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Il fut un temps où le dollar américain était soutenu par l’étalon-or dans un cadre bien défini, ce qu’on appelait les accords de Bretton-Woods, signés en 1944. Le dollar avait un prix fixe par rapport à l’or au prix de 35 $ l’once, bien que le dollar ait pu générer des intérêts, marquant une différence notable par rapport à l’or.
Le système a pris fin lorsque le président Richard Nixon a annoncé que les États-Unis abandonnaient l’étalon-or en 1971. En lieu et place, les États-Unis avaient d’autres plans pour l’avenir des marchés mondiaux.
Comme l’a expliqué le Huffington Post, l’administration Nixon a conclu un accord avec l’Arabie saoudite :
L’essentiel de l’accord était que les États-Unis accepteraient de faire des ventes militaires et de défense en faveur de l’Arabie saoudite en contrepartie du commerce du pétrole en dollars américains.Ce système est devenu le système de recyclage des pétro-dollars parce que des pays comme l’Arabie saoudite devaient investir leurs bénéfices excédentaires aux États-Unis. Il n’a pas fallu longtemps pour que chaque membre de l’OPEP commence à commercialiser le pétrole en dollars américains.
Une théorie économique peu connue, rejetée par les médias dominants, stipule que l’emprise de Washington sur les marchés financiers s’explique au moins partiellement par le fait que toutes les exportations de pétrole sont réalisées par des transactions en dollars américain. Cette relation entre le pétrole et la monnaie permet sans doute de donner au dollar sa valeur, car ce paradigme exige que tous les pays exportateurs et importateurs maintiennent un certain stock de dollars américains, ce qui ajoute à la valeur du dollar. Comme Foreign Policy, un magazine qui rejette la théorie, l’explique :
« Il est relativement important que le commerce se fasse essentiellement en dollars. Cela signifie que ceux qui souhaitent acheter du pétrole doivent acquérir des dollars pour le faire, ce qui augmente la demande de dollars sur les marchés financiers mondiaux. »Le terme « ceux qui souhaitent acheter du pétrole » englobe presque tous les pays qui ne possèdent pas d’approvisionnement en pétrole – un nombre très significatif de pays. Une demande sans fin de dollars signifie un approvisionnement sans fin, et les États-Unis peuvent imprimer autant de papier que nécessaire pour prendre en compte leurs ambitions impériales. Aucun autre pays au monde ne peut le faire.
En 2000, l’Irak a annoncé qu’il n’utiliserait plus de dollars américains pour vendre du pétrole sur le marché mondial. Il a plutôt décidé d’adopter l’euro, ce qui n’était pas une décision facile à prendre. Cependant, en février 2003, The Guardian a signalé que l’Irak avait obtenu un « solide bénéfice » après avoir modifié sa politique. Quiconque rejette cette théorie sur les pétro-dollars devrait pouvoir répondre à la question suivante : si la monnaie n’est pas un facteur important dans les aventures impérialistes américaines, pourquoi les États-Unis ont-ils donc eu l’intention d’envahir un pays (en se basant sur des mensonges froids et durs), si ce n’est d’avoir pour priorité de revenir au dollar pour la vente de pétrole ? S’ils s’intéressaient tellement à l’Irak et à son peuple, comme nous étions supposés l’avoir cru, pourquoi ne pas avoir permis à l’Irak de continuer d’en tirer un « solide bénéfice » ?
En Libye, Mouammar Kadhafi a été puni pour une proposition similaire qui aurait créé une monnaie africaine unifiée soutenue par l’or et aurait été utilisée pour acheter et vendre du pétrole africain. Les courriels fuités de Hillary Clinton ont confirmé que c’était la raison principale pour laquelle Kadhafi a été renversé, bien que les commentateurs continuent d’ignorer et de rejeter cette théorie. Malgré ces dénégations, les courriels fuités de Clinton ont bien précisé que le plan de Kadhafi pour l’avenir des exportations du pétrole africain était une priorité pour les cohortes américaines et de l’OTAN, plus que les prétendues violations des droits humains de Kadhafi. C’est la même Hillary Clinton qui a ouvertement ri à l’époque où Kadhafi a été sodomisé et assassiné, sans regret d’avoir plongé une nation très riche et prospère dans un chaos complet.
Au début de ce mois, le Venezuela a annoncé qu’il se libérerait bientôt du dollar. À peine une semaine plus tard, le Wall Street Journal a signalé que le Venezuela avait cessé d’accepter des dollars pour les paiements pétroliers en réponse aux sanctions américaines. Le Venezuela est assis sur les plus grandes réserves de pétrole au monde. [Mais coûteuses à extraire, des sables bitumineux, NdT] Les menaces d’intervention militaire unilatérale de Donald Trump, combinées à l’admission par la CIA selon laquelle elle interfère dans ce pays riche en pétrole, peuvent avoir beaucoup plus de sens dans ce contexte.
L’Iran utilise également des devises alternatives, comme le yuan chinois, depuis quelque temps maintenant. Il partage également un lucratif champ de gaz avec le Qatar et pourrait n’être qu’à quelques jours de l’abandon du dollar. Le Qatar aurait déjà réalisé des transactions pour des milliards de dollars en yuan. Tout récemment, le Qatar et l’Iran ont rétabli des relations diplomatiques complètes en snobant totalement les États-Unis et leurs alliés. Il n’est donc pas surprenant que les deux pays aient été vilipendés sur la scène internationale, en particulier sous l’administration Trump.
Dernier coup de dent au dollar américain et à son hégémonie financière mondiale, Times of Israel a signalé qu’une entreprise d’investissement d’État chinoise a fourni une ligne de crédit de 10 milliards de dollars aux banques iraniennes, qui utiliseront expressément le yuan et les euros pour contourner les sanctions dirigées par les États-Unis.
Considérons qu’en août 2015, le secrétaire d’État John Kerry a averti que si les États-Unis devaient s’éloigner de l’accord nucléaire avec l’Iran et forçaient leurs alliés à se conformer aux sanctions que ceux-ci dirigeaient, ce serait un « accélérateur très rapide (…) pour que le dollar américain cesse d’être la monnaie de réserve du monde ».
L’Iran, lié à la Syrie par un pacte de défense mutuelle, aurait travaillé à établir un pipeline de gaz naturel qui traverserait l’Irak et la Syrie dans le but d’exporter du gaz vers les marchés européens, coupant complètement l’herbe sous le pied de Washington et de ses alliés. Ceci, bien sûr, en 2009, avant la guerre de Syrie. Un tel accord de pipeline, maintenant, avec le soutien aérien continu de la Russie et sa présence militaire, pourrait entraîner l’émergence d’un tout nouveau marché qui pourrait facilement être lié à l’euro, ou à toute autre monnaie, au lieu du dollar.
Selon RT, le site Internet de l’État russe, le site Web du Kremlin a annoncé mardi que le président russe, Vladimir Poutine, a également demandé au gouvernement d’approuver une loi visant à abandonner le dollar américain dans tous les ports maritimes russes d’ici l’an prochain.
De plus, Asia Times explique que Poutine a laissé tomber une énorme « bombe » lors du récent sommet des BRICS à Xiamen début septembre, en précisant :
« La Russie partage les préoccupations des pays des BRICS concernant l’iniquité de l’architecture financière et économique mondiale, qui ne tient pas compte du poids croissant des économies émergentes. Nous sommes prêts à collaborer avec nos partenaires pour promouvoir les réformes de la réglementation financière internationale et surmonter la domination excessive du nombre limité de monnaies de réserve. »Selon l’auteur de Asia Times, l’énoncé était un message codé sur la façon dont les pays des BRICS chercheront à contourner le dollar américain ainsi que le pétro-dollar.
La Chine est également à bord avec cette proposition. Bientôt, la Chine lancera un contrat à terme de pétrole brut évalué en yuan chinois qui sera entièrement convertible en or. Comme l’a déclaré Nikkei Asian Review, les analystes ont qualifié ce mouvement de « nouvelle règle du jeu » pour l’industrie pétrolière.
La Russie et la Chine ont déjà acheté d‘énormes quantités d’or depuis un certain temps. Les réserves d’or actuelles de la Russie assureraient 27% de sa petite masse monétaire en roubles, bien au-delà de tout autre pays majeur. La Réserve fédérale des États-Unis a admis il y a des années qu’ils n’avaient plus d’or depuis très longtemps.
La Chine met également en œuvre un projet monumental, connu sous le nom de projet de Route de la Soie, qui est une poussée majeure pour créer une route commerciale permanente reliant la Chine, l’Afrique et l’Europe. Il faut se demander quel contrôle sur ces transactions auront les États-Unis.
Ce ne sont là que quelques-uns des derniers développements qui ont affecté le dollar.
Est-ce que ceux qui continuent à rejeter cette théorie associée au pétro-dollar répondent en toute confiance aux questions suivantes ?
- Est-ce un hasard si tous les pays énumérés ci-dessus qui se détournent du dollar sont des adversaires de longue date des États-Unis, y compris ceux qui ont été envahis ?
- Est-ce une coïncidence que l’Arabie saoudite reçoive un blanc-seing pour engager une foule d’actions criminelles du moment qu’elle se conforme à l’ordre financier mondial ?
- Les préoccupations de l’Arabie saoudite avec le Qatar sont-elles vraiment enracinées dans le prétendu financement de groupes terroristes de ce dernier, même si l’Arabie saoudite mène le monde dans le mur en finançant les groupes terroristes les plus vilains ?
Darius Shahtahmasebi
Note du Saker Francophone
C'est là que le rôle fortuit ou volontaire de Trump peut peut-être éclairer la scène. Sa seul présence suffit à paralyser l'action politique à Washington et avec ses vassaux, au moment où l'Empire aurait le plus besoin de cohésion...
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