Article original de Ugo Bardi, publié le 7 Janvier 2017 sur le site CassandraLegacy
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Ugo Bardi nous propose un commentaire d’un article de Nicolas Casaux : D’indigènes à consommateurs grâce aux énergies « renouvelables » (ou Le désastre des Tokelau).
Apparemment, le gouvernement de la Nouvelle-Zélande a financé une grande
installation photovoltaïque dans l’île de Tokelau, quelque part au
milieu de l’océan Pacifique. L’installation est soutenue par des
batteries au plomb, de sorte qu’elle peut fournir de l’électricité 24/24
aux insulaires (environ 1400 personnes.) Cela permet aux insulaires
d’avoir la télévision, l’internet à haut débit et de pouvoir commander
par la poste sur Amazon et eBay.
Nicolas Casaux analyse cela comme une opération de couverture, contre
laquelle il s’insurge sur plusieurs paragraphes avec une longue tirade
contre l’énergie renouvelable, puis compare la photo-voltaïsation des
îles à leur conversion à la religion catholique. Fondamentalement, c’est
un « viol culturel » qui laisse les insulaires dépendants
d’une technologie sophistiquée dont, selon lui, ils n’avaient pas
besoin, ayant été autosuffisants pendant des siècles et heureux de cuire
les poissons qu’ils capturaient enveloppés dans des feuilles de bambou,
plutôt que dans du papier d’aluminium.
Je ne dis pas que Nicolas Casaux a tort. D’un autre côté, je suis un
peu inquiet de voir un Occidental prétendre être sûr que ces insulaires
étaient plus heureux avant d’avoir du photovoltaïque sans avoir demandé
leur avis (il ne semble pas le leur avoir demandé). Je trouve également
répréhensible d’utiliser le titre de « catastrophe écologique des énergies renouvelables », quand il n’y en a clairement aucune.
D’autre part, cet article est intéressant comme preuve d’une attitude
négative généralisée contre les énergies renouvelables (au moins en
Occident). Il soulève également un point légitime : comment l’énergie
renouvelable va-t-elle affecter nos vies? Mon impression est que la
plupart de ce qui est dit à ce sujet vient tout simplement du refus
d’accepter le changement, en quelque sorte. Mais il est clair que la
diffusion du photovoltaïque va apporter de nombreux et importants
changements. Et ces changements ne se produiront pas seulement sur l’île
de Tokelau.
Ugo Bardi
Note du taducteur
Cet article d'Ugo Bardi me permet de donner un coup de projecteur indirect sur le travail de Nicolas Casaux sur son blog http://partage-le.com. Vous y trouverez une collection impressionnante de textes et de traductions autour des impacts de la modernité sur nos sociétés et la terre, les dangers apparents et ceux induits qui produisent leurs effets à long terme à travers les générations.
Ugo Bardi dénonce cet article tout en ayant l'air d'être neutre, avec un brin de mauvaise foi comme avec ce "refus d'accepter le changement".
Comme si la modernité, le progrès étaient la seule porte de sortie. On pourrait prendre l'exemple de Nauru ou il y a 90% de diabétiques et d'obèses.
La modernité peut être une chance si les populations sont éduquées pour en comprendre toutes les externalités. La démocratie est aussi un système parfait, si tous les citoyens ont lu Platon et Machiavel.
On a finalement un assez bon résumé des tensions qui travaillent le monde. Comment gérer le désir de confort des populations en cours de "modernisation"? Comment continuer un certain progrès, si on doit admettre ses limites et les combattre? Comment gérer les ethnocides culturels en cours? Comment gérer globalement, si tout système global est destiné à être piraté par une oligarchie?
Les commentaires ... en anglais sous l'article de Bardi sont aussi très intéressants.
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