Article original de Scott Adams, publié le 23 Novembre 2016 sur le site blog.dilbert.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Imaginez que vous êtes l’un de ces anti-Trump, qui croient que
nous venons d’élire un raciste, sexiste, homophobe, anti-sémite,
dictateur et négationniste des sciences. Disons que c’est le film qui
passe dans votre esprit. C’est un truc effrayant.
Imaginez maintenant que vous regardez les infos, alors que
Trump révèle petit à petit qu’il est flexible et pragmatique sur à peu
près tout. Thomas Friedman, du New York Times, vient de rapporter
que Trump est – comme hier, de toute façon – ouvert à la science du
changement climatique et qu’il n’est plus en faveur de la torture au waterboarding des suspects de terrorisme.
Vous avez également regardé Trump changer de cap sur ses politiques
d’immigration. Et vous avez regardé comment Trump a dit qu’il a
l’intention de garder les bonnes parties d’Obamacare au lieu de tout
jeter.
Et vous avez vu Trump dire qu’il n’était pas intéressé à poursuivre
Clinton. Les partisans de Clinton étaient inquiets que Trump puisse
devenir un vrai dictateur et mette en prison ses adversaires. Cela
n’arrivera pas, apparemment.
Et Trump a également dit au New York Times qu’il n’est pas
utile de s’inquiéter de changements dans les lois sur la diffamation.
Cela signifie qu’il ne sera pas plus facile, pour des gens comme Trump,
de les poursuivre en justice. C’était l’une des possibilités qui
effrayaient ces gens.
Les domaines sur lesquels Trump n’a pas changé d’opinion semblent
être ceux où les droits des États sont impliqués. Trump laisserait aux
tribunaux et aux États le soin de décider de l’avortement, de la
légalisation de la marijuana et du mariage homosexuel. Vous pourriez ne
pas aimer le fait que Trump veut que le gouvernement fédéral reste à
l’écart de ces décisions, mais ce n’est pas très dictatorial de laisser
de grandes décisions aux États.
Alors que Trump continue de démontrer qu’il n’a jamais été le monstre
incompétent que ses critiques ont cru de lui, les critiques vont faire
face à une crise d’identité. Ils doivent accepter qu’ils ne comprennent
presque rien à la façon dont le monde fonctionne – parce qu’ils se sont
tous trompés sur Trump – ou ils auront besoin de renforcer leur
hallucination actuelle. La plupart de ses critiques vont plutôt faire
ça. C’est ainsi que fonctionnent les cerveaux normaux.
Et cela nous amène à notre situation actuelle. Comme Trump continue à
défier toutes les prédictions de ses critiques, les critiques doivent
maintenir leurs images de soi comme des êtres intelligents qui ont vu ce
nouvel Hitler venir. Et cela signifie que vous allez voir des
hallucinations, comme vous n’en avez encore jamais vu. Ce sera épique.
La raison pour laquelle ce sera si amusant à regarder, est que nous
arrivons rarement à voir une situation dans laquelle les faits violent
si vigoureusement les hallucinations. Avant que Trump ne remporte la
présidence, tout le monde était libre d’imaginer l’avenir attendu. Mais
comme Trump continue à faire une chose raisonnable après l’autre, ses
critiques ont un choix difficile. Ils peuvent soit…
1. Réinterpréter leurs images de soi de sage à incompétent.
ou…
2. Générer une hallucination encore plus forte. (Dissonance cognitive)
Si les critiques de Trump prennent cette deuxième option – et la
plupart d’entre eux vont le faire – cela signifie que vous verrez
beaucoup de logique tordue, du type de celle qui est nécessaire pour
faire tenir l’illusion que Trump est encore un monstre, malgré la preuve
continue du contraire.
Prédiction: attendez-vous à voir la presse anti-Trump continuer à poser aux conseillers de Trump cette question : «Pourquoi pensez-vous que le KKK et les nationalistes blancs soutiennent Trump?»
La question est logique, si vous n’y pensez pas trop longtemps. Mais
une fois que vous vous rendez compte que Trump a désavoué à plusieurs
reprises et publiquement ces groupes, vous avez affaire des
hallucinations extrêmes pour faire de ce récit raciste quelque chose
d’effectif. C’est là que le mème «top-secret-raciste»
entre en jeu. Vous avez besoin d’une théorie, pour expliquer pourquoi
le prétendu raciste en chef continue à désavouer les racistes. Comment
cela a-t-il du sens?
C’est là que la dissonance cognitive entre en jeu. Afin d’expliquer
le désaveu par Trump des nationalistes blancs et du KKK, tout en vous
accrochant à cette hallucination que Trump est un monstre dangereux,
vous devez halluciner qu’il joue un jeu intelligent en prétendant être
contre les racistes, alors que secrètement il planifie de purger la
terre de toutes les personnes non-orange.
Cela me semble peu probable. Je pense que Trump veut juste faire un
bon travail pour le pays, apportant ainsi de l’argent et de la gloire à
son nom de famille. Et il n’obtiendra pas tout cela en étant un monstre
raciste. Il obtient cette fin heureuse seulement en étant pragmatique et
flexible, exactement comme nous l’observons maintenant.
Je pense que le nombre total de membres du KKK est de quelques
milliers de personnes éparpillées à travers le pays. Mais ce qui importe
plus que le nombre absolu, c’est la tendance. Le groupe comptait
autrefois plus d’un million de membres. Maintenant, ils sont quelques
milliers. L’élection de Trump a-t-elle provoqué un pic de recrutement
qui aura un effet durable contre la tendance à long terme des adhésions
qui va vers zéro? J’en doute. Mais en tout cas, vous devez vous demander
pourquoi la presse ne fait pas état des tendances des adhésions au KKK.
Le reste de l’histoire n’a aucun sens sans cette donnée.
Quoi qu’il en soit, profitez du spectacle. Et profitez aussi de Thanksgiving.
Scott Adams
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