Article original de James Howard Kunstler, publié le 26 Mai 2017 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Une des caractéristiques les plus curieuses dans l’état
actuel de la politique américaine est la pensée délirante aux deux
extrémités du spectre politique. Les deux factions ont mentalement
quitté les rails et les partis qu’elles représentent courent vers
l’oubli comme Thelma et Louise
dans leur road-trip. Plus grave, il n’y a pas de nouvelles factions
avec une prise en main de la réalité, commençant même à se former en
arrière-plan – comme dans les années 1850, lorsque les Whigs se sont fanés et que le parti de Lincoln est passé au pouvoir.
En voyant les démocrates se pencher sur la « collusion russe », vous penseriez que nous cherchons un retour à la John Birch Society
à son apogée. Les Américains qui ont fait des affaires en Russie en
tant que citoyens privés sont persécutés comme s’ils commerçaient avec
l’ennemi en temps de guerre. Flash info : nous ne sommes pas en guerre
avec la Russie, qui, d’ailleurs, n’est plus l’Union soviétique. C’est
l’un des nombreux pays européens avec lesquels les Américains ont le
droit de faire des affaires, même dans le cas où le général Mike Flynn
accepte un tarif de 20 000 dollars de la part de la société de presse RT.
Est-ce que quelqu’un a remarqué que Ben Bernanke reçoit régulièrement
des frais de parrainage de plus de 200 000 dollars dans de nombreux pays
étrangers dont les intérêts ne sont pas identiques aux nôtres et que
personne ne le persécute ?
De même pour l’idée folle qu’il est malveillant pour les hauts
représentants de parler aux fonctionnaires russes, ou que le président
communique des informations stratégiques sensibles avec eux, surtout en
ce qui concerne les véritables ennemis mutuels, comme les différentes
armées du djihad islamique. Depuis quand est-ce inacceptable ? Eh bien,
depuis janvier de cette année, lorsque le parti démocrate a ordonné que
les membres de l’équipe de transition de Trump aient interdiction de
parler aux diplomates russes au plus haut niveau. Supposez-vous que,
dans la serre surchauffée de Washington, les officiels en politique
étrangère entrants du gouvernement Obama n’ont eu aucun entretien avec
des diplomates étrangers entre l’élection de 2008 et l’investiture
d’Obama ? L’idée est ridicule.
Plus grave encore pour moi personnellement, comme quelqu’un qui s’est
inscrit au parti démocrate en 1972, ce sont les idées déshonorantes et
dangereuses émanant du monde universitaire dominé universellement par la
gauche. Par exemple, le mouvement récent sur plusieurs campus pour
ré-ségréguer le logement étudiant par race – au nom de la « diversité et de l’inclusion ».
Il s’agit d’une espèce de double pensée qui rendrait George Orwell
haletant et je n’ai pas encore entendu parler de président ou de doyen
d’un collège qui ose s’y opposer. La sanction pour cette hypocrisie
malsaine est de façonner une génération qui pourrait facilement se
transformer en monstre politique quand elle va finir par arriver au
pouvoir – et cette montée en puissance peut coïncider avec des
conditions économiques beaucoup plus désespérées pour l’avenir.
Il y a peu de temps, le porte-parole des Démocrates-Progressistes, le New York Times, a publié une histoire en première page (une vidéo, en fait, sur son édition Web) intitulée A Gender’s Fluid Mother’s Day, avec un homme prétendant être une femme qui lisait pour des enfants. Notez que le lien officiel du Times indique réellement « mothers-day-gender-drag-queen-story-hour » [Signe que l’article a été renommé après parution, NdT].
Je ne l’invente pas. Cela fait partie de la longue campagne du journal
pour effacer la frontière entre le sordide et le normatif, et pour
refiler au public sa bonne médecine. Le journal de référence n’a-t-il
pas de meilleures choses à consacrer à sa première page ? N’y a-t-il pas
d’autres problèmes de la vie publique plus urgents que de valoriser les
drag-queens ? Et à quelle fin font-ils campagne pour cela ? Une
extinction utopique des catégories sexuelles ?
Les militants du parti de droite, les républicains, se sont offerts
tous seuls en otage à la personnalité marginale de Donald Trump, qui a
dominé une série de Républicains sans carrure au cours des primaires
pathétiques et épouvantables du printemps dernier. Le parti républicain a
démontré qu’il n’avait pas la plus petite idée de ce qui se passe « là-bas »
dans les districts des États du centre des États-Unis que ses mignons
et ses larbins prétendent représenter, ou qu’il croit en tout ce qui
n’est pas cyniquement calculé pour laisser derrière les classes
économiquement défavorisées par leur approche délibérée du démembrement
de l’intérêt public. Depuis l’arrivée de Trumptopia, il semble que le
Golem d’or de la Grandeur va enfin couler le parti républicain – ou
peut-être simplement le noyer dans la célèbre baignoire de Grover Norquist.
À mon avis, en désespoir de cause, les Républicains ne feront pas
qu’abandonner le président mais se joindront en plus activement à ses
adversaires de l’autre bord pour le virer de la Maison Blanche. Et, que
ce soit à juste titre, à tort, ou de manière stupide, vous verrez que
l’ancienne classe ouvrière s’appauvrissant prendra réellement les armes
contre le gouvernement pour avoir renversé son héros, et ce sera la fin
de cette fausse économie financiarisée qui devrait faire les unes que
vous ne lisez pas dans The New York Times.
James Howard Kunstler
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