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Le crash va se poursuivre
Début 2018, j’ai beaucoup écrit sur ce qui allait probablement se passer sous l’administration de Jérôme Powell, le nouveau président de la Réserve fédérale. Dans mon article intitulé « Le nouveau patron de le Fed va organiser la chute des marchés boursiers en 2018 », publié en février, j’ai prédit que la Fed continuerait d’augmenter les taux d’intérêt et de réduire les bilans tout au long de l’année et qu’elle déclencherait sciemment une chute des actions.
Pour être clair, ce sentiment n’était pas très populaire à l’époque, tout comme il ne l’était pas lorsque j’ai prédit en 2015 que la Fed allait lancer des hausses de taux d’intérêt au lieu de passer à des taux négatifs afin de lancer un catalyseur pour la crise économique. Le problème que certaines personnes ont avec ce concept, c’est qu’elles ne peuvent tout simplement pas imaginer que la banque centrale pourrait délibérément faire planter le système. Ils s’accrochent désespérément à l’idée que la Fed et les autres banques centrales veulent que la machine continue de tourner à tout prix. Ce n’est tout simplement pas vrai.
L’affirmation est que les élites bancaires sont « obligées » de maintenir le système sous réanimation parce qu’elles dépendent du système pour fournir du capital et donc de l’« influence ». Les gens qui affirment cet argument ne semblent pas comprendre le fonctionnement des banques centrales.
Comme la plupart des militants pour la liberté devrait le savoir, les banques centrales sont essentiellement un système de contrefaçon protégé par la loi. En utilisant des réserves fractionnaires avec un ratio qui est secret, les banques centrales créent leur propre capital à partir de rien, et elles peuvent injecter du capital dans les banques internationales à volonté quand cela leur convient. Il n’y a pas de « motif de profit » pour le syndicat bancaire. Ils peuvent imprimer l’argent comptant ou l’évoquer numériquement n’importe quand, et ils peuvent l’utiliser pour acheter des biens corporels avant que leur impression ne diminue le pouvoir d’achat de la monnaie, transmettant l’inflation des prix aux citoyens ordinaires.
Ainsi, il n’est pas nécessaire de maintenir le système en perpétuel mouvement positif en ce qui concerne le transfert de richesse de la population à la classe bancaire. En fait, les événements de type crise économique sont très utiles aux élites parce qu’ils permettent aux banques d’acheter des actifs concrets comme des ressources naturelles, des entreprises et des propriétés pour quelques centimes par unité de valeur.
Par exemple, c’est exactement ce qu’elles ont fait pendant la Grande Dépression, lorsque de grandes banques comme JP Morgan ont racheté des milliers de banques locales en faillite aux États-Unis et ont pris le contrôle de prêts hypothécaires et d’autres actifs remboursés par une grande partie de la population américaine. Le système bancaire n’a plus jamais été le même, et les banques internationales continuent de dominer depuis, alors que la concurrence localisée reste insaisissable.
Cela s’est également produit après le crash de 2008, lorsque des sociétés comme Blackstone ont racheté pour des milliards de prêts hypothécaires en difficulté pour des montants bien inférieurs à leur valeur marchande précédente, prenant le contrôle du marché immobilier et transformant les faillites en loyers.
Le crash de 2008 a été une véritable aubaine pour les banques et les entreprises renflouées par la Réserve fédérale. Les taux d’intérêt bas ont fourni le crédit bon marché sans fin par lequel les compagnies [des insiders, NdT] pouvaient acheter tout et n’importe quoi. Bien sûr, elles ont surtout acheté leurs propres actions par le biais de rachats d’actions, gonflant artificiellement le marché boursier jusqu’à l’absurde tout en s’endettant à des niveaux historiques – mais nous y reviendrons dans un instant.
Le fait est qu’il y a toutes les raisons pour les banques centrales et leurs partenaires internationaux dans la criminalité financière en col blanc de vouloir une démolition contrôlée du système économique. Tant qu’ils contrôlent toujours le mécanisme monétaire dominant et les moyens de distribution de la richesse, ils peuvent utiliser les catastrophes financières pour acheter des biens durables pour presque rien.
L’argument de la recherche du profit contre les baisses de marché délibérément déclenchées n’a aucune légitimité si l’on considère cette réalité. Mais il y a une autre raison bien au-delà de la question de l’accumulation d’actifs : les effets psychologiques que ces événements ont sur les masses.
La panique économique est un outil très utile dans les mains de l’establishment bancaire pour modeler les conditions sociales d’une manière qui lui donne un plus grand pouvoir psychologique sur le public. Dans tous les cas de catastrophe financière, c’est la cabale bancaire qui est appelée à intervenir et à sauver la mise. En 2008, c’est la Réserve fédérale qui a été sollicitée pour agir en héros auprès du grand public, et ce n’est que grâce aux efforts inlassables d’économistes alternatifs et de militants de la liberté que ce sophisme a été exposé à certains dans la population.
Lors de la prochaine crise, c’est le FMI qui servira d’organisation de façade pour le prochain sauvetage, car l’effondrement du marché provoquera une crise de confiance dans le dollar américain. J’ai décrit le plan à cet égard dans mon récent article intitulé « Le FMI révèle que la crypto-monnaie est l’objectif final du nouvel ordre mondial ».
La personne moyenne n’est pas du tout au courant de l’escroquerie hégélienne qui se joue ici. Et, lorsque les institutions bancaires interviennent en tant que « soignants » désignés de l’économie en difficulté, on assiste parfois à une sorte d’« effet de Stockholm » inverse, où les gens pris en otage tombent amoureux des preneurs d’otages simplement parce qu’ils ont associé l’extension de la fonction économique à une extension de leur vie (ou du moins, une extension du confort dans leur vie).
Le prochain crash « organisé » est en train de devenir le plus épique de l’histoire, et ne vous y trompez pas, il a déjà commencé.
Même aujourd’hui, l’optimisme irréfléchi et la confiance aveugle dans les marchés persistent, et le monde de l’investissement part du principe que les banques centrales seront finalement obligées d’admettre leur « erreur de politique » en matière de resserrement et qu’elles reviendront à des taux plus bas, voire à davantage de QE. Cela n’arrivera pas.
Un exemple du fantasme d’inversion de la Fed a été la réaction au récent discours de Jérôme Powell à la lumière des « critiques » de l’administration Trump. La déclaration de Powell comprenait une ligne sensible indiquant que le taux de la Fed était « juste en dessous » du taux neutre, ce que les investisseurs et les ordinateurs de négociation ont immédiatement interprété comme un recul « baissier » par rapport à une déclaration précédente dans laquelle Powell disait être « loin » du taux neutre. Les actions ont grimpé en flèche en raison du « changement » dans le discours.
Oui, les marchés d’investissement sont vraiment si désespérés qu’ils veulent désespérément un signe que la Fed va continuer la fête. Mais regardons la réalité en face.
Powell répète simplement un fait, ne changeant pas la politique de la Fed sur les hausses de taux – le taux des fonds fédéraux est techniquement de 2,19% juste en dessous de ce que la Fed considère comme le « taux neutre » de l’inflation ; environ 2,5% à 3%. Les marchés supposent que la Fed n’augmentera pas au-delà du taux d’inflation neutre. C’est une hypothèse naïve. À aucun moment Powell n’a indiqué que la Fed mettrait fin aux hausses de taux. En fait, Powell a osé réitérer ses affirmations selon lesquelles l’économie américaine est en bonne santé et en pleine « reprise ». Ce n’est pas l’affirmation d’une institution qui est sur le point de s’écarter de sa voie actuelle.
Je tiens également à souligner que toute cette attention portée aux taux d’intérêt pourrait détourner l’attention des réductions du bilan de la Fed. Je ne me souviens pas si Trump s’est jamais plaint de cette question, mais les réductions d’actifs sont la clé principale de la baisse des marchés boursiers, peut-être plus que les taux d’intérêt.
Les vendeurs d’opium ont récemment présenté plusieurs scénarios dans lesquels la tendance actuelle à la baisse des marchés s’arrêtera et la reprise s’intensifiera. Les trois plus répandues sont …
- Scénario #1 : La Fed oublie soudainement ses hausses de taux à court terme sous la pression des marchés et de la Maison Blanche.
- Scénario #2 : La Fed admet pleinement qu’elle a commis une erreur politique à la lumière de la baisse des marchés boursiers et relance l’assouplissement quantitatif.
- Scénario #3 : Trump annonce le succès des négociations de la guerre commerciale, principalement avec la Chine, et met fin aux mesures tarifaires.
Les réductions d’actifs de la Fed compenseront également les rachats d’actions au fil du temps et entraîneront une baisse des marchés. Si les soupçons des économistes alternatifs sont exacts, alors la Fed détient une position massive de volatilité à court terme depuis des années. Powell semble confirmer ce type de manipulation du marché dans ses déclarations du procès-verbal de la Fed d’octobre 2012. Si elle continue à dénouer cette position au fur et à mesure qu’elle sous-évalue leur bilan, les actions s’effondreront, peu importe les taux d’intérêt.
Aujourd’hui, Jérôme Powell prend exactement les mesures qu’il avait initialement admises comme étant une origine possible d’un crash boursier. Powell ne resserre pas le bilan de la Fed par stupidité, pas plus qu’il ne le fait à cause d’une erreur de politique malavisée. Powell le fait parce que les élites bancaires VEULENT un crash boursier. Point final.
Pour cette raison, il est très peu probable que la Fed arrête ses mesures de resserrement, et encore moins les inverse. La Fed ne se soucie pas de la « pression » des marchés, ni de la pression de la Maison Blanche qui, je crois, fait partie d’un théâtre Kabuki grotesque. La Fed poursuivra l’ascension de ses taux directeurs jusqu’au taux d’inflation neutre, et probablement bien au-delà, jusqu’en 2019. C’est exactement ce qu’elle a fait pendant la Grande Dépression pour aggraver la crise, et c’est exactement ce qu’elle fera aujourd’hui.
La rhétorique de guerre commerciale de Trump et les fausses manchettes médiatiques sont maintenant les seuls leviers qui peuvent être utilisés pour bloquer le glissement du marché. Mais il semble que ce blocage vise à rendre l’accident plus agréable au goût, et non à l’empêcher de se produire. Avec le cabinet de Trump chargé de globalistes, il est insensé de croire que la tendance actuelle se terminera d’une autre façon.
Trump va parfois faire grimper les marchés, mais dans l’ensemble, il n’y aura pas de progrès dans les négociations. La dernière déclaration de M. Powell est très probablement conçue pour aider à atténuer le ralentissement qui se produira lorsque l’administration Trump annoncera qu’il n’y a eu « aucun progrès » avec la Chine après la conférence à venir du G20. La guerre commerciale finira par s’intensifier pour inclure les menaces qui pèsent sur les marchés obligataires américains et sur le dollar lui-même.
Les politiques de Trump correspondent presque exactement au modèle suivi par Herbert Hoover avant le crash de 1929 et la Grande Dépression. Sa guerre commerciale est une distraction parfaite pour les masses alors que les banques centrales, les véritables coupables de la crise, débranchent les systèmes de survie de l’économie. Nous entendrons parfois des rumeurs de nouveaux progrès avec la Chine et d’autres pays, et ces rumeurs continueront d’être dissipées quelques jours plus tard comme elles l’ont été l’année dernière.
La bataille entre Trump et la Fed n’est qu’un feuilleton destiné à attirer les conservateurs dans le camp des néo-conservateurs, car on leur dit que Trump est une simple victime des hausses de taux d’intérêt de la Réserve fédérale. Le reste du monde se fait dire que Trump est un gros bébé, qui fait une crise de nerf à cause de l’effondrement d’une bulle boursière dont il s’est hâtivement attribué le mérite. On leur dira que ce sont les tarifs douaniers et le populisme de Trump qui déstabilisent l’économie, et non le resserrement de la Fed dans un cadre de faiblesse économique.
La vérité, c’est que Trump ET la Fed travaillent en tandem tout en jouant à un faux jeu que Trump connaît bien depuis son passage dans la WWE (World Wrestling Entertainment) et la télé-réalité.
L’establishment veut que le système s’effondre, mais à une vitesse qui soit gérable pour eux et psychologiquement désarmante pour nous.
L’affirmation optimiste selon laquelle ce que nous voyons dans les marchés actions n’est rien d’autre qu’une « correction » est une erreur qui déforme la réalité des conditions sur le terrain. Elle repose sur l’hypothèse que la Fed cessera ses mesures de resserrement et que la guerre commerciale prendra fin brutalement et favorablement. Elle est également fondée sur une grave dissonance cognitive – l’optimisme des toxicomanes, dont les veines sont remplies d’années d’héroïne sous forme de QE. La vérité, c’est que la frénésie de la drogue est terminée.
Les élites bancaires en ont fini avec cette phase de l’effondrement, et elles passent à la phase suivante. C’est clair dans leurs actions, c’est clair dans leurs aveux publics et c’est clair dans la spirale descendante de l’économie dans son ensemble. Ce que nous voyons n’est pas une « correction », c’est un crash. Il est temps pour les gens d’accepter ce fait et de se préparer en conséquence s’ils ne l’ont pas déjà fait.
Brandon Smith
Note du traducteur
Les choses se précisent. On va bientôt savoir si c'est Brandon Smith ou Bruno Bertez qui a raison. La Fed va-t-elle se coucher ? Ou va-t-elle vraiment provoquer la chute des marchés ? Brandon Smith a marqué un point avec l'« accord » Trump-Xi au G20.
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