vendredi 2 juin 2017

Sifflet anti-viol pour Hitler

Article original de Anatoly Karlin, publié le 9 Mai 2017 sur le site unz.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr



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Bordels des camps allemands pendant la Seconde Guerre mondiale
Environ les deux tiers des 27 millions de victimes de l’URSS ont été des civils, soit près de 10% de la population d’avant-guerre. Si ces pourcentages avaient été appliqués à l’Allemagne nazie, elle aurait perdu 8 millions de personnes – un ordre de grandeur pour les 400 000 civils tués en raison des bombardements stratégiques alliés et les 600 000 qui sont morts lors des expulsions d’Allemands ethniques d’Europe de l’Est (la grande majorité l’ont été par les autorités locales, pas par l’Armée Rouge ou le NKVD).

Note du traducteur
Le texte ci dessous est particulièrement pénible à lire. Derrière la macabre comptabilité qui va suivre, il y a plusieurs points à ne pas oublier. Il s'agit d'une séquence historique dont tous les acteurs sont morts. Il n'y a donc plus personnes à punir. Ce genre d'articles n'est pas là pour ressasser de vieilles haines largement instrumentalisées, ni préparer un quelconque match retour. 

Il faut aussi bien se garder de porter un jugement uniquement moraliste, avec le seul prisme de notre morale actuelle. Il s'agit donc de comprendre l'Histoire, pas de la refaire. Les gens qui continuent de nos jours à semer les graines de la discorde pour de minables gains politiques avec tant de légèreté devraient essayer de penser que ces graines finissent par germer et qu'une fois que la violence se déchaîne, il n'y a plus moyen de faire rentrer le diable dans sa boîte.


Environ 3,3 millions des 5,7 millions de prisonniers de guerre soviétiques placés en détention par les Nazis sont morts  (contre 15% des prisonniers de guerre allemands dans une URSS déjà à moitié affamée et moins de 10% pour les prisonniers de guerre alliés dans l’Allemagne nazie). Si les Soviétiques avaient traité leurs 4,2 millions de prisonniers de guerre allemands aussi violemment que les Nazis avec un taux de mortalité de 60%, le nombre de militaires allemands prisonniers morts serait passé de 5,3 millions à environ 7,3 millions. Ce chiffre ne serait pas loin des 8,7 millions de décès militaires soviétiques (9,2 millions, en tenant compte des milices non enregistrées en 1941).
Il est maintenant bien connu que les plans nazis à long terme prévoyaient un génocide éventuel d’environ 75% de la population soviétique et l’hilotisation ou l’expulsion du reste. Si nous comptabilisons les probabilités, en supposant qu’il y ait eu 50% de chances de victoire nazie sur l’URSS en 1941-1942, et 50% de chances que ce plan général pour l’Est soit mis en œuvre à grande échelle, cela représente, pour une population d’environ 200 millions, avec un pourcentage de 25%, 50 millions de décès supplémentaires. Cela signifie que, dans la moyenne des possibles, environ 75 millions de citoyens soviétiques seraient morts, soit 37,5% de la population d’avant-guerre. Cela se traduit par environ 30 millions de décès, si ces pourcentages étaient appliqués à l’Allemagne et à la diaspora allemande de l’Europe de l’Est.
 
Et pourtant, pour certaines personnes, pour beaucoup des néocons les plus russophobes et des adeptes de la Guerre froide, les éléments les plus nazis de l’extrême-droite, des Polonais et des Baltes dérangés mentalement, qui ne se rendent pas compte de ce que Hitler leur avait réservé : le viol d’environ 2 millions de femmes par les soldats soviétiques en Allemagne de l’Est à la fin de la guerre est supposé être un véritable crime de guerre, vraiment énorme, quelque chose qui délégitimerait même la victoire soviétique dans son ensemble. [1]

 
Combien de viols « vaut » une mort / meurtre? Mon intuition est que le meurtre est beaucoup plus grave, peut-être d’un certain ordre de grandeur si je devais le quantifier, et je soupçonne que la plupart des gens accepterait cette échelle. Il en va de même pour la détermination de la peine. La sentence typique pour le meurtre aux États-Unis, c’est de 30 ans jusqu’à la peine de mort (ce qui pourrait fonctionnellement se traduire par une moyenne de 50 ans). La sentence moyenne pour le viol est de 10 ans, dont environ 5 effectifs. Il y un différentiel multiplicatif de cinq. Il s’avère que c’est exactement le différentiel entre le taux de meurtre aux États-Unis (~ 5 cas / 100 000 habitants par an) et le taux de viol et d’agression sexuelle (~ 30 cas / 100 000 habitants par année, selon les relevés de police et les enquêtes d’auto-victimisation). Laissez-moi ensuite estimer provisoirement que le viol est en moyenne 20% aussi « mauvais » que le meurtre. (Note de l’auteur: Je pense réellement que c’est considérablement moindre, car la sentence d’une peine pour meurtre est de la portée du vieillissement biologique. Et le problème des homicides est généralement considéré comme pire que la violence sexuelle, même s’il y en a généralement beaucoup moins qu’il y a de viols).

 
Par conséquent, disons que 2 millions de viols se traduisent par 400 000 décès. Comparez cela à 27 millions de décès civils soviétiques (dont les deux tiers étaient des civils) dans une guerre lancée par l’Allemagne nazie, ou aux 75 millions de décès soviétiques potentiels si les pires scénarios s’étaient réalisés. Même en supposant que les pires estimations des viols de l’Armée rouge soient exactes, elles restent encore, au plus, équivalentes à beaucoup moins que 1% des crimes nazis contre la Russie.
Maintenant bien sûr, vous pouvez affirmer que tous les « meurtres » ne sont pas égaux, en particulier en temps de guerre. Le génocide direct, comme le gazage des juifs ou les massacres de villageois biélorusses, semble être pire que les décès subis par les effets accessoires de la guerre, tels que les bombardements d’installations industrielles ou la famine encourue en raison des contraintes de l’effort de guerre qui, à leur tour, sont pire que les morts militaires, car la société a tendance à considérer la mort des soldats comme un « jeu équitable » (bien qu’il soit douteux de savoir dans quelle mesure cela peut être appliqué aux conscrits du Front de l’Est, qui n’ont même pas eu la possibilité théorique de se désister en se déclarant « objecteurs de conscience » au prix de leur réputation sociale, comme dans le conflit moins « total » de la Première Guerre mondiale. Mais il existe également différents types de viols. Il y a eu des viols traumatiques, des bordels militaires s’appuyant sur des degrés de coercition considérables, pour que des femmes se joignent volontairement à un soldat particulier en contrepartie de leur sécurité, ou vendent leur corps contre de la nourriture.

 
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En outre, contrairement au mythe de la « gentille Wehrmacht » répandue par les généraux nazis à la retraite et leurs fervents admirateurs après la guerre, il y eu beaucoup de viols parmi les soldats allemands en URSS. Par exemple, voici une citation du livre de l’historien Alexandre Dyukov de 2007, intitulé Ce que le peuple soviétique a combattu :

Les viols ont continué, et ont acquis un caractère organisé. De temps en temps, des « groupes de chasseurs » s’aventuraient hors des positions de la Wehrmacht. « Nous nous sommes aventurés dans le village près de Rozhdestvenno près de Gatchina », a déclaré Peter Schuber, un privé qui se trouvait à l’aéroport de Seversky, « Nous avions l’ordre d’amener des filles aux officiers. Nous avons effectué l’opération avec succès, encerclant toutes les maisons. Nous avons attrapé un camion de filles. Les officiers ont retenu les filles toute la nuit et les ont données aux soldats au matin. »

Dans les grandes villes, des bordels permanents ont été organisées. C’était la pratique standard de la Wehrmacht. « Il y avait des bordels militaires, appelées des Puff, se rappelle l’officier SS Avenir Benningsen, Ils étaient présents sur presque tous les fronts. Des filles de toute l’Europe, de toutes les nationalités, ont été rassemblées dans tous les camps. En passant, les deux préservatifs régulièrement distribués aux hommes et aux officiers étaient indispensables. » Mais alors que dans les pays européens, les bordels de Wehrmacht étaient plus ou moins volontairement alimentées en filles, en URSS, il n’y avait pas de telles considérations. Les filles et les femmes ont été parquées de force, dans des scènes inoubliables pour les personnes qui subirent l’occupation. À Smolensk, par exemple, des femmes ont été traînées par les bras, par les cheveux, traînées le long du trottoir, vers le bordel des officiers, situé dans l’un des hôtels. Celles qui refusaient d’y rester étaient abattues.
Après que les soldats de l’Armée rouge ont expulsé les Allemands de Kerch, ils ont découvert un spectacle terrible : « Dans la cour de la prison, il y avait un tas informe de corps féminins nus, horriblement mutilés par les fascistes. »
Donc, même si nous devons confronter complètement les crimes sexuels, les viols de la Wehrmacht ont eu un caractère organisé et sur le long terme – semblable à ceux de l’armée japonaise contre les femmes de réconfort chinoises et coréennes – alors que les viols de l’Armée rouge se sont produits dans une orgie de violence concentrée dans les derniers mois de la guerre. Cette fureur à son tour a été alimentée par une haine regrettable, mais très compréhensible, pour la mort et la dévastation que les Allemands avaient commises en URSS, rendue encore plus inexplicable par la prospérité écrasante des Allemands par rapport à la pauvreté effrénée de la vie soviétique.
 
Incidemment, peu de temps après la guerre, comme suite à son « toast au peuple russe », Staline a présidé une autre famine qui a pris 500 000 vies russes (plus de cinquante ans après la pire famine de la Russie impériale finissante, famine qui fit un nombre similaire de morts). Pourquoi? Parce que l’URSS a exporté du grain pour soutenir ses nouveaux États clients communistes, y compris l’Allemagne de l’Est. (Fonctionnellement, Staline a accepté que comme les nazis, les vies allemandes valaient plus que les vies russes.) Ce seul événement est, par son utilitarisme mathématique, beaucoup plus horrible que tous les viols de l’Armée rouge en Allemagne.

 
La véritable « histoire soviétique » : Staline a mutilé la Russie. Hitler a mutilé la Russie. Staline a mutilé Hitler, puis a mutilé davantage la Russie. Les idéologues russophobes en concluent que la Russie est aussi mauvaise qu’Hitler (sinon pire).

 
Les gens qui insistent pour remettre en question le côté létal du Zyklon B ou la contenance réelle des salles de douche à Auschwitz, ont tendance à avoir des motifs suspects, pour le dire doucement. Donc c’est un pari assez gagnant de penser que quiconque donne constamment la primauté aux viols de l’Armée rouge et au pillage en Allemagne, lors de discussions sur les pondérations morales de l’URSS par rapport à l’Allemagne nazie, pourraient bientôt chercher à rejouer le génocide conjoint de Hitler / Staline contre la Russie.

Anatoly Karlin

Notes


  1. Je voudrais noter qu’il y a des doutes sur la réalité de certains viols de l’Armée rouge en Allemagne; par exemple, il y a des arguments selon lesquels leur nombre est basé sur des extrapolations irréalistes d’un petit échantillon de statistiques sur l’avortement. Je n’ai pas étudié cette question en profondeur et je suppose que le récit conventionnel de viol de masse est largement correct. Si ce n’est pas le cas, il y aurait eu beaucoup moins de viols, ce qui rend l’argument principal encore plus biaisé.

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