lundi 12 novembre 2018

Fin de partie pour les élections de mi-mandat

Article original de James Howard Kunstler, publié le 2 novembre 2018 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr


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Au siècle dernier, alors que le pays était différent, les Démocrates étaient le parti « intelligent » et les Républicains le parti « stupide ». Comment cela fonctionnait-il ? À l’époque, les Démocrates représentaient une vaste classe moyenne composée de travailleurs en usine, pour la plupart syndiqués, et le parti devait être intelligent, en particulier devant les tribunaux, pour surmonter les avantages naturels de la classe des propriétaires. En revanche, les Républicains ressemblaient à une claque d’ivrognes de country club qui titubaient la nuit en rentrant chez eux pour s’affaler sur leurs sacs d’argent. Mauvaise pioche, comme on dit aujourd’hui.


Les Démocrates ont également occupé les hautes sphères morales en tant que champions du petit gars. Sans les Démocrates, les ouvriers travailleraient douze heures par jour et les enfants seraient toujours mutilés par des machines. Une fois que la relation entre le monde du travail et le monde des affaires a été réglementée dans les années 50, le parti a entamé une nouvelle croisade basée sur des fondements moraux encore plus élevés : les droits civils, dans le but de corriger les injustices persistantes à l’encontre des Noirs américains opprimés. C’était un geste naturel, considérant le statut d’après-guerre instituant les États-Unis comme phare de la liberté dans le monde. Cela devait être fait et un consensus politique incluant les Républicains avait permis sa réussite. Le consensus était encore possible.

Les Démocrates ont construit leur forteresse sur la hauteur de ces grands principes et cinquante ans plus tard, ils s’y retrouvent prisonniers. Les emplois à l’usine se sont tous vaporisés à l’étranger. La classe moyenne a été pilonnée dans la pénurie et la dépendance. Le parti démocrate s’est divisé en un monstre à quatre têtes composé de clients de Wall Street à la recherche de faveurs, de faucons de guerre et de leurs alliés pour trouver de nouvelles bastons à mener dans le monde, d’une bureaucratie permanente cherchant à s’étendre toujours plus et de diverses minorités ethniques et sexuelles dont les besoins et les griefs sont soutenus par cette bureaucratie. C’est ce dernier groupe qui est devenu l’aspect le plus visible du parti, alors que ses autres activités, pour la plupart sinistres, restent au moins partiellement dissimulées.

Le parti républicain en a, au moins, dégrisé quelques-uns après s’être laissé aveugler par Trump et le trumpisme. Comme un ivrogne sorti d’une cure de désintoxication, il tente de se refaire une vie. Depuis deux ans, le parti s’émerveille devant l’audace de Trump, malgré son manque évident de savoir-faire. Et malgré un manque de volonté politique pour faire face aux problèmes du pays, les Républicains sont obligés de s’engager sur de vrais questions, telles que la nécessité d’une politique d’immigration cohérente et efficace et la nécessité de redéfinir des relations commerciales formelles. (D’autres problèmes, comme le système insensé du racket médical et l’extorsion ravageuse du business des prêts étudiants, dansent encore sur une fine couche de glace. Et puis, bien sûr, il y a la dette nationale et toutes ses excroissances grotesques.)

Pendant ce temps, le Parti Démocrate est devenu le parti des mauvaises idées et de la mauvaise foi, en partant du principe que « la diversité et l’inclusion » consistent à supprimer la liberté de parole et à transgresser outrageusement le sens commun et la décence ordinaire. C’est un parti qui ment encore plus systématiquement que Trump, et le fait en connaissance de cause (comme lorsque les responsables de Google disent qu’ils « ne font rien de mal »). Son sale petit secret est qu’il se délecte de la coercition, qu’il aime bousculer les gens, leur dire quoi penser et comment agir. Son idée de « justice sociale » est celle d’un tribunal fantoche sur un campus, où la procédure légale est suspendue. Et il est profondément corrompu, par de bonnes vieilles crapuleries, par une grossière inconduite politique, mise à la mode du jour, dans l’exécution des lois fédérales et une dépravation intellectuelle totale dans l’enseignement supérieur.

J’espère que les Démocrates perdront autant de sièges au Congrès et au Sénat que possible. J’espère que le parti sera plongé dans une crise existentielle et qu’il devra faire face à sa stupéfiante malhonnêteté. J’espère que le processus les incitera à purger leur leadership à tous les niveaux. S’il y a quelque chose à sauver dans cette organisation, j’espère qu’elle se découvrira des objectifs et des principes méconnaissables dans son programme actuel d’hystérie perpétuelle. Mais si le parti explose et qu’il disparaît, comme les Whigs l’ont fait il y a cent cinquante ans, je serai content. Au sortir de cette terrible turbulence, peut-être que quelque chose de mieux pourra naître.

Ou bien, il est possible que les restes d’un parti démocrate défait deviennent complètement fous et qu’ils utilisent ce reste d’énergie pour inciter à une véritable sédition. Bien sûr, il est également tout à fait possible que les Démocrates prennent le contrôle du Congrès, auquel cas ils déclencheront un cirque monumental d’hystérie politique et de persécution encore plus horrible, qui donnerait aux bûchers de l’Inquisition espagnole l’aspect d’un barbecue dans le jardin. Cela se produira à mesure que les États-Unis entreront dans l’étape finale du désastre financier le plus épineux de notre histoire, une recette intéressante pour un bouleversement politique épique.

Too much magic : L'Amérique désenchantée 

James Howard Kunstler

Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d’abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu’au ciel.

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