A nouveau je ne suis pas démographe mais la question me paraissait intuitivement comme centrale. Le sujet est ultra sensible car si on parle surpopulation, on suppose indirectement qu'il faudrait réduire cette population et la question qui suit est "qui est de trop" ?
Ma réflexion personnelle sans avoir étudié le sujet découle de mes convictions profondes. La déclaration universelle des droits de l'Homme commence par:
"Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits"
Tout est dit. Chacun enfant à la naissance devrait avoir le droit de mener une vie digne et honorable dans la mesure de ce que la nature lui a donné. Il y aura toujours des gens plus quelque chose que les autres donc point d'égalitarisme mais de la mesure, juste un minimum.
Par égaux, je dis tous Frères d'une même humanité. Plus de frontières, plus de pays, plus de passeport. Utopie, utopie mais qu'ai je besoin d'être plus Breton, que Français, qu'Européen ou citoyen du monde. Le bonheur et la richesse des autres dans ce monde ne m'enlève rien comme la naissance d'un enfant n'oblige pas les parents à limiter leur amour pour les autres.
J'ai la chance d'avoir 2 enfants, et de pouvoir avec leur mère leur donner éducation, amour, de les voir grandir tranquillement en sécurité. Leur chance est aussi la mienne d'avoir eu une enfance non pas parfaite mais riche de ce qu'un enfant est en droit d'attendre de la société qui l'a mis au monde, le reste, ce sont mes choix, mes erreurs aussi et la chance d'être né au bon endroit.
Alors voir ce que la vie réserve parfois/souvent à ceux qui sont nés loin de notre richesse est juste intolérable, pas invivable mais intolérable moralement. Si on élimine la solution qui consiste à laisser une moitié de l'humanité exterminer l'autre, 2 ou 3 fois d'ailleurs, il n'y a pas d'autre voie que la transition démographique. Vaste ou plutôt vague programme.
Dans un monde fini, il faut non seulement une économie durable mais avant tout une population durable. Jared Diamond, dans son livre "Effondrement", aborde précisément cette question. Dans un monde fini, une île par exemple, il n'y a de la place que pour ce que la nature peut offrir durant les mauvaises années.
Les sociétés qui l'ont oublié par faiblesse et par mégalomanie de leurs chefs l'ont payé de leur disparition. La nouvelle donne de notre temps est que l'échelle est mondiale et que tout le monde est concerné. Il n'y aura de sanctuaire pour personne y compris pour les plus riches et les plus puissants qui peuvent avoir le sentiment d'être à l'abri.
JM Jancovici (liens ci dessous) et d'autres montrent bien le lien étroit entre énergie et croissance notamment démographique. Chacun en moyenne dispose de quelques 4 barils de pétrole / an, 10 pour nous, 20 pour les américains. Si la population augmente et que la production baisse dans les années à venir, il va bien falloir que certains en consomme moins ou encore moins. A nouveau, la question est de savoir qui ? Et comment le scénario va se dérouler, doucement ou brutalement ?
Le point clé pour bien comprendre l'enjeu est que notre transport est à 95 % dépendant d'un pétrole abondant et pas cher, que le transport de notre nourriture l'est tout autant ainsi que sa production à travers les engrais, la mécanisation ou les pesticides. Avec 3 mois de stock stratégique, notre économie est plus que fragile mais celle de beaucoup de pays l'est encore plus.
Dans son analyse, JM Jancovici fait un lien fort entre les révolutions arabes et le prix des céréales qui ont fortement augmentées à cause de sécheresses en Russie / Ukraine. Que se passera t il dans les pays pauvres et dépendants quand à un aléa climatique se superposera une explosion du prix du pétrole indispensable pour le transport ?
J'ai déjà quelques doutes sur nos capacités de Résilience. Je suis plus qu'inquiet pour tous les perdants de la mondialisation. Dans mon monde esprit, ça veut dire famine pour être bien clair. Il ne restera que ceux qui pourront se nourrir eux-même ou au travers d'une communauté solidaire.
Dans mon monde idéal, on pourrait construire des écoles, des dispensaires pour apprendre la contraception et des maisons de retraite partout dans le monde pour garantir l'alimentation et la fin de vie de chacun pour pouvoir enfin sereinement discuter démographie et avenir. On pourrait même demander leur avis à chaque population, localement de décider pour eux même des solutions qui leur conviennent dans un cadre globalisé.
Il y a quand même un énorme bémol à cette mondialisation. Il n'existe aucun système politique "démocratique", ou au moins qui respecte le point de vue des vrais gens. Il va falloir l'inventer ou plutôt les inventer car chaque zone avec son histoire différente aura sa solution. Un autre, c'est qu'il existe bien un projet de gouvernance mondiale. Nos élites occidentales n'ont d'ailleurs que ce mot à la bouche : NWO (New World Order ou Nouvel Ordre Mondial), Bush Père et Fils, Cameron, Blair, Sarkozy, Hollande, Attali et même Poutine (peut-être avant de se faire traiter de Nazi par l'OTAN).
En gros, une petite élite (le 1%) gouvernerait la masse qui n'aurait que le droit à un sous culture ce que Brzeziński appelait le "Tittytainment". Laisser faire ces mêmes forces oligarchiques qui ont organisés toutes les guerres modernes pour modeler les pays et leur population, ne me semble pas vraiment un gage de paix pour l'avenir.
Le nombre de personnes sur terre
Je n'en sais rien. Pour la Bretagne où j'habite, il faudrait compter le nombre de personnes que l'on peut nourrir tranquillement même pendant les mauvaises saisons tout en relâchant une large part de surface à la nature. Et reproduire cette analyse partout où la vie à du sens, en clair là ou les hommes vivaient il y a quelques siècles, nos aïeux ayant fait preuve de bon sens. Ça veut dire une autorégulation par zone géographique.
Pour tempérer le besoin naturel de chacun à avoir une descendance biologique, on pourrait revenir à des systèmes éducatifs plus ouverts où les enfants biologiques "appartiennent" à toute la communauté qui se charge de les élever et de les éduquer. Plus de mauvais parents ou de mauvais enfants dû aux parents, mais plein de frères et sœurs, d'oncles et de tantes réunis par un destin commun. J'y vois un autre avantage, celui d'éviter l'avidité de certains parents pour financer l'avenir de leur progéniture au détriment des autres. L'avancement au mérite quoi.
ET on peut avoir le même raisonnement pour nos ainés. Il faut que chacun en fin de vie puisse avoir la garantie de la société qu'il ne sera pas délaissé. En basculant l'énergie mise à faire des armes dans un programme réellement pour la fin de vie dans la dignité, il y a sans doute de quoi faire. Pas d'angélisme, il va falloir gérer un pic de vieux tel que va l'affronter la Chine. Rien de simple et d'évident. Comment d'ailleurs garder un équilibre démographique, en terme de répartition géographique et de classe d'age ? Faut il prôner un mélange total ou garder les spécificités adaptées à chaque climat ?
La religion
C'est un élément incontournable et explosif de la démographie. Pour atteindre n'importe quel objectif sérieux, il faudrait que les religions l'intègrent dans leur discours. Mais on parle de religions qui prônent la multiplication dans leurs textes, dont certains disciples se servent de la démographie comme arme de Guerre. Il faudrait un changement de paradigme complet, qu' elles se réinventent mais le risque serait de disparaitre alors quel pape ou quel imam va prendre ce risque ?
Conclusion
Pour finir par une note plus légère, le dernier siècle écoulé n'a pas été non plus inutile. L'humanité y a produit plus de connaissances que toute l'humanité avant elle. On a besoin de capitaliser sur les acquis, de redéfinir nos priorités collectives et prendre le temps de réfléchir. En gros une société de paysans, de scientifiques, d'éducateurs, d'artistes, une société durable et consciente.
Il faut passer d'un modèle quantitatif à un modèle qualitatif mais aussi réparti, collaboratif et valorisant les différences. Reste à savoir comment faire. On peut laisser la nature le faire mais elle a des méthodes souvent expéditives (peste au 13ème siècle). On peut laisser faire les choses et attendre que la situation se règle au cas par cas via des guerres ou des famines locales.
Pour faire référence à l'article suivant sur le pétrole, la baisse prévisible à court ou moyen terme aura un impact certain sur la production de nourriture (engrais, pesticide, tracteurs, transport). Nourrir 10 Milliards de personnes avec une agriculture productiviste qui tourne à plein régime peut-être, faire la même chose sans pétrole, ce n'est plus du tout la même histoire.
Liens :
http://www.manicore.com : Site de JM Jancovici
http://www.youtube.com/watch?v=ujMeB7irXcs : Conférence de JM Jancovici à l'ENS / Juillet 2013
http://www.demographie-responsable.org : Quelques liens utiles
http://economiedurable.over-blog.com/article-conference-de-demographie-responsable-111768366.html : Une interview de Daniel Barthes qui a été le début de ma réflexion
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