lundi 16 janvier 2017

Guerre Hybride 8. Le pivot à venir de l’Ouganda pourrait être miné 1/2

Article original de Andrew Korybko, publié le 30 Décembre 2016 sur le site Oriental Review
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
 


L’Ouganda est un pays dont beaucoup de gens semblent avoir entendu parler, mais dont peu, excepté les gens du pays, savent quelque chose. Il est situé à proximité de la région de l’Afrique centrale, divisée mais riche en ressources. Il fait cependant encore techniquement partie intégrante de l’Afrique de l’Est intégrée et orientée vers ses marchés. L’Ouganda pourrait servir de tête de pont cruciale pour relier deux zones dynamiques du continent, mais fonctionne actuellement comme un solide tampon pour empêcher les anciens problèmes de militantisme de saper la croissance économique présente. La Chine veut changer tout cela en transformant l’Ouganda en une jonction ultime de l’infrastructure, en s’appuyant sur son pouvoir militaire puissant pour transformer la « Prusse africaine » en « Kazakhstan africain », autrement dit un pont terrestre transrégional d’une importance géostratégique sans précédent.

 
Cette vision louable n’est pas sans faiblesses évidentes, cependant, depuis que la tension de guerre hybride a été systématiquement construite sous la surface en Ouganda pendant les vingt dernières années ou ainsi dire. La menace d’une Révolution de couleur « conventionnelle » ou d’un épisode de terrorisme urbain de type EuroMaïdan est toujours présente dans le pays et ce danger asymétrique est peut-être le défi le plus urgent des services de sécurité. En dehors de cela, cependant, il y a d’autres risques moins reconnus qui pourraient s’avérer aussi difficiles pour les dirigeants ougandais, comme un potentiel « choc des civilisations » manufacturé et le fédéralisme identitaire (« Royaume »). Après un examen plus approfondi, la situation stratégique de l’Ouganda n’est pas aussi claire qu’on pourrait le penser initialement et, malgré le rêve de la présidence Museveni de guider ses pairs de la Communauté d’Afrique de l’Est vers une fédération semblable à l’UE, il est ironique de penser que c’est ce pays que les États-Unis utilisent pour miner l’ensemble du projet.

La jonction de l’infrastructure dans la jungle


Toutes les routes (ferroviaires) vers le nord du Congo traversent Kampala

En raison de sa géographie, l’Ouganda occupe une place unique pour servir de plate-forme de liaison ralliant la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) et la République démocratique du Congo (RDC), sans parler du rôle plus large que cela pourrait jouer pour faciliter le processus de jonction des côtes entre l’océan Indien et l’océan Atlantique. La Chine contribue au financement du chemin de fer à voie standard (SGR), qui commence au port de Mombasa au bord de l’océan Indien au Kenya, puis passera en Ouganda pour se connecter potentiellement au port fluvial de Kisangani, au nord-est de la RDC. De là, la rivière Congo coule doucement vers les capitales jumelles de Kinshasa et de Brazzaville. Après quoi un court trajet ferroviaire contournant les rapides proches mène à l’océan Atlantique.
Comme on peut le voir dans cette description, l’Ouganda est l’intermédiaire géographique dans l’actualisation de cette vision, ce qui en fait un partenaire indispensable dans les plans d’infrastructures transocéaniques de la Chine pour l’Afrique. Ce n’est pas tout, cependant, puisque l’Ouganda est également prêt à relier le SGR au Sud-Soudan, facilitant ainsi l’accès au marché international pour le plus récent pays d’Afrique, ce qui complète le Corridor LAPSSET. Par sa localisation, l’Ouganda est également l’objet du projet du rival tanzanien de corridor central financé par la Chine, qui, de manière typiquement chinoise, pourrait jouer le rôle de plan de sauvegarde bien pensé pour atteindre la RDC et l’océan Atlantique, juste au cas où une perturbation de la guerre hybride saboterait le SGR du Kenya

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Cette initiative a pour but de diriger un corridor ferroviaire du sud-est vers le nord-ouest à travers les pays d’Afrique de l’Est, qui serait éventuellement relié au Rwanda, au Burundi et à l’Ouganda, Kigali ayant apparemment renoncé à son choix initial du SGR en faveur du Corridor central, en mai 2016 (même si elle est revenue sur sa déclaration plus tard). Dans cette construction, l’Ouganda et le Rwanda serviraient de composantes à la « politique d’assurance de la géo-infrastructure » de la Chine pour accéder au nord de la RDC via le corridor central de la Tanzanie, ce qui protégerait Pékin des chocs perturbateurs qui pourraient se produire si le Kenya sombrait dans le chaos induit par les Américains.

Équilibreur ou disrupteur?

Compte tenu de la situation stratégique par laquelle la Chine finance simultanément deux itinéraires ferroviaires rivaux dans le CAE, il est important de noter que ces deux projets se croisent en Ouganda de façon beaucoup plus réaliste qu’au Rwanda, ce qui donne une importance impressionnante à Kampala dans les affaires régionales. Si l’Ouganda était suffisamment ambitieux (et une telle qualité ne manque certainement pas quand il s’agit de Museveni), il pourrait essayer de se positionner comme la force d’équilibrage qui maintient la concurrence entre le Kenya et la Tanzanie à un niveau civil et amical, alors que le pouvoir voisin n’a pas intérêt à bouleverser le statu quo au point que tous deux perdent tous deux l’accès à la passerelle vers le nord de la RDC.
 
Alors que l’Ouganda semble être en train de se rapprocher de la Tanzanie depuis qu’il a décidé de rediriger son éventuel oléoduc du port de Lamu au Kenya vers Tanga en Tanzanie (c’est-à-dire exporter ses ressources le long du Corridor central au lieu du SGR), les plans du SGR à travers le pays ont stagné ces dernières années. Ce serait pourtant une erreur géopolitique majeure si Kampala tournait le dos au Kenya, qui est sa plus grande destination d’exportation et sa quatrième source d’importation.

 
Museveni ne semble pas faire ce genre de calculs, son ministre des Travaux et des Transports réfutant les allégations selon lesquelles le SGR avait été retardé, et le gouvernement a finalement déclaré qu’il était prêt à signer un prêt avec la Chine pour financer sa part du projet. Mais cela ne signifie pas qu’un gouvernement à venir dirigé par un candidat d’« opposition » totalement pro-américain ne puisse pas changer la trajectoire du pays. Si l’Ouganda abandonne son rôle de facteur d’équilibre entre le Kenya et la Tanzanie et rejette publiquement le premier au profit du second, cela pourrait générer un dilemme de sécurité entre les deux qui tomberait directement dans les mains des États-Unis, leur donnant l’occasion de semer les graines d’une profonde méfiance entre les deux économies les plus fondamentales et les seules de la CAE dotées d’un accès maritime. Cela pourrait saboter l’ensemble du projet d’intégration pour tout le monde avant qu’il ait eu une chance de mûrir et de porter ses fruits multipolaires.

Planification de l’héritage de Museveni

Analysé de ce point de vue, l’Ouganda est un élément clé pour assurer l’unité de la CAE ces prochaines années car non seulement une déstabilisation perturberait l’équilibre / la rivalité stratégique intra-organisationnelle entre le Kenya et la Tanzanie, mais ce serait aussi l’abandon de l’espoir de voir ses projets relier ensemble ces pays et approfondir ainsi l’interdépendance complexe entre ces trois acteurs importants. Du point de vue inverse, un Ouganda stable et multipolaire – comme celui avec lequel la Chine collabore – rassemblerait ses deux plus grands voisins en renforçant leur confiance réciproque et en interconnectant leurs économies par le biais du point focal partagé par chacun d’eux, préservant la stabilité de l’Ouganda et par conséquent un accès direct à la RDC au Nord (ce qui est dans leur propre intérêt tout autant que dans celui de la Chine).
 
Pour revenir à ce qui a été dit précédemment, Museveni met tout son héritage à guider la CAE dans des plans de fédéralisation précédemment établis, ce qui correspond parfaitement à la volonté de la Chine de voir ses partenaires régionaux s’intégrer plus étroitement afin de rationaliser six accords multilatéraux en un seul accord bilatéral beaucoup plus efficace entre Pékin et le futur bloc fédéralisé. Les moyens par lesquels Museveni cherche à atteindre cet objectif de manière substantielle est de faire en sorte que son pays fonctionne comme la jonction d’infrastructures entre les projets chinois concurrents kényan et tanzanien. Cela donnerait aux deux plus grandes économies un terrain d’entente pour renforcer la coopération et permettre à l’Ouganda de tirer parti de sa position d’équilibre avec l’espoir d’éventuellement émerger comme le leader de compromis de fait de la Fédération de l’Afrique de l’Est.

 
Le président ougandais pourrait également avoir une raison plus cynique de  favoriser l’intégration fédérale de la CAE autre que la poursuite d’objectifs géopolitiques gagnant-gagnant, car si la Fédération de l’Afrique de l’Est finit par être un succès, alors elle pourrait « blanchir » Museveni de son histoire controversée d’interventionnisme à l’étranger en réorientant l’attention loin de ses décisions militaires qui ont divisé la zone vers son cadeau pacifique de connectivité infrastructurelle et institutionnelle.

La « Prusse africaine« 

En parlant du passé militant de l’Ouganda, il est important de comprendre que toute guerre à l’étranger dans laquelle le pays a combattu, en dehors de l’échec de 1978-1979 contre la Tanzanie, a été ordonnée par Museveni. Ses partisans affirment que l’implication de l’Ouganda dans chaque conflit repose sur l’amélioration de la position régionale du pays et la sauvegarde de ses intérêts nationaux, mais ses détracteurs soutiennent que ce sont des interventions agressives et inutiles qui ont causé plus de mal que de bien. Quelle que soit la façon dont on évalue normativement la sagesse des calcul militaires de ces actions à l’étranger de Museveni, il est irréfutable que l’une des conséquences a été que les forces armées ougandaises ont bandé leurs muscles aux yeux du monde et solidifié la réputation de leur pays comme une puissance militaire régionale (pour le meilleur ou pour le pire) d’une manière qui rappelle quelque peu la Prusse de la fin du XIXe siècle.

Portée régionale

Malgré la taille géographiquement limitée de l’Ouganda et son statut de pays sans littoral, Kampala a réussi à exercer son influence militaire sur un espace continental large et varié, s’étendant du coin nord-est de la RDC (et avant, pendant la première guerre du Congo, jusqu’à Kinshasa), la République centrafricaine à l’Est (RCA), le Sud-Soudan et même la Somalie. Il est évident que la portée militaire de l’Ouganda atteint bien plus que son poids géographique supposé, ce qui sous-tend le point auquel une institution militaire a joué un rôle central dans l’établissement de l’image internationale du pays et des relations avec certains de ses voisins :

RDC : Première et Seconde Guerres du Congo dans les années 1990, 2009, intervention anti-Kony Somalie : participation de 2007 à la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) et contribution de 6000 des 22 000 soldats au total CAR : intervention anti-Kony en 2009, Force anti-Kony de l’Union africaine depuis 2012 Soudan du Sud : participation active à la guerre civile soudanaise de la guerre froide qui dure depuis des décennies, force anti-Kony de l’Union africaine actuelle en 2012, déploiement unilatéral de 2013 à 2015 dans la guerre civile sud-soudanaise, redéploiement supposé en 2016

Remodeler le voisinage


Congo

Les interventions de l’Ouganda dans la première et la deuxième guerre du Congo ont été menées unilatéralement, bien qu’en étroite collaboration avec les forces alliées rwandaises. L’intention était d’installer un leader par procuration dans le pays voisin qui permettrait à l’Ouganda d’accéder sans entrave aux minéraux terrestres rares de la RDC le long de la région frontalière des Grands Lacs. Ce  plan a malheureusement échoué lorsqu’un méli-mélo de milices anti-Kampala a profité du chaos congolais pour se retrancher dans la zone et mettre en place des bases d’opérations. Au lieu d’une zone tampon sûre à travers laquelle exercer indéfiniment une influence stratégique, l’Ouganda a fini avec une vulnérabilité de sécurité durable qui continue de nuire à l’État jusqu’à aujourd’hui.

Somalie

Après le retrait des troupes ougandaises de la RDC au début des années 2000, la prochaine aventure militaire de Kampala s’est déroulée en Somalie, bien que cette fois-ci elle ait été menée sous l’égide multilatérale organisée par l’Union africaine. L’intérêt de Museveni dans ce pays non voisin et extra-régional dans la Corne de l’Afrique était de démontrer son engagement dans la « guerre contre le terrorisme » de son allié américain, et de faire un usage « positif » pour la « réputation » de son armée à l’étranger. L’Ouganda en tant qu’État antiterroriste actif mérite un soutien normatif multilatéral pour sa propre lutte contre les militants islamistes, les « Forces démocratiques alliées » (dont on reparlera plus tard). En raison de son rôle en première ligne dans l’AMISOM, Kampala a été victime d’une série d’attentats perpétrés par Al Shabaab en juillet 2010, les attentats terroristes les plus meurtriers de la région depuis 1998, à Nairobi et à Dar es-Salaam.

République centrafricaine

En 2009, l’Ouganda a ordonné à ses forces militaires de poursuivre Kony à travers le nord-est de la RDC et l’est de la RCA dans une opération qui préfigurait la campagne d’information des réseaux sociaux «Kony 2012» beaucoup plus médiatisée, ce qui a incité une Union africaine multilatérale menée par l’Ouganda et les États-unis à une mission dans cette même région. Du point de vue de Museveni, non seulement la mission de l’Union africaine a prêté à son gouvernement un soutien mondial critique autour de ses opérations internationales contre le groupe rebelle / terroriste, mais la force émotionnelle de cette opération marketing était une ruse commode pour distraire la douce tentative de réinstaurer symboliquement le leadership militaire Ougandais (quoique quantitativement limité) sur une zone jusqu’alors peu surveillée. Le problème du président ougandais, cependant, était que, tout comme auparavant, son pays était incapable de traduire sa présence militaire et des gains stratégiques perceptibles en résultats tangibles qui pourraient promouvoir durablement sa vision.

Soudan du sud

Museveni a investi beaucoup d’efforts dans le déploiement militaire de son pays au Sud-Soudan pour le compte du président Salva Kiir, dont le pays subissait l’aggravation de l’influence physique de l’Ouganda dans le nord-est de la RDC et dans l’est de la RCA. La conception stratégique de l’Ouganda dans ce conflit est de se positionner comme le principal acteur étranger dans les affaires du Sud-Soudan, ce qui donnerait à Kampala un contrôle indirect sur les ressources naturelles et un marché potentiel. Alors que Museveni a cédé le contrôle (direct ou indirect) sur le nord-est de la RDC et n’a jamais vraiment eu beaucoup d’influence dans l’est de la RCA, le Sud-Soudan offre infiniment plus de chances pour l’Ouganda de revendiquer, par des exemples tangibles, une influence régionale en dehors de sa caractéristique militaire. Son implication sur plusieurs décennies dans la guerre civile soudanaise au nom des rebelles du Sud, et maintenant sa défense du gouvernement de Kiir, ont fourni un soutien institutionnel important à l’Ouganda dans les couloirs de Juba, bien que tout cela puisse théoriquement être inversé si la mise en œuvre du fédéralisme identitaire au Sud-Soudan conduit à un confinement géographique de l’influence de Kampala dans le pays.

Repenser le militarisme

À la lumière de l’échec systématique de l’Ouganda à utiliser ses forces militaires pour générer des gains stratégiques importants à l’étranger, Museveni semble avoir finalement corrigé certaines lacunes de ses politiques militaires depuis des décennies, ordonnant récemment que la Force de défense populaire ougandaise se retire du Sud-Soudan et de la RCA, le premier retrait s’étant officiellement produit vers la fin de 2015 (malgré les rumeurs d’un redéploiement secret en mai 2016) et le second étant prévu pour la fin de 2016. Quant à la Somalie, alors que l’Ouganda a déclaré fin juin 2016 qu’il serait parti à la fin de l’année, M. Museveni a précisé que cela dépendrait de la question de savoir si l’Union africaine apporterait un soutien sérieux à la (re-)formation des forces armées somaliennes, indiquant par là que ses soldats resteraient dans le pays si des progrès étaient réalisés à cet égard ou partiraient si aucun n’était observé après leur déploiement de 9 ans.
 
Pris ensemble, cette série d’annonces de retraits constitue une reconsidération dramatique du calcul de la politique étrangère de Museveni, en ce sens qu’il semble se résigner à accepter que l’Ouganda ne peut se fier à la seule force militaire pour faire progresser ses intérêts nationaux. Ce n’est pas pour suggérer que l’armée ougandaise est incapable de faire son travail, c’est seulement que la poursuite d’objectifs militaires et l’utilisation des instruments connexes sont le seul instrument dans la boîte à outils de l’État dont dispose Museveni. Quelle que soit l’idée de force ou de prestige qu’imagine Museveni pour employer de tels moyens, ils ne représentent pas la seule solution pour faire avancer les intérêts de l’Ouganda. En tant que tels, ils doivent généralement être associés à d’autres mesures afin d’être durablement efficaces. Il se pourrait que Museveni croie vraiment que la mission militaire ougandaise est terminée sur ces théâtres, ou qu’il calcule simplement un retrait stratégique pour revenir combattre dans des conditions plus opportunes à l’avenir, mais il serait préférable qu’il ait impartialement pris acte des politiques qu’il a promulguées et qu’il en soit arrivé à la conclusion qu’il fallait les repenser fondamentalement.
L’explication finale de la décision de l’Ouganda de retirer ses forces de la RCA, du Sud-Soudan, et peut-être même de la Somalie, est que celles-ci pourraient être utilisées beaucoup plus efficacement sur le territoire national pour dissuader ou affronter l’intensification attendue des défis de la guerre hybride. Qu’il s’agisse de réprimer les foules des Révolution de couleur, de réagir aux attaques terroristes ou de faire cesser la révolte d’un royaume régional en faveur d’un fédéralisme identitaire, la Force de défense populaire ougandaise pourrait être beaucoup mieux adaptée à la promotion des intérêts de l’État à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur. En outre, bien que l’on explique plus tard comment et pourquoi les acteurs extérieurs ont un intérêt à déstabiliser l’Ouganda, on ne peut pas ignorer que certains mécontentements nationaux du pays se situent carrément au pied du gouvernement : Museveni a déjà concentré trop de temps aux affaires extérieures plutôt que de traiter avec pragmatisme (mot clé) les questions internes. Enfin, il y a aussi la possibilité que le président envisage maintenant son héritage dans la durée et ait un intérêt personnel à cultiver l’image d’une personne « pacifique » dont on pourra se souvenir, ce qui s’alignerait aussi avec l’accent vigoureux mis sur la fédéralisation de la CAE.

Plus un allié, mais pas encore un adversaire

L’attitude des États-Unis à l’égard de l’Ouganda a été conditionnée à ses relations avec son président, Museveni, de sorte que les liens entre les deux États ont diminué tout au long des décennies en conséquence du changement de la politique ougandaise. 1998 a été un point culminant dans la relation bilatérale avec Bill Clinton incluant Museveni dans sa liste exclusive de la « prochaine génération de dirigeants africains », probablement dans une tentative de stimuler l’ego de son partenaire dans la préparation pour amener ces chefs d’État à coopérer pleinement avec lui dans l’ordre mondial US unipolaire et permettant à Washington de capitaliser sur les atroces conquêtes militaires de son pays au Congo.

Arrière-pensées

Alors que l’Ouganda n’a pas réussi à traduire ses succès militaires antérieurs en résultats stratégiques tangibles et a fini par se retirer du Congo « les mains vides » en 2003, le soutien américain à Museveni a commencé à diminuer légèrement et il n’a plus été mis en avant publiquement comme il l’était auparavant.
On ne sait pas exactement quelles étaient les intentions des États-Unis en renonçant implicitement à promouvoir Museveni dans le cadre de la « prochaine génération de dirigeants africains ». Une raison partielle pourrait être que les USA désiraient se distancier des activités controversées de l’Ouganda au Congomêlée à la déception sincère des États-Unis envers Museveni pour ne pas avoir capitalisé sur ses succès militaires sur le terrain pour devenir le « proxy contrôlé dans l’ombre«  en Afrique orientale et centrale.
Cette approche est différente de celle que les États-Unis prennent à l’égard de l’ancien protégé rwandais de Museveni, Paul Kagame, et elle s’explique probablement par le dirigeant tutsi qui prévaut dans la culture minutieuse d’un vaste complexe de «culpabilité», qui perd constamment son pouvoir. Il est important que le lecteur comprenne que la stratégie des États-Unis dans cette partie du continent ne dépend pas entièrement de l’Ouganda et que Washington pourrait encore adapter ses politiques avec souplesse au où une décision exécutive serait prise pour renverser Museveni et répandre des troubles dans tout son pays.

Loi sur l’enregistrement des ONG et déploiement de l’AMISOM

En réponse à la visibilité flagrante avec laquelle les États-Unis ont exploité des « ONG » pour élaborer des scénarios de changement de régime dans les États de Géorgie, d’Ukraine et du Kirghizistan victimes de Révolutions de couleur, l’Ouganda a pris la mesure courageuse d’adopter la Loi de 2006 sur l’enregistrement des ONG pour se défendre partiellement contre cette nouvelle forme de guerre asymétrique. Il faut féliciter Museveni d’avoir pris des mesures anticipées pour contrer ce fléau post-moderne, et il est très probable qu’il ait subi par la suite une énorme pression américaine. Que ce soit en réaction à des menaces non spécifiques des États-Unis en réponse à cette législation ou comme un moyen de promouvoir les intérêts propres de son pays contre les « Forces démocratiques alliées » et d’autres groupes terroristes, l’Ouganda a annoncé qu’il rejoindrait la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) en 2007, menant ainsi à bien les intérêts militaires « externalisés » des États-Unis dans la Corne de l’Afrique et faisant en sorte que les Forces de défense du peuple ougandais fonctionnent en tant qu’armée contractuelle personnelle du Pentagone.

 
Dans une mise en évidence claire de la cause et de l’effet, cette démonstration palpable de loyauté pro-américaine (peu importe quels « intérêts de sécurité nationale » ont été invoqués pour l’expliquer au peuple ougandais) a servi à rétablir la pertinence stratégique de Museveni face aux États-Unis et lui aura permis de redevenir le partenaire indispensable pour faire progresser la vision régionale de Washington. En conséquence, en dépit de toutes les appréhensions que les États-Unis auraient pu avoir au sujet de Museveni personnellement et des différences de perspectives perçues au sujet de sa politique concernant les ONG, le président ougandais a prévalu dans sa mission pour neutraliser tout changement de régime comploté par les États-Unis pendant cette période. Bien qu’ayant échoué à construire une sphère d’influence régionale après ses deux interventions au Congo, et restant derrière son ancien protégé rwandais en termes d’importance pour la grande stratégie américaine dans cette partie de l’Afrique, Museveni pourrait bientôt faire une deuxième tentative audacieuse de leadership hégémonique en expérimentant le casus belli commode de « chasser des terroristes transnationaux » comme Kony et sa «Lord’s Resistance Army» (LRA).

Chasser Kony

En décembre 2008, l’Ouganda a lancé une opération militaire transfrontalière contre la RDC sous prétexte d’éliminer la LRA. L’opération a échoué dans son objectif déclaré de détruire le groupe et l’armée ougandaise s’est retirée rapidement après seulement quelques mois, mais l’idée d’abuser du récit de la chasse à Kony, le « croquemitaine international » comme moyen de poursuivre des motifs régionaux géostratégiques ultérieurs sera bientôt trop tentant pour les États-Unis pour être ignorée. Non seulement la LRA est soupçonnée d’opérer dans la région frontalière non contrôlée entre la RDC, la RCA, le Soudan du Sud et l’Ouganda, mais les prétendus objectifs du groupe sont perpétrés loin des regards indiscrets de journalistes indépendants qui pourraient surveiller l’activité militaire sur le terrain pour détecter des signes qu’il ne s’agit pas de buts non déclarés autres que ceux qui ont été publiquement proclamés. Bien que l’Ouganda n’ait pas tiré de dividendes stratégiques de sa brève aventure militaire, les États-Unis ont identifié le modèle de scénario d’une campagne transfrontalière contre Kony comme une situation idéale qu’ils pourraient exploiter à l’avenir. À condition bien entendu qu’il y ai une raison pour le faire et que le public soit préconditionné à accepter un déploiement si lointain de personnel militaire américain.
 
Ces deux impératifs situationnels se sont vite réunis avec un ensemble de « solutions » tangibles. En ce qui concerne la motivation pour une intervention militaire américaine limitée, il est rapidement apparu clairement que le président centrafricain Bozize accélérait rapidement les relations de son pays en termes minier et énergétique avec la Chine et, voyant que cette trajectoire politique aurait pu conduire Pékin à établir une position stratégique au cœur du continent africain, les services de renseignement américains ont senti qu’il fallait une impulsion pour arrêter cela à tout prix. Les États-Unis ne disposaient pas d’unités de forces spéciales déployées dans les pays voisins, d’où ils auraient pu former des insurgés anti-gouvernementaux, et aucun gouvernement régional n’a eu le courage de laisser cela se produire sur son territoire même s’ils ont permis une sorte de présence militaire américaine cachée à l’intérieur de leurs frontières (à des fins différentes, bien sûr). Par conséquent, la seule solution qui permettrait aux États-Unis de couvrir le déploiement d’unités de forces spéciales pour la formation des insurgés à cette fin était d’exploiter la mystique internationale autour de Kony et de sa LRA afin d’élaborer les circonstances par lesquelles les forces américaines seraient autorisées à opérer directement dans les propres frontières de la RCA.

 
Le contexte nécessaire « plausible » pour « justifier » ce déploiement a été la clé de la campagne « Kony 2012 » dans les médias sociaux qui, par pure « coïncidence », a été lancée par l’« ONG Invisible Children », liée au gouvernement américain. Ayant rassemblé le prétexte « viral » pour « légitimer » sa mission par procuration anti-chinoise dans le Heartland africain, et en travaillant main dans la main avec leurs alliés ougandais plus que volontaires, les États-Unis ont engagé 100 soldats des forces spéciales pour « conseiller et former » des soldats pour rechercher Kony dans la région soumise à l’anarchie entre la RCA, la RDC, le Sud-Soudan et l’Ouganda. Bien qu’aucune preuve directe ne puisse être obtenue, il semble convaincant que ces unités ont également formé les rebelles musulmans de la Seleka dans l’est de la RCA, qui fortuitement se trouvaient dans la même zone d’opérations que les troupes américaines. A peu près un an après l’arrivée du personnel militaire américain dans la région, ce groupe parapluie, jusqu’alors peu connu, composé auparavant de miliciens déguisés et de mercenaires indisciplinés, a réussi à centraliser toutes les opérations militaires des rebelles sous une autorité centralisée balayant l’ensemble du pays et renversant le président trop amical avec les Chinois, déclenchant une réaction en chaîne de guerre civile qui a jeté la RCA dans l’état d’échec ou elle reste aujourd’hui [On pourra aussi noter le rôle ambigu de l’Armée française, NdT].


Le rôle de l’Ouganda dans tout cela était de fournir une couverture (volontaire ou involontaire) pour inviter le déploiement des troupes américaines sous l’égide partagée de tuer Kony le « terroriste des droits de l’homme« . Est-ce que Museveni était au courant des véritables intentions des États-Unis de réveiller le chaos en RCA, ou pensait-il qu’ils étaient solidement derrière lui pour aider l’Ouganda à éliminer un de ses derniers ennemis anti-gouvernementaux? Le président ougandais a coopéré avec les États-Unis à partir de la conviction que Washington aiderait son pays à finalement sculpter sa sphère d’influence chérie dans la région. Museveni semble avoir mal interprété les intentions des États-Unis, cependant, puisqu’il n’a pas partagé avec enthousiasme leur vision au point de fournir une assistance non militaire qui aurait été essentielle pour la réaliser. Le Pentagone s’est contenté de donner à ses homologues ougandais des armes, des renseignements et de la formation, mais le reste de l’establishment américain n’était pas prêt à laisser Kampala devenir le champion régional et a évité ainsi de fournir des soutiens informatifs, des matériels et autres qui auraient amené les rêves de Museveni à la vie. Au lieu de cela, on peut dire rétrospectivement que les États-Unis ont préféré maintenir le statu quo fragile et instable dans la région afin de la perturber à un moment plus opportun, qu’il s’agisse d’exploiter le « chaos créatif » comme ils ont essayé de le faire au Moyen-Orient ou de soutenir un aspirant hégémon (que ce soit l’Ouganda ou le Rwanda) comme partenaire contrôlé dans l’ombre (pour une consolidation trans-régionale).

Révolte autour des valeurs traditionnelles de Museveni

Contrairement à la plupart des partenaires américains qui acceptent volontiers les « conseils » (demandes) non sollicités que les ONG occidentales leur présentent, la caractéristique qui différencie Museveni par rapport à nombre de ses pairs coopérant avec les États-Unis, c’est qu’il a fermement refusé de se prosterner devant le lobby homosexuel. Au lieu de fermer les yeux sur la promotion active de l’activité homosexuelle dans son pays traditionnellement conservateur, il a réagi en repoussant ce programme et en appuyant un projet de loi controversé qui a été adopté au début de 2014 et qui a rendu l’homosexualité aggravée punissable de prison (par opposition à la peine de mort initiale qui avait été décrétée avant l’amendement de la loi). Cela suffit pour dire que les donateurs occidentaux de l’Ouganda ont rapidement coupé ou réorienté leur aide au gouvernement et ont commencé à mener une intense campagne d’information anti-gouvernementale visant à présenter les autorités comme des marionnettes africaines pour les « fondamentalistes extrémistes chrétiens » occidentaux.
 
Même si la Cour suprême a ultérieurement annulé la loi et que Museveni lui-même a dit qu’une législation de remplacement n’était « pas nécessaire », le préjudice politique du défi du président au libéralisme social américain a déjà été consommé. La promotion des relations sexuelles traditionnelles et de la législation pro-familiale, quelle que soit la comparabilité de son itération, est un anathème absolu contre l’ordre du jour américain et galvanise instantanément l’establishment américain contre tout État qui adhère à ces principes conservateurs. Certes, les États géostratégiquement importants tels que l’Arabie saoudite et les Royaumes du Golfe ont beaucoup plus de marge de manœuvre en raison de l’investissement profond des États-Unis dans leur stabilité, mais des pays plus petits comme la Gambie et l’Ouganda sont incapables de résister aux États-Unis sans en subir les conséquences déstabilisantes, comme la tentative de coup d’État par des « mercenaires » qui a échoué en Gambie à la fin de 2014. La résistance de Museveni aux intérêts  des États-Unis à promouvoir l’homosexualité reposait sur la préservation des valeurs traditionnelles, signalant son mécontentement envers la réticence des États-Unis à soutenir pleinement sa vision de leadership régional. Cela même s’il a malheureusement de nouveau mal jugé les États-Unis, lui qui pensait que s’opposer ouvertement à l’homosexualité sous une forme aussi dramatique pourrait lui permettre d’exercer un « chantage » au soutien géopolitique qu’ils demandaient.

Les menaces de révolution de couleur, la répression des ONG et la sensibilisation multipolaire

Face à un « allié » aussi imprévisible qui avait commencé à réaffirmer son indépendance, les États-Unis ont décidé d’appliquer une pression de basse intensité contre Museveni dans l’espoir qu’il ajusterait son attitude en conséquence et se conformerait de nouveau aux règles américaines. La position des États-Unis est que si l’un de ses sous-ensembles de politique étrangère (ou « partenaires », dans leur langage officiel) commence une campagne de résistance contre un élément de la politique américaine, en particulier comme Museveni avec son anti-homosexualité, il est probable que ces partenaires s’opposeront également aux États-Unis dans d’autres domaines, ce qui pourrait même déboucher sur un pivot géopolitique total vers le monde multipolaire si le comportement « rebelle » n’était pas « corrigé » à temps.
 
Dans cet esprit, les services d’information américains et leurs alliés mondiaux subalternes ont mené une campagne négative contre la candidature de Museveni pour un cinquième mandat en février, rappelant à leur auditoire que l’homme fort était en fonction depuis 1986 et suggérant fortement qu’il l’était contre la volonté du peuple. Après avoir appris des leçons des révolutions de couleur du « printemps arabe » et du terrorisme urbain de l’EuroMaïdan, Museveni a également signé de nouvelles restrictions à l’encontre des « ONG » au cours des semaines précédant l’élection, s’assurant ainsi que le vote se tiendrait aussi pacifiquement que possible. Il y a eu quelques perturbations mineures avant, pendant et après le jour des élections, et les autorités ont fini par arrêter temporairement le candidat de l’« opposition » Kizze Besigya pour prévenir des troubles avant l’annonce des résultats, mais aucune agitation à grande échelle n’a été déclenchée. Besigya a tenté un dernier effort pour jeter le pays dans l’incertitude en se déclarant publiquement lui-même président juste avant l’investiture de Museveni, mais sa tentative de révolution de couleur a seulement réussi à le faire jeter en prison.

 
À ce stade, on ne sait pas exactement à quel point les États-Unis étaient déterminés à renverser Museveni au cours de cette dernière campagne électorale, et même en appliquant clairement certaines technologies de révolution de couleur de bas niveau pendant cette période, ils n’auraient peut-être pas obtenu pour finir un changement de régime typique. Ce que les États-Unis auraient pu viser, c’était de provoquer suffisamment de pression « de bas en haut » contre Museveni pour lui faire faire des « ajustements à son régime », c’est-à-dire l’adoption de concessions politiques pro-américaines ciblées en échange de l’autorisation à ses dirigeants en place de rester au pouvoir. Cette fois-ci, cependant, ce sont les États-Unis qui ont mal évalué Museveni et non l’inverse. Au lieu de « recevoir le message » après la tentative de Révolution de couleur de Besigya (qui était vouée à l’échec depuis le début, que le leader de l’opposition le sache ou non), Museveni est devenu encore plus ouvertement défiant à l’égard des États-Unis, invitant le président soudanais Omar Al-Bashir à son intronisation et, par conséquent, provoquant une marche organisée par les dignitaires occidentaux outragés présents.

 
De plus, les remarques de Museveni qui ont suivi son discours d’investiture formel comprenaient une ferme condamnation de la CPI et des éloges à la Russie et la Chine. Se référant à la Russie, représentée par le Représentant spécial russe pour le Moyen-Orient et l’Afrique, Mikhail Bogdan, le président ougandais a déclaré que « ces Russes nous vendent ces lances que vous avez vues (faisant référence aux fusils et aux avions de chasse) sans condition ni arrogance. Vous savez que nous avons déjà rejeté l’arrogance. Que tout le monde règne sur sa maison. Par conséquent, ces personnes (les Russes) sont nos vrais amis », alors qu’en ce qui concerne les Chinois, il a proclamé que « Ces gens sont aussi nos vrais amis. Ils n’ont aucune arrogance. Si un homme a sa propre maison et qu’il s’installe dans la maison d’un autre… Quel type de fou est-ce?  »

 
Pour obtenir des informations générales utiles sur les relations de l’Ouganda avec le Partenariat stratégique russo-chinois et l’équilibre entre Museveni et l’Est, il est demandé au lecteur de se référer à l’analyse de juin 2016 de Frédéric Musisi, Pourquoi Museveni courtise l’Est. En bref, le récent mécontentement du président à l’égard de ses « amis » occidentaux est dû à des différends sur l’aide au développement et le financement militaire, ce qui l’amène à repenser les priorités de la politique étrangère de l’Ouganda et à équilibrer sa dépendance précédente à l’Occident. Alors qu’il est toujours possible pour l’Ouganda et les États-Unis d’aplanir leurs différends avant qu’ils ne deviennent irréconciliables, Museveni devrait renoncer à sa ligne fraîchement indépendante et se remettre à la remorque de la ligne unipolaire – une décision d’auto-dépréciation qu’il ne semble pas du tout intéressé à prendre maintenant qu’il a accès à l’aide au développement sans conditions de la Chine et qu’il est un vrai partenaire pivot de transit le long de la Route transocéanique nordique de Pékin en reliant les côtes indiennes et atlantiques du continent.

 
Son rejet strident des « valeurs libérales » américaines (c’est-à-dire la promotion agressive et publique de l’homosexualité) combiné à ses dernières campagnes multipolaires et son partenariat infrastructurel avec la Chine ont facilité le travail de l’establishment du renseignement américain pour présenter Museveni comme un partenaire (par procuration) non fiable ayant besoin de recevoir une «bonne leçon ». Pour parler plus clairement, l’adhésion de l’Ouganda au monde multipolaire (Chine) au détriment de l’ancienne influence unipolaire (américaine) sur la politique étrangère du pays a incité les États-Unis à envisager divers scénarios de déstabilisation du gouvernement, lui extorquer des concessions, provoquer le changement de régime ou reformater l’État en fédération. Le modèle de la Révolution de couleur en lui-même n’est pas nouveau et comporte les mêmes points communs tactiques que ses précédents, mais ce sont les itérations de la guerre hybride due aux intrigues américaines en Ouganda comme un «Choc des civilisations» du fédéralisme identitaire («Royaume») qui sont dangereuses et dignes d’une étude plus approfondie. En raison de ces menaces potentielles, il est logique que Museveni soit intéressé à retirer les Forces de défense du peuple ougandais de l’étranger pour les renvoyer au pays défendre le front intérieur.


 
Andrew Korybko est le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime (2015). Ce texte sera inclus dans son prochain livre sur la théorie de la guerre hybride. Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.

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