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En outre, alors que les États-Unis ont dit qu’ils cesseront d’envoyer des armes aux Kurdes syriens, il est peu probable qu’ils retirent complètement les quelque 2 000 soldats estimés, présents dans le nord-est de la Syrie ni leurs 10 bases supposées. Cela indique que les États-Unis vont déplacer probablement leur soutien aux Kurdes dans le domaine politique en les aidant à sécuriser leurs acquis sur le terrain dans la région. Mais les récentes percées de la Russie avec ce groupe dans les sphères des négociations anti-terroristes post-conflit suggèrent que Moscou est en compétition pour obtenir leur loyauté face à Washington. La Russie préférerait que les Kurdes soient sous son propre patronage que sous celui des États-Unis, puisqu’ils contrôlent près d’un tiers de la Syrie et la plupart de ses réserves d’énergie, mais elle ne peut pas inviter le PYD à Astana ou à Sotchi à cause de la Syrie et la résistance de la Turquie.
Par conséquent, la Russie pourrait être en train de trouver une solution de contournement unique en concluant un accord avec les YPG pour permettre à Moscou d’inviter leurs alliés arabes du SDF à ces événements internationaux, ce groupe représentant les « Kurdes » aux ambitions fédérales autoproclamées dans ces négociations, alors que la Russie représente l’autorité de Damas dans le nord-est de la Syrie et s’assure que la région ne soit jamais en butte à de sérieuses idées séparatistes. En échange, les Kurdes pourraient respecter l’accord préalable avec Damas pour laisser la Russie reconstruire son infrastructure énergétique après la guerre et même partager une partie des bénéfices avec ces deux parties, tout en négociant pour permettre le maintien de l’armée américaine dans la région selon un accord de fin des hostilités rétabli entre Washington et Moscou afin de « couvrir leurs paris » et trouver un « équilibre » entre eux. Damas veut restaurer l’unité constitutionnelle de la Syrie, tandis que les Kurdes veulent transformer le pays en une « fédération ». C’est là qu’intervient la délicate danse diplomatique de la Russie.
Moscou espère qu’elle pourra servir de médiateur ultime entre ces deux positions politiques diamétralement opposées et les amener à se mettre d’accord sur une clause de « décentralisation » que la Russie a incluse dans le « projet de Constitution » qu’elle a écrit pour la Syrie, mais pour cela, il faut prouver aux deux que c’est la « solution politique » la plus pragmatique possible compte tenu des contraintes conjoncturelles complexes. Avec insistance, le président Poutine a indiqué lors du sommet de Sotchi le mois dernier avec ses homologues iraniens et turcs, que toutes les parties – y compris Damas – doivent faire des « compromis et des concessions ».
Andrew Korybko est le commentateur politique américain qui travaille actuellement pour l’agence Sputnik. Il est en troisième cycle de l’Université MGIMO et auteur de la monographie Guerres hybrides : l’approche adaptative indirecte pour un changement de régime (2015). Ce texte sera inclus dans son prochain livre sur la théorie de la guerre hybride. Le livre est disponible en PDF gratuitement et à télécharger ici.
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