Article original de Ugo Bardi, publié le 25 janvier 2019 sur le site Cassandra Legacy
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Pourquoi les bonnes idées surgissent-elles pour ensuite disparaître ?
Si vous ne savez pas ce qu’est le Mouvement des villes en transition, vous pouvez jeter un coup d’œil. C’est une idée intéressante d’augmenter la résilience du réseau civilisationnel en rendant chaque nœud moins dépendant des autres nœuds.
La figure ci-dessus montre comment le concept de Villes en transition s’est développé à la fin des années 2000, puis a lentement diminué en termes de recherches sur Internet, comme le montre Google Trends. Que tout ne va pas bien avec le Mouvement des villes en transition semble être confirmé par cette page. Que s’est-il passé ? C’était une mauvaise idée ? Ça n’a pas marché en pratique ? Ou les gens se sont lassés ?
Sam Allen trouve la raison du déclin des Villes en Transition dans le fait que « nous avons attaché notre chariot à la narration du pic pétrolier ». En réalité, les systèmes complexes se comportent toujours d’une manière complexe et la tentative de trouver une explication simple pour expliquer pourquoi les choses se passent d’une certaine manière est normalement vouée à l’échec. Ici, dire que « le pic pétrolier n’est pas arrivé, donc les gens ont cessé de s’intéresser aux villes en transition » est une narration simplifiée à l’excès.
Dans les études que nous menons sur la mémétique (cf Ilaria Perissi et Sara Falsini ), nous découvrons que les mèmes sont des créatures virtuelles, seulement marginalement corrélées au monde réel. Donc, si le mème de la ville en transition a décliné, cela ne veut pas dire que l’idée n’est pas valide ou utile, mais plutôt qu’il est lié à la durée de vie limitée des mèmes dans notre société, ce qui est probablement lié à la façon dont l’esprit humain fonctionne.
En pratique, le mème de la Transition s’est comporté comme tous les mèmes virtuels : il s’est enflammé puis a décliné en raison de sa dynamique interne. La même chose s’est produite avec le mème du pic pétrolier, qui a commencé à décliner des années avant que quiconque puisse dire s’il correspondait à la réalité ou non, comme je l’affirme dans cet article. La même trajectoire a été suivie par d’autres mèmes, par exemple, l’étude « Les limites de la croissance » a perdu de sa popularité des décennies avant que l’on puisse dire si les concepts proposés étaient bons ou mauvais.
La mémoire est un domaine fascinant, malheureusement peu étudié aujourd’hui avec ci-dessous, le résultat d’une recherche sur « memetics » sur Web of Science. Le nombre d’études dans ce domaine est en augmentation, mais les chiffres sont encore minuscules par rapport à ceux des autres domaines scientifiques. Peut-être qu’à l’avenir, nous en saurons beaucoup plus sur les mèmes. Pour l’instant, en tout cas, nous devons nous rendre compte que la persistance de la plupart des bonnes idées dans le mème-sphère n’est pas assez longue pour que ces idées aient un impact sur le changement. Et ainsi de suite.
Ugo Bardi
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