jeudi 8 juin 2017

Le récit de la fin de Trump, le bouc émissaire, a déjà été lancé

Article original de Brandon Smith, publié le 24 mai 2017 sur le site http://alt-market.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr




La semaine dernière était plutôt folle concernant les flux d’informations, avec des cyberattaques, les mémos de Comey et une foule d’autres interventions sauvages. La situation a peut-être été difficile à suivre pour beaucoup. Cela dit, il y a eu un événement qui, je pense, est partiellement passé sous le radar, et je pense que c’est un signal important pour toute personne concernée par le processus continu d’effondrement économique aux États-Unis.

Généralement, le public américain a très peu de vigilance en matière d’économie. Il ignore assez largement les indicateurs fondamentaux tels que la demande en produits de base, la consommation d’énergie, la fabrication, les importations, les exportations et le fret international, etc. Ce qu’il note c’est ce que les médias grand public lui diront en 30 secondes, sur l’état du chômage et si les marchés boursiers étaient baissiers ou haussiers dans la journée. Ces deux « indicateurs » sont toute l’étendue de l’exposition d’une personne moyenne à la santé financière.




C’est pourquoi la Réserve fédérale et l’establishment ont été si minutieux, au cours des dernières années, dans leurs efforts pour maintenir des statistiques de l’emploi fortement manipulées, pour les embellir, et pourquoi ils ont injecté des milliers de milliards de dollars dans les marchés d’actions à travers le monde grâce à diverses mesures, y compris des crédits à court terme sans frais.

Cependant, au cours des deux dernières années, quelque chose a changé. Comme j’avais prévenu sur ce qu’elles feront en 2015 dans mon article,  Les vraies raisons pour lesquelles la Fed va relever ses taux d’intérêt, les banques centrales, y compris la Fed, ont renoncé à des mesures de relance et ont commencé une série de hausses des taux d’intérêt. Regardez-le de cette façon – imaginez que l’économie a une maladie en phase terminale et que la seule chose qui la maintienne en vie est un médicament hautement addictif appelé « l’argent gratuit ». C’est une vie plutôt terrible, qui vaut à peine d’être vécue, mais l’économie a encore un léger pouls tant que le médicament est administré. Maintenant, qu’arrive-t-il si la Fed coupe brusquement l’approvisionnement en médicament ? Eh bien, l’économie va mourir d’une manière frénétique et horrible.

Les taux d’intérêt faibles et les prêts de la Réserve fédérale représentent la forme la plus pure du médicament « argent gratuit », même plus que les bailouts et les QE. Et maintenant, ces taux d’intérêt augmentent, et le médicament est retiré.

Ces hausses des taux marginaux pourraient ne pas sembler très impressionnantes – 0,25 point de base ici et 0,25 point de base là-bas. Et elles ne sont pas nombreuses. Rien d’inquiétant à moins d’être une société qui emprunte des milliards de dollars à la fois afin de pouvoir contrôler votre exposition à un mur de dettes et acheter massivement vos propres actions pour maintenir sa valeur artificiellement élevée. Les cycles de cette trésorerie empruntée et son remboursement à la Fed sont assez faciles pour ces sociétés tant que les prêts sont essentiellement gratuits. Mais quand ils doivent commencer à payer des intérêts sur cette trésorerie, même à un faible taux, les coûts s’élèvent à la vitesse de l’éclair.

TOUTES hausses des taux d’intérêt dans cet environnement rendent les emprunts à la Fed insoutenables pour les entreprises qui cherchent à soutenir leurs actions et pour le marché boursier en général.

À mon avis, en fonction des mesures antérieures de la Fed, telles que la suppression des QE du système en 2014, il faut environ six à huit mois pour que les effets des changements de politique de la Fed soient visibles sur l’économie réelle et sur les actions. Je crois que nous allons voir les effets de la hausse des taux d’intérêt sur notre système au cours des prochains mois.

J’ai très peu de confiance dans les marchés boursiers comme indicateurs dans l’absolu. En réalité, les marchés actions sont un cirque frauduleux basé sur la valeur perçue et la demande perçue plutôt que sur la vraie valeur et la vraie demande. Dans la plupart des cas, les marchés actions s’effondrent en phase FINALE d’un effondrement économique, pas dans sa phase initiale. Si vous décidez de commencer à vous préparer à une crise après une forte baisse du marché boursier, vous serez probablement en retard.

Je revisite ce sujet maintenant parce que je tiens à rappeler aux gens que la responsabilité pour toute crise économique (et la rupture finale du marché) dans un proche avenir est celle de la Réserve fédérale et des banques internationales. Tous les chocs futurs du système financier ont été rendus possibles parce que l’establishment et la Fed ont épuisé notre économie, l’ont remplie avec des stimulations d’argent gratuit et l’ont laissé errer dans les bois sans but depuis 2009.

Maintenant, en raison des efforts déployés par la Fed, les marchés actions ont augmenté pendant un certain temps avec seulement quelques instants de blocage, à nouveau à cause de leurs changements de politique. Ces efforts ont envoyé un Dow Jones à 20 000 points, mais rien d’autre de positif pour l’économie. La constante, cependant, a toujours été des taux d’intérêt bas.

Avec l’augmentation des taux d’intérêt, je signale que le comportement du marché a changé. La montée fulgurante s’est bloquée. Au cours des derniers mois, les marchés actions ont à peine évolué de 1% par semaine soit en hausse soit en baisse. Sauf la semaine dernière quand quelque chose d’étrange est arrivé ; les marchés ont soudainement chuté de près de 400 points en une seule journée. Pourquoi ? Eh bien, c’est un sujet de débat, mais la majorité des médias traditionnels vous diront que tout était de la faute de Donald Trump.

Je préviens depuis longtemps que la présidence de Trump serait le véhicule idéal pour que les banques centrales et les financiers internationaux détournent le blâme de la crise économique qui va exploser inévitablement une fois que la Fed aura activement progressé dans les hausses des taux d’intérêt. Tous les signes depuis ma prédiction initiale montrent que c’est le cas.

Les médias ont construit le fondement du récit à partir du moment où Trump a remporté l’élection. Bloomberg a rapidement publié une propagande assez amusante sur le sujet, affirmant que Trump a eu la chance d’hériter d’une économie en plein boom dont la reprise était due à l’ingéniosité financière de Barack Obama. C’est évidemment absolument absurde. Obama et la Fed ont créé une économie zombie pourrie de l’intérieur, rien de plus. Mais, comme Bloomberg l’a noté à juste titre, tout ralentissement au sein du système sera effectivement attribué à l’administration Trump.
Fortune Magazine, ajoutant au récit, a souligné que la montée initiale des marchés actions juste après la victoire électorale de Trump ne faisait que préparer le terrain à un crash surprise.

Je continue d’aller un peu plus loin que les médias traditionnels et je dis que l’administration Trump est une chaussure en ciment géante conçue (délibérément) pour faire tomber les conservateurs et les principes conservateurs dans l’abîme car nous serons accusés d’association avec la calamité financière qui se produira durant le mandat de Trump.

Le soudain bain de sang sur les marchés de la semaine dernière est important à cet égard ; 400 points vers le bas n’est guère qu’une égratignure sur un Dow de 20 000 points, mais la réaction des médias a été très révélatrice sur ce que le futur a mis en réserve. Plusieurs médias ont répondu en reliant immédiatement la chute à Trump et l’absurdité entourant le mémo de Comey – un mémo que personne n’a vu. La prétention est que ce niveau d’agitation autour de Trump pourrait conduire à une mise en accusation et que la menace d’une mise en accusation pourrait tuer le rebond du marché boursier. Les médias prétendent également que ce rebond était motivé par les promesses de Trump concernant les réductions d’impôt des sociétés. C’est un mensonge construit sur un autre mensonge.
Il est intéressant pour moi que les médias traditionnels n’aient jamais déclaré que la baisse du marché était causée par « la tourmente de Comey » ou par « The Washington Post et The New York Times ». Non, ils l’ont appelée « la tourmente de Trump ». La baisse des marchés de la semaine dernière était, à mon avis, le lancement officiel du récit de l’effondrement de Trump. L’establishment a fait des bêta-tests pendant des mois, mais maintenant, le programme est entré en action.

Chaque action va baisser à partir de maintenant, jusqu’au crash économique ultime, qui deviendra visible au public dans un bref instant, et qui sera attribué à Donald Trump et aux conservateurs par extension. Comme je l’ai dit, il est le bouc émissaire parfait.

J’ai été très critique de Donald Trump récemment, et je suis d’avis, d’après les preuves et sa rapide rétraction sur presque toutes les promesses qu’il a fait aux électeurs lors de sa campagne, que Trump est une opposition contrôlée. Mais je ne le blâmerais jamais pour le déclin financier à venir. Trump n’a pas le pouvoir de créer ce genre de catastrophe. Seules les banques mondiales ont ce pouvoir. Je le répète – la Réserve fédérale augmente les taux d’intérêt dans un important ralentissement financier. Ce sera le déclencheur de la prochaine phase d’effondrement, pas un drame propulsé par Donald Trump. Tout le reste, de Comey à la Corée du Nord, est une distraction.

La Fed a déjà fait cela. En fait, la Fed a l’habitude de relever les taux d’intérêt au début de l’instabilité économique ou bien au milieu d’un ralentissement, comme cela a été fait en 1928-1929, déclenchant la Grande Dépression, et en 1931, en ajoutant du carburant sur le feu des catastrophes financières. Ces actions politiques particulières de catalyseur sont en partie celles auxquelles Ben Bernanke faisait référence le 8 novembre 2002, dans un discours prononcé lors d’une conférence en l’honneur de Milton Friedman, lors du « Paul Snowden Russell Distinguished Service Professor Emeritus », à l’occasion de son 90e anniversaire.
En bref, selon Friedman et Schwartz, en raison des changements institutionnels et des doctrines erronées, les paniques bancaires de la Grande Contraction ont été beaucoup plus sévères et plus larges que ce qui aurait normalement dû avoir lieu lors d’un tel ralentissement.
Permettez-moi de terminer mon intervention en abusant légèrement de mon statut de représentant officiel de la Réserve fédérale. Je voudrais dire à Milton et Anna : en ce qui concerne la Grande Dépression, vous avez raison, nous l’avons fait. Nous sommes vraiment désolés. Mais grâce à vous, nous ne le ferons plus.
Ben Bernanke a terminé son évaluation étonnamment honnête par un mensonge. Ils vont le faire de nouveau… mais cette fois, ils se sont assurés qu’ils ont un président et un idéal politique à accuser.

Brandon Smith

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