières [et les sanctions US qui continuent, ça aide pas. NdT].
Le désordre dans d’autres pays de la région MENA continuera en 2018, que le changement de régime en Iran se produise ou non. L’Irak, la Libye, la Somalie et le Soudan sont des États en faillite permanente, l’Égypte étant toujours au bord du gouffre. La Syrie se stabilisera en tant qu’économie beaucoup plus petite, soutenue par l’aide financière de la Russie pour l’hébergement de bases navales et aériennes là-bas. Cette partie du monde a subi des accroissements de population ruineux pendant l’âge industriel, particulièrement les États qui ont produit du pétrole. L’écologie du désert ne peut pas supporter toutes ces personnes, alors que l’industrie vacille et se rétrécit. Et même alors que la situation s’aggrave, les populations déjà en nombre excessif généreront plus d’enfants. Quand ils ne pourront plus se réfugier en Europe, la vraie misère commencera.
Vous avez peut-être oublié qu’il y a un endroit appelé Amérique du Sud. Ses nombreuses nations ont été dans un coma politique paisible pendant une dizaine d’années, à l’exception du Venezuela, qui est en arrêt cardiaque, défaillance d’organe et mort cérébrale. Il y aura une révolution sanglante cette année, et l’industrie pétrolière du Venezuela sera paralysée, ajoutant aux problèmes mondiaux d’approvisionnement en pétrole.
La liquidation américaine de l’esprit
2017 a été une année spectaculaire pour l’effondrement intellectuel de la Gauche politique, mais surtout pour ses filiales sur les campus. Le traumatisme de la victoire électorale de Donald Trump a mis cette faction dans un état de transe tel qu’aucune occasion de coercition et de persécution d’ennemis imaginaires ne pouvait être manquée. La politique oppresseurs / victimes engendrée par la théorie-critique-pour-dîner-en-ville a produit une idéologie dans laquelle « inclusion » signifie des dortoirs séparés, des cérémonies de remise des diplômes racialement séparées, et (à Harvard) la fermeture d’antiques associations sociales volontaires d’hommes et de femmes. Et « diversité » aura un sens aussi longtemps que vous exprimerez exactement les mêmes idées que nous. Les présidents, les doyens et les professeurs des collèges du pays sont devenus les ennemis les plus obstinés de la liberté de pensée depuis l’Inquisition espagnole, un vil gang de lâches qui déshonorent le sens et le but de l’éducation supérieure.
Dans la liste des faits saillants de l’année, dans le pays des Guerriers de la justice sociale, on note :
- la violence autour de la conférence de Charles Murray à Middlebury ;
- les émeutes Antifa à l’Université de Californie Berkeley ;
- le rituel du « Day of Absence » à l’Université Evergreen dans l’État de Washington où les Blancs ont été bannis du campus ;
- la Chambre étoilée de Lindsey Shepherd à l’Université Laurier de Toronto (je sais, c’est en dehors des États-Unis).
En fait, l’enseignement supérieur approche de son état d’implosion, puisque l’université est surtout devenue un racket à l’affût du flot des prêts étudiants exorbitants pour payer des coûts universitaires également exorbitants. Le sort de l’Éducation supérieure est lié au secteur financier, en particulier au marché obligataire, puisque les prêts ont récemment été regroupés dans des junck bonds (obligations pourries), tout comme les prêts hypothécaires NINJA en 2007. L’ensemble de l’industrie des universités américaines a été victime d’une éruption hypertrophique pendant des décennies, et l’expansion grossière des installations, des programmes et des coûts a évolué en proportion inverse de la valeur de l’éducation dispensée. Je prévois qu’un nombre choquant de petits établissements avec un enseignement sur quatre ans fermeront leurs portes cette année. Les étudiants qui n’auraient pas terminé leurs études seront dans la merde, pas de bol.
Pour conclure
2018 sera une année tumultueuse de bouleversements et de dégâts. Le mot d’ordre pour l’année devrait être « vaches maigres ». Les individus seront poussés vers des modes de vie plus frustes. Les entreprises vont souffrir malgré la nouvelle baisse d’impôt. Les récompenses financières seront minces. Les nations devront sérieusement commencer à planifier le dégraissage, réduire la voilure et jeter par-dessus bord les programmes qui ne cadrent pas avec les exigences de la réalité. 2018 est l’année où le monde se détache des dix dernières années pendant lesquelles on a prétendu qu’il était possible d’obtenir quelque chose pour rien.
2018 : en avant toute vers “The Long Emergency“.
James Howard Kunstler
Notes
- NdT et JHK : Consensus Trance indique le comportement sans cervelle de la population américaine et Central indique un nœud de communication comme une gare ↩
- « Tout ce qui est susceptible de mal tourner tournera nécessairement mal » ↩
- Rodeo Drive est une rue commerçante de la ville de Beverly Hills (Californie) mondialement renommée pour ses boutiques de luxe et connue comme étant l’une des plus chères au monde. Par extension, Rodeo Drive désigne l’ensemble du quartier de boutiques de luxe englobant les rues adjacentes ↩
- Une impulsion électromagnétique (IEM), également connue sous le nom EMP (de l’anglais electromagnetic pulse) est une émission d’ondes électromagnétiques brève et de très forte amplitude qui peut détruire de nombreux appareils électriques et électroniques (reliés au courant et non protégés) et brouiller les télécommunications. Les conséquences d’une telle impulsion sur une zone habitée pourraient être dévastatrices, surtout dans les pays développés. Wikipédia ↩
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