mardi 9 mai 2017

Le bruit de battement d’une aile

Article original de James Howard Kunstler, publié le 1er Mai 2017 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr 



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Et tout à coup, les premières tempêtes de Trumptopia se calment ou cela y ressemble. La surface des choses devient paisible, car les douceurs de mai balaient les fatigues d’une saison boueuse qui s’étire. Quelqu’un a bloqué Kim Jong-un dans son bunker avec une cartouche de cigarettes et la vidéothèque de Vin Diesel. La France semble résignée à un mini-Hollande sous la forme rafraîchissante de Macron, le premier de la classe. Cela fait des semaines que le New York Times se plaint que les Russes ont volé l’élection de Hillary en tant que leader du monde libre. Nous sommes amenés à comprendre que le Congrès est en train de concocter en douce un projet de loi de dépenses qui permettrait de bloquer le gouvernement en septembre. Reste cool, Amérique… Oh, et avale chaque mensonge.



Une surface calme est exactement ce que les cygnes noirs aiment pour atterrir, bien que, par définition, nous ne saurons pas qu’ils sont là jusqu’à ce que nos rêveries soient brisées par le bruit de leurs battements d’ailes. Il y a eu une sorte d’oiseau noir au Canada, cet étang en décongélation, la semaine dernière, lorsque le plus grand prêteur de prêt hypothécaire de ce pays a subi un effet de levier de capitaux propres d’actionnaires de 60% qui a dû être renfloué ─ pas par le gouvernement canadien directement, mais par le fonds de pension des agents de santé de la province de l’Ontario, un petit morceau de Hocus Pocus qui équivaut à un prêt d’urgence d’un an à 10% d’intérêt.

Si c’est un moyen pour les régimes de retraite insolvables des employés publics de trouver un « rendement » suffisant pour s’acquitter de leurs obligations, alors peut-être que ce pourrait être la balle magique pour les affiliés aux fonds de pension aux États-Unis. La prochaine fois que Citibank, Goldman Sachs, JP Morgan et leurs amis auront un coup de chaud, laissez-les être renfloués par le fonds de pension des chauffeurs d’autobus des écoles de Détroit avec un intérêt de 10%. Cela devrait fonctionner. Et laissez Calpers s’occuper de Wells Fargo.

La situation à travers la civilisation occidentale est la suivante : pratiquement toutes les institutions financières majeures sont devenues des opérations frauduleuses ou un système de Ponzi, et nous avons atteint le point où ils ne peuvent plus que faire semblant d’être sauvés. Qu’il y ait choc ou non, le Home Capital Group, basé à Toronto, sera toujours coincé avec des créances douteuses de prêts hypothécaires subprimes non performants – sa spécialité – et la bulle immobilière spectaculaire du Canada a à peine commencé à éclater. Les garanties commencent à être activées, comme la viande morte au soleil de mai, et la pollution radioactive qui traverse la frontière.

Il n’en faudra pas beaucoup pour faire exploser le système, comme le monde l’a découvert lors de plusieurs autres épisodes historique récents. La contagion bancaire de 1998 a commencé par l’effondrement de la monnaie de la Thaïlande, appelé le baht. Je doute que vous puissiez compter sur une main le nombre de personnes à Wall Street ou à la Réserve fédérale (avec ses plus de 300 économistes diplômés) qui se sont souciés du baht thaïlandais. Avant que vous ayez compris, la Corée du Sud et l’Indonésie avaient commencé à contourner cette fosse à purin. La Russie a aussi senti l’odeur. Et alors, les économistes gagnants du prix Nobel d’un hedge fund du Connecticut appelé Long Term Capital Management ont découvert avec horreur comment leur formule de placement à la « sauce secrète », qui « ne pouvait pas échouer durant la vie de cet univers ou quelque chose comme ça », avait empoisonné leur bilan avec des obligations souveraines russes après seulement dix-huit mois environ. Et il a fallu que tous les chefs des banques américaines fassent le bilan de la mort de cette entreprise environ cinq minutes avant que le système bancaire mondial ne soit fermé par la plus grande chaîne de trappes financières collatérales croisées jamais assemblées.
Et dix ans plus tard, il y a eu le fiasco de 2008, mettant en vedette Lehman Brothers et une foule démoniaque de magouilles autour de véhicules financiers géniteurs de dettes sous caution sans valeur autour du racket hypothécaire des subprimes, lié à une toile toxique de « produits financiers dérivés » ─ c’est-à-dire de mauvais paris entre des contreparties insolvables masquées comme « assurées » et des investissements adhérents. Il a fallu des milliers de milliards de dollars de fonds de sauvetage conjugués créés de nulle part pour sauver ce système. Oh oui !



Alors profitez des festivités autour du Maypole aujourd’hui, et des eaux soudainement calmes des affaires mondiales, et gardez vos oreilles attentives au bruit des battements d’ailes.

James Howard Kunstler

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