Article original de James Howard Kunstler, publié le 8 Mai 2017 sur le site kunstler.com
Traduit par le blog http://versouvaton.blogspot.fr
Première erreur : les manipulateurs derrière Emmanuel Macron ont joué l’« Ode à la Joie » de
Beethoven au lieu de l’hymne national français lors du rassemblement
électoral du vainqueur. Eh bien, au moins, ils n’ont pas joué « Deutschland Über Alles ».
Les tensions dans la situation de la zone euro restent : le chômage des
jeunes est à 20%, l’insolvabilité des banques européennes et la
contraction implacable de l’activité économique, en particulier sur le
flan sud de l’UE.
Le choc des civilisations provoqué par la surabondance de réfugiés,
crise auto-induite par l’UE, s’étend encore sur le continent comme un
hijab. Qu’il n’y ait pas eu de violence terroriste islamique autour des
élections ne devrait pas être rassurant. Les intérêts des djihadistes
résident probablement dans la persévérance persistante du statu quo,
avec leurs fantasmes sentimentaux multiculturels. Ne pouvons-nous pas
tout simplement l’entendre ? Alors En Marche était leur
meilleur investissement. Le Pen aurait pu les faire reculer. Macron
cherche à baigner les antagonistes islamiques en France dans un milieu
nutritif à la sauce Hollande.
La sclérose en Europe est assurée pour l’instant. Mais les événements
se bousculent au contraire des élus et le sort économique de l’Europe
peut être déterminé par des forces lointaines et au-delà de son pouvoir
de contrôle, notamment en Chine, où le système bancaire insensé est
susceptible d’être le premier à imploser, lançant un effet domino
mondial de démolition financière incontrôlée. Une grande partie de cela
dépend de la stabilité actuelle des devises.
Le problème est que les monnaies sont toutes liées à des attentes
fatalement irréalistes d’expansion économique. Sans cela, le
remboursement des intérêts sur une dette exceptionnellement grande
devient une impossibilité. Et le jeu de l’émission de plus de nouvelles
dettes pour payer les intérêts sur l’ancienne dette s’effondre
complètement. Encore une fois, la relation dynamique entre la création
réelle du capital et les dilemmes de l’industrie pétrolière se cache
derrière les échecs répétés de relance de l’économie. En cas de crise de
remboursement de la dette, les gouvernements ne sauront pas quoi faire
d’autre qu’« imprimer » plus d’argent, et cette fois ils sont susceptibles de détruire la foi dans la valeur de l’« argent » dans le monde entier.
J’ai mis « argent » entre guillemets parce que les dollars,
les euros, les yuans et le yen ne valent que ce que les gens croient
qu’ils valent, sous réserve de la mesure des indices de valeur de plus
en plus fictifs, tels que les taux d’intérêt, les marchés boursiers et
obligataires, la publication des statistiques sur l’emploi et le PIB, et
d’autres points de repère tellement représentés par les autorités
émettrices que l’avertissement final de ce bon vieux Karl Marx arrive
finalement, et que tout ce qui semblait tangible va fondre sous nos
yeux.
Pour mémoire, je ne suis pas en faveur du chaos politique et de
l’anarchie économique, mais cela semble être la seule voie que les
tenants des États Profonds du monde veulent prendre. Les pratiques de la
finance à l’ère industrielle, qui ont permis à la routine des emprunts
sur l’avenir pour faire fonctionner le présent, ont perdu de leur magie.
La théorie courte et pratique de l’Histoire s’applique à cela : les
choses se produisent parce qu’elles ont semblé être une bonne idée à
l’époque.
Le crédit-revolving semblait être une bonne idée au cours du XXe
siècle et cela a certainement travaillé à construire une matrice
économique basée sur une énergie peu coûteuse. Mais hélas, ces temps
sont révolus. Ce qui reste, c’est le prétexte que les vieux protocoles
familiers peuvent encore faire fonctionner leur magie. La déception sera
épique, et le résultat des prochaines élections pourrait être des
personnages politiques encore pires que Le Pen ou Trump. Considérez
cependant que ce que vous prenez pour le battement du nationalisme n’est
en fait qu’un barreau sur l’échelle d’un voyage beaucoup plus long pour
dé-mondialiser l’économie. Parce que la destination finale au bout de
l’échelle est une forme d’autarcie locale que les mandarins actuels du
statu quo ne peuvent même pas imaginer.
Ce voyage a déjà commencé, bien que ni le public ni ses dirigeants
élus n’aient commencé à l’appréhender. La première étincelle de
reconnaissance viendra dans les mois à venir lorsque l’histoire de
couverture actuelle sur les marchés, l’argent et la croissance tombera.
Les dirigeants politiques ne vont pas supporter que le monde ait
l’impertinence de changer sans leur permission.
James Howard Kunstler
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