Article original de Brandon Smith, publié le 26 avril 2017 sur le site alt-market.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Pendant de nombreuses années, j’ai soutenu que la préparation la
plus importante que n’importe quelle personne puisse faire, si elle
s’inquiète de l’instabilité sociale ou économique future, est se
préparer à construire une communauté. C’est la seule chose dont tout le
monde a besoin pour survivre, et malheureusement, c’est une chose à
laquelle même de nombreux « experts » de la préparation ne font pas attention.
Quand je parle de « communauté », je parle de groupes sous
plusieurs formes. Parfois, une communauté n’est qu’une petite collection
de familles ou de voisins. Parfois, c’est une ville ou un comté entier.
Parfois, elle est construite autour d’une église locale, parfois elle
est enracinée dans une association d’activisme politique déjà en cours
de fonctionnement. Indépendamment de la taille de votre communauté, les
personnes qui sont organisées au sein d’un groupe pour l’entraide, la
défense et le commerce sont à des années-lumière devant tout le monde,
en matière de survie. En fait, si un scénario de crise nationale
s’intensifie jusqu’à la disparition des règles de droit, je dirais que
ceux qui ne sont pas membres d’une communauté se précipiteront pour en
trouver une ou vont probablement mourir.
Cela dit, il existe de bons moyens et de mauvaises manières de
s’organiser. Il existe également des lignes directrices et des règles
difficiles à suivre, si vous voulez que votre communauté soit un
avantage plutôt qu’un obstacle. J’ai eu l’occasion, au fil des années,
de voir de nombreux groupes et organisations de préparation en action.
J’ai tiré des connaissances de leurs succès et de leurs nombreux échecs.
J’ai également eu le privilège de coordonner un groupe de préparation
dans mon secteur, qui est actif depuis trois ans et demi. Donc, je parle
d’expérience personnelle en ce qui concerne ce processus.
Voici ce que j’ai appris jusqu’ici.
Les niveaux d’organisation
Il existe différents niveaux d’organisation, de bas à élevé, de
faible à fort. Le facteur le plus important, pour déterminer si votre
groupe est fort ou non, est généralement le temps.
Beaucoup de gens là-bas ne veulent pas entendre parler du « temps ».
Pourquoi? Parce que c’est l’un des rares facteurs qui ne peut pas être
reproduit. Vous ne pouvez pas couper les coins en quatre, quand il
s’agit du temps. Ce que je veux dire, c’est que n’importe quel groupe de
personnes, peu importe leur proximité à l’origine, aura du mal à
travailler en équipe, à moins d’avoir eu le temps de s’entraîner
ensemble. Ils doivent s’habituer à la personnalité de l’autre et à ses
caprices. Ils doivent s’habituer à leurs habitudes ennuyeuses; et
peut-être même les aimer. Sans beaucoup de temps passé à travailler
ensemble sur divers projets et formations, aucun groupe ne pourra
fonctionner comme une unité, lorsqu’une menace réelle surviendra.
D’après mes observations, il faut au moins six mois pour que tout
groupe de personnes s’acclimatent psychologiquement les unes aux autres.
Jusqu’à ce que cela se produise, leurs performances seront médiocres.
Je me suis retrouvé avec trop de survivalistes qui planifient (s’ils
ont même un plan) pour s’organiser APRÈS qu’un événement de crise a déjà
pris forme. Ces personnes ont trop regardé la télévision. Encore une
fois, il faut au moins six mois pour qu’un nouveau groupe apprenne à se
faire confiance. Après la crise, le problème sera doublement difficile.
Le Mouvement de la Liberté est un peu obsédé par le concept
d’organisation à la volée – jeter ensemble des groupes de personnes qui
ont peu ou pas de formation les unes avec les autres, pour la sécurité
lors d’événements comme Bundy Ranch ou Berkeley, alors que c’est la
forme la plus faible d’organisation. Et, dans un scénario de survie, une
telle organisation est susceptible d’échouer de manière misérable.
Les groupes ont besoin d’une structure
Les gens motivés par la liberté ont tendance à être très
individualistes et à éviter toute structure comme la peste. Les
organiser ressemble souvent à un élevage de chats : débattre pour
convaincre des chats de se mettre à la rationalisation, et chercher
pourquoi ils manquent de structure dans toute tentative est un « avantage ».
Désolé, mais les groupes ne durent pas très longtemps sans un
squelette sur lequel s’accrocher, et quelqu’un doit fournir ce
squelette. Cela peut-être un « leader », un coordonnateur, un « entraîneur »
ou autre. Le but est que quelqu’un planifie un projet dans le temps et
amène les gens à s’y tenir. Quelqu’un doit s’en occuper et trouver les
bonnes personnes pour diriger des actions. Quelqu’un doit prendre la
responsabilité de s’assurer que le groupe reste ensemble et productif.
Sinon, quel est son but?
D’après mon expérience, la meilleure structure pour un groupe de
préparation est de se réunir une fois par semaine, le même jour pendant
quelques heures au maximum, à moins qu’il n’y ait une raison très
spécifique et importante. N’essayez pas de faire asseoir les gens
pendant six à huit heures, alors que les membres les plus « extravertis »
du groupe débitent des bêtises toute la journée. Beaucoup d’entre eux
vivent en dehors du monde de la survie et ne reviendront pas pour une
autre réunion.
En tant que coordonnateur, vous devez planifier des projets et des
idées de formation. Qu’est-ce que votre groupe a accompli au cours des
six derniers mois? Si votre réponse honnête est « rien d’autre que beaucoup de discussions »,
alors c’est un problème. Les gens s’ennuient. Ils veulent voir les
résultats. Ils veulent faire partie de ces résultats. Les discussions
politiques sans fin et des marches comme les Rangers en file indienne
dans les bois ne vont pas intéresser les gens. Vous allez perdre
éventuellement votre groupe et pour une bonne raison.
Examen minutieux des membres du groupe
Vous entendrez le terme «OPSEC», jeté au hasard dans les
cercles de préparation, comme s’il s’agissait d’une sorte de réponse
globale à la question de savoir pourquoi l’organisation est impossible
ou « tout simplement une mauvaise idée ». Eh bien, puisque nous
avons déjà établi que c’est de ne pas être organisé au cours d’une
crise sociale qui est la vraie stupidité et que cela mène à une mort
probable, je pense que nous devons examiner de plus près la notion
d’OPSEC.
Tout d’abord, la Sécurité opérationnelle (OPSEC) ne signifie pas se
cacher dans un bunker de survie seul ou avec sa famille proche, alors
que le monde tombe en panne à l’extérieur. Soyons clairs; vous ne
sortirez pas des cendres, frais comme un gardon pour reconstruire la
civilisation, après que tous les pillards se seront entre-tués. Vous ne
contiendrez même pas un maigre groupe de voleurs avec votre Remington
870 et votre couteau Bowie. Vous ne pourrez pas garder votre famille en
sécurité et nourrie, c’est un fait.
La sécurité nécessite des yeux et des petites mains, beaucoup, 24
heures par jour, sept jours par semaine. Nous devons tous dormir.
Donc l’OPSEC, dans la mesure où vous n’avez aucune communauté autour
de vous, est inapplicable en termes de survie. Par conséquent, vous
devez appliquer l’OPSEC de manière plus intelligente. Cela signifie
vérifier les personnes avec lesquelles vous travaillez et vous vous
entraînez. Ont-ils un casier judiciaire? Sont-ils des toxicomanes
anciens ou actuels (« toxicomane » pourra être soumis à
interprétation. Un gars qui fume un joint de nos jours n’est
probablement pas un problème, mais il ne faut pas faire confiance à un
gars sous Oxycontin)? Ont-ils une personnalité violente? Sont-ils
enclins à des réactions excessives?
La vérification n’est pas nécessairement limitée à une criminalité
potentielle. Une personne est-elle incroyablement paresseuse? Est-ce
qu’elle a toujours une excuse, quant à la raison pour laquelle ils ne
peuvent pas aider à faire quelque chose? A-t-elle tendance à essayer de
prendre à son crédit le travail d’autrui? Est-elle d’un caractère
abrasif et a des difficultés à s’entendre avec les autres de plusieurs
façons? Est-elle narcissique? Est-elle toujours tentée de détourner les
discussions ou le groupe vers elle-même et tout faire pour cela? Est-ce
qu’elle ment,au sujet de son niveau de formation et de ses antécédents?
Tous ces traits et plus pourraient être des raisons de supprimer ces
personnes d’un groupe, dès les premiers stades de l’organisation. C’est
le monde réel de l’OPSEC – en passant par le difficile processus de
trouver des personnes dignes de confiance, avant qu’une crise ne se
produise.
Le leadership : le bon, le mauvais et le laid
Le leadership existe, c’est comme ça. Quel que soit le degré
d’individualité d’un groupe, lorsque le monde commence à devenir
schizophrène, tout le monde commence à chercher les hommes avec un plan.
Dans le meilleur des cas, cela a été fait avec beaucoup d’avance. Les
experts de votre communauté ont été trouvés, pendant des mois ou des
années de formation et de projets réussis. Ces experts travaillent
également étroitement entre eux et sont ouverts à des idées sans être
indécis. Ils fonctionnent parfaitement avec le reste du groupe et le
groupe leur fait confiance, parce qu’ils ont gagné cette confiance, de
par leur leadership par exemple. Ils ne s’intéressent pas à leur
promotion ou à leur «gloire». Ils n’ont aucun intérêt à être en
charge pour être en charge. En fait, les meilleurs leaders sont souvent
des gens qui acceptent à contre-cœur le leadership, et seulement parce
qu’ils sont les mieux qualifiés.
Méfiez-vous des membres du groupe qui semblent vouloir un peu trop de
leadership. Faites attention aux têtes brûlées et aux menteurs, qui
parlent de leurs compétences mais donnent toujours des ordres, plutôt
que de participer ou d’aider. Méfiez-vous des gars qui aiment « planifier ».
Les soi-disant hommes des idées, qui ont toujours un nouveau schéma à
discuter, mais ne suivent jamais un seul plan jusqu’à son achèvement.
Mais surtout, méfiez-vous des narcissiques; ces personnes, non seulement
ne feront pas grand-chose pour vous aider, mais elles saboteront tous
les projets que vous avez pour des travaux, afin de capter l’attention
et l’énergie de chacun. Si vous parvenez toujours à faire que le travail
avance, vous les trouverez essayant d’en prendre le crédit. C’est
vraiment une chose incroyable de voir un narcissique en action.
Connaissez les limites des gens
C’est assez simple. J’ai vu des groupes de formation dans lesquels
des hommes âgés, ayant des arthroplasties de la hanche, étaient invités à
marcher dans les bois et les collines, aux côtés de jeunes hommes
réellement aptes à travailler sur le terrain. Maintenant, c’est
peut-être une chose noble, mais ce n’est pas très futé. Cela étouffe des
personnes qui sont capables et met un stress inutile sur celles qui ne
le sont pas. Chaque personne d’un groupe doit savoir se défendre au meilleur de sa capacité.
Il est important de faire cette distinction. Lors de la coordination
d’un groupe, il vous appartient de connaître les limites de chaque
personne.
Sinon, la formation se transforme en cirque, et rien n’est jamais
accompli. C’est un signe certain que les dirigeants n’ont pas la moindre
idée de ce qu’il faut faire ou qu’ils créent délibérément un cirque
pour que personne ne remarque leur incompétence.
Tout est révélé grâce à la formation et au travail
Alors, comment allez-vous non seulement garder un groupe soudé, mais
aussi protéger ce groupe contre les flots de mauvais candidats, comme
membres et pour le leadership? Simple: formation et travail.
Le groupe avec lequel je travaille a constaté que la formation
régulière dans de nombreux domaines de la défense et de la préparation
rend très facile de détecter les mauvais, les têtes brûlées et les
paresseux en général. Chaque fois que nous avons eu un gars, venu en
prétendant être un soldat vétéran des Navy Seal / Berêt Vert /
Opérations Spéciales, tout ce qu’il fallait faire était de lui demander
de s’équiper et de se joindre à nous, pour un simple mouvement d’équipe
ou une perte de contact, ou nous lui avons simplement demandé de mettre
quelles balles dans la cible à distance, peut-être même au chrono. Et
presque à chaque fois, les gros bras échouent misérablement. Certains
d’entre eux achètent du matériel et ne savent même pas comment
l’utiliser avant de commencer à s’entraîner. Si vous êtes tout le temps à
prétendre être un expert autoproclamé, alors quelque chose ne va pas.
Le travail acharné est également un excellent outil de vérification.
Les jours où vous devez pratiquer la préparation d’un trou de combat,
qui est soudainement trop occupé? Peut-être que votre équipe médicale
travaille sur un sujet qui nécessite d’avoir bachoté la veille; le
lendemain, qui a fait le travail et qui ne l’a pas fait? Qui veut aider
avec les projets et qui glisse vers d’autres questions à traiter? Nous
sommes tous enclins à des comportements paresseux à certains moments,
mais vous devriez détecter des personnes qui souffrent de ce problème de
manière chronique et faire un grand nettoyage, longtemps avant qu’un
événement de crise ne se déroule.
L’organisation est absolument nécessaire à la survie
Il n’y a aucun moyen d’y échapper – à travers l’histoire moderne, les
personnes les plus organisées lors d’une catastrophe, sont les plus
susceptibles de vivre. Les personnes qui ne sont pas organisées doivent
compter sur la chance. Je ne crois pas à la chance.
La communauté est une source de défense, une source d’ensembles de
compétences, une source de production, une source de commerce et une
source de confort psychologique. Une personne ou une petite famille ne
pourra jamais reproduire toutes les compétences et les ressources
nécessaires pour résister à une crise généralisée. Il ne s’agit pas
seulement de chiffres, mais aussi de coopération. Un homme seul pourrait
être invisible pendant un certain temps, mais à la seconde où il est
accidentellement trouvé, il est fini. Ses préparatifs sont ensuite
soumis aux caprices du groupe qui le trouve. Il pourrait également se
retrouver malade, ou blessé physiquement, et alors quoi? Qui surveille
cet écureuil secret et son stock? Personne.
On m’a demandé plusieurs fois dans le passé, quel est l’élément de
préparation le plus important? Quelle chose recommanderais-je sur tout
le reste? Ma réponse est toujours « la communauté ». C’est la préparation la plus vitale, et c’est la plus négligée.
Brandon Smith
Note du traducteur
Cet article sort du lot économique, géopolitique ou encore sociétal habituel, mais pour ceux qui sont tentés par la sortie du Système, cet auteur est aussi une source de conseils d'autant plus intéressants, qu'il a une vision globale affûtée. Penser global, agir local.
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