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J’ai raconté une histoire énergétique assez différente de la plupart des chercheurs en énergie. Comment pourrais-je avoir raison ? Qu’est-ce que d’autres chercheurs ont raté ?
L’approche «standard» est de commencer à partir de la quantité de ressources disponible d’un type particulier, par exemple, du pétrole dans le sol puis voir combien de temps ces ressources tiendront. Le développement croissant de la technologie semble permettre d’extraire une quantité croissante de ces ressources. Ainsi, les limites semblent de plus en plus lointaines, surtout si une personne l’envisage avec un biais optimiste. Il est facile d’obtenir ce biais optimiste, tous les fonds de recherche allant dans la direction de «Que pouvons-nous faire pour résoudre nos problèmes d’énergie ?»
Les approches permettant de prévoir les futurs problèmes d’approvisionnement qui attaquent le problème à partir de la quantité de ressources dans le sol souffrent de la difficulté de définir nettement le moment où nous allons rencontrer des difficultés. Il est clair qu’à un moment donné, il y aura un problème, l’EROEI (retour de l’énergie sur investissement dans l’ énergie) sera trop faible, mais quand exactement, c’est difficile à cerner. Si une personne part d’un point de vue optimiste, il est facile de supposer que tant que la production d’énergie est supérieure à l’apport d’énergie pour un processus donné, ce processus doit être utile pour résoudre notre problème d’énergie.
En fait, à mon avis, l’histoire est très différente. La chose qui devrait nous sauver, la technologie, a des effets secondaires qui vont mettre tout le système par terre.
La seule façon d’ajouter de la technologie consiste à ajouter plus de biens d’équipement, plus de spécialisation et une formation plus avancée de certains membres de la société. Le problème, comme nous devrions le savoir par la recherche sur les économies historiques qui se sont effondrées, est que plus de complexité conduit finalement à l’effondrement parce qu’elle conduit à une énorme disparité salariale. (Voir Tainter ; Turchin et Nefedov.) En fin de compte, les gens au bas de la hiérarchie ne peuvent pas se permettre d’acheter la production de l’économie. La dette ajoutée à des taux d’intérêt plus bas ne peut compenser que partiellement ce problème. Les gouvernements ne peuvent pas percevoir suffisamment d’impôts auprès du grand nombre de personnes en bas de la hiérarchie, même si le premier 1% peut prospérer. L’économie tend à s’effondrer en raison des effets secondaires d’une plus grande complexité.
Notre économie est un système en réseau, il ne devrait donc pas être surprenant qu’il existe plus d’une façon pour le système d’atteindre sa fin.
J’ai décrit le problème qui tire vraiment l’économie vers le bas comme le fait d’un «trop faible retour sur le travail humain», au moins pour ceux qui sont au bas de la hiérarchie. Les salaires des non-élites sont trop bas pour fournir un niveau de vie adéquat. Dans un sens, cette situation est celle d’un trop faible EROEI : trop faible retour sur l’énergie humaine. La plupart des chercheurs en énergie ont étudié un type très différent d’EROEI : un calcul basé sur l’investissement de l’énergie fossile. Les deux types d’EROEI sont liés, mais pas très étroitement. De nombreuses économies se sont effondrées, sans jamais utiliser d’énergie fossile.
Alors ce que j’appelle «EROEI de combustible fossile» était un point de départ raisonnable pour une analyse de nos problèmes énergétiques dans les années 1970. On donne maintenant à ce calcul plus d’importance qu’il n’en mérite vraiment. La limite que nous atteignons est différente : baisse du rendement de l’EROEI du travail humain, du moins pour ceux qui ne sont pas parmi l’élite. L’augmentation des disparités salariales devient un problème grave maintenant ; C’est la raison pour laquelle nous avons des candidats très clivants postulant à des postes politiques, et beaucoup de gens en faveur d’une réduction de la mondialisation.
Des modèles trop simples donnent des réponses trompeuses
Les gens qui ne sont pas à l’aise avec les modèles peuvent facilement supposer qu’un modèle leur en dit plus que qu’il peut réellement signifier. J’ai discuté de cette question dans mon récent article Des modèles trop simples énergie-économie donnent des réponses trompeuses. Il est tout à fait possible de concevoir un modèle qui fonctionne une partie du temps, mais pas toujours. Un chercheur qui n’est pas conscient de ce problème est susceptible de sur-utiliser ce modèle. Comme dit le proverbe, «Si le seul outil d’une personne est un marteau, tout problème est un clou».
Si un système comporte plusieurs sous-parties, comme le cas de celui qui contrôle l’extraction d’énergie et les prix de l’énergie, il est probable qu’un modèle assez complexe est nécessaire pour en créer un qui représente vraiment la situation. Les modèles les plus anciens étaient à une dimension, quand ils auraient eu besoin d’être multidimensionnels. Avec ces dimensions supplémentaires, le modèle devrait comprendre des caractéristiques telles que la demande est contrôlée par un système financier et que le niveau de la demande (et donc des prix) dépend de la capacité même des travailleurs les moins bien rémunérés à pouvoir se payer ce que produit le système.
Le modèle pourrait également inclure ce qui est essentiellement un problème physique. S’il n’y a pas assez d’énergie pour contourner le problème, la solution habituelle est «plus de technologie» ou «plus de complexité». Ce que la technologie et plus de complexité ajoutent, c’est plus de concentrations d’énergie de diverses manières : dans les biens d’équipement tels que les machines et les véhicules, dans les grandes entreprises possédant ces machines, dans les cadres supérieurs et les travailleurs ayant une formation spécialisée.
Ces concentrations d’énergie conduisent à des disparités de richesse :
certaines personnes «possèdent» des entreprises et des biens d’équipement, et certaines personnes (mais pas d’autres) reçoivent une formation avancée ou une autre formation spécialisée. Toutes ces choses permettent à un nombre relativement restreint de personnes privilégiées de recevoir une plus grande part de la production de l’économie. Cela en laisse moins pour le reste de la population.
En raison de cette disparité salariale, l’économie se retrouve avec un trop grand nombre de personnes qui quittent la force de travail ou gagnent de faibles salaires. C’est le manque de capacité de ces personnes à pouvoir s’acheter la production de l’économie qui pèse sur l’économie. La demande est étroitement liée à l’abordabilité des produits utilisant des combustibles fossiles, comme les maisons et les voitures. Beaucoup de gens ne comprennent pas la connexion entre la demande et l’abordabilité.
Bien sûr, si nous n’avions pas ce problème de baisse de la demande (ou problème de prix bas) causé par des concentrations accrues de richesse laissant une trop grande part de la population trop pauvre, nous arriverions à quelque chose de semblable au problème qui a beaucoup préoccupé certains : l’EROEI des combustibles fossiles va finir par tomber trop bas.
Hubbert raconte une partie de l’histoire
Quand on parle de limites de ressources, la chose qui prête à confusion pour la plupart des gens est la grande quantité de ressources énergétiques qui semble disponible. Nous pouvons obtenir certaines de ces ressources avec la technologie d’aujourd’hui. La logique semblerait suggérer qu’avec une technologie améliorée, nous devrions être capables de passer à des ressources de combustibles fossiles de plus en plus difficiles à extraire. Nous devrions aussi pouvoir créer de plus en plus de substituts.
M. King Hubbert a donné une réponse qui ne nous a pas permis de mesurer l’ampleur de nos problèmes. Fondamentalement, il a dit qu’une fois que nous aurions extrait 50% d’une ressource particulière, la quantité que nous pourrions extraire tendrait à diminuer dans une courbe plus ou moins symétrique.
Hubbert a décrit la situation d’un puits ou d’un champ unique, quand il y avait d’autres puits ou champs prenant la place des puits et des champs s’épuisant. Dans cette situation, la demande (et donc le prix) reste à peu près la même. Si l’investissement dans le puits reste le même, la production aura tendance à suivre une courbe symétrique.
À l’heure actuelle, nous atteignons une limite différente. Nous avons des tensions bidirectionnelles :
La faible demande. Nous avons des salaires qui montrent une disparité croissante. Les personnes riches ont tendance à dépenser leurs revenus sur des biens qui ne sont pas très énergivores, comme l’éducation et les services financiers, tandis que les personnes moins riches ont tendance à consacrer une part plus importante de leurs revenus à des produits à forte intensité énergétique comme la nourriture, le transport de base et le logement de base. Ainsi, cette évolution des salaires tend à réduire la demande d’énergie et donc les prix de l’énergie.
Les tentatives du gouvernement pour corriger la faible demande. La faible demande conduit à une faible croissance économique, de sorte que les gouvernements et les banques centrales sont en train de faire tout ce qu’ils peuvent pour augmenter la demande. Leurs approches incluent des taux d’intérêt ultra-bas et des dépenses par du déficit. L’espoir est que même si les citoyens ne disposent pas de salaires suffisants pour acheter des biens coûteux tels que des voitures et des maisons, la dette supplémentaire à bas taux d’intérêt rendra ces produits plus abordables et stimulera la demande.
Nous pouvons continuer à extraire de plus en plus de pétrole et d’autres combustibles fossiles aussi longtemps que notre système actuel continue à «tenir débout». En particulier, les prix doivent être suffisamment élevés pour ceux qui extraient le pétrole afin de faire un bénéfice raisonnable, couvrant leurs besoins de réinvestissement. Le bénéfice a besoin d’être aussi assez élevé, de sorte que les entreprises puissent payer des impôts à leurs gouvernements, afin que ceux-ci puissent continuer des programmes qui bénéficient surtout aux 99% des citoyens qui ne disposent pas de revenus élevés. Il s’agit là d’un moyen important pour que l’énergie nette générée par les combustibles fossiles revienne au profit du gouvernement et des nombreux citoyens pauvres qui bénéficient des programmes gouvernementaux.
Mauvaise interprétation de Hubbert par les Peak Oilers et The Powers That Be (TPTB)
Ni les Peak Oilers ni The Powers That Be (TPTB) n’ont compris la véritable histoire. Les Peak Oilers ont «été trompés» par le problème du modèle trop simple que j’ai décrit ci-dessus. Ils ont supposé que 50% des combustibles fossiles restants pourraient être extraits après la crête, indépendamment de toute autre circonstance. Les économistes ont fourni une partie de ce modèle trop simple : ils postulaient que s’il y avait une pénurie de certains produits, les prix augmenteraient. Ce point de vue est vrai lorsqu’il n’y a pas trop de disparités salariales, mais ce n’est pas vrai en général.
La combinaison de ces hypothèses trop simples laisse croire que nous pouvons continuer à pomper beaucoup de combustibles fossiles, même après le déclin. Ces combustibles fossiles restants ainsi que les énergies renouvelables peuvent conduire à une sorte de civilisation à un niveau inférieur après l’effondrement. Des prix élevés baliseront le chemin vers l’économie d’utilisation.
Les TPTB étaient encore plus confus. Ils n’écoutaient que des économistes, avec leur modèle trop simple sur les prix futurs, et n’accordaient aucune attention à Hubbert et à son message selon lequel l’extraction devenait plus difficile après l’extraction de 50% d’une ressource donnée. Au lieu de cela, ils ont supposé que le modèle récent d’ajout de nouvelle extraction à un coût toujours plus élevé continuerait indéfiniment, en raison de l’amélioration de la technologie. Les prix augmenteraient probablement modérément aussi.
S’il y a un problème croissant de disparité salariale, l’idée d’une hausse constante des prix en raison d’une plus grande technologie ne fonctionne pas vraiment. À un certain point, il y a un problème d’abordabilité, conduisant à des prix bas plutôt qu’à des prix élevés. Plus de dettes à des taux d’intérêt plus bas ne peuvent plus compenser le problème de la stagnation des salaires pour les masses.
Qu’est-ce que la chute d’EROEI des carburants fossiles nous dit ?
Quelques commentateurs sur OurFiniteWorld.com aiment utiliser l’expression «EROEI en baisse» comme synonyme d’«atteinte des rendements décroissants». L’EROEI (le vrai de «EROEI des combustibles fossiles») comme développé par le chercheur sur les énergies Charles Hall, est obtenu en divisant l’«énergie produite» par l’«énergie fossile utilisée pour fournir cette énergie produite». Le pétrole ou le charbon ou le gaz naturel le plus facile à extraire a tendance à être extrait d’abord, et le combustible produit en dernier a tendance à avoir un EROEI inférieur. Ainsi, l’EROEI inférieur est un moyen numérique pratique de quantifier les rendements décroissants par rapport à la production d’énergie en utilisant des intrants de combustibles fossiles.
Le paradoxe de la baisse de la consommation d’énergie par rapport au PIB, malgré la chute des EROEI
Nous arrivons rapidement à un paradoxe : si la chute de l’EROEI augmente le coût de l’extraction pour tous les combustibles fossiles, est-ce que nous utilisons une part croissante de la production de l’économie pour la production d’énergie ? La réponse pour des périodes historiques a été «Non». Le chercheur Carey King, qui travaille sur les aspects énergétiques, a parlé de ce sujet dans un article académique.
En fait, les récentes recherches des Nations Unies semblent indiquer que cette tendance à la baisse de la consommation d’énergie en pourcentage du PIB continue de se maintenir jusqu’en 2013 pour l’ensemble du monde.
La figure 6 montre que les deux derniers secteurs de la liste, à savoir «l’agriculture, la chasse, la foresterie, la pêche» et «l’exploitation minière et les services publics» continuent de baisser en tant que pourcentage de l’économie mondiale, jusqu’à la dernière année étudiée, 2013.
Le chemin que ces pourcentages décroissants semblent prendre est un rééquilibrage de l’approvisionnement en énergie vers les pays ayant un ratio coût/énergie moindre. Voir l’annexe pour plus d’informations sur la façon dont cela semble se produire.
Aude Illig et Ian Schindler, qui sont des spécialistes en mathématiques et en économie du travail à l’École d’économie de Toulouse, ont examiné comment les prix du pétrole peuvent se comporter, à la fois avant et après que la part des ressources mondiales consacrées à l’extraction de l’énergie a frappé un point bas (nadir) et commence à remonter si les figures 5 et 6 étaient prolongées vers l’avant. Ils expliquent leurs conclusions dans un document de travail intitulé Extraction du pétrole et dynamique des prix. Cela montre qu’avant le nadir, on peut s’attendre à ce que les prix du pétrole augmentent généralement, avec quelques pointes temporaires. Une fois passé le nadir, la dynamique est inverse. Les prix ont tendance à baisser, exacerbant la baisse.
Est-ce que le forage américain du pétrole de schiste ajoute à la consommation d’énergie industrielle des États-Unis ?
L’un des commentateurs de OurFiniteWorld a récemment demandé quel impact la montée et la chute de la production américaine de pétrole aurait sur la consommation d’énergie américaine. À son avis, si l’extraction du pétrole de schiste a un faible EROEI, alors sûrement la consommation industrielle des États-Unis de pétrole ou d’énergie totale doit augmenter et diminuer en réponse à la plus grande production. Quand nous avons regardé, tout impact semblait être trop petit pour être mesuré (Figure 7).
L’énergie de transport n’est pas incluse dans l’énergie industrielle, donc nous avons examiné la consommation d’énergie diesel, pour voir si elle avait changé matériellement en réponse à l’ensemble de l’activité de forage. Encore une fois, il était difficile de discerner un quelconque impact (figure 8).
En pensant à cette situation, l’énergie consommée ne l’est très probablement pas aux États-Unis. Par exemple, une grande quantité de pipelines en acier sera utilisée. Ce pipeline pourrait être fabriqué à partir de charbon et importé de Chine. Le timing pourrait également varier si le pipeline et les machines qui forent les puits ont été réalisés un certain temps à l’avance. Certains gaz naturels ou pétroles sont sans doute brûlés lorsque les puits sont forés, mais, dans le schéma global, la quantité n’est pas assez grande pour provoquer même une bosse minuscule dans les données.
Si nous pensons à la situation, ce n’est pas vraiment la «consommation d’énergie» (et donc l’EROEI) qui affecte la «demande». C’est plus le prix de vente du pétrole qui affecte la demande pour les produits énergétiques. Ce prix de vente du pétrole est partagé de nombreuses façons. Ce prix de vente comprend non seulement le coût direct de l’énergie utilisée pour l’extraction, mais bien d’autres coûts : salaires, baux, dividendes, redevances et taxes de diverses sortes. Dans de nombreux cas, les redevances et les impôts servent à fournir des prestations aux non-élites, c’est-à-dire aux 99%. Le prix de vente agit comme stimulant pour l’ensemble de l’économie mondiale, pas seulement la partie liée à l’EROEI.
Si le prix du pétrole baisse, ce qui tend à être coupé d’abord, ce sont les impôts – l’argent qui va aider les 99% de la population. Outre les impôts, les salaires et les prestations de retraite ont tendance à être coupés très tôt, dans une tentative de garder l’entreprise en activité. Ceux-ci comprennent une part importante des coûts, donc sont faciles à couper. Aussi étrange que cela puisse paraître, l’extraction du pétrole peut ne pas être réduite, même en cas de faillite. Les créanciers veulent récupérer autant de valeur que possible après la faillite.
Alors qu’est-ce que l’EROEI nous raconte ?
L’EROEI comme moyen d’allouer un approvisionnement limité en énergie fossile. Une façon de penser à l’EROEI est qu’il peut être utilisé pour montrer la meilleure façon d’étirer une distribution donnée des combustibles fossiles. Il suffit de sélectionner de nouvelles approches pour produire des produits énergétiques ayant les valeurs d’EROEI les plus élevées, afin de pouvoir exploiter le plus possible les combustibles fossiles disponibles.
Le calcul de l’EROEI semble orienté vers la répartition des ressources rares. L’énergie est comptée en utilisant sa valeur Btu. Ainsi, le pétrole est considéré comme ayant la même «valeur» que le charbon (basé sur sa teneur en Btu), et l’électricité intermittente est considérée comme ayant la même valeur que l’électricité adaptée pour la distribution aux clients. Puisque l’accent est mis sur les combustibles fossiles «qui vont manquer», certains chercheurs laissent de côté la puissance hydroélectrique des calculs d’EROEI ; cela ne représente pas l’utilisation de l’énergie des combustibles fossiles. Le travail humain est généralement négligé, de même que les impôts, les paiements d’intérêts, les paiements de location et de nombreuses autres composantes des coûts.
Les «frontières» sur les intrants énergétiques doivent varier considérablement d’un chercheur à l’autre, ce qui rend difficiles les comparaisons entre analyses. Par exemple, l’énergie utilisée pour l’irrigation des cultures de biocarburants est-elle incluse dans les calculs ? Les rapports préparés par des chercheurs de certaines universités ont tendance à donner des EROEIs plus élevés que ceux des autres universités. On soupçonne parfois que la source de financement d’une université particulière biaise les résultats de ses calculs d’EROEI. Cette situation n’est pas trop différente des problèmes d’indépendance rencontrés dans d’autres types d’études universitaires.
Porte de derrière pour estimer les coûts. L’EROEI peut également être considéré comme une approche de type porte dérobée pour estimer le coût approximatif de l’extraction. Il est peu probable que les chercheurs travaillant dans une université puissent obtenir des informations sur le véritable coût total de l’extraction. D’autre part, s’ils peuvent développer une nouvelle métrique, ils ont la possibilité de construire un outil qu’ils peuvent garder à jour avec les informations de l’entreprise. Il semble y avoir eu un espoir précoce que la nouvelle métrique serait plus objective que les autres informations sur les coûts disponibles.
Ne se comporte pas comme la métrique de coût à laquelle nous sommes habitués. Il y a souvent une raison économique pour faire un carburant liquide très apprécié à partir du charbon ayant le moins de valeur ou de gaz naturel, mais le calcul ne le prend pas en compte. C’est une des raisons pour lesquelles les EROEI pour l’éthanol ont tendance à être très faibles : sa production a tendance à utiliser un peu d’électricité à partir du charbon ou du gaz naturel pour obtenir un produit avec une valeur un peu plus élevée.
Un autre point si on essaye d’utiliser l’EROEI à des fins de comparaison, c’est que les EROEI pour les biens d’équipement (comme le vent et l’énergie solaire) se comportent différemment des EROEI des combustibles qui sont brûlés. Avec les biens d’équipement, la société «creuse d’abord un trou EROEI», et au fil du temps, le trou doit se résorber. (Je pense que cela est une des raisons de notre problème de dette.) Le chercheur Graham Palmer qui travaille sur l’énergie, a développé l' »EROEI dynamique » pour faire face à ce problème.
L’énergie éolienne et solaire a un deuxième problème, en plus de l’utilisation des biens d’équipement, celui d’une intermittence difficile à corriger, surtout quand on ajoute plus qu’une petite quantité au réseau. À la figure 9, Graham Palmer a ajouté des piles et les a remplacées trois fois pendant la durée de vie de 30 ans des panneaux solaires, pour corriger le problème d’intermittence. Je dirais que d’autres coûts devraient également être inclus – le coût de la construction et de l’exploitation d’un onduleur et d’un onduleur de remplacement, par exemple, plus tout type de coûts d’installation.
Les coûts des intérêts ne sont généralement pas inclus dans les calculs de l’EROEI, mais il semblerait qu’ils devraient l’être, chaque fois que la livraison d’énergie est sensiblement retardée, comme c’est le cas lorsqu’un certain capital est utilisé pour capter l’énergie du soleil.
Alternativement, au lieu d’ajouter des coûts de batterie, il serait théoriquement possible de réviser le calcul pour inclure le coût d’énergie de réglage du réseau électrique pour gérer l’intermittence. Toutes ces questions ont trait à la sélection des «limites» appropriées pour le calcul.
Les énergies renouvelables intermittentes semblent donner du rendement au 1% et augmenter les coûts pour les 99%, contrairement aux combustibles fossiles
Ce à quoi nous ne pensons pas souvent, c’est que les types individuels de production d’énergie peuvent être évalués du point de vue de la mesure ou ils fournissent un financement pour les 99%, contre le financement de l’élite 1%. L’EROEI, bien sûr, ne peut pas considérer cela du tout.
Les combustibles fossiles semblent favoriser les 99% parce que l’industrie des combustibles fossiles a traditionnellement été un lourd payeurs d’impôts. Ces taxes vont aider la grande majorité. Il est rare de trouver des rapports montrant les taxes payées par les producteurs de combustibles fossiles, cependant. Au lieu de cela, les rapports tendent à montrer des subventions, qui sont des compensations pour les paiements d’impôts élevés. Ces compensations sont souvent des paiements à des fins telles que l’aide aux personnes à faible revenu pour payer leurs factures de chauffage d’hiver. Alors que ces paiements sont appelés «subventions», ils sont souvent vraiment des moyens d’aider les 99%.
Le vent et l’énergie solaire ont tendance à être financés aux États-Unis avec des crédits d’impôt. Ces crédits d’impôt aident à concentrer la richesse parmi les déjà riches. En Europe, le coût élevé des énergies renouvelables intermittentes a tendance à être payé par les ménages individuels. Cela conduit à une situation où les entreprises, ainsi que les propriétaires et les exploitants de ces entreprises, profitent aux dépens de ceux qui sont financièrement moins bien lotis.
Le niveau d’endettement avec l’énergie éolienne et solaire (et tous leurs attirails connexes qui est souvent laissé de côté des calculs d’EROEI) tend également à être élevé. Les intérêts sur cette dette transfèrent de l’argent des 99% au 1%. Le réseau aura vraisemblablement besoin d’être mis à niveau pour gérer les renouvelables intermittents. Ce coût aussi sera supporté par des prix de l’électricité plus élevés demandés aux 99% ou des impôts plus élevés.
Quel devrait être le rôle de l’EROEI ?
L’EROEI est maintenant bien établi comme un outil pour essayer de voir combien d’énergie est consommée dans la fabrication d’un produit énergétique. Je pense que beaucoup de gens ont des attentes concernant l’EROEI qui dépassent ce qu’il peut vraiment nous dire. Par exemple, je ne pense pas que les calculs d’EROEI puissent prédire quand l’économie s’effondrera, parce que les mécanismes pour atteindre l’effondrement viennent d’une direction différente, à savoir l’augmentation de la disparité des salaires et le bas prix des produits de base.
L’EROEI ne considère pas qu’un produit de grande valeur est utilisé pour produire un produit de faible valeur, ou vice versa. La solution ici est d’examiner le coût réel impliqué dans la production du produit énergétique, en complément des calculs d’EROEI. Cela est important si notre véritable problème d’énergie est un coût élevé et un manque d’abordabilité, plutôt que d’un «manque» de combustibles fossiles.
Les calculs d’EROEI ne sont pas conçus pour examiner la croissance nécessaire de la dette, et le transfert de la richesse requise des 99% vers les 1%. De toute évidence, il serait utile d’ajouter quelques nouveaux outils à l’ensemble d’outils existants, pour examiner ces problèmes.
Pour vérifier si les calculs de l’EROEI produisent vraiment des résultats raisonnables, tout produit énergétique qui produit de l’énergie nette devrait pouvoir supporter le gouvernement avec des impôts plutôt que de dépendre de subventions. Si un produit énergétique dépend d’une subvention en continue, cela devrait être considéré comme une preuve probable qu’il s’agit, en fait, d’un puits énergétique net.
Les études d’EROEI ont un rôle à jouer, mais elles doivent être utilisées avec prudence.
Comment ai-je participé à cette discussion ?
J’ai été ce qu’on pourrait appeler un «détective financier» pendant une longue période. J’ai commencé à travailler pour CNA Insurance Group en tant que stagiaire actuaire en 1970. C’était à peu près au moment où l’inflation a commencé à affecter les compagnies d’assurance. Après avoir été à l’AIIC seulement un court laps de temps, j’ai été celle qui a compris comment l’inflation affecterait les réserves établies pour rembourser les sinistres. Quand mes prédictions se sont avérées justes, mes responsables ont été très surpris ; ils n’avaient jamais envisagé la possibilité d’un impact.
Je suis passée plus tard par une compagnie d’assurance plus petite, où je rapportais directement au président de la compagnie. La position était censée rapporter à un niveau inférieur dans l’organisation, mais le président a été choqué par ce que j’avais été en mesure de comprendre de la société à partir de ses états financiers, et a décidé qu’il voulait me faire rapporter à lui directement. En conséquence, j’ai eu l’occasion de constater l’impact de la hausse des prix du pétrole sur une compagnie d’assurance en 1973-1974, depuis un poste en première ligne. J’ai aussi eu la chance de voir quel impact les changements rapides de taux d’intérêt ont eu sur une compagnie d’assurance. Je suis retournée plus tard à l’AIIC, et j’ai remarqué les problèmes qu’ils avaient eux aussi.
Je suis ensuite devenue consultante. J’étais toujours la personne à aller voir pour essayer de trouver des réponses à des questions qui n’avaient jamais été soulevées avant. Si quelqu’un avait besoin d’un modèle pour quelque chose de vraiment bizarre, il venait me voir. J’ai aussi développé souvent des documents pour des missions d’expertises. Lorsque de nouvelles sociétés étaient créées, je mettais en place des modèles sur la façon dont on pouvait s’attendre à ce qu’elles se comportent dans divers scénarios. J’ai beaucoup travaillé avec des entreprises gérant des fonds pour des durées indéterminées, où les réclamations sont signalées et payées longtemps après le moment où une blessure s’est produite.
Je n’ai pas été impliquée dans les limites de pétrole avant 2005 et j’ai commencé à écrire des articles à ce sujet en 2006. J’avais presque l’âge où je pouvais prendre une retraite anticipée, donc je suis partie en 2007 avec l’idée d’approfondir le sujet. Les éditeurs du site The Oil Drum ont vu certains de mes articles, et m’ont invité à écrire des articles pour eux, sous le nom de plume de Gail l’actuaire. Plus tard, ils m’ont demandé d’être rédactrice en chef. Je me suis vite retrouvée en rapport avec des auteurs, réparant des erreurs dans des articles, et me familiarisant avec beaucoup de gens dans le domaine énergétique.
L’un des articles que j’ai écrit assez tôt était Le pic pétrolier et les marchés financiers : une prévision pour 2008. Dans ce document, je prévois le krach financier de 2008. Le professeur Charles Hall (une célébrité au sujet de l’EROEI) a vu l’article, et m’a invitée à venir à Syracuse, dans l’État de New York, pour faire une présentation lors d’une conférence d’économie biophysique à venir. J’ai pu ainsi rencontrer de nombreux autres chercheurs, soit à travers la communauté de l’économie biophysique, soit par le biais de mon travail pour le site The Oil Drum. Je fus invitée à donner de nombreuses conférences, dont une à Barcelone, en Espagne, en 2010, ce qui a finalement abouti à la publication de mon article Limites d’approvisionnement pétrolier et crise financière sans fin dans la revue Energy. Tout cela m’a amené à m’impliquer davantage dans la recherche et à parler quotidiennement de l’histoire des limites pétrolières. Je reçois maintenant quelques invitations relatives à la finalité de mon travail.
L’une des choses qui ont mené à un conflit entre la communauté du Peak Oil et moi, c’est que je ne racontais pas vraiment l’histoire du «Peak Oil». Je disais quelque chose de différent. À la fin de 2010, le conflit était suffisamment grand pour que je commence à écrire mes articles sur OurFiniteWorld en laissant TheOilDrum republier ceux qu’ils choisissaient. J’ai continué à y être rédactrice, cependant, jusqu’à sa fin en 2013.
Mon approche générale a été d’apprendre autant que je le pouvais, de toutes les façons possibles. Lorsque divers groupes voulaient parrainer des conférences téléphoniques, j’y participais toujours, que le groupe soit un groupe de renouvelable ou un groupe de l’industrie pétrolière. J’ai tendance à interagir avec les commentateurs sur mon site, et à obtenir quelques idées de leur part. Je n’accepte pas les dons sur mon site, mais j’accepte les invitations à donner des conférences lorsque les gens offrent au moins de payer mes dépenses. J’ai également eu quelques occasions de visiter des installations de divers types, géothermiques ainsi que pétrolière et gazière. Ma seule affiliation officielle est que je suis directrice de l’Économie de l’énergie pour l’Institut de l’énergie solaire de l’espace, un poste non rémunéré.
Tout cela me met dans une position bizarre. Le milieu de la recherche semble m’accepter comme une des leurs. Mais Richard Heinberg du Post Carbon Institute ne peut pas comprendre pourquoi mon point de vue diffère tant du point de vue que le Post Carbon Institute tente de parrainer. Il se réfère à moi comme à un «écrivain de l’énergie» et dit: «Ses critiques des énergies renouvelables semblent presque entièrement basées sur la littérature de l’énergie fossile et les entreprises de services publics. Elle ne semble pas citer beaucoup de données provenant des ingénieurs solaires et éoliens.» Je parle à tout le monde. Mais je ne tire pas mon point de vue de la littérature de l’énergie fossile et des entreprises de services publics. Je m’attends à ce que quelqu’un ait un point de vue différent du point de vue privilégié de PCI, qui est menaçant, surtout si cela a un impact négatif sur les dons.
Annexe : Comment le rééquilibrage de l’approvisionnement énergétique se produit
Comment se fait le rééquilibrage des approvisionnements en énergie ? La réponse semble être : «Expansion des économies qui utilisent un mélange de carburant qui utilise disproportionnellement des carburants moins chers et contraction des économies qui utilisent des carburants plus chers».
La diapositive suivante montre un simple regroupement des carburants que j’ai fait en fonction de ma perception des carburants qui sont plus ou moins coûteux.
- Bas prix.
- Charbon.
- Hydro-électricité.
- Prix moyen.
- Gaz naturel.
- Nucléaire.
- Géo Biomass (Géothermie, bois, déchets brûlés comme du pétrole).
- Prix élevé.
- Pétrole (y compris les biocarburants).
- Vent, Solaire (au sol).
La croissance de la consommation d’énergie semble avoir lieu presque entièrement dans des régions du monde qui utilisent une quantité disproportionnée de carburant à bas prix. Ces pays ont également tendance à avoir des salaires bas, allant avec le faible coût du carburant.
Ce qui se passe, c’est que le mix énergétique mondial se rééquilibre loin des pays qui utilisent une grande part de combustibles à coût élevé dans leur mix énergétique.
En fin de compte, les combustibles à bas prix (charbon et hydroélectricité) restent stables, en proportion de la production totale. Les pays qui utilisent une part disproportionnée de combustibles à coût élevé ont tendance à perdre sur le marché mondial.
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